z^ .^60 es • * ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. TOME IX. m 9^ IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUAK», roi; garancière, n. ?■ m , ANNALES DES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA. BOTA«IQUE, l'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES ET l'histoire DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES j RÉDIG ÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUÎN ET MïLNE EDWARDS , ET POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. TOME NEUVIÈME. — ZOOLOGIE. PARIS. CROCHARD& G\ LIBRAIRES-ÉniTEfJRS , iT.Aci; HE i/k(;ole-de-mi';di:cini; , n. l'i. 1838. ,wt ANNALES DES SCIENCES NATURELLES PARTIE ZOOLOGIQUE. Rapport sur divers travaux entrepris au sujet de la maladie des Vers à soie , connue vulgairement sous le nom de MUSCARDINE, Par M. DuTROcHET. Fait à l'Académie des Sciences, dans sa séance du as janvier i83S L'académie nous a chargés de lui faire un rapport sur plu- sieurs travaux, soit imprimés , soit manuscrits, qui lui ont été présentés et qui ont pour objet la maladie des vers à soie , con- nue vulgairement en France sous le nom de muscardine. Ces travaux sont: 1^ Un ouvrage imprimé de M. Bassi , docteur en droit et avocat à Lodi, intitulé : Del mal delsegno^ calcinaccio o muscar- u Liparis dispar. Ces expériences sont la répétition de celles de M. Bassi. Ce dernier n'avait point tenté d'inoculer la muscardine à des chrysalides et à des papillons ; M. Audouin l'a fait avec succès. Il lui restait à aborder la question capitale qiïi jusque alors était restée sans DUTROCHF.T. — Maladie des Fers à soie., 19 solution réelle, celle du développement de la mucédinée mus- cardinique dans l'intérieur du corps du Ver à soie vivant. Au moins de juillet M. Audouin inocula à quatre chrysalides de Vers à soie les sporules ou la matière efflorescente du crypto- game; deux jours après une de ces chrysalides étant disséquée fit voira M. Audouin , et avec le secours du microscope, que !e thalliis commençait à se développer, ayant ses iilamens fixés sur les globules du corps adipeux. Une seconde chrysalide, ob- servée le troisième jour, fit voir un développement encore plus considérable du thallus, qui envahissait de pins en plus le corps adipeux portant ses rayons ramifiés dans tous les sens. Ces ri.meaux du thallus étaient transparens, et on voyait que leur intérieur était rempli de granules. A côté de ces rameaux se trouvaient des globules isolés et vésiculeux, desquels com- mençaient à partir sur plusieurs points des rameaux semblables à ceux du thallus, en sorte qu'ils devenaient l'origine d'autant de thallus nouveaux. Ces globules sont des corps reproducteurs produit par les filamens du thallus, premier résultat de l'ino- culation. On sait, en effet, que les thallus des Inucédinées, comme celui des funginées, produisent des corps reproducteurs globu- leux que l'on pourrait peut-être considérer comme des sortes de tubercules. Ces globules reproducteurs sont considérés par M. Audouin comme pouvant, étant disséminés dans le liquide intérieur de l'insecte, porter dans toutes ses parties îes germes du développement de nouveaux thallus. On savait, par les recherches de M. Balsamo, que c'est le corps adipeux qui rst spécialement le siège de la maladie dans la muscardine; M. Audouin a donc confirmé ce résultat ; mais il a vu , de plus, que le tissu de ce corps adipeux est complètement envahi et absorbé par le développement du cryptogame pa- rasite. M. Audouin a répété ces expériences et avec les mêmes ré- sultats sur des Vers à soie à l'état de chenille et de papillon ; ainsi il a établi par des observations positives ce fait , avant lui contestable, que la mucédinée muscardinique se développe sous son état prinntif de thallus, dans le corps du Ver à soie s. 20T nuTRocuET. — Maladie des Vers à soie. vivant, et que inénie elle s'y multiplie par le moyen de ses glo- bules reproducteurs. Ce n'est qu'après la mort de l'insecte que ce tlialUis intérieur peut produire sa végétation aérienne et spo- ridifère. Cela a lieu surtout lorsque l'humidité de l'atmosphère permet à la peau de conserver assez de molesse pour qu'elle puisse être perforée par cette végétation. C'est en i836 que M. Audouin a lu ce premier mémoire à l'Académie des Sciences ; en 1 837 il lui en présenta un second sur le même sujet. M. Bassi avait affirmé que la muscardine ne se développait jamais spontanément, et, quoiqu'il eîit reconnu que la chaleur jointe à l'humidité était une des circontances qui favorisaient le plus le développement de cette maladie, il ne pensait pas qu'elle put la produire sans contagion préalable ; il n'hésita donc point à déclarer ç-?^ 'on ne réussirait jamais à faire naître la nniscardine spontanément. M. Audouin a cru avec juste raison ne point devoir se laisser imposer par cette asser- tion émise avec autorité, et il l'a soumise à l'épreuve de l'expé- rience. Il a voulu en même temps savoir si cette maladie pou- vait naître spontauément chez d'autres insectes que les Vers à soie. M. Audouin commença par soumettre à l'expérience des larves de la Saperda Carcharias, espèce de capricorne qui se noiuTÎt de l'aubier des peupliers. Deux tronçons de ces arbres, contenant des larves deSaperde, furent placés, l'un au sec, dans un bocal fermé simplement avec une gaze, l'autre, à l'humi- dité, dans un bocal fermé avec du papier, et qui contenait de la mousse humide. Ces bocaux, qui recevaient les rayons du soleil pendant une partie du jour, et cela dans le mois d'août, étaient soimnis à une chaleur assez élevée. T^e neuvième jour deux des larves qui étaient dans l'air humide moururent, et deux jours après elles se couvrirent d'une efflorescence blanche qui ressemblait tout-à-fait à la mucédinée muscardinique des Vers à soie ; une troisième larve de Saperde , qui se trouvait dans le même bocal que les deux précédentes , continua de vivre et se métamorphosa en insecte parfait, lequel fut atteint de la mus- cardine. Les larves de Saperde, qui étaient dans le bocal couvert de gaze, n'éprouvèrent aucune maladie , et parcoururent sans DUT HOCHET. — Maladie cles P^eis à soie. 21 acciilent leur période de métamorphose. M. Audouin a fait une expérience analogue , avec les mêmes résultats , sur des larves d'une espèce de Bupreste, qui vivent auxdépensdeboisdu frêne. M. Bassi avait obtenu des résultats semblables, en opérant à-peu-près de la même manière sur des Vers à soie ; mais l'affec- tion qu'il avait déterminée chez eux parut manquer de caractère essentiel de la véritable muscardine , celui d'être transmissible par contagion. M. Audouin voulutvoirs'il en serait de mémepar rapporta la muscardine spontanée cpi'il avait obtenue : il inocula à vingt vers à soie l'efflorence blanche quicouvrait le corps d'une des larves île Saperdedont il est question plus haut; quinze de ces versa soie moururent quatre à cinq jours après ;et tousse cou» vrirent après leur mort de l'efflorescence rauscardinique; cinq seulement échappèrent à la contagion et suivirent le cours do leurs métamorphoses.JM.Audouin a répété cette expérience , et avec les mêmes résultats, en inoculant à des Vers à soie l'effiô- rescence blanche née spontanément sur les larves de Bupreste. Ici, il s'attacha à suivre chez les Vers à soie soumis à l'expé- rience le développement intérieur du Thallus du Botrytis ino- culé, et il s'assura que ce développement était en tout semblable à celui qu'il avait précédennnent observé chez les Vers à soie auxquels il avait inoculé la muscardine originaire d'autres Vers à soie. Après lem* mort, les vers à soie inoculés avec le Botrytis pris surlalarvedeBiqDresle présentèrent à l'extérieur ce même Botrytis, qui était le Botrytis Bassiana. Ce même Botrytis, pris alors sur les corps muscarduiés desVers àsoie dont il vient d'être question , étant inoculé à des Vers à soie sains , leur commu- niqua la muscardine. > ;•- • Jusqu'ici la nujcédinée parasite n'a été communiquée d'un individu à un autre qu'au moyen de ses semences ou s]iorules; c'est-à-dire par le moyen (\u semis. M. Audouin a entrepris de la communiquer par le moyen de la transplantation du tliallus. Il prit dans l'intérieur d'un Ver à soie, qui venait de mourir de la Hujscardine inoculée, des sponilesqui étaient à l'intérieur des rameaux sont devenus extérieurs; ils sont disposés en chapelet le long des rameaux ou à leur extrémité. M. Montagne a fait germer ces spornies en les plaçant à l'humidité entre deux lames de verre. Il a vu d'a- bord se développer le thallus ow mycélium, et ensuite les ra- meaux sporidiféres ; il a vu dans cette expérience les sporules ou sporidies s'échapper de l'extrémité des rameaux en leur em- pruntant, à ce qu^il pense, une enveloppe particulière. Ils reste- raient adhérens aux rameaux au moyen d'un enduit vis- queux, "î ''"'•^'> ' ' '•''^'■ M. Montagne a répété plusieurs fois cette intéressante expé- rience qui prouve que le Botrytis Bassiana n'est pas, comme on a pu le penser , exclusivement apte à se développer dans le corps des insectes , c'est-à-dire que celte mucédinée n'est pas nécessairement parasite, mais qu'elle peut se développer par la germination de ses sporules sans avoir besoin d'autre chose que d'une humidité suffisante. M. Montagne est parvenu à isoler une seule de ces sporules et à suivre de l'œil le développement de la plante à laquelle elle avait donné naissance jusqu'à l'époque de la fructification. Ayant introduit des sporules de Botrytin Bassiana sous l'aile d'une grosse mouche morte, il y vit naître une autre mucédinée', le monilia penicillata. Il ne faut pas en conclure , dit l'auteur , qu'il y a eu la une métamorphose du Botrytis semé , mais seu- lement qu'il est né là une autre mucédinée que celle qui avait été semée; et en effet, il se développe sur les corps organiques humides une multitude d'espèces différentes de mucédinées dont l'origine est inconnue. Après avoir donné la description générale de la mucédinée muscardinique ou enlo/noctone , M. Montagne reconnaît avec M. Balsamo qu'elle a[)partient au genre Botrytis, tel qu'il a été réformé par Pries dans son Systema mycologicum , mais il n'est pas certain que cette mucédinée doive former une espèce nouvelle; il lui trouve la plus grande ressemblance avec le Bo- trytis di/fusa (lïinmar). Toutefois, il admet provisoirement le Botrytis Bassiana , en réformant ainsi sa phrase diagnostique. « Botrytis Bassiana floccis forlilibus candidis ercctis , siinpli- 24 DUTROCHET, — Maladie des Fers a soie. cibus , dichotomis, breviter ramosis, ramis sparsis spoiidiiferis , sporidiis globosis circa apices raraorum parce collectis , tandem capitato conglomeratis. » CONCLLSIONS. M, Audouin en prouvant , par l'observation microscopique que le thallus du Botrjtis Bassiana se développe dans le corps du Ver à soie pendant sa vie, a fait entrer dans la science ce fait nouveau et d'une grande importance, fait que le docteur Bassi avait précédemment deviné ou entrevu, mais qu'il n'avait point prouvé. M. Audouin , par ses observations nombreuses , a suivi dans toutes ses phases le développement de la mucédiiiée para- site dans les Vers à soie et dans d'autres insectes à toutes les pé- riodes de leur existence. M. Montagne a donné une bonne histoire botanique du Bo- trytis Bassiana , et il a prouvé _, contre l'assertion formelle de M. Bassi, que cette mucédinée n'est point exclusivement para- site , puisqu'il a observé sa germination et son développement entre deux lames de verre et à l'aide de la seule humidité. Votre commission vous propose de décider que ces deux Mémoires seront imprimées dans le Recueil des Savans éiran- .gers. ''^"^ ^' - Ces conclusions sont adoptées. ow£JN. — Sur un Roiigeur gigantesque. 2 5 Descriptioît du crâne du ToxonoN ^'L^rt.issxs , grand Mammifère perdu que Von doit rapporter à F ordre des Pachydermes , mais qui offre en même temps des affinités avec les Ron- geurs j les Edentés et les Cétacés herbivores , Par M. OwKîf. (1) Le crâne que nous allons décrire a été trouvé dans le Saran- dis, petite rivière c[ui tombe dans le Rio-Negro, à une distance d'environ 120 milles N. G. de Monte-Video. Il était originaire- ment enterré dans u!ie terre argileuse blanchâtre, et on I'h (l) Zoology oj the voyage of H, M. S, Beagte, part. i. — Fossil mammalia, by R. Owen, , in-/f , Londres , i838. — A Oescripcion of t/ie cranium o/ Toxodos Phteksis. — En i83t , un bâtiment de l'état anglais, le Beagle , commandé par le capitaine Fit:-Roy, fut chargé de l'exploration des côtes de la partie australe de l'Amérique et d'un voyage de circumnavigation. M. Darwin accompagna l'expédition en qualité de naturaliste, et les résultats de ses recherches se publient aujourd'hui sous les auspices du gouvernement anglais. M. Owen s'est chargé de la description des ossemens fossiles de mammifères découverts par ce savant. M. Waterhouse fera coonaitre les mammifères récens; M. Gould les oiseaux, M. Bell les reptiles , M. Jenyns les poissons , enfin M. Darwiu s'est réservé les animaux invertébrés et l'exposé de ses observations géologiques. Un premier cahier de cet intéressant ouvrage vient de paraître , et contient trois articles , savoir: i° une introduction géologique sur les provinces qui avoisinent la Plata , sur Babia Blanca et sur la Patagonie australe , lieux dans lesquels furent rencontrés les fossiles qui font le sujet des articles suivans ; 2° la description de la tête d'un rongeur gigantesque , le TozodoD ; et 3° la description de quelques ossemens appartenant à un grand mammifère de l'ordre des Pachydermes , nommé par M. Owen Marauclienia Patagonica. L'importance de ces observations, tant pour la zoologie générale que pour la paléoutologie, nous a déterminé à les reproduire dans tes Annales , soit intégralement , soit par extrait. Ce serait s'éloigner du sujet auquel ce recueil est consacré, que d'entrer ici dans beaucoup de détails sur la géologie de l'Amérique du Sud. Nous nous bornerons donc à ajouter que M. Darwin considère le l>assin de la Plata comme ayant été occupé , à une époque géologique peu/eculée , par une grande baie, dans laquelle les diverses rivièi'cs qui aujourd'hui se réunis- sent au Rio de la Plata , enlraîuaient les carcasses des animaux habitant les contrées voisines. Le» dépôts qui occupent diverses parties de ce bassin coulienneiit à-peu-prcs les mêmes espèces de mollusques que la raer voisine nourrit encore de nos jours , et l'auteur pense que l'époque à laquelle s'est opérée la destruction des divers grands mamniifcros , dont on trouve les débris dan» ces terrains, ne remonte pas au-delà de celui où la mer était déjà pcii[)lée de tous ou de presipie tous les animaux (|ui riiabileut aujourd'hui. R. 26 owEN. — Sur un Rongeur gigantesque. découvert dans le lit de la rivière après une inondation soudaine qui avait entraîné une portion du rivage. Les caractères zoologiques qu'il présente ne permettent pas de l'associer à aucuiie division générique connue deMainmifères; et, par conséquent , il appartient à un genre éteint pour lequel je propose le nom de Toxodon (i), tiré de la forme courbe ou arquée de ses dents, que nous décrirons plus tard. Quant au nom spécifique, comme nous ne pouvons connaître d'autres particularités de l'histoire de cet animal que celles qui nous sont offertes par l'étude du crâne, il nous semble préférable de le tirer du district (La-Plata) dans lequel ses débris ont été trouvés pour la première fois. Les dimensions du crâne du Toxodon platensis prouvent qtie l'animal auquel il a appartenu était d'une taille qu'atteignent jMîu de quadrupèdes terrestres, et ne pouvait être comparé sous ce rapport qu'aux plus grands Pachydermes, ou à l'espèce éteinte du Megatherium. La longueur de la tète osseuse est en effet de deux pieds quatre pouces (a), et sa plus grande largeur, d'uq pied quatre ponces. On trouvera diverses autres mesures dans la table qui termine cette description. Vue en dessus d'une manière générale, celte tête est pyriforme; de côté, et dépourvue de sa mâchoire inférieure, elle a l'aspect d'un demi-ovale. Elle est déprimée, allongée, considérablement élargie d'une arcade zygomatique à l'autre, pour se rétrécir brus- quement en avant de ces dernières; à partir de ce point, la por- tion faciale va se rétrécissant encore jusqu'aux environs du museau, qui redevient un peu plus large. Une particularité qui frappe tout d'abord l'observateur, c'est l'aspect du pian du trou occipital, et de la région occipitale ou postérieure du crâne; cette dernière est inclinée de bas en haut et en avant, de manière à former, avec le plan de la base de la tête osseuse, un angle de 50". Cette inclinaison de la face pos- térieure du crâne est un des caractères du Dinotherium ; elle est commune à tous les cétacés, et se montre à un degré moindre ( I ) ToÇcv, arc ; o5'ou; , dent . (2) Ces dioieusions et les suivantes sont indiquées en mesures anglaises. e ovvEN. — Sur un Rongeur gigantesque. 27 p. 568. a8 owEN. — Sur un Rongeur gigantesque. ineurées intactes et dont les modifications étaient en rapport avec l'attache des muscles des mâchoires indique que ces der- niers étaient puissamment déveloi^pés , soit pour la mas- tication, soit pour la préhension, lia forme générale du crâne, en même temps qu'elle offre certains traits de ressemblance avec celui des Pachydermes aquatiques et même avec celui des Carnivores, présente en même temps des caraclères qui lui sont .propres; mais la portion faciale se i-approche extrêmement de celle des Rongeurs, et la dentition du Toxodon, telle cju'on l'ob- serve dans la mâchoire supérieure, correspond à la dentition caractéristique de ce dernier ordre. Le système dentaire. du Toxodon est composé de molaires et d'incisives séparées par un grand f/w^/ez/za, ou espace dépourvu de dents. A la mâchoire supérieure, les molaires sont au nombre de quatorze , sept de chaque côté; les incisives sont au nombre de quatre : une grande et une très petite sur chaque os inter- maxillaire. Nous pouvons déduire la forme générale et la nature des dents, de l'inspection des alvéoles; et nous avons pu étudier la structure des meulières sur une molaire brisée, la dernière de la série du côté gauche daus le crâne qui nous occupe (voyez la surface restaurée de cette dent, pi. 2, fig. 2), et sur une autre molaire intacte, l'avant-dernière du côté droit de la mâchoire supérieure qui, bien que ne provenant pas du même individu que la tête osseuse dont nous faisons la description , appar- tient , sans aucun doute, à la même espèce. Cette dernière dent ( fig. 3 , planche 2) a été trouvée seule, enfoncée dans les bords du Rio-Tercero ou Carcarana , près du Parana, à la distance de itîo milles du point où notre tête osseuse a été dé- couverte. Des Iragmens d'une dent molaire appartenant à la même espèce, etqui paraît être la septième du coté gauche, ont également été trouvés à Bayada-de-Santa-Fé dans la province d'Eutre-lÀios, à une distance de quarante milles de l'embouchure du Rio-Tercero. Toutes les molaires sont longues, arquées et dépourvues déracines (1), comme chez la plupart des espèces (i) Il n'y a que les dents dont l'accroisseinciil est limilé eu durée, q-ii aiiiil de véiilablcs owEN. — Su>- un Rongeur gigantesque. 29 herbivores de l'ordre des Rongeurs; mais tandis que , dans les molaires arquées de ces derniers, chez Y^perea ou Cochon d'iude, par exemple, ou chez \.G\Cau>ia patagonica , la concavité est tournée à l'extérieur, de façon que les origines des dents des deux côtés opposés vont s'éloignant à mesure qu'elles pénètrent plus profondément dans les alvéoles; dans le Toxodon , au con- traire, c'est la convexité des meulières qui est tournée en dehors, et les origines des dents convergent de façon presque à venir se joindre sur la ligne médiane du palais, constituant une série d'arcades capables d'opposer à la pression une énorme résis- tance (voyez la tête vue en dessus, pi. 2, fig. 4, dans laquelle les os brisés laissent apercevoir une partie de ces alvéoles en arcade. Des quatre incisives, les deux petites (dont les alvéoles sont indi- qués en 55, fig. 4> pha) sont placées dans le milieu de la portion antérieure de la mâchoiresupérieure, près de la suture qui sépare les intermaxillaires; etlesdeux grandes sont immédiatement con- tiguës aux deux premières, qu'elles surpassent considérablement parletirsdimensions. Les alvéoles de ces deux grandes incisives (/^^, fig. 4? pl.2)se prolongent en arrière, en prenant une forme arquée, etconservent un diamètre uniforme, jusqu'au point où conunen- cent les alvéoles des dents molaires. La courbe qu'elles décrivent est un segment de cercle ; ces alvéoles, par leur position, leur forme et leur étendue, rappellent exactement celles des dents correspondantes des Rongeurs. La pulpe dentaire, ou bulbe sécréteur de cesg^randes incisives, est logée, de même que chez les Rongeurs, tout près des alvéoles des molaires antérieures, et la forme des alvéoles des incisives nous permet d'affirmer, malgré l'absence des dents elles-mêmes, que la pulpe dentaire était persistante, et que ces incisives, de même que celles des Rongeurs, continuaient de s'accroître pen- ilant toute la durée delà vie. Cette circonstance, réunie à la forme et à ta courbure des alvéolts, annonce que la couronne des dents incisives était racines. Os racinrs peuvent èlrc uniqii&s ou multiples. Leur diaiuclre diminue à racsun^ qu'elles s'éloignent du lu cuuionnc de la dent, et elles peuvent être pleines ou ereusces d'un petit canal dans leur longueur. 3o owFN. — Sur un Roîigeiir gigantesque. continuellement usée par son frottement contre les incisives de la mâchoire opposée, dont la structure était la même; et nous pouvons tirer de ià celte conclusion: que les dents en question étaient en partie revêtues d'une lame d'émail destinée à produire une arête tranchante, et que, par conséquent, c'étaient de véritables dents en biseau. Le nombre des dents delà mâchoire supérieure du Toxodon n'est d'ailleurs pas sans exemple dans l'ordre de? Rongeurs ; car le genre Lepus est caractérisé par l'existence de quatre incisives supérieures au lieu de deux, et ces quatre incisives ont la même grandeur relative que celles du Toxodon; mais elles offrent un arrangement différent, car les deux plus petites, chez le Lièvre et le Lapin , sont tellement disposées immédiatement en arrière de la grande paire, que ce sont elles qui reçoivent le choc de la paire unique d'inci- sives inférieures. La position des quatre incisives supérieures sur une même ligne transversale , dans le Toxodon, pourrait nous induire à penser qu'un pareil nombre leur était opposé à la mâchoire inférieure; mais les nombreux exemples que nous avons d'une inégalité de notubre dans les incisives des deux mâchoires chez les Mammifères actuels s'opposent à ce que nous puissions tirer de cette circonstance aucune conséquence (i). Les alvéoles des petites dents incisives moyennes duToxodon (55, fig. 4ipl« "î) di- minuent graduellement de grosseur à mesure qu'elles pénètrent plus profondément dans les os intermaxillaires, ce qui prouve que le bulbe s'absorbait graduellement à mesure de leur progrès de développement, et que, de même que les incisives ordinaires, elles n'avaient qu'un accroissement limité en durée, ets'implan- taient dans la mâchoire par une seule racine conique. Nous observerons que la formation d'une racine est la con- séquence nécessaire de l'absorption graduelle de la matrice ou bulbe d'une dent; car le bulbe continue, à mesure qu'il diminue de volume, à déposer de l'ivoire à la surface interne de la cavité (i) Ceci était écrit avant que l'exauieD d'un fragment de mâchoire inférieure, appartenant à la collection de fossiles de M. Darwin , m'eût conduit à croire qu'elle pourrait être rapportée au genre Toxodon. Si ce soupçon se trouve confirmé, les quatre incisives inégales de la mâ- choire supérieure étaient opposées à six dents égales de la mâchoire inférieure. ^ owEif. — Sur un Rongeur gigantesque. 3 1 (le la dent, d'où il tend à sortir; et de même la dent ou la racine diminue progressivement en volume. La formation de l'alvéole se continue sans interruption, et l'os, remplissant l'espace qu'abani droits de la lame d'émail soit un caractère du type des Rongeurs, nous pouvons regarder le nombre de ces molaires, et leur diminution de volume, à mesure qu'elles s'avancent d'arrière en avant, comme des caractères qui indi- quent une déviation de cet ordre, et un rapprochement de celui des Pachydermes. Le nombre ordinaire des molaires à la 'mâchoire supérieure des Rongeurs est de huit, quatre de chaque côté. Dan^^ quelques genres, tels que les Lemmings(Z/e;7z/wMj), les Rats(M«5), et les Hamsters {Cricetus), il n'y en a que trois de chaque côté, et deux seulement dans les genres Hydromys et Aulacodus. Néanmoins, dans le genre Lepus, il en existe six de chaque côté à la mâchoire supérieure, et cinq à la mâchoire inférieure. LeToxodon,deméme que le Tapir et l'Hippopotame, en a sept de chaque côté delà mâchoire supérieure, et dans chacun de ces animaux, les premières sont les plus petites; mais nous devons faire observer ici que le Capybara qui, par le nombre de ses molaires, se rattache au type des Rongeurs, se rapproche du type que nous venons de mentionner par l'ac- OWEW. — Sur un Rongeur gigantesque. 33 croissement du volume de ses molaires postérieures et du nombre des lames qui les constituent, en même temps que l'os palatin offre, dans l'intervalle qui sépare ces molaires, une expan- sion'qui établit entrecet animal etleToxodon un trait de ressem* blance que je n'ai encore rencontré dans aucun autre Rongeur. La déviation la plus importante que nous offrent ces dents de la structure qui caractérise les dents des Rongeurs consiste dans la direction du repli de l'émail; et nous eussions pu pré- dire une semblable déviation, même dans fabscnce complète des dents, d'après la structure delà surface articulaire, ou cavité glénoïde, destinée à recevoir le condyle de la mâchoire infé- rieure. Car lesorametdes replis de l'émail, d'après la description que nous en avons faite, ayant une direction qui se rapproche de celle de l'axe longitudinal de la tête, il est clair que les mou- vemens de la mâchoire inférieure devaient, pour la trituration des alimens, se rapprocher, dans la même proportion, d'une direction transversale; et, par conséquent, la cavité glénoïde, au lieu d'être une rainure longitudinale ouverte en arrière , comme chez les vrais Rongeurs, s'étend transversalement, et se trouve fermée en arrière par une large apophyse verticale qui s'oppose aux mouvemens de la mâchoire d'avant en arrière , et qui offre les traces de la pression considérable à laquelle elle était soumise. Un fait digne de remarque, c'est que dans le Wombat, qui offre le type dentaire des Rongeurs, et qui, de même que le Toxodon , possède des molaires remarquablement arquées , mais dans une direction contraire, le condyle de la mâchoire inférieure s'étend aussi dans le sens transversal, et s'adapte à une surface articulaire qui permet à la mâchoire des mouve- mens latéraux dans la trituration des alimens. La moitié posté- rieure des arcades zygomatiques , qui s'éloigne, chez le Toxo- don , du type ordinaire des Rongeurs , est en rapport avec celte structure des dents molaires et avec l'articulation de la mâchoire inférieure ; car l'élargissement de ces arcades doinie aux masse- ters une grande facilité pour communiquer aux mâchoires le mouvement transversal. Leur diamètre vertical iruliquc que ces muscles masticateurs avaient une grande étendue, et la gran- IX Zoob. — Janvifi-, 3 34 owiN. — Sur un Rongeur gigantesque. detir de l'espace qu'elles renferment prouve que les muscles temporaux étaient développés à un degré qui montre avec quelle force étaient mises en action les grandes incisives qui terminent l'extrémité de la mâchoire. Probablement elles avaient pour usage, de même que les canines de l'Hippopotame, de diviser ou de déchirer les racines des plantes aquatiques qui croissaient sur les rivages des courans d'eau que fréquentait sans doute le Toxodon. Chez les Rongeurs, bien que l'arcade zygomatique soit quel- quefois aussi développée dans le sens vertical que dans le To- xodon , elle est néanmoins ordinairement à-peu -près droite , et par conséquent ne laisse entre elle et le crâne qu'un espace étroit. Cette arcade est en outre placée plus antérieurement chez tous les vrais Rongeurs que chez le Toxodon, et, au lieu de venir se terminer à la hauteur des alvéoles postérieures elle se prolonge jusqu'aux antérieures. L'attache qu'elle offre au masseter est donc tel, que ce muscle s'étend obliquement, à partir de cette insertion, pour aller rejoindre la mâchoire infé- rieure, en formant avec elle un angle qui lui permet d'agir avec plus d'avantage pour la ramener en avant, sorte de mouvement pour lequel précisément l'articulation a été conformée. En outre, il existe chez plusieurs Rongeurs un muscle distinct, ou portion de masseter, qui traverse le trou sous-orbitaire, lequel, pour cette raison, offre un diamètre étendu : si nous étudions sur ce point le crâne du Toxodon, nous trouverons que ce trou n'est pas plus grand qu'il n'était nécessaire pour laisser passer les nerfs destinés à porter la sensibilité dans les grosses lèvres et les moustaches qui garnissaient probablement le museau dé- veloppé de ce remarquable quadrupède. Après avoir examiné , comme nous venons de le faire , la tête osseuse du Toxodon dans ses rapports mécaniques avec les fonctions digestives , nous allons étudier la structure et la com- position des cavités qui logent et protègent les organes des sens spéciaux , et nous nous efforcerons de conclure de leur struc- ture le degré de développement de ces organes, et les circon- stances dans lesquelles les sens exerçaient leur action. L'orbite du Toxodon termine antérieurement la fosse zygo- owEN. — Sur un Rongeur gigantesque. 35 matique ; son développement est à-peu-près le même que dans le Tapir ou le Dugong, son bord osseux étant moins complet que chez l'Hippopotame , bien qu'il soit plus développé que dans le Capybara ^ le Coypou , et dans plusieurs autres Ron- geurs , où l'orbite se distingue à peine, dans le crâne ,du petit espace occupé par l'origine du muscle temporal. l^e plancher inférieur de l'orbite du Toxodon est formé par une excavation de la portion antérieure et supérieure de l'arcade zygomatique. Le plancher supérieur est formé par une apophyse forte et raboteuse de l'os frontal, qui s'étend en voûte au-dessn.s, son angle postérieur((3, pi. 2, fig. 4) descendant un peu , mais de- meurant séparé, par un espace de trois pouces et demi, de l'angle de l'os malaire qui lui est opposé (Z», pi. 3, fig. i, et pi. 2, fig. 4). La circonférence de l'orbite était probablement complétée par un ligament dans l'animal vivant. La cavité ainsi circonscrite est remarquable par la prédominance du diamètre vertical sur le diamètre transversal ou longitudinal, et annonce que les globes oculaires devaient jouir de mouvemens très étendus dans la direction verticale, ce qui convient aux besoins d'un animal amphibif. L'orbite du Capybara se rapproche un peu de cette forme. L'élévation du plancher sus-orbital dans le Toxodon, et sa saillie en dehors, le rapprochent de la forme de l'orbite de l'Hippopotame ; mais le diamètre de cette cavité est comparati- vement plus grand dans le premier de ces deux animaux, et c'est un caractère de plus qui le rapproche des Rongeurs. Ce que l'on peut apercevoir, au-dehors du crâne, de la struc- ture osseuse de l'appareil auditif dans la lête du Toxodon , s'é- carte de ce que l'on observe chez les Rongeurs. Dans ces der- niers, en effet, la portion tympanique de l'os temporal est re- marquablement développée ; elle forme un renflement osseux considérable entre la cavité glénoïde et l'occiput , et demeure toujours distincte des autres élémens de l'os temporal. Dans le Toxodon, l'os tympanique (c,pl. 3,fig. 1) consiste dans une lame osseuse, rugueuse, coujprimée et verticale, enclavée transversa- lement entre l'occiput et la partie postérieure de la cavité glé- noïdale. L'extrémité interne de cette lame se termine en une pointe dirigée en dedans et Vn avant, et représentant l'apo- 36 owEN- — Sur un Rougeur gigantesque. physe stjloïde; en arrière est le rocher, qui forme une pe- tite éniinence angulaire à la base du crâne , et est moins dé- veloppé que dans l'Hippopotame. En avant du rocher se trouve l'orifice de la trompe d'Eustache et le canal carotidien ; en dehors, le grand trou déchiré qui livre passage à la veine jugulaire et au nerf pneumogastrique , et en arrière le trou con- dyloïdien antérieur. Le conduit aiîdihf externe n'a qu'un demi- pouce de diamètre ; il est suivi d'un passage long et un peu si- nueux qui pénètre en dedans , un peu en avant et en bas ; sa direction est précisément la même que l'on observe chez l'Hip- popotame, et l'oreille externe était probablement petite , comme chez ce dernier animal. Mais les indications d'habitudes aquatiques que nous offrent, dans le Toxodon, les parties osseuses relatives aux sens de la vue et del'ouïe, sont d'une faible importance comparées à celles que nous trouvons dans la charpente osseuse des fosses nasales, à Les os qui la constituent circonscrivent ime grande ouverture ovaledont leplanest dirigé en dessus et un peu en avant, comme dans les Cétacés herbivores, et en particulier dans le Lamantin {Trichœchus manatus Cuvier). Leïoxodon s'écarte néanmoins, à un degré marqué, des Cétacés, par un point de la structure de sa cavité nasale; je veux parler des sinus frontaux, qui se trou- vent mis à découvert par la fracture de la partie supérieure du crâne ( i). L'orifice postérieur des cavités nasales est compara- tivement plus grand et plus haut que dans les Cétacés herbi- vores, et offre une forme et un aspect différens, par suite du développement plus grand des os du palais. Le Toxodon diffère du Lamantin et du Dugong par la fermeté des articulations os- seuses de la tête, et il s'éloigne de l'Hippopotame parla solidité avec laquelle sont soudés les os maxillaires et intermaxillaires. Il nous reste à décrire, autant que r.-ous le peimettra l'état de conservation de notre déhiis fossile, la position relative, la grandeur et les connexions des os principaux qui entrent dans sa composition. (i) Ces sinus sont représentés planche a, fig. 4, et une aslérique (*) indique l'un des canaux étroits par lesquels ils communiquent avec les fostes nasales. owEJV. — Sur un Rongeur gigantesque. îy UOs occipital a ses élémens basilaires,, condyloïdes et sus- occipitaux complètement réunis. Sa portion basilaire, en con- Dexiooavec l'élément correspondant du sphénoïde, décrit une courbe dont la convexité est dirigée en bas. Lescondyles sont grands, étendus dans la direction transversale, complètement terminaux et un peu dirigés en bas, au-dessous du niveau de l'apophyse basilaire. La surface articulaire décrit une courbe verticale égale à deux tiers de cercle _, ce qui indique que la tête possédait un mouvement fort étendu sur l'atlas, dans le plan vertical, de telle sorte que, tandis que le corps du Toxodon était submergé, la [tête pouvait probablement se relever, de façon à former un angle avec le cou , et à porter les narines jusqu'à la surface de l'eau , sans qu'il y eût besoin d'une inflexion correspondante de l'épine dorsale. Sous le rapport de la forme et de la position des condyles occipitaux, le Toxodon rappelle beaucoup plus les vrais Cétacés qu'aucun autre Mammifère actuellement existant; et on ne peut le comparer qu'à eux re- lativement à la direction du trou occipital et de toute la ré- gion occipitale de la tête. Toute cette région est inclinée en avant, à partir du trou occipital, en formant \n\ angle tel que, si l'on regarde la têle en dessus, non-seulement les condyles sont visibles, mais même la circonférence tout entière du trou occipital (pi. 2, fig. 4)- ^^3 partie supérieure du plan sus-occipi- tal offre une grande dépression rugueuse qui indique l'insertion de muscles cervicaux puissans, et probablement d'un ligament cer^^ical. Les apophyses ora/?z/i?/f^ s'étendent jusqu'à environ un pouce en avant des condyles; elles s'écartent ensuite brusquement en dehors en formant un angle droit avec leur première direc- tion , et se terminent en forme de lames osseuses comprimées, verticales, dont l'extrémité inférieure rugueuse représente les apophyses mastoïdes,ou en ren)|)lit les fonctions (f/û^, pl.2,fig.4» et pi. 3, fig. i). J^a région occipitale entière (fig. '2, pi. 3), si l'on lient compte des fractures, paraît avoir à-peu-près un tiers de plus en largeur qu'en hauteur. (i) Je lie puis auiirer que eu lig.iiiitnl existe dans le cou du Uii^oiijj. 38 owEJV. — Sur un Rongeur gigantesque. Le grand développement des os tjmpaniques chez les Ron- geurs produit un espace vide considérable entre l'os occipital et l'apophyse zygomatiquc du temporal; mais, dans le grand Toxodon, chez lequel le sens de l'ouïe était probablement plus obtus que chez les petits et timides Rongeurs, l'os tympanique est réduit à une lame mince enclavée entre l'occipital et la ca- vité glénoïde. Cette circonstance, jointe à la position reculée qu'occupe la cavité glénoïde, établit un rapport étroit entre le Toxodon et les genres Hippopotame, Tapir et Rhinocéros. La portion écailleuse du femporal(N, pi. 3,fig. i) constitue une faible partie des parois latérales du crâne, et elle entre aussi dans la composition des portions latérales et supérieures de la région postérieure du crâne, où deux (bsses profondes percées de grands trous destinés à la pénétration des vaisseaux indiquent la jonction des os écailleux avec l'occipital supérieur. La face postérieure du crâne se trouve ainsi partagée en trois dépres- •sions larges et peu profondes, les deux facettes latérales étant un peu recouvertes par la facette médiane au point où elles sont réunies. Par cette partictdarité déstructure, le Toxodon rappelle l'Hippopotame, et diffère considérablement des Cétacés, chez lesquels la région occipitale est rendue convexe parle grand développement du cerveau à l'intérieur. Uapophjse zygomatique du temporal se projette librement en dehors à son origine, où elle est d'une grande force, et offre trois faces. La cavité glénoïde est creusée transversalement à la base et à la face inférieure de cette partie; les surfaces laté- rales convergent entre elles pour former le bord ou arête su- périeure de l'arcade zygomatique. La profondeur de la cavité glénoïde se trouve accrue par l'existence de deux apophyses transversales, l'une en avant, l'autre en arrière; celte dernière est celle qui descend le plus bas, et s'oppose, avec la force néces- saire, à la dislocation de la mâchoire inférieure en arrière; et la pression du condyle y est indiquée par une surface bien définie, ovale dans le sens transversal, aplatie et lisse, comme si l'os eût été poli en ce point; l'apopliyse transversale antérieure est convexe et lisse, et faisait probablement partie de l articulation de la mâchoire inférieure. La face inférieure de l'arcade zygo- OWEW. — Sur un Rongeur gigantesque. 3^ matique située devant la cavité glénoïcie va se rétrécissant gra- duellement; et, à une distance de trois pouces de la cavité, l'arcade passe de la forme d'un prisme à celle d'une lame. C'est à ce point que commence la suture zygomatique, au bord infé- rieur de l'arcade, d'où elle se prolonge directement en avant jusqu'à plus de moitié de sa longueur, pour se relever ensuite et se porter en haut, à angle droit, avec sa direction primitive. La suture zygomatique suit un trajet semblable dansleCapybara et l'Hippopotame. Le reste de l'arcade est formé extérieurement par Xos malaire (G pi. ,3, fig. I ) dont la position est intermédiaire entre celle qu'oc- cupe le même os chez les Rongeurs et chez les Pachydermes.il n'est point suspendu dans le milieu de l'arcade zygomatique, comme on l'observe dans le premier de ces deux ordres, et il ne s'étend pas dans une portion de la face située autant en avant de l'or- bite que chez le Tapir ou l'Hippopotame. La ligne extérieure de la suture malo-maxillaire trace antérieurement la limite de l'orbile ; mais , à partir de cette ligne , l'os maxillaire se prolonge en arrière le long du bord interne de la portion malaire de l'arcade zygomatique, presque jusqu'à la suture temporo-ma- laire; de sorte que cet os appliqué par une surface oblique contre presque toute la face interne de l'os malaire contribue puissamment à la solidité générale de l'arcade zygomatique. L'os malaire est fort étendu dans le sens vertical, et .son bord inférieur est rugueux et épaissi pour l'attache du masseter; le bord supérieur est lisse, arrondi et présente une excavation ré- gulièrement semi-circulaire qui constitue la paroi inférieure de l'orbite. La grandeur relative de l'arcade zygomatique par rap- port au crâne surpasse beaucoup, dans leToxodon, ce qui existe . chez l'Hippopotame ou chez tout autre Pachyderme connu, ce qui est dû au grand dévelop|ienieift vertical que prend l'os ma- laire en arrière de l'orbite, et à l'expansion verticale de la por- tion temporale de l'arcade. La position oblique de cette arcade qui descend à mesure qu'elle se prolonge davantage en avant, mérite d'être mentionnée dans le Toxodon ; car, en même temps que ce caractère l'éloigné des Pachydermes, il le rapproche des (A'iacés herbivores, tel que !e Dugong ou le Ijamanlin. Chez ce 4o OWEN. — Sur un Piongeur gigantesque. dernier, on observe un développement tout pareil de la porlioii inférieure de l'apophyse zygomatique de l'os malaire. En outre, il y a là encore un trait de ressemblance entre le Mégathérium et le Toxodon. Il n'existe aucune apparence d'un os lacrymal (E, pi. 3, fig. i) situé, comme chez l'Hyppopotame , derrière le bord antérieur de l'orbite. Le trou lacrymal est situé plus profondément dans l'orbite, et l'os lui-même paraît avoir occupé très peu d'étendue. La surface de l'apophyse sus-orbitaire de Vos/rontal{C, pi. 3, fig. i) se fait remarquer par des rugosités particulières, et que l'on ne rencontre nulle part ailleurs sur la tète osseuse; on dirait que ces inégalités ont été produites par l'impression de nombreux petits vaisseaux tortueux et s'anastoujosant entre eux. Dans la tête osseuse d'un Rhinocéros bicorne de Sumatra que possède le collège des Chirurgiens, la circonférence de cette portion , sur laquelle est portée la corne postérieure, et qui est formée pré- cisément par la même portion de l'os frontal , présente le même caractère d'être sillonnée par de nombreuses impressions vascu- laires. Dans la pensée que ce caractère de l'arcade sus-orbitaire du Toxodon pourrait indiquer l'existence d'une cuirasse osseuse sur la tête ^ j'ai étudié la tête osseuse de deux espèces de Tatous , le Dasypus-Peba, et le Dasjpus sex-cinctus , et j'ai trouvé que, dans cette dernière espèce, les arêtes sus-orbitaires, qui sont un peu élevées , afin de supporter la cuirasse céphalique, offrent , bien qu'à un degré moindre, une semblable rugosité. Devons- nous conclure i!e là que le Toxodon était défendu, comme le Tatou, par un tégument osseux, ou qu'il était armé d'une pro- duction épidermique analogue à la corne du Rhinocéros; ou bien la surface rugueuse en question avait-elle aussi peu de rapports avec les parties qui la recouvraient qu'en a la surface sculptée des os rnalaires du Cabiais. Après avoir formé les apophyses sus-orbitaires rugueuses et proéminentes que nous venons de décrire , l'os frontal envoie en arrière une crête peu élevée qui circonscrit l'origine des muscles temporaux; mais l'étendue de cette crête, et la disposi- tion de la partie inter-orbitale des os frontaux n'ont pu être dé- terminées dans notre échantillon mutilé. Toutefois, les fractures owEN. — Sur un Rongeur gigantesque. 4' elles-mêmes qu'il présente peuvent être étudiées avec avantage; elles font voir la structure du diploé, lequel, par sa texture grossière et par son épaisseur, rappelle celui du crâne des Cétacés ; et, ce qui est plus important encore, elles démontrent l'existence et la forme des sinus frontaux. La cavité nasale est fort étendue; et ce qui reste des os spon- gieux supérieurs atteste que le Toxodon possédait le sens de l'odorat à un aussi haut degré, au moins, que l'Hippopotame. Vos sphénoïde ressemble à celui de l'Hippopotauje ; mais il contribue, pour la plus grande partie, à former les apophyses ptérygoïdes internes (/>, pi. 3, fig. i). Ces apophyses sont d'une forme simple, et plus développées que dans l'Hippopotame; elles se projettent plus loin en dehors, et se terminent en pointe. Le sphénoïde envoie aussi une apophyse aiguë, courte et épaisse, qui part de la partie postérieure de la base des apophyses ptéry- goïdes internes. L'aile du sphénoïde ne se prolonge pas aussi loin dans l'orbite, et cet os ne s'articule pas avec le pariétal, comme dans l'Hippopotame; mais sa structure est en tout sem- blable dans ce point à ce que Ton observe chez le Rhinocéros. Le trou sphéno-palatin est comparativement plus grand que dans les Pachydermes que nous venons de nommer; et il est borné en haut par la lame orbitale descendante de l'os frontal. La portion palatine des os palatins se termine antérieure- ment entre les dernières molaires , et s'étend postérieure- ment à quelque distance des apophyses alvéolaires, de façon à accroître en arrière l'étendue du plancher osseux de la bouche. C'est là une particularité de structure par laquelle le Toxodon diffère des Rongeurs et des Pachydermes, en même temps qu'elle le fait ressembler aux Tatous parmi les Edentés, à cela près que la portion post-dentale des os palatins, dans leToxodon, se contracte brusquement en largeur. La suture palalo-maxil- laire est en forme de chevr ;n , avec l'angle dirigée en avant, ainsi que cela a lieu chez l'Hippopotame et leCapybara, mais tronqué. Les os maxillaires supéricurs(F pi. 3, fig. i ) s'unissent en arrière à l'os mahiire, connue nous l'avons décrit ci-dessus. En haut, ils s'unissent aux os frontal et nasaux. Leur surface extérieure est 4^ owKN. — Sur un Rongeur gigantesque. presque verticale, lisse et légèrement ondulés, traversée à sa partie postérieure par le trou 50us-orbitaire, et réunie en avant aux inlermaxillaires par une suture qui se dirige en décrivant un croissant (pi. 3 , fig. i) depuis le milieu de la cavité nasale jusqu'à quatre pouces de la limite aniérieure du maxillaire supé- rieur. La position et l'étenduede celte suture, jointesàl'absence des défenses et de leurs grandes alvéoles proéminentes consti- tuent une différence des plus importantes entre le Toxodon et l'Hippopotame. La principale particularité qu'olfrent les os ma- xillaires consiste dans la forme arquée des prolongemens alvéo- laires, qui correspondent, pour leur forme et leur position, aux molaires que nous avons décrites plus haut, et qui, parmi tousles mammifères connus, sont particulières à ce genre. La surface palatine des os maxillaires est traversée obliquement par dtux grands trous, d'où partent deux sillons longitudinaux profonds, qui s'étendent en avant, et disparaissent successive- ment. Les trous palatins postérieurs sont représentés par des sillons tout semblables chez le Capybara. Les os intermaxillaires (D, pi. 2,fîg. 4, et pi. 3, fig. i), bien que grands, offrent pourtant une étendue comparativement moindre que chez les Rongeurs en général. Les apophyses nasales ne s'étendent pas jusqu'à l'os frontal, mais elles se terminent à la moitié antérieure de l'ouverture nasalf* , ce qui rapproche le Toxodon desCétacés herbivores. Parleur élargissement antérieur, les intermaxillaires rappellent ceux de iHippopotame, qui offrent toutefois ce caractère à un degré beaucoup plus marqué. Les intermaxillaires de l'Hippopotame sont en outre beaucoup moins solidement unis aux maxillaires que ceux du Toxodon , ce qui est cause que souvent ils manquent dans les crânes fos- siles. A la surface palatine des intermaxillaires existent deux sillons qui divergent en avant de la ligne de suture, et en avant de ces sillons se voient deux grands trous palatins antérieurs. Les sutures maxillo-intermaxillaires du palais vont convergeant en arrière; et il paraît avoir existé une fissure entre cette suture et la suture médiane des intermaxillaires , structure qui rap- proche le Toxodon de l'Hippopotame. En résumant les différentes affinités ou les apparences d'alfi- owEN. — Sur un Rongeur gigantesque. 43 iiités qui nous sont offertes par le crâne de ce fossile curieux et plein d'intérêt, si nous admettons qu'il avait les extrémités logées dans des sabots, nous serons condi.'itsà penser qu'il appartenait à l'ordre des Pachydermes. Mais la structure , la forme et la nature des dents de la mâchoire supérieure, prouvent , à n'en pouvoir douter, que cet animal gigantesque avait des rapports étroits avec l'ordre des Rongeurs. Toutefois, le Toxodou s'é- loigne des caractères de cet ordre , tels que nous les fournissent les espèces actuellement existantes, par la position relative des incisives surnuméraires, par le nombre des molaires et la di- rection de leur courbure. En outre, si la mâchoire inférieure que 710US allons décrire appartient, comme je le pense, au genre Toxodon, voici quelle est la formule dentaire de ce genre : incisives y i; un espace vide au lieu de canines ; molaires, ir. Le Toxodon dilfère donc des vrais Rongeurs et ressemble au Wombat et aux Pachydermes par la direction transversale de la cavité articulaire de la mâchoire inférieure. Il s'éloigne des Rongeurs et ressen»ble aux Pachydermes par la position relative des cavités glénoïdes et des arcades zygo- matiques, et par plusieuis autres détails moins importans, que j'ai déjà mentionnés. L'inclinaison du plan du trou occipital et de la région occipi- tale de la tête, la forme et la position des condyles occipitaux; l'inclinaison du plan de l'ouverture antérieure des narines, l'é- paisseur et la texture des parois osseuses de la tête, éloignent à-la-fois le Toxodon des Rongeurs et des Pachyderiiies connus, et manifestent des affinités qui le rapprochent duDinothérium et de l'ordre des Cétacés, et surtout, parmi ces derniers, de la section des Herbivores, Aujourd'hui rien ne nous permet de déterminer si les extré- mités du Toxodon étaient organisées d'après le type des ongulés ou des onguiculés; et nous ne pouvons décider d'une manière positive, d'après les caractères fournis par la tête osseuse, si ce genre ne devait point être placé parmi les Mutica de Linné. Cependant le développement des cavités nasales et la présence de grands sinus frontaux, rendent fort douteux que les habi- tudes de cette espèce aient été aquatiques , comme elles ont dû 44 OWEN. — Sur un Rongeur gigantesque. l'être dans l'hypothèse où les extrémités postérieures auraient manqué complètement. Si la dentition d'un Mammifère est rigoureusement Carnivore, cette circonstance de structure est manifestement incompatible avec un pied renfermé dans un sabot; mais lorsque les dents sont conformées pour la trituration des substances végétales, c'est un cas tout différent. Si les animaux qui présentent ce carac- tère sont de petite taille et cherchent leur nourriture sur les arbres, ou s'ils creusent la terre pour y chercher des racines ou pour y trouver un abri, le type de dentition phytophage peut coexister avec des extrémités onguiculées, comme chez les Édentés et les Rongeurs en général. Mais le plus grand genre de l'ordre des Rongeurs {Hydrochœrus) dont les affinités avec l'ordre des Pachydermes se manifestent dans les formes lourdes de son corps, dans son poil raide et clair-semé, et dans plu- sieurs auties particularités, a chacun des doigts enveloppé d'un petit sabot en miniature. Cette affinité est trop saillante pour avoir échappé à l'obser- vation populaire, et le Capybara, par suite de ses habitudes aquatiques, est désigné sous le nom de Cochon d'eau. 11 est intéressant de voir que le même continent auquel ap- partient cette forme anormale de Rongeurs contient les restes d'un genre éteint caractérisé par une dentition qui se lie étroi- tement au type des Rongeurs, mais représentant ce type sur une échelle gigantesque, et tendant à compléter la chaîne d'af- finités qui lie les Pachydermes aux Rongeurs et aux Cétacés. Mesures de la tête osseuse du Toxodnn. pieds, pouces, lignes.. Dans sa plus grande longueur. 2 4 Dans sa plus grande largeur l 4 Dans sa plus grande hauteur, abstraction faite de la mâchoire inférieure lo Longueur des arcades zygcmatiques 1 l 6 Hauteur ou diamètre vertical de ces dernières. . . 6 Diamètre transyersal des fosses zygomatiques. . . S Diamètre transversal du crâne entre les arcades zygomatiques 5 ovTEN. — Sur un Rongeur gigantesque. 4^ Diamètre transversal du plan occipital du crâne. . i Du bord externe de l'un des condyles au bord externe du condyle opposé 8 6 Longueur delà voûte du palais i o Sa plus grande largeur 6 Largeur de la voûte du palais à la suture in ter- maxillaire 2 6 Largeur de la même, entre les alvéoles des dents molaires 3 Longueur de l'espace occupé par les alvéoles des dents molaires 9 6 Longueur de l'espace vide qui sépare les molaires des incisives 5 6 Diamètre transversal de l'ouverture nasale posté- rieure 3 9 Diamètre transversal du trou occipital .' 3 Diamètre transversal de la cavité glénoïde. . . < 4 6 Diamètre antéro-postérieur de la même X Descriptiow d'une mâchoire inférieure et de dents' de Toxodon trouvées à Bahia-Blanca , à 39° de latitude sur la côte Est de V Amérique méridionale. Par M. OwEN. Comme j'examinais quelques fragmens de mâchoires et de dents faisant partie de la collection de débris de Mammifères de l'Amérique du Sud, recueillis par M. Darwin , et que l'on avait réunis à part avec deséchantilloias mutilés provenant d'espèces de la famille des Édentés, mon attention fut attirée par l'aspect de racines de dents situées à l'extrémité antérieure brisée d'une mâchoire inférieure , et suivant une direction différente de celle des dents mâchelières, et je fus conduit à examiner avec soin la structure des dents de cet échantillon , et à rechercher dans la collection tous les fragmens rorrespondans. Mes recherches eurent pour résultat de me faire découvrir des portionsdesdeux branches, et le commencement de la symphyse d'une mâchoire 46 owrN. — Sur an Rongeur gigantesque. inférieure conlenant à su partie antérieure les racines de six incisives , et au moins six molaires de chaque côte. Mais comme les branches ont été brisées par le milieu de la sixième alvéole, il se pourrait que le nombre des molaires eût été le même que dans la mâchoire supérieure du Toxodon. Le mieux conservé de ces fragmens est figuré dans la planche a , fig. 5 et 7. La figure 2 montre la forme de la dent suivant une coupe transversale, et la disposition qu'affecte l'émail à la surface triturante des dents molaires du côté droit, restaura- tion que nous avons faite d'après la comparaison des fragmens de dents brisées qui existent à l'une et à l'autre des deux branches de la mâchoire. Les débris de la symphyse que l'on voit représentés dans la figure 5 nous font voir que la mâ- choire était remarquablement comprimée ou étroite d'un bord à l'autre , tandis qu'au contraire les branches étaient d'une hau- teur considérable, afin de pouvoir loger les matrices et les bases des dents molaires, lesquelles s'accroissaient indéfiniment. Les bulbes des six incisives de cette mâchoire inférieure sont disposés suivant un demi-cercle assez régulier dont la convexité est en bas ; quant aux incisives elles-mêmes, elles sont dirigées en avant et recourbées en haut comme les incisives inférieures des Rongeurs. Leur forme et leur degré de courbure se voient dans une incisive presque complète (pi. 3, fig. 3) qui cor- respond à l'incisive inférieure gauche de la mâchoire inférieure; elle a été trouvée dans la même couche, mais elle appartient à un autre individu. Ces incisives ont à-peu-près la même grandeur; toutes sont creuses à leur base, et remplies d'une substance minérale en- durcie qui reproduit bien la forme de la pulpe vasculaire qui occupait primitivement cette cavité. Des fragmens de dents assez considérables sont demeurés dans quatre des alvéoles pour faire voir que ces incisives, comme celle que nous possédons à-peu- près complète (fig. 3), ne sont qu'en partie revêtues d'émail; mais bien que, sous ce rapport, ainsi que par leur courbure et la durée indéfinie de leur accroissement, elles ressemblent aux dents en biseau des Rongeurs , elles en diffèrent par leur figure prismatique comme celle des incisives du Rhinocéros de Suma- OWEN. — Sur lin Rongeur gigantesque. /^n tra ou des défenses du Sanglier. Deux des faces de chaque inci- sive, celles qui forment la sur-face antérieure convexe et la sur- face moyenne, sont revêtues d'une lame d'émail d'environ une demi-ligne d'épaisseur , qui se termine à l'arête postérieure for- mée par la surface qu'elle recouvre et la surface postérieure ou concave. Dans la planche 2 , fig. 7 , l'émail des incisives bri- sées est représenté par de petites lignes qui indiquent la direc- tion de ses fibres cristallines. L'espace blanc immédiatement en dedans de l'émail montre l'épaisseur de l'ivoire à la base de la dent; la substance grise intérieure fait voir une coupe du bulbe sécréteur ou de la pulpe dentaire, dont la forme était conique ainsi que d'ordinaire ; l'incisive ( fig. 3, pi. 3 ) paraît avoir été brisée au tiers environ de la distance du sommet du bulbe à la base de la dent. De la position relative des bases ou racines de ces incisives , nous pouvons conclure qu'elles divergeaient entre elles de telle sorte que leurs faces tranchantes ks plus- épaisses se trouvaient en ligne. Des dents d'une structure pareille leur cor- respondaient à la niâchoire supérieure ; c'est ce que prouve la surface tranchante, oblique, semblable à une lame de ciseaux, de l'incisive la plus complète; et c'est un fait digne de remarque, que la présence de dents en biseau {dentés scalprarii) à l'avant de la bouche n'ait pas été nécessairement limitée à des Mam- mifères d'une petite taille. La place qu'occupent les bulbes de ces incisives tout auprès des molaires antérieures correspond à la position des bulbes des incisives de la mâchoire supérieure du Toxodon , et, jointe au voliune de ces bulbes, elle indique qu'une portion considé- rable des incisives inférieures était logée dans la substance de la portion antérieure de la mâchoire. Il est très probable qu'au- cune dent verticale ne se développait dans la portion de la mâchoire ainsi occupée par les bases arquées des incisives , et qu'il existait par conséquent un es|)ace vide entre les molaires et les incisives de cette mâchoire inférieure, ainsi qu'on le voit dans la mâchoire supérieure du Toxodon. Il est également à remarquer que , comme les déviations du type rongeur que nous offre le crâne du Toxodon sont les /(8 owEir. — Sur un Bongeur gigantesque. mêmes , sous certains rapports , qui se présentent dans le Wo^ti- bat , nous trouvons une déviation tout-à-fait correspondante dans la grandeur et la position relative des incisives inférieures , lesquelles , comme dans le Wombat, se terminent en avant des dents molaires , au lieu de s'étendre postérieurement jusque derrière la dernière molaire, comme dans la plupart des vrais Rongeurs. Le Capybara est de tous celui qui se rapproche le plus de ce caractère, les bulbes des incisives inférieures étant situées devant l'intervalle des deux premières molaires. Les molaires, dans cette mâchoire inférieure brisée, de même que celles de lamâchoiresupérieuredu Toxodon, ont des bulbes persistans, ce qui est démontré par la cavité conique de leur base représentée fîg. 4, pi. 3. Il leur fallait donc des alvéoles pro- fondes, et la mâchoire devait elle-même être d'une profondeur correspondante, afin de pouvoir protéger et loger les bulbes dentaires. Afin d'économiser l'espace et d'accroître la résistance des dents, peut-être aussi pour diminuer l'effet d'une pression directe sur le bulbe très vasculaire et très sensible, les molaires et leurs alvéoles étaient arquées, mais à un degré moindre que celles de la mâchoire supérieure du Toxodon. Ces molaires rap- pellent encore celles de la mâchoire supérieure du Toxodon , si on les considère suivant leur diamètre ante'ro-postérieur, en ce que, petites et simples en avant de la mâchoire, elles devien- nent de plus en plus grandes et compliquées à mesure qu'elles sont situées plus en arrière. Cependant, elles sont plus étroites dans le sens transversal; mais , si elles appartiennent au Toxo- don, c'est un rapport de plus qu'aura cet animal avec la plupart des autres grands Mammifères herbivores; car la surface fixe destinée à supporter la trituration à la mâchoire supérieure est, conformément aux principes les plus simples , plus étendue que la surface mobile qui lui est opposée à la mâchoire inférieure. Y,^. première molaire de la mâchoire inférieure que nous décri- vons est petite et d'une structuresimplefpl. 2, fig. 6);elle est enve- loppée d'une couche d'émail uniformément épaisse, et aucun repli ne pénètre dans sa substance.Elle est plus arquée qu'aucune des autres molaires, et elle ne semble différer de l'incisive externe que par son enveloppe d'émail coniplète , et par la direction owEN. — Sur un Rongeur gigantesque. 4q qu elle suit dans son accroissement. Cette transition graduelle des molairf s aux incisives, qui a lieu dans leurstructure , est un fait digne de remarque, car on peut regarder les robustes in- cisives comme représentant des molaires devenues plus simples par suite de la destruction partielle de l'émail , et ayant éprouvé un chan£;ement de direction. La seconde molaire offre un accroissement suivant le diamètre antéro-postérieur; elle est en même temps plus longue, et l'émail, au milieu de la face externe, forme un repli qui pénètre un peu dans la substance dentaire. La lame d'émail qui revêt la surface interne est un peu concave et non interrompue. La troisième molaire présente encore un accroissement sui- vant les mêmes dimensions que la seconde ; l'émail de la face externe offre un repli tout pareil, mais dirigé un peu plus en ■jrrière. Dans la quatrième, outre un nouvel accroissement dans les di- mensions et un repli d'émail pareil à celui des précédentes, et par- tant de n)êmede la face externe, mais pénétrant plus profondé- ment, nous trouvons que la surface triturante se complique en- core davantage par l'existence de deux replis d'émail qui partent de la face interne pour pénétrer dans la substance de la dent.Ces replis partagent l'étendue delà dent, d'avant en arrière, en trois portions à-peu-prèségales; et ils pénètrentobliquementen avant jusqu'à moitié de la substance de l'ivoire. La cinquième molaire offrela même structure que la quatrième; seulement elle la surpasse un peu ep grandeur. La sixième présente un accroissement proportionnellement plus grand suivant le diamètre antéro postérieur , qui mesure deux pouces; mais le diamètre transversal est peu augmenté. La structure de celte molaire ressemble à celle de la cinquième. Ces molaires n'offrant point dans leur diamètre transversal la même progression d'accroissement que dans leur diamètre antéro-postérieur, les dernières présentent, maisà un plus haut degré, la forme comprimée qui caractérise cellesde la mâchoire supérieure dn Toxodon. IX. 'Laot..— Janvier. 4 5o owKN. — Sur un Rongeur gigantesque. Cependant il existe une différence de structure entre ces mo- laires et les molaires supérieures du Toxodon. Dans les pre- mières , en effet, se trouvent deux replis d'émail qui pénètrent de la face interne dans la substance delà dent, tandis que dans les autres il n'existe qu'un repli partant de la surface interne. Dans les molaires inférieures il existe également une lame d'é- mail qui se réfléchit de la surface postérieure dans la substance 's \<'rles,ei;t encore visible sur 56 V. auj&ouiîv. — Insectes Tiuisibles. les semences mûres et même sur les semences desséchées , en sorte qu'on pourra toujours, pour peu qu'on veuille y prêter attention , reconnaître , immédiatement après la ré- colte et durant tout l'hiver, celles de ces graines qui con- tiennent dans leur intérieur des insectes. Cette connaissance ne sera pas seulement importante pour le cultivateur qui em- lïiagasine dans la vue de livrer ses produits à la consommation : elleseratrès utile à celui qui destinera ses graines à l'ensemence- ment. En effet, il compromettra sa 'récolte future, s'il porte dans son champ des graines infestées: il la sauvera s'il n'y met que des graines parfaitement saines. Je pourrais en citer de nom- breux exemples. Je placerai dans un second groupe les observations que j'ai recueillies et qui ont pour objet l'étude des insectes nuisibles aux racines. On verra qu'elles sont attaquées par des larves autres que celles du hanneton, qui ne se contentent pas d'en ronger le chevelu , mais qui s'introduisent dans leur intérieur et y creusent des cavités nombreuses et profondes. Souvent on attribue à la nature du sol ou aux intempéries de la saison le dépérissement de certains végétaux herbacés ou ligneux cultivés en grand et qui n'ont pas d'autre cause de maladie. Je réunirai sous un troisième titre les faits qui se sont offerts à mon observation et qui concernent les altérations nom- breuses que les tiges des plantes de toute espèce et particuliè- rement les arbres éprouvent de la part d'une foule d'insecles. C'est là un sujet de la plus haute importance et auquel se rat- tachent de graves questions d'économie forestière. J'aurai bientôt l'honneur d'en entretenir spécialement l'Acadé- mie. Qu'il me suffise, pour !e -nomentjde fixer son attention sur la nature des matériaux que j'ai réunis, afin qu'elle juge combien sont nombreux les élémens du problème : Les tiges de plusieurs arbres sont rendues souffrantes , elles languissent long-temps et peuvent même périr par suite de la piqûre incessante de certainsinsectesquisucentàtravers l'écorce le fluide nourricier. Tels sont divers pucerons, plusieurs gallin- sectes , des cochenilles et des thrips que j'ai observés sur les chênes, les sapins, les pins, les pommiers , la vigne , et sur plu- V. AUDouiff. — Insectes nuisibles. 5j sieurs plantes exotiques et précieuses qu'on élève dans les serres. D'autres insectes attaquent les arbres d'une toute autre ma- nière, et leur occasionnent un tort bien plus sensible, puisque ce sont eux , surtout, qui sont la cause des dévastations qu'on remarque dans nos forêts de Chênes et de Pins et parmi les Ormes de nos routes , de nos boulevards et de nos promenades. Tous ces insectes, sans exception, se tiennent cachés , à l'état de larve, entre l'écorce et le bois, et détruisent la nouvelle couche d'aubier qui tend à se former, en marquant chacune leur route par un petit sillon. Ailleurs, ce n'est pas cette nouvelle couche, mais c'est le bois déjà formé qui est taraudé en tous sens par des insectes de plus grande taille. J'en présente l'histoire, et j'insiste surtout sur un faitrelatif à une certaine espèce de l'euplier qui meurt chaque année par milliers, atteinte qu'elle est toujours de préférence par des larves de la Saperda Carcharias. Enfin , beaucoup d'arbres , d'arbustes et de plantes herbacées sont perforées dans leur axe par des insectes qui détruisent la moelle, quelquefois pour s'en nourrir, mais le plus souvent pour déposer dans ce canal central évidé leurs œufs auprès des- quels il apportent des provisions nécessaires aux larves qui en naîtront. Quel que soit le motif qui les fait agir, il en résulte pour la plante un mal très réel, surtout dans les cultures de Rosier, dont les tiges creusés ainsi par des Crabrons, des Pemphredons et des Odynères, redeviennent bientôt Eglantiers, lorsque la perforation a dépassé le point où la greffe avait été établie. Ce fait étant constaté par les observations auxquelles je renvoie, il sera facile, comme je l'indique, de trouver le moyen de remé- dier à cet inconvénient. On pourrait ranger sous un titre spécial quelques remarques qui ne me paraissent pas dénuées d'intérêt , et qui sont relatives aux insectes qui attaquent les bourgeons tantôt pour s'en nour» rir, laulôt pour déposer à leur intérieur des œufs d'où éclôront des larves qui les feront avorter. Les Chênes, sur lesquels ha- bitent déjà tant d'insectes, sont fréquemment sujets à ce genre singulier d'altération. 58 V. AUDOum. — Insectes nuisibles. Non-seulement les bourgeons, mais les jeunes pousses de plusieurs végétaux sont exposées à de grandes chances de des- truction; je classerai sons un cinquième chef quelques faits que je crois avoir observé le premier, et qui prouvent que si , dans bien des cas, ces jeunes pousses sont dévorées par des insectes, il est d'autres circonstances où ils se contentent de les couper, et cela dans un but bien différent. J'en citerai un exemplefrap- pant qui fera voir en même temps combien des connaissances exactes d'Entoujologie peuvent être utiles à l'horticulture. L'observation a trait à un petit insecte qui fait les plus grands dégâts dans les jardins en coupant les brindilles des Poiriers et des Pommiers; j'ai visité des localités où sa présence était un vrai fléau , et je pourrais citer un savant physicien de l Académie qui a beaucoup à s'en plaindre (i). Tous les jardiniers le coii- naissent sous différens noms, et plusieurs lui font une chasse très active; mais il leur échappe par plusieurs ruses, et, entre autres, par celle qui consiste à se laisser choir en contrefaisant le mort, dès qu'il aperçoit un corps animé à distance. Il en ré- sulte que, quelque habileté qu'on y mette, on parvient diffici- lement à en réunir un nombre assez grand pour dédommager du temps qu'on y passe. Or, pendant qu'on recherche minutieu- sement ces insectes, on en laisse éclore près de soi des centaines et des milliers, qu'il serait cependant très aisé de détruire. • En effet, j'ai dit déjà que l'msecte qui est une sorte de petit Charançon h\e\.\ {Rhynchites conicus illig.), incisait avec son bec les jeunes rameaux. Le fait-il pour s'en nourrir? Les horti- culteurs le croient; mais les horticulteurs se trompent. Le but réel de cette opération est uniquement de produire le dessèche- ment du brindille coupé. Et voici maintenant dans quel intérêt l'insecte agit ainsi: il a eu soin, avant de pratiquer la taille du rameau, d'introduire dans son extrémité un petit œuf d'où sor- tira bientôt une larve ; mais cette larve ne peut vivre que de bois mort, la femelle sait donc par un merveilleux instinct satis- faire à celte condition future et essentielle de son existence. Ceci posé, on comprendra que, loin qu'il faille dédaigner (i) M.jGay-Lussac. V. AUDOUIN. — Insectes nuisibles. Sg les rameaux flétris, c'est vers eux que le jardinier prévoyant devra porter surtout son attention, et la chose lui sera d'autant plus facile qu'ils restent suspendus à la branche par une pelite por- tion de l'épiderme, et que, à cause de leur couleur brune ou noire,ils tranchent parfaitement avec les feuilles vertes de l'arbre. Une tournée faite tous les joursamènera une abondante récolte, et je dois dire que l'expérience que j'en ai faite, et que j'en ai va faire a toujours été couronnée d'un plein succès. Si nous passons des rameaux aux feuilles, nous verrons que, de toutes les parties du végétal, ce sont évidemment elles qui fournissentlanourritureàunplusgrandnombred'instctes,etroa sait combien est sen-sible le tort qui en résulte pour la plante lors- que ces insectes arrivent à l'en dépouiller complètement. Ici , l'étude est plus facile et les faits ne manquent pas dans la science. Je me suis attaché à en découvrir de nouveaux, ils pour- raient être réunis sous le titre L'étude des membranes qui tapissent les surfaces libres du corps animal offre un très grand intérêt sous le rapport anatomique comme sous celui de la physio- logie. Des moyens plus parfaits d'analyse ont démontré que ces tissus, réputés être sans aucune structure quelconque, en possèdent une qui est assez composée, et qu'ils se reproduisent cependant avec une rapidité merveilleuse. — Tous ceux qui ont examiné la salive de l'homme y ont pu remarquer des lames très minces , formant des cellules d'une figure hexagone et renfermant un petit globule. Ces lames sont les débris de l'épithelium. L'épithelium des membranes muqueuses ne présente pas la même structure partout, et il offre, par exemple, des difTéreuces très grandes dans les différentes parties de l'intestin. Plus on s'éloigne delà bouche, plus la structure cellulaire change, de telle manière que , dans le rectum , par exemple , l'épithelium forme un réseau très élégant, où des ouvertures circulaires sont placées l'une auprès de l'autre et sont séparées seulement par de minces parois. L'épiderme offre une structure semblable à celle de l'épilhelium de la bouche , et la différence de la structure n'existant pas , on ne saurait plus long-temps admettre ces deux noms pour la même membrane. Quant aux animaux, nous devons la connaissance de la couche épidermique des batraciens à M. Valentin. Les grenouilles , par exemple , dé- posent sans cesse dans l'eau , oi!i on les conserve , une matière d'une apparence muqueuse et cohérente. Examinée au microscope, cette matière, d'une appa- rence si inorganisée, présente un tissu composé par des cellules hexagones renfermant chacune un petit globule. Les cellules forment tou*.-à-fait la couche épidermique des batraciens, elle se détache plusieurs fois par jour et se reproduit rapidement. J'ai étendu ces recherches sur les oiseaux, et je trouve une semblable structure à la îurface nue de leur corps. Des cellules hexagones d'un diamètre de -^^ millimètres, formées par une matière uniforme blanchâtre, renfer- ment un globule de la même couleur, d'une forme un peu irrégulière de -^ mill. Les globules peuvent être séparés des cellules par une légère compres- sion. Les cellules mêmes se couvrent entre elles comme des tuiles et forment de cette manière une couche résistante aux fluides, qui ne parviennent à s'imbiber GLUGE. — Structure de la peau. 63 dans ics tissus que difficilement. Les cellules peuvent facilement être isolées. — J'ignore dans combien de temps ces cellules se reproduisent dans l'épiderme des oiseaux. — Comme l'épiderme m'offrait une structure si analogue dans trois classes des animaux vertébrés, je crus qu'il serait de quelque intérêt d'étendre l'examen microscopique sur quelques animaux inférieurs, et, en effet, l'épiderme y offre souvent une semblable disposition. Dans les sangsues, par exemple, une matière muqueuse se détache de temps en temps de la surface de leur corps et flotte dans l'eau qui les renfeime. Ce n'est autre chove que l'épiderme qui se renouvelle sans cesse. Mais ici ce ne sont plus des cellules qui le forment , mais de petits globules parfaitement semblables, quanta la forme et au diamètre, à ceux que nous avons décrits dans les cellules: ils sont renfermés dans une masse granuleuse, qui elle- même n'offre pas de structure particulière. Les globules forment la plus grande quantité de l'épiderme de la sangsue. Je dois encore signaler une circonstance dans cet épiderme détaché , c'est la présence d'un grand nombre de cristaux , qui y sont déposés sans aucune régubrité. — La structure que nous venons de décrire offre un assez grand intérêt par elle-même ; mais elle devient très importante, si on la considère sous le rapport physiologique; car, comme nous le démontrerons dans une autre occasion , nous avons observé une structure analogue dans les membranes de l'œuf des mammifères. [But Le lin des séances de V Académie de Bruxelles , décembre iSSy.) PUBLICATIONS NOTJVF.LLES. Leçons sur les phénomènes physiques de la vie, professées au collè'^e de France par M, Magendie. 3 vol. in-8o. En présentant cet ouvrage à l'Académie, M. Magendie a rendu compte dans les termes suivans de quelques résultats nouveaux qui s'y trouvent consignés. « Dans cetle série de leçons, l'auteur s'est surtout proposé d'apporter de la précision et même des mesures exactes dans l'appréciation des phénomènes de la circulation du sang. Il a employé, à cet effet, l'instrument récemment imaginé par M. Poiseuille et approuvé par l'Académie. « La pression que sup|)orte le sang contenu dans les vaisseaux artériels ou vei- neux, les variations qu'offre cette pression par le volume du liquide sanguin, sa température ,son mélange avec l'eau tiède, l'eau froide, l'infusion de café, l'alcool faible , etc., ont été successivement examinées sous ce point de vue , et l'on .i reconnu que , à rcxceplion de l'eau chaude , toutes ces liqueurs augmentent 64 MAGENDiE. — Sur les phénomènes physiques de la vie. sensiblement la pression que supporte le sang. Cette augmentation s'explique par le mode d'action que ces divers liquides exercent sur la fréquence et l'intensité des contractions du cœur. « En suivant ce procédé, on est arrivé jusqu'à mesurer en millimètres de mer- cure dans le tube de l'instrument, les effets des sensations vives .agréables ou douloureuses , ce qui se comprend aisément par les cLangemens subits que les émotions fortes excitent dans les mouvemens du cœur. (c M. Magendie cite ensuite plusieurs singuliers résultats d'expériences relatifs à la fibrine que contient le sang dans la proportion minime de , Jo, à yt^. Tant que cette substance existe dans le sang et qu'elle conserve la propriété de se coaguler, la circulation persiste normale dans les vaisseaux capillaires; mais, dès que la fibrine est artificiellement soustraite du sang , ou que , à l'aide d'un réac- tif, elle est rendue inr.oagulable , aussitôt le passage du sang dans les infiniment petits vaisseaux s'embarrasse, le liquide s'extravase, les tissus s'imbibent , s'en- gorgent et finissent par offrir des lésions désignées par les pathologistes sous le nom de lésions locales, qui, dans certains cas déterminés, ne seraient que la conséquence de l'altération primitive du sang; l'étude des modifications du sang doit donc entrer pour beaucoup dans les recherches relatives aux maladies où il existe de graves lésions locales. » VROLiK. — Ânatoniie dan Baîeinoptère. 65 Note sw Vanatomie d'une Baîeinoptère à bec {Balœnoptera roslrata) échouée ou mois de septembre de l'année i835 sut les côtes de la Hollande, près du village de Wijk aan Zee , * Par W. Vrolik , Professeur d'anatomie , elr. , à Amsterdam. Parmi les différentes espèces d'animaux répandues sur la sur- face de la terre, nulles, à mon avis, n'offrent plus d'intérêt que celles qui , par leur analogie de structure , se lient l'une à l'autre, et forment les anneaux d'une chaîne commune. Par elles, qu'on a nommées à juste titre des formes de transition, il devient pos- sible de réduire la diversité à l'unité. Le désir d'approfondir cette unité dans tous les détails de l'organisation est cause que ces animaux ont été étudiés avec le plus de soin. Grâce à cette pré- dilection, plusieui's en sont parfaitement connus, V^uiruche, par exemple,, les Chéiroptères, V Ornithorynque, etc. Si, pour d'autres, nos connaissances sont plus bornées, il faut en accuser plusieurs circonstances défavorables qu'il n'a pas été donné au naturaliste d'éviter. C'est à elles, au moins, que je crois devoir attribuer le défaut complet d'observations sur l'anatomie de ces terribles colosses, que l'Océan renferme sous le nom de Cétacés, comme formes intermédiaires entre les poissons et les mammi- fères. Le profit que le commerce en retire, les mains barbares dans lesquelles ils tombent potir la plupart ; leur volume immense, la difficulté de la dissection sont autant de causes qui, jusqu'à ce jour, ont empêché d'avoir une connaissance exacte de ces ani- maux. Le célèbre anatomiste anglais, J.HuNTER(i),a tâché de re- médier à tous ces inconvéniens en équipant à ses frais un chirur- gien de marine sur un bâtiment allant à la pêche des baleines. (i) JoBH HuKTER , Obsfival ioiis on lli(! structure and œconomy of Whales Phil. Trans. vol. 77, for Ihe ycar, 1787, 1.nndiiii, 1 787. IX. /.ooi.. — Fc'frier. 5 C6 VROI.IC. — Analomie d'un Baleinoptère. Le seul fruit, qu'il relira de tous les sacrificos qu'il avaitfaits, fut un morceau de peau de la baleine franche avec les animaux parasites qui y sont habituellement attachés, qu'on avaitl'air de lui rapporter comme par dérision. Ce malheureux résultat d'une action généreuse n'encouragea p;is à répéter le même essai. On laissa au hasard la chance qu'un Cétacé échoué pût tomber dans les mains de quelque naturaliste. Depuis un petit nombre d'années, la Hollande fut quatre fois favorisée de cette manière, mais toujours incomplètement (r). La première fois, ce fut en août iSiT, loisque une Baleinoptère a bec ou Iior.jual échoua. près de l'ile Marken. Elle fut tuée par les pécheurs de l'île, qui en arrachèrent les viscères, n'y laissant que le larynx, la trachée artère et l'œsophage. Ces débris vinrent avec le squelette entre les mains du célèbre professeur Reinwardtj qui les transféra plus tard à Leyden , où ils donnèrent lieu en i85i à un mémoire fort intéressant au professeur Sajvdifort (2) sur les organe.s et le mé- canisme de la respiration des Cétacés. Grâce aux soins de ces deux savans, l'animal qui vint chercher la mort sur le rivage d'une petite île du Zuiderzée, ne fut pas tout-à-fait perdu pour la science. On ne peut pas dire la même chose d'un second Rorqual d'une grandeur démesurée, qui, dans l'année 1827, vint se jeter sur les côtes d'Ostende, et dont le squelette a été vu presque par toute l'Europe. Je ne crains pas d'être taxé d'exa- gération , si j'affirme que cet animal n'a été à-peu-près d'aucun profit pour la science. L'O s téo graphie de la Baleine d'Ostende, ouvrage dans lequel l'anatomiste ne trouve rien à apprendre, puis des mémoires polémiques de deux Belges, et, enfin, une courte mais fort intéressante note de M. le professeur Van Breda , sont les seuls monumens qui nous en restent (3). Heureusement, il y eut bientôt compensation par un troisième (i) MM. J J. BoDEL Nyenhuis el K. Muluer onl éiuiméré tous les cas connus de citacés échoués sur les côles de la Hollande , dans le journal ho'landais , ayant pour litre: de Alge- meene honsf, en letlerbode von den jare , i836. 't>} Vojez! es nouveaux mémoires en hollandais de la première classe de l'Inslilut royal des Pays-Bas. tom. ii,p. 233etsuiv. (3) Voyez le journal hollaailais Al^'emeene konst en letlerbode von het jaar, 1827, p. 18. VROLiK. — Anatoinie d'un Beleinoptère. 67. Rorqual, qui échoua en avril 182G sur le rivage de la mer du Nord, près de TP^rise aan Zee. L'administration du Musée royal d'histoire naturelle des Pays-Bas en fit l'acquisition. Mal- heureusement, la décomposition dans laquelle se trouvait l'ani- mal ne permit pas la dissection des viscères , ce qui, cependant, n'empêcha pas M. Schlegel (ly, conservateur du Musée, de pu- blier un mémoire fort intéressant sur plusieurs particularités du squelette, sur la forme générait' de l'animal, sur sa détermination spécifique , etc. Voilà le tableau succinct des résultats que la mort accidentelle de ces animaux a fourni à la science. Nos connaissances sur la structure des grands Cétacés s'y bornent jjour la plus grande partie. En effet, si on examitie attentivement les ouvrages anté- rieurs de Hunier^ Ca?nper, Cuincr et le travail récent de M. F. CuviER (0, il ne peut y avoir de doute que tout notre savoir ne va guère plus loin que le squelette, le larynx, l'oeil et l'oreille. Ainsi , il n'y a pas de quoi s'étonner de ce que chaque natura- liste saisit avidement l'occasion d'enrichir ses connaissances à ce sujet. Cela fut au moins mon cas, lorsque j'appris au mois de septembre de l'année i835 , qu'un Rorqual awaït été tué par des pêcheurs, et tiré sur le rivage près du village Wyk aan Zee. Accompagné d'un aide, je m'empressai de m'y transporter et d'acheter des possesseurs, cjui, dans ce moment, montraient le superbe cadavre à un public assez nombreux, la permission d'en retirer les viscères. Je consultai dans cette entreprise, qui, en effet , est plus grande et plus difficile qu'elle ne le paraît au premier abord , plutôt mon zèle que mes forces , et j'y trouvai ainsi des difficultés que je n'avais pas prévues. Je ne crois pas me donner une peine inutile en les publiant, afin qu'elles puis- sent être évitées par ceux qui viendront après moi, et qu'on ne m'en fasse pas un crime , si j'ai été forcé de laisser beaucoup de clioses indécises. C'est luie singulière sensation, que de se trou- ver armé d'un scalpel devant une masse immobile de 35 pieds (1) Voyei les nouveaux mémoires de la première classe de l'Institut royal des Pays-Bas, I. Ml , p. II. (a) Voyez F.'CuviER , de l'Hisloirt- nalurrjie îles Cctacc-s ou recueil el examen des faits dont « compose l'Iiitloire nalurdlcdr ces animaux . Paris, iS3fi. 5. '68 VROLiK. — Anatomie d'un Bcleinoptère. de longueur, ne sachant trop comment l'entamer, et importuné par une foule indiscrète et curieuse, qui ne vous laisse pas un moment de loisir. Ajoutez à cela que les vagues de la mer nous inondaient de temps à autre; que nous n'avions que très peu de temps à notre dispositiotj, tant par le flux qui nous menaçait, que par la nécessité de retourner, et vous aurez quelque idée de toutes les peines attachées à une telle entreprise. J'espère de tout mon cœur que ceux qui, après moi, tenteront la même chose, se trouveront dans des circonstances plus heureuses, pour que les lacunes que je suis forcé de laisser puissent être remplies. Néanmoins, j'ose me flatter que mes efforts n'ont pas été tout-à-fait inutiles, et que j'ai fait faire un pas déplus à la science.' J'ai eu soin de faire dessiner diverses parties, et je conserve les dessins comme futurs élémens d'une monographie plus com- plète sur les Cétacés. Ils représentent: 1. La surface interne du premier estomac. 2. L'endroit où le premier estomac passe dans le second. 3. La tunique muqueuse et musculaire du troisième estomac. .4- La partie inférieure du rectum, afin de faire voir les trois colonnes de follicules muqueux qui s'y trouvent. 5. Le larynx dont j'ai représenté le sac à l'envers, pour faire voir ses follicules muqueux. 6. Un segment du ventricule droit du cœur. 7. Les organes génitaux féminins. 8. La surface interne du vagin. 9. Les paupières. Qu'on me permette, après cet exorde, de détailler la méthode avec laquelle j'ai procédé. Je commençai par faire une incision dans la peau partant du menton et s'étondant jusqu'à l'anus. Une autre fut dirigée du menton , le long du bord iîiférieur de la mâchoire inférieure jusqu'à son angle. Par là , je détachai un lambeau de peau de la longueur de trente pieds. En y attachant de grosses cordes, je le fis relever par quelques hommes. Gela fait, je fus fort surpris de trouver les intestins dans une situa- tion qui me parut tout-àfait particulière, et que je n'ai trouvé VROLiK. — Anatomie cVun Bcîleinoptère. Ç>^^ décrite nulle part. Au lieu de se trouver dans la cavité abdomi- nale, comme chez les autres mammifères , ils sont placés en dehors. L'estomac et la plus grande partie des intestins grêles se trouvent renfermés dans le grand sac du péritoine, immédiate- ment au-dessous de la peau, et par conséquent, hors de l'abdo- men, dans une étendue qui va du menton jusqu'à l'ombilic. Dans toute cette région, la peau est pourvue de sillons longitu- dinaux, qui s'étendent depuis le menton latéralement sur le cou jusqu'aux angles des mâchoires, sur la poitrine jusqu'aux bords internes des nageoires, et finissent aux environs de l'ombilic. Dans l'animal que j'eus l'occasion d'examiner, ils n'allaient pns tout d'un trait du menton jusqu'à l'ombilic, mais il s'interrom- paient en différens endroits, et s interceptaient mutuellement tout comme les doigts peuvent le faire, quand on joint les mains. Il paraît par là que le dnssin de M. Schlhgel n'est pas exact, ou que, peut-être les sillons étaient autrement disposés dans son exem- plaire que dans le mien. Par ces sillons, qui ne sont propres qu'aux Baleinoptères que l'on nomme à ventre plissé, la peau acquiert la faculté de s'étendre d'une manière considérable. Je ne suis pas éloigné de croire que leur existence se lie à la sin- gulière situation du canal intestinal. Sans eux, les intestins n'au- raient pas la liberté de mouvement qu'il leur faut, et ne pour- raient pas se dilater d'une manière convenable. Par eux , au contraire, la peau peut s'élendre jusqu'à un certain degré, et donner ainsi aux intestins déplacés la ficulté de se mouvoir et de se dilater suffisamment. Les sillons me paraissent ainsi la conséquence du déplacement des intestins. A raison de celte circonstance, ces plis ne sont pas moins nécessaires que ne l'est le sillon gulaire des serpens, chez lesquels les tégumens du cou ont besoin de s'étendre, lorsque l'animal prend une très grosse proie, comme la très bien dit M. Schlegel. Il suppose que les sillons cervicaux du Rorqual sont eu rapport avec 'a nécessité de dilatation de l'œsophage, quand 1 animal avale, comme il a l'habitude de le f;iire, de gros poissons. J^a situation éventrale des intestins lui était inconnue, et par là , il a été empêché d'émettre quelque opinion sur les sillons placés sur la poitrine et la partie supérieure de l'abdomen Si je nome trompe, no VKOLiK. — Anatomii; duii Lelcinoptète. l'hypothèse ingénieuse qu'il propose est confirmée par mon obser- vation; par conséquent, si Sa position des intestins est décidément iinecondition constante et noimaic, on ])eut affirmer qu'elle est en rapport avec la nécessité de dilatation démontrée ci-dessus. Parla tombent toutes les singulières opinions émises auparavant sur la fonction de ces sillons. Il n'est pas étonnant qu'ils cessent à quelque distance de l'anus, puisqu'une partie des intestins grêles et la plus grande partie des gros intestins se trouvent dans la cavité abdominale. Ils seraient là tout-à-fiiit inutiles, et, par conséquent, ils ne s'étendent pas plus loin que !a position éven- trale des intestins. Je sens, cependant, que cela n'explique pas pourquoi l'estomac et les intestins ijuittent, chez le Rorqual , la j-ésidence cjui leur est habituelle chez tous les autres animaux vertébrés , et pourquoi , passant au dehors , ils rendent les sillons nécessaires. Il est peut-être téméraire d'émettre là-dessus quelque opinion, puisqu'il n'est pas prouvé que cette singulière position des intestins soit décidément normale, et cela, d'autant muins que J. Hu.xTER donne une courte desctiption de la disposition des intestins, sans y ajouter rien qui fasse voir qu'il ait observé la même positicjn éventrale. Il ne décrit que la position de l'es- tomac au côté gauche du corps, du pylore au' côté droit, du duodénum sur le rein droit, du coecum à la partie inférieure tlu rein droit , etc. A la vérilé, il n'est pas très clair qu'il parle de la Balcinoptèî'e à bec; mais cela me parait, cependant, très probable, d'après une note que M. Richard Owen eut la bonté de me communiquer à l'invitation du célèbre Robert Brown. « The description of the course of the intestines, etc. p.'4o5 Philos. Transact. T7H7 is taken ipsissimis verbis from the m. s. Descrip- tion of the Balœnoptera rostrata. » M. Owen a tiré cette note des manuscrits de J. Huntkr qui se trouvent au collège cf surgeons à Londres. Quoique, d'après tout cela, j'hésite à nommer la sin- gulière position des intestins, positivement condition normale, je ne crois, cependant, pas devoir la considérer comme déplace- ment pathologique , tant à cau.se du rapport qui me paraît exis- ter entre cette position éventrale des intestins et les sillons de la peau, que parce que M. le professeur Sandifort m'a fait l'hon- neur de m'écrire, que M. Reinwardt a trouvé dans le cadavre vaoLiK. — Aiialonde d'un Baleinoptere. ni. de la Baleinoptere qii'il a disséquée, mais dont on avait arraché les viscères , un grand sac analogue au sac péritonéal, dans lequel se trouvaient les intestins dans mon exemplaire, placé derrière les Sillons de la peau et s'étendant au-devant du cou, de la poi- trine et de l'abdomen Ce savant croit que les sillons delà peau ont pour but de donner une plus grande étendue à ce sac, lors- qu'il se remplit. Il serait aussi possible que cette singulière dispo- sition eût été méconnue jusrpi'à ce jour, d'autant plus que, en général, les Cétacés ont été plutôt dépecés par des marins que disséqués par des naturalistes. Je me sens autorisé à cette suppo- sition par une phrase de LACÉpÈDE(i)qui, tout en comparant la peau sillonnée à un sac à air, ajoute que ce réservoir remplit peut-être encore d'autres fonctions, puisqu'on y trouve des pois- sons. Comment ceux-ci peuvent-ils s'y trouver, si les intestins ne sont pas placés derrière les sillons? Si, d'après tout cela, il m'est permis de conclure que les intestins sont normalement placésau dehors de l'abdomen, ne pourrait on alors déduire la nécessité de cette position du peu de capacité qu'à l'abdomen à cause du grand volume des muscles qui ujeuvent la queue, et qui l'occupent tellement, qu'il n'y reste qu'une place suffisante pour le foie, la rate, les reins, Jes organes génitaux, les gros intestins et une petite portion des intestins grêles. Par là , l'estomac et le reste des intestins grêles sont peut-être forcés de se frayer un chemin par une ouverture naturelle de l'abdomen, et d'imiter ainsi ime hernie ombilicale. On pourrait m'objecter que le.-, intestins sont tout autrement placés chez la Baleine franche {Balœnn mysti- ce/«>ç),quin'a pas la peau sillonnéeet chez qui, quoiquela queue soit tout aussi forte que chez les Rorquals, les intestins trouvent cependant, toute la place qu'il leur faut dans la cavité abdomi- nale, comme le démontrent les observations de mes compatriotes Camper et J A. Bkknet faites chez un ïccXus de Baie i fie franche {"x). Je crois pouvoir réfuter cette objection, en rappelant que la (i) Lacépède, Histoire nalurclli- des lialeiiiopIcTcs , p. i38. (a) Voyez f)l)servalioiis auatomi(iiics sur la slnictiirc interne el le plusieurs espèces de célaecï. Paris, i8-io;(t J. A. riEBUET.dans les Mémoires liollandais de la société de llarleiii , I Spurl. 1. H iilem , i8o<.). pi n el v. 72 VROLiK. — Anatomie d'un Baleinoplère. Baleine franche se nourrit principalement de très petits mol- lusques lient la digestion et l'assimilation se feront avec une telle facilité qu'il ne lui faudra pas, pour cela, un canal intestinal aussi étendu et aussi compliqué que ne le possède le Rorqual. Par conséquent, ce canal pourra se tenir, chez la Baleine, dans l'abdomen; tandis que, chez le Rorqual , il devra se trouver en partie au dehors de la cavité abdominale, parce que celui-ci se nourrissant de harengs, saumons et autres grands poissons, doit avoir des organes de digestion d'une bien plus grande capacité. C'est ainsi que l'opinion se confirme, que, dans l'organisation des animaux, rien ne se fait sans but. Si nous ne pouvons pas toujours l'approfondir, nous devons Cil accuser l'imperfection de nos moyens, et peut-être aussi quelquefois les circonstances peu favorables dans lesquelles nous nous trouvons. C'est à elles, au moins, que j'attribue mon ignorance sur la manière dont se comporte l'oesophage à l'égard de la trachée-artère et de l'estomac éventral. L'obscurité du soir et la crainte du flux nous forcèrent à une telle hâte qu'il fut impossible de s'assurer de tous ces détails. Après mon retour, je réussis bien mieux à déterminer la forme et la structure de l'estomac. Il est, comme d'après Mechel cela paraît être la règle constante chez les Cétacés, divisé en trois sacs. J. HuNTÊR lui en donne chez le Rorqual c\nç\.iQ ne risquerai pas d'hypothèse sur le but de cette singulière division. Elle paraît être en opposition avec les lois générales et connues de la nature. Car en général on suppose , et je crois à juste titre, que le canal intestinal se complique d'autant plus que les alimens sont plus difficiles à digérer; mais cela étant, pourquoi donc trouver un estomac aussi compliqué chez un animal dont la proie doit si facilement s'assimiler, surtout puisqu'on trouve un canal intes- tinal si simple chez les poissons qui, pour la plupart, sont dans les mêmes conditions que le Rorqual? Mais, retournons à la des- cription de l'estomac. Le premier estomac a une étendue consi- dérable. Sa tunique muqueuse offre des plis nombreux qui sont comme partagés eu colonnes. Je n'aurai pas besoin de dire que, parla, elle reçoit un surcroît d'étendueet d'activité; ces plis dimi- nuent en bas et disparaissent enfin. Par là, le premier estomac passe dans le second, dont la surface muqueuse est tout-à-fait vROLiK. — Analoniie dun BeleinojHère. 73 glabre. Celui-ci communique avec le troisième estomac par une ouverture étroite, qui est pourvue d'une valvule circulaire, et ressemble par là au pylore de l'homme. La tunique muqueuse du troisième estomac est lisse, verdâtre, ressemblant par sa struc- ture à celle des intestins grêles et est unie à une couche musculaire composée de fibres longitudinales et transversales qui offre une épaisseur de 3j4 de pouce. Par cette composition de l'estomac, les Cétacés offrent une grande analogie avec les Bisulques. Je ne sais pas s'ils ruminent. A cause du défaut de dents, je ne le croirais pas, Cependant, à Ci t égard, il faut citer l'observation du profes- seur Van Breda , qui trouva près de la Baleinoptère d'Oslende des boules qui avaient l'air de sortir des intestins de l'animal, formées de fucus et ressemblant parfaitement aux égagropiles de ruminans. Cette analogie avec les ruminans est bien moins dis- tincte dans les autres parties du canal intestinal. Les intestins grêles sont très longs, et offrent de nombreuses circonvolutions. Leur tunique musculaire a une grande épaisseur, et est compo- sée de fibres longitudinales et transversales. La tunique muqueuse montre des plis transversaux assez seniblables aux valvules con- niventes de l'homme. Elle est très veloutée et possède des folli- cules muqueux extrêmement nombreux. En tout cela , les intes- tins grêles de la Baleinoptère diffèrent de ceux du Dauphin vul- gaire,chf z lequel se trouvent trois bandes de fibres longitudiiiales. Par eux, elle rentre dans les conditions ordinaires des mammifères; par les gros intestins, au conti aire, elle paraît se joindre aux pois- sons. J'indique en premier lieu la petite étendue de ceux-ci, et sui- tout le faible volume du cœcum. Il n'est pas du tout proportionné à la composition de l'estomac. Par cet organe, l'animal est con- formé comme un herbivore; par le cœcum, comme un Carnivore. L'analogie avec les poissons ne se montre pas seulenient dans la petite étendue des gros intestins, mais aussi dans la disposition des valvules qui s'y étendent circulairement ,etqiii nous rappel- lent la valvule en spirale du Squale, de la Raie et de l'Esturgeon. Tout comme chez ceux-ci, elles augmentent la surface des in- testins et retardent If passage des matières. Tous ces détails nous prouvent qu'il a été donné une très grande étendue à la tunique muqueuse des intestins, et nous verrons un développe- ^4 VRODK. — Anatoihic cCwi Beleinoptère. ment également très considérable de cette membrane dans la partie inférieure du rectum, où se trouvent trois colonnes de follicules muqueux qui, par un grand nombre de petits orifices, font pleuvoir le mucus sur la surface interne du rectum. Elles commencent là où cessent les valvules, et au-dessous d'elles se trouve une tunique muqueuse lisse et épaisse qui s'unit à la p(;au à l'entour de l'anus. Mes observations sur le canal intestinal de la Baleinoptère ne vont*pas plus loin. Dans le mésentère, j'ai trouvé un appendice terminé en cul-de-sac, d'une structure celIuUiire et spongieuse, et duquel je pus exprimer en grande quantité un fluide blanc et huileux. Je ne sais quel nom lui donner, ni quelle fonction lui attribuer. Là où les vaisseaux mésentériques pénètrent dans le bord concave des intestins, j'observai un tissu spongieux, formé par une quantité innombrable de vaisseaux et sessemblant en tout à des corps caverneux. En résuméjuous cioyons que le canal intestinal de la Baleinoptère o^fre les caractères d'espèces d'animaux fort différentes. Elle ne diffère pas moins de la structure ordinaire des mammifères par la disposition des organes respiratoires. Mes célèbres compatriotes Camper et Sakdifort les ont décrits avec tant de soin, que je n'ai que fort peu à ajoutera leurdescription. Ilest suffisamment connu que, chez les Cétacés, les narines sont transplantées au sommet de la tète, et qu'elles sont là en rapport avec un prolon- gement pyramidal du larynx qui, s'élevant jusqu'au canal nasal, sépare le nez de la bouche. D'après les préparations que j'avais eu l'occasion de voir dans les musées anatomlques , j'espérais trouver le larynx immédiatement derrière l'os hyoïde ; mais ce fut en vain que je le cherchai là; aussi, je m'assurai quelque temps plus tard que, chez le Dauphin vulgaire j il est égale- ment éloigné de l'os hyoïde. Tout l'espace entre la première côte et l'angle de la mâchoire inférieure est rempli , chez la Baleinoptère, par les lobes antérieurs des poumons- Ce ne fut qu'après avoir perdu beaucoup de temps, et après ; avoir disséqué là les poumons, que je fus assez heureux pour pou- voir tirer le larynx avec de grands crochets de fer. La peine vrai- ment dégoûtai-ite que je dus rue donner me doîina la conviction vROLiK. — Anatomie dun Beleinoptère. ^5 que j'avais fait «ne sottise d'acheter les intestins sous des condi- tions qui m'empêchaient d'ouvrir le thorax. 11 est presque im- possible de retirer les viscères d'une telle masse qu'on ne peut atteindre avec des instrumens ordinaires , si l'on est forcé d'épar- gner le squelette. Je n'aurais pas le courage de le tenter ime se- conde fois, et je conseille à chacun de s'abstenir d'un travail aussi ingrat et aussi sale, s'il ne peut se rendre maître de tout l'animal. Cependant , la peine que je me donnai ne fut pas tout- à-fait perdue; en premier lieu, je fus frappé du développement remarquable de la trachée-artère et des bronches. Je les trouvai tout comme le professeur Sandifurï les a décrites. Le paren- chyme des poumons me paraît fort singulier. Il est sanguinolent, spongieux, mais très ferme et compacte. Sur sa surface externe apparaissent des trous ou des sinijs qui rappellent ceux des oi- seaux. Au larynx est joint un sac qui a déjà été observé et décrit par M. Sandifort. Ce savant le compare fort ingénieusement au réservoir d'air d'une pompe pnetnuatique, et croit que le sac ex- pulse l'air par sa compression, et que la colonne d'air expulsée de cette manière agit puissamment pour faire reji ter l'eau par les évents. Au premier abord , c«tte hypothèse me parut fort probable; mais, en examinant plus attentivement ce prétendu réservoir, il me parut lelativement trop petit pour pouvoir pro- duire un si grand effet, d'autant plus que les fibres musculaires qui s'y trouvent sont très faibles. Je le crois plutôt un représen- tant des ventricules laryngiens , et je me sens autorisé à cf'tte supposition par les nombreux follicules muqueux qui s'y trou- vent; de ce côté-là, il ressemble au sac laryngien de VOning-Gu- tang, du Renne, etc. Je passe des voies pulmonaires aux organes de la circulation. Leur volume colossal me frappa. Le diamètre transverse du conir est de trois pieds du Rhin; la longueur prise delà pointe jusqu'à l'origine de l'artère pulmonaire, de ai pouces; le diamètre trans- verse de l'aorte, treize; de l'artère pulmonaire, dix pouces et demi. Le cœur a titi-> forme; semi-lunaire ressemblant à celle qui est propre au cfv.iir des l)au|)hins en général. L'oreillette gauche possède peu de fibres inuiculaires, et est fort membraneuse. T>('S parois musculaires ont une grande épaisseur; dansle ventri- n6 viioLiK. — Anatomie d'un Beleinoptère. cule droit, je mesurai réjDaisseur d'une des colonnes charnues, et je la trouvai de quatre pouces. Au reste, les cavités et les valvules sont disposées comme dans le cœur d'aulres mammifères, l.e trou oval est fermé. Dans les artères, j'observai différentes cou- ches de fibres blanches, circulaires, qui forment tout le pour- tour de ces vaisseaux. Je remarquai aussi des fibres transversales dans le trou de la veine mésentérique. L'animal dont je disséquai les viscères était du sexe féminin. L'utérus a une forme oblongue allongée; il se divise en deux cornes, dont chacune a la longueur de 23 pouces. L'extrémité de chaque corne est ouverte et environnée de franges qui res- semblent à celles de la femme. A l'utérus sont joints deux organes dont je ne sais déterminer la fonction. L'un est uni à la partie supérieure de la corne par une espèce de ligament. Sa forme est oblongue, et sa structure cellulaire. Il me paraît être l'ovaire. L'autre est plus rond, d'un volume plus grand, placé plus supérieu- rement et uni au ligament large de l'utérus. Sa structure me paraît cellulaire; je n'y ai pas remarqué de conduit. La disposition de toutes ces parties dévie tellement de la forme ordinaire des or- ganes génitaux féminins, même chez lesDauj)hins, que je n'ose pas en risquer la détermination. Dans le vagin, se voient d'amples plis transversaux en tout semblables à ceux qui se trou- vent chez les vaches. Ils remplissent probablement le même but que celles-ci, celui de donner une plus grande étendue au vagin lors de raccouchement. A la vulve sont joints les os du bassin , qui y adhèrent par des fibres musculaires. Ils ne sont pas carti- lagineux. Leur longueur est de o, i4. Ils ont une forme oblongue, avec un prolongement interne qui me paraît une espèce de pu- bis. En tout cela, ils diffèrent des os du bassin des Dauphins, qui se présentent sous la forme de deux os minces, cylindriques, sans prolongement interne. De chaque coté de la vulve, existe un pli cutané longitudinal, au fond duquel se trouva une pupille, à Celle-ci communique avec une glande conglomérée, que je crois êlre la mamelle. Toutes ces parties étaient fort peu déve- lop[)ées. Je ne puis rien dire du foie, de la rate et des reins, puisqu'il m'a été impossible de m'en rendre maître; la vessie urinaire d relativement peu d'étendue et une singulière forme 1 DiESiNG. — Sur les Tristomes. nn allongée, pyriforme. L'urètre est fort longue. Quant aux organes des sens, je n'ai examiné que l'œil. Relativement au volume de l'animal, il est fort petit. L'immobilité des paupières , le défaut de glande lacrymale, de canal lacrymal, de points lacrymaux, la présence d'un tissu glandulaire derrière la conjonctive, l'épaisseur de la sclérotique sont des choses trop connues pour qu'il soit nécessaire d'en parler. De même que M. Schlegel, je n'ai pu apercevoir de méat auditif externe. Je n'ai pas remar- qué les espèces de moustaches dont parle M. Van Breda. dans sa note. Là finissent les observations que j'ai faites. Je ne nie pas qu'elles ne soient fort imparfaites et incomplètes. Puissent-elles un jour être complétées par des observateurs plus heureux que je ne le fus. Monographie du genre Trisloma , Par Cii. MoRiTz Diesing. (i) Introduction. Dans le voyage de circumnavigation de l'infortimé Lapey- rouse , le naturaliste Ijamartinièrc , qui l'accompagnait, trouva sin- un poisson épineux [Diodon) , très abondant entre Notlca et Monterey, en Californie , une espèce d'animal , qu'il se con- tenta de mentionner sous la dénomination générale d'insecte, sans le désigner par aucun nom générique et sans lui assigner (i) Extrait des Mémoires des Curieux de la Nature de Bonn , et traduit de l'allemand iiar M. BnuLr.K. r^S DiESiNG. — Sur les Tristomes. f une place dans la série animale (i). Bosc, qui eut roccasion d'examiner les matériaux recueillis par Lamartinière , rapporta cet animal aux crustacés sous la dénomination un peu barbare de Capsala (2). Oken , dans ses Elémens de zoologie , le plaça tout à la-fois dans le voisinage des Lernées et dans celui des Sangsues sous le nom de Phylline (3). Cuvier, qui découvrit une deuxième espèce de ce genre (^Trisloma coccineunî) sur les bran- chies de différens poissons de la Méditerranée, lui donna le nom de Iristoma et le plaça dans son second ordre des vers intesti- naux (les Parenchymnteux) (4). Rudolphi , dans son Synopsis , admit ce genre sous le même nom dans l'ordre des vers suceurs {Trematodd) , qui correspondent en partie à celui de Cuvier. Enfin Abilgaard en découvrit une troisième espèce sur les bran- chies d'un esturo;eon , et la nonima Hirudo sturionis (5). Cette même espèce fut nommée presque en même temps parM.NiIzsch Tristonia elongatum (6) et dédiée ensuite par Baer à ce célèbre helmintologue, sous le non de Nitzschia (7). Une quatrième espèce , encore inédite, fut trouvée récemment par mon hono- rable ami , M. Rollar, entomologiste avantageusement connu , sur les branchies d'une hirondelle de mer ( Irigla hirudo) , conservée dans l'alcool ; c'est celle que je décrirai sous le nom de Tristoma tubipori'm. Pour ce qui regarde la forme de ces animaux, presque entiè- rement plats , on découvre aisément entre les diverses espèces des différences dans la longueur et la largeur relatives. Deux de ces espèces , Tristoma inaculatumtX. coccineum , se rapprochent (i) Lamartinière, /oar/ia/ de physique,^wXi^A>k Rozier, 1787, t. xxxi, et dans le Voyage de Lapejrouse autour du Monde, 1798, t. iv. (a) Nouveau Bulletin de la Soc. Pkilom. , 18 ix. (3) Lehrbuch der Naturgcschichte , Leipzig , iSaS , 3 tlieil , i abth. (4) Kègrie animal, 181 7, I. IV. (5) Skrivter af naturhistorie selshabet , Kiobenhaven , 1794, bind. m , haff è 2 , traduit dans \e Journal d^histoire naturelle de Gôttingue, ■^ar GmkWw, 17 97, i" part. ,1*' cahier. (6) Ersch und Gruber's allgem. Encyclopœdie der JVisdensch. und kûnste, art. Capsala, (7) Verhandl, der kaiserl. Leopold. Carol. Akademie der naturforscher, i3 bd. ao abth. PiEsiiVG. — Sur les TristOTtcs. nq l'une de l'autre par les proportions presque égales de la longueur et de la largeur, tandis que les deux autres espèces, Tristoma elongatumel tubiporuin,se distinguent parce qu'elles l'emportent en longueur et forment ainsi un groupe particulier dans ce genre. La consistance du corps est, au contraire, à-peu-j)rès la même dans toutes les espèces;toii]ours elle est presque coriacée ; seulement elle est un peu moins ferme dans le tuhiporum. Un individu'de celui-ci, que j'avais fait macérer dans de l'eau chaude, afin de mieux l'étudier, se décomposa entièrement dans l'espace d'un quart d'heure , et il ne resta qu'une partie de la ventouse. La surtace impressionnée et pourvue de sillons ramifiés du ï'mtowa cocc//2é'«w présente au-dessous du bord et de chaque côté de la tête , à l'extrémité , une ventouse ou suçoir presque circulaire, crt-usée à son milieu. Dans le T. elongatum , ces ven- touses sont situées sur le bord de la tête, et sont phiiùt longues que rondes. Au milieu de l'intervalle qui les sépare, est placée la bouche recouverte par un court prolongement de l'enveloppe générale vers son bord inférieur ou postérieur, en forme de lèvre lancéolée. Cette lèvre est probablement rétractile et pour- rait ainsi être prise pour une langue. Ici l'un voit encore, d'après une observation de Nitzsch au sujet du Tristoma elongatum , une ouverture ordinairement ronde et étroite, quelquefois aussi une tige saillante et émoussée ou un tube court , qui est tantôt sorti et tantôt rentré. La même chose avait été observée par Lamartinière, qui donnait à cet organe , avec la plus grande vraisemblance , le nom de trompe. Dans le voisinage de la bouche et dans le Tristoma coccineum du moins , à son bord gauche, on remarque la verge simple et en forme de fil, enveloppée d'une peau plissée en travers , et tout près de celle-ci , presque dans la même direction , l'ouverture des organes générateurs femelles. Les Tristoma maculaturn et coccineum présentent en arrière, dans l'échancrure presque cordiforme de leur corps, une grande ventouse (icetabuluin) circulaire, portée sur un pédicule très court et bordé d'une membrane mince , transparente et plissée. (>ette même ventouse, dans les deux autres espèces, varie pour la 8o DiESiNG, — Sur les Tristomes. forme et la consistance et est située au bout ou survie côté de l'extrémité caudale, qui n'offre, dans ce cas, aucune échan- crure. Baer regarde la ventouse comme étant "cartilagineuse dans le Tristoma elongatum , et capable de former le creux par une élasticité propre et non pas seulement par une force vitale; car, même après la mort, l'animal s'attache au doigt, lorsqu'on presse un peu celui-ci contre sa ventouse; mais la propriété qu'a cet organe de changer de forme prouve l'exis- tence de fibres irritables, et, en effet, Baer les a décou- vertes, à l'aide d'une légère dissection, dans l'intérieur de la cavité. Quant à la structure intérieure de ce genre, Baer ne l'a décrite dans son ISitzschia ( Tristoma elongatum ) qu'autant que la transparence des tégumens a pu le lui permettre. Pour moi, j'ai entrepris l'anatomie du Tristoma coccineum j dont j'ai eu à ma disposition un plus grand nombre d'individus ; mais, avant d'ex- poser mes recherches, qu'il me soit permis de comparer la forme extérieure de ce genre avec celle des animaux qui lui ressemblent le plus. T.e premier essai de ce geiire fut fait par Cuvier, qui , dans la deuxième édition de son Règne animal ^ signala ses rapports avec le genre Axine. Baer, au contraire, compare le Tristoma elongatum [Nitzschia) à KHirudo hippoglossi ( Entop- della Lam.) et à Xti. grussa. Oken , enfin , les avait placés aupa- ravant ensemble dans ses Elémens de zoologie. La comparaison de ce genre avec \Hirudo hippoglossi est d'autant plus exacte, que , d'après la manière de voir de Baer et la mienne, ces deux animaux appartiennent très vraisemblablement à une seule et même espèce ; mais , quant à VHirudo grossa , au contraii-e, et toutes les autres sangsues , on ne peut leur comparer les Tris- toma que sous le rapport du développement remarquable et leur ventouse. Rien , au contraire , dans tout le genre Hiriido , ne ressemble à cette extrémité céphalique , pourvue de deux suçoirs sous la face ventrale ou sur le bord lui-même. On trouve cependant cette même disposition dans un autre genre, qui se rapproche par là beaucoup de celui de Tristoma j je veux parler de cet animal qui a été figuré et décrit par TIer« DiESiNG. • — Sur les Tristomes. 8i manu sous le nom de Mazocraes'(i) , par Leuckart sons celui (VOctoboihrium (2) et par Ruhn sous celui à'Octostomum (3). Il faut seulement remarquer que ces ventouses ou suçoirs ont été passés sous silence par tous les observateurs cités , à l'exception de Kuhn , dont la figure est encore la meilleure. Ce fut Nord- mann, qui, le premier, les fit remarquer de nouveau (4), et c'est d'après ses observations que je les ai aperçus moi-même. Toutefois ces deux genres sont parfaitement distincts sous le rapport de la forme et du nombre des ventouses qui se trouvent au bout de la queue. Il faut encore remarquer que tous Its premiers observateurs ont pris l'extrémité caudale pour la céphalique, dans les espèces du genre Tristoma, qui étaient alors connues, et que Rudolphi, le premier, s'aperçut de cette inexactitude. Les deux faces du corps des Tristoma et en particulier du T. coccineum présentent, sous le rapport de la distribution des organes internes, un contraste digne de remarque. A la face inférieure , un peu au-dessous de l'extrémité céphalique , se trouve, comme nous l'avons déjà dit , l'ouverture buccale, et, lorsqu'on soulève l'enveloppe générale, on trouve à cet endroit un court œsophage (pi- i , fig. ' , 3). L'estomac est en forme de sac et étranglé au milieu : sa moitié supérieure présente de chaque côté un lobe dirigé en arrière (fig. i , 5). Sur le bord supérieur et externe de cet estomac se trouve un corps glan- duleux (fig. I, 3), partagé en trois lobes obtus. La partie interne de l'estomac est tapissée de petites saillies ou sortes de mame- lons (fig. T) , 7). A. la base de l'estomac et du milieu de son bord postérieur naît le canal intestinal , qui se divise aussitôt, se redresse vers chaque côté du bord extérieur de l'estomac et se (l) Naturforschr.r, 1781, 17 st., s. i8a , pi. 4 , fig. i3-i5. (a, Brèves animalium quorumdam maximd ex parte marinorum descriptiones , Heidelberg i8a8 , p. 18 , pi. I , fig. T a , ù. ( 3) Mémoires du Muséum d'histoire naturelle , t. xviii , pag. 35^, pi. 19 , fig. i-f). (4) Monograpliische Beytrdgr, 1 heft., s. 76. IX /.Doi-. — FéiTirr. C S'2 niEsiwG. — Sur les Tnslo/nes. divise de nouveau des deux côlés eu deux branches principales (fig. 1 ,3,4)' Chacune de ces branches se ramifie ensuite de chaque côté et forme des vaisseaux grêles, qui se terminent en 8e ramifiant encore , soit dans le parenchyme , soit vers le bord extérieur du corps (fig. i ). C'est encore aux organes situés à la face inférieure qu'appar- tiennent les parties sexuelles mâles et l'ouNerture des ovaires. L'appareil sexuel mâle est placé au-dessous de la bouche. 11 est en forme de massue renversée , un peu arqué vers le côté gauche de l'animal , et se dirige , en s'amincissant, vers le haut , où on le voit sur le côté de la bouche, comme une espèce de cirrc ridé transversalement. Cet appareil est enveloppé dune membrane particulière au moyen de laquelle il est en rapport avec les parties du corps qui l'avo'.sinent. On remarque vers son extrémité la plus grosse deux corps à-peu-près ovalaires, rapprochés l'un de l'autre et d'une couleur orangée, dont l'anté- rieur est un peu plus petit que le postérieur ( fig. 8 ). Ces deux corps peuvent être considérés comme des testicides. Au bord inférieur de l'épaississement en massue , un peu au-dessous du milieu de toil l'appareil, on voit naître un vaisseau grêle et entortillé , dont le diamètre augmente de plus en plus pendant son trajet, et dont les replis multipliés occupent presque le point central du corps. Il est impossible de découvrir l'extrémité de ce vaisseau dans l'espèce de nœud gordien que forment ses replis. Ce vaisseau est la vésicule séminale (fig. 8). Dans le voisinage du cirre déjà décrit et dans une direction parallèle à la sienne , on trouve l'ouverture de l'ovaire, dont la base est dirigée vers la face dorsale. Si la face inférieure du corps l'emporte sur l'autre par la prédo- minance du système reproducteur mâle, la f;ice supérieure pré- sente la même supériorité à l'égard du système sexuel femelle. Ici l'ovaire forme \ers le milieu une soi te de cercle ou de guir- lande, d'où partent , en se ramifiant , une foule débranches dirigées vers le bord extérieur, où elles se terminent en vais- seaux aveugles (fig. .>.).Les ramifications de cet ovaire ressemblent à celles du canal intestinal ; mais leur diamètre est plus considé- BiESiNG. — Sur les Tristomes. 83 rable et leur terminaison plus obtuse : elles ne forment point de branches principales distinctes et sont gonflées par les oeufs dans toule leur étendue. Cet ovaire ou tous ces oviductes sont entourés d'une masse parenchymateiise. Les œufs sont accu- mulés dans leur intérieur et enveloppés par une membrane com- mune (ou coques). Leur forme n'est pas bien arrêtée à cause de leurs mouvemens réciproques, mais ils sont généralement angu- leux. Chaque coque peut renfermer environ vingt œufs et au- delà (fig. 9). Je n'ai trouvé aucune trace de nerfs. La couche extérieure de la peau m'a montré , outre le parenchyme , qui y était fixé d'une manière solide, une couche formée par des fibres muscu- laires très rapprochées, qui s'étendaient de haut en bas, en for- mant une légère courbure (fig. i3). Je n'ai point aperçu défibres transversales. Si maintenant nous comparons la structure de cet animal avec celle des autres vers suceurs {Trématodes) , auxquels, ainsi que Rudolphi l'a déjà fait remarquer, il ressemble par les ramifications de son intestin , nous trouverons qu'il offre les plus grands rapports avec le genre Distoma , excepté dans le développement des parties sexuelles et principale- ment dans celui des parties femelles. Ici également l'on ne voit ni nerfs ni anus; car l'existence de cette dernière partie me paraît toujours aussi douteuse; mais les ventouses, et sur- tout celle de l'extrémité caudale, sont plus développées , et cette particularité vient s'ajouter à celle du séjour de ces ani- maux , qui se rapprochent davantage sous ce rapport des para- sites externes ou Ectoparasites , comme les a nommés Leuc- kart (i) , par opposition avec ceux qui vivent dans l'intérieur de l'organisme. (1} Yersuch esner nalurgeaiàsseu EintheiluiigclerHelmialhen, Heidelberg, 1827, s. 7. 84 niKSiNG. — Sar les Tris^omen. TRisTOM\ Cuv. Capsala Bosc. PhjlUne Oken. Hirudinis sp. Abilgaard. Nitz- schia Baer. Corpus compressurn , elongatum vel suboibiculare. Bolhria duo antica lateralia vel marginalia simplicia imperforata, Aceta- bulum sessile aut pedicellatum. Os infrà bothria positum. Cirrus filiformis simples pone vnlvam in sinistro oris latere positus. 1 . Tristonia maculatum R. T. corpore ovato-cordato dorso macula to, bothriis orbicularibus lateraliLus, lobulo intra bolhria posito extrorsum inargiiie ciliato, acetabulo sessili radiato. La Marlinière. Journal de physique, 1787, pag. 207, pi. 2, fig. 4, 5. — Voyage de Lapeyrouse , t. iv, p. 79 , pi. 20 , fig. 4 , 5. Capsala Marlinieri , Bosc. , nouv. Bull. soc. Phil. , 1811, p. 384, PhylUne Diodontis , Oken , Lehrbuih der nalurgeschichte, 3 th , i abth. , s. 182 et 370, taf. X, fig. 3. Trisloma maculatum , Rud. synops. Entoz. , p. 123, et Mantissa, p. 43o, pi. 1, fig. 9, lo. Nilz'ch in Ersch undGruber's Encycl. i5 Rd. , s. i5o, art. Capsala. Hab. Sur le corps d'un Diodun très commun en Californie [Lamartinière). Le corps plat et ovalaire de cet animai devient presque cordi- forme à cause de l'échancrure de .son bord postérieur : il a dix lignes de long sur huit de large. Sa couleur est d'un blanc sale , et son dos est marqué de petites taches obscures et de forme ovale. Vers le bord antérieur de la face ventrale se trouvent deux ventouses arrondies, et entre ces ventouses on aperçoit un lobe ou mamelon ovale, qui est cilié au bord .'intérieur. Chacun de ces cils ou poils est destiné, suivant Lamartinière, à sucor le sang du poisson, ce qui est certainement inexact, puisque des obser- vations plus récentes sur une espèce très voisine (7. coccineiini) DiEsiNG. — Sur les Tristomes. 85 ont fait découvrir très distinctement une ouverture buccale que Lamartinière n'aura vraisemblablement pas aperçue. Un peu au dessus de l'échancrure du bord postérieur et tou- jours à la face ventrale, on voit une ventouse circulaire, pré- sentant une cavité arrondie dont les bords envoient des rayons au nombre de sept , qui se terminent dans le bord extérieur et un peu évasé de la ventouse. Quand le ver veut plonger, il se replie sur lui-même en forme de rouleau. a. 2Visloma coccineuni Cuv. T. corpore suboibiculari poilicè emargiiiato , abdomine foveolato, bothriis orbicularibiis lateralibus , ore intermedio suborbiculan,acctabulo sessili radiato, limbo membianaceo plicalo, T. coccineam Cuv., Règne animal, iv, p. 42, pi. i5,fig. lo; — Rad. , Synops Entoz., p. iiZ , et Maut. , p. 428 , pi. i , fig. 7, 8; — Bremser, Icônes Helminthorum, p. 8, tab. x, fig. 12, i3 ; — Niizsch in Ersch uiid Gruber's EncycU 25 th., s. i5o, art. Cnpsala. Hab. Sur les branchies de Y Orlhragoriscus mo/a, du Xiphias gladius et d» plusieurs autres poissons de la Méditerranée, d'après Cuvier. Le corps de cetteespèce est aplati , presque circulaire et échan- cré en arrière. Sa <:ouleur est d'un rouge vermeil pendant la vie et d'un jaune sale après la mort. Il présente à la face ventrale plusieurs petites fossettes et des sdlons ramifiés; sa face dorsale, au contraire , est lisse et plus colorée. Les individus de la collection impériale ont de cinq à neuf lignes de longueur et de cinq à dix de largeur. On voit deux suçoirs arrondis à la face ventiale du bord antérieur et un peu au-dessous de leur milieu est la bouche circulaire. Au côté gauche de la bouche se voit le cirrhe filiforme, et un peu plus loin dans la même situation , mais assez près du bord extérieur, l'ouverture de raj)|)areil sexuel lemelle. Un peu au dessus de l'échancrure du bord postérieiu-, on voit encore sur la face ventrale la ventouse circtdaire et les sept rayons 86 DiESiNG. — Sur les Tristomes. qui vont se perdre, comrae dans l'espèce précédente, dans le bord plissé, mince et un peu évasé qui la termine tout autour. Cette ventouse n'est fixée que par son point central : elle es' libre et mobile dans le reste de son étendue. 3. Tiistorna elongatum Nilzsch. T. corpore oblongo portice attenuato apice submarginato bolhiiià marginalibus lincaribus oblirjuis, acetabulo basilari subgloboso , bmbo crenato. Hirudo sturionis Abilg. Skrivter of naturhist. Sclskabet. Bind. m , lieft. 2, p. 55 , 56 , |)l. 6,fig. \ a,b jc; traduit en allemand dans le Journal d'histoire naliirelle cfe Gœttinguej par Gmélin, premier cahier, p. i35,pl. 3, Cg. 3 — 5. Phylline hippoglossi , Oken , Lehrbuch der naturgeschichte, vol. lu, i" part, p. 371. Tristoma elongatum Nitzsch in Ersch uud Gruber's Eucycl. , art. Capsala. Nilzscliia elegans Bacr^ Vn act. nat. car. t. xiii, part. 11 , p. 660, tab. 22, fig.i-4 Huh. Tiouvé sur la membrane qui recouvre rojercule des branchies et sur les branchies de l'esturgeon ( accipienser sturio ) , par Abilgaard , Nitzsch et Baer. Cette même espèce doit se trouver aussi , suivant Oken, sur la peau des Soles ÇPkuronëcles) , ce qui me paraît cependant douteux. Je m'en tiens , pour l;i description de cette espèce , aux deux excellens observatcurs,MM. Nitzsch et Baer,qui ont eu l'occasion d'examiner l'animal vivant. Cet animal a de six à dix lignes de longueur et de deux à deux et demie de largeur. Sa couleur, légèrement vermeille, est due aux vaisseaux qui paraissent sous la peau. Après la mort , sa couleur est blanche. Son corps est plat , oblong , un peu plus large vers le milieu et rétréci \ers l'extrémité caudale. Aux deux côtés de la tête, dont le bord antérieur est échancré , se trouvent les ventouses , qui sotit étroites et profondes, et dont une peau finement striée, forme le bord. L'ouverture de la bouche, suivant M. Nitzsch, est triangu- DiKSiNG. — Sf/r les Tristomrs. 87- laire et présente de chaque côté un bord échancré. Elle n'est pas située tout-à-iait à l'extrémité antérieure du coi ps , mais bien un peu en arrière et à sa face inférieure. La ventotise située presque à l'extrémité postérieure de la queue constitue , dans l'état d'extension moyen et même après la mort, un peu plus d'une demi-sphère. Elle peut se fermer d'une manière si exacte, qu'il ne reste plus qu'une petite ouver- ture pour conduire dans sa cavité: elle peut aussi s'étendre à un tel point, qu'elle ressemble presque à un cercle. Le bord exté- rieur de celte ventouse est formé par une membrane mince et plissée , excepté dans les momensde sa plus grande extension. Au point central de la cavité se voit un espace plat et nettement cireonscrit : c'est le point d'attache de la ventouse. En arrière de la bouche et du côté gauche se trouve un tube, entouré, suivant M. Nitzsch,d'un bourrelet et qui semble appar- tenir à l'appareil sexuel mâle. Cet observateur n'a pas remarqué d'ouverture pour l'appareil femelle. Les yeux manquent, à moins qu'on ne veuille regarder comme tels deux points plus clairs de la partie antérieure du corps, qui ne sont pas également distincts dans tons les individus. Remarque. D'après l'observation de M. Baer, les deux bords du corps de l'anuual se renversent souvent l'un vers l'autre en forme de demi-rouleau , lorsqu'il se trouve détaché de son lieu d'habitation , et qu'on le met dans un vase rempli d'eau. Il se courbe aussi volontiers dans le sens de sa longueur et porte dans la cavité de sa ventouse l'extrémité opposée de son corps jusqu'à ce qu'il trouve à se fixer de nouveau. Ses mouve- mens ne sont pas brusques, mais plutôt lents et pourvus d'une certaine grâce. 4. Tristoma tubiporum , pK 1, fig. l4~iG. T. corporc clliplico apice rcpando-emargiiiato porlicè repentine attenualo, bothriis oblongis lalcralihus parallelis acetabulo basilaii lolata. liai. Sur les branchies du Trigla liirudo (Kollar). 8S d:esing. — Sur les Tristoines. Ce ver est de couleur blanche; mais, sur les deux côtés du corps, il présente une nuance brune, pccasionée par les ovaires si- tués sous la peau. La longueur de l'animal entier est de trois lignes, sa largeur d'une ligne, et la tige de sa ventouse a deux tieis de ligne de longueur. Son corps est elliptique, plat sur la face ventrale , un peu convexe à la face dorsale et échancré au Lord antérieur. A la partie inférieure du bord de la lête, sur la face ventrale, sont deux suçoirs un peu oblongs, munis d'un boni lelevé; au-dessous de ces deux suçoirs se trouve la bouche, qui est recouverte par im lobe membraneux et presque triangu- laire. Le corps se rétrécit subitement vers la queue et se termine par un long pédicule, au bout duquel se trouve la ventouse cir- culaire, qui , de même que dans les espèces précédentes, n'est point perforée. De son centre partent neuf ou dix rayons , qui se dirigent vers le bord extérieur, lequel est garni d'tuie membrane mince, transparente et plissée. Les rayons de cette ventouse circulaire ne sont pas aussi bien marqués que dans le Tristoma coccineum. La lace dorsale et un peu convexe présente, outre les organes de la partie inférieure, qui se voient encoie, en partie, vers le milieu et du côté du bord céphalique, une élévation ou mame- lon, et un peuplusbas, un autre mamelon semblable. Au dessous du premier mamelon on aperçoit encore très distinctement une partie des vésicules séminales. Ces mamelons répondent proba- blement aux élévations que M. Baera regardées comme les ana- logues des yeux dans son genre Nitzschia. KXPLICA.TION DES FIGURES UE LA PLANCHE Fig. I. La face inférieure du Tristoma coccineum grgssi trois fois. Oq a enlevé l'enveloppe générale de la ventouse postérieure , à l'exception des deux suçoirs du bord antérieur. Au bord inférieur, au milieu de l'espace qui sépare les deux suçoirs, on aperçoit l'œsophage et l'esto- mac ar.compagné, à son bord extérieur, de l'organe glanduleux. Cet estomac se divise, à sa base, en deux branches, dont cliacune remonte vers son bord extérieur et se partage de nouveau en deux autres branches , lesquelles se divisent ensuite de chaque côté en un grand nombre de PELTiiiR. — ^ur la contraction musculaire. 89 ramificalions , qni s'éteDdent vers le bord externe et vers le bord interne du corps, et se ter- niiueut d'une manière obtuse. C'est entre ces ramifications qu'existe le parenchyme. Au dessous de la bifurcation du canal inlestinal se trouve l'appareil sexuel mâle étendu en travers, de manière que le cirrhe remonte vers le côté gauche. Auprès de celui-ci est l'ouverture de l'organe femelle. Au burd postérieur de l'appareil sexuel mâle , on voit la vésicule séminale en ccnnexiou intime avec lui, et entortillé en forme de nœud. Fig. 1. Le même animal , vu du côté du dos. L'enveloppe générale est encore enlevée , et l'on aperçoit l'ovaire gontlé d'œufs et ramifié un grand nombre de fois. Fig. 3. Le court œsophage avec l'estomac et le canal intestinal se divisant à la base, ainsi que le corps glanduleux, représentés du côîé inférieur ou ventral. Fig. 4. Les mêmes parties vues du côlé dorsal. Fig. 5. La cavité de l'estomac, ouverte en partie pour faire voir les petits mamelons de la «urface interne. Fig. 6. L'œsophage et l'eslomac avec le corps glanduleux qui y est fixé , vus sur le côlé. Fig. 7. Les mêmes avec une partie de la cavité stomacale. Fig. 8. L'aj)pareil sexuel mâle très grossi et isolé. Fig, 9. Une coque ou enveloppe d'œufs très grossie avec les œufs qu'elle renferme. Fig. 10. La ventouse très grossie avec son bord plissé , vue en dessus. On voit au milieu le point d'attache de cette ventouse. Fig. 1 1 . Une par tie du bord plissé , encore plus grosse. Fig. 12. Une portion très grossie de la surface inférieure du corps avec les petites fossettes qu'elle présente et les sillons ramifiés, Fig. t3. Une portion de la surface supérieure, présentant les fibres musculaires longitudinales et légf'rement arquées, et une portion du parenchyme qui y est adhérent. Fig. i'(. Tristoma tubiporum de grandeur naturelle. Fig. i5. Le même, vu en dessous et très grossi. Fig. 16. Le même, vu en dessus. Observations sur la structure des muscles et expériences sur la contraction , extraites d'une lettre adressée aux rédacteurs des Annales des sciences naturelles, par M. Peltier. Un des derniers cahiers de vos Annales contient une note du docteur Prévost, lue à la Société de physique et d'histoire natu- relle, le 5 décembre dernier, sur le développement d'un cou- rant électrique, qui accompagne la contraction de la fibre mus- 9<^ ViLTiER. — Sur la coulraclion mnscu/aire culaire. Cette note a été communiquée par extrait à l'Académie des sciences, le 2 janvier suivant et a été insérée clans tous les journaux scientifiques. Dans cette note , il y a plusieurs cnoncés tout-à-fait distincts. Le premier est que les fibres musculaires , formées d'un grand nombre de fibiilles élémentaires , sont en- tourées d'anneaux très rappi'ochés , dans lesquels les nerfs vien- nent se perdie. Ces anneaux, considérés comme les extrémités nerveuses, sont continus Tun à l'autre et fornient une hélice au- tourdechnquefibre tnusculaire.ee A cette disposition anatomique, dit M. Prévost, si on applique la doctrine que l'innervation est produite par des courans électriques, chaque fibre deviendra comme un petit aimant à charnières flexibles, dont les diverses parties tendront à s'attirer les unes les autres et produiront, par leur rapprochement, l'effet observé dans la contraction des muscles. Pourconstaterla présence d'un courant électrique dans l'hélice nerveuse , M. Prévost place une petite aiguille dans la cuisse d'une grenouille , en suivant la direction des fibres ; puis il fait tremper dans de la limaille de fer doux, l'extrémité libre de cette aiguille. Tout étant ainsi disposé, il excite une violente contrac- tion en blessant la moelle épinière, et il dit que, à ce moment , il a vu la limaille se grouper autour de la tête de l'aiguille et la quitter lorsque les contractions cessaient. Ce fait , s'il était bien constaté, serait d'une importance d'au- tant plus grande, que, jusqu'à présent, tous les efforts qu'on a faits pour lier directement les phénomènes de contraction et d'innervation aux phénomènes électriques et magnétiques, ont été infructueux. Pour que la contraction soit un phénomène d'induction , il faut trois choses : 1° que la fibre musculaire soit organisée comme le dit le docteur Prévost ; 2" que l'innervation soit un courant électrique ; 3" que la modification de la fibre mus- culaire , par un courant transversal , soit d'une nature toute spéciale, et dont on n'a encore aucun exemple, modification sur laquelle nous reviendrons tout-à-l'heure. J'ai été souvent dans la nécessité de m'occuper de la constitu- tion delà fibre nuisculaire, et je l'ai observée un grand nombre PELTiK!'. — Sur la contraction musculaire. gï de fois jusque dans sa fibrille élémentaire. Dans aucun cas je ne l'ai trouvée telle que le dit M. Prévost. On sait que les muscles sont composés de cylindres distincts du diamètre d'un trentième à un cinquantième de millimètre. Vus au microscope, ces cy- lindres musculaires paraissent divisés par dts lignes longitudi- nales assez transparentes et par des lignes transversales plus obscures. Les lignes longitudinales ont cessé d'être un objet de discussion , lorsqu ou a reconnu que ces cylindres ou fibres musculaires, étaient le produit d'un nombre considérable de fibrilles élémentaires juxti-posées. Il n'en a point été ainsi des lignes transversales : elles ont été le sujet de beaucoup d'hypo- thèses , et nous voyons que M. Prévost les considère comme des hélices nerveuses, ce que nous ne pouvons admettre d'après ce que nous avons vu. Lorsqu'on veut étudier la constitution des muscles dans tous se^ détails, il faut en diviser les faisceaux jusqu'à l'isolement de la fibrille ; les aiguilles à disséquer sont alors insuffisantes. Pour parvenir à ce résultat, j'ai employé le moyen suivant avec succès. On presse fortement, en les glissant l'une sur l'autre, deux lames de verre, au milieu desquelles on a placé une très petite portion de muscle. Il est nécessaire, pour se rendre un comple exact de ce qui se passe dans cette opération , de faire ces pressions sur le porte-objet du microscope, afin de suivre totJtes les divi- sions et tous les changemens qui ont lieu. Les nouveaux micros- copes de M. Georges Oberhaeuser sont d'une grande utilité pour cela, puisque le porte-objet est un piédestal solide, sur lequel on peut produire la plus forte pression sans le moindreinconvénient. On voit alors que les muscles, les faisceaux et les fibres ont tous leurs gaines propres, et que la fibrille élémentaire est elle-même un tube rempli de granules, dont le diamètre varie depuis ëv? jus- qu'à TTTT de millimètre, suivant les animaux. En pressant ainsi sous le microscope, on voit sortir de la gaine de la fibre une innombrable quantité de tubes granuleux, liés et cohérens entre eux, qui s'ouvrent en éventail à la sortie de la gaine dont on ■\*oit parfaitement le bord. En lacérant ces fibres souvent, en les pressant ainsi, en glissant les lames de verre, on parvient à dé- roduire celle publiée par MM. Dezeimeris et Littré, en y joignant toutefois les planches dont l'ouvrage original est accom|>agaé. C'est, par conséquent , au journal YErpcrience, que nous empruntons cet article. K. Ce journal paraît tous les cinq jours et contient des articles d'analomie et de physiologie, aussi l>ien que de médecine et de chirurgie. Dans les derniers numéros on trouve, par exemple, des Jteclicrcltej microscopiques et chimiques sui l'urine, |iar M. Vigla , une ti'aducl/oii du mémoire de Guclerbrock, inlilitlé : Essai physivlogique sur le pus et sur les granulnlidiis , tanalyse des travaux publiés sur le inouvtniiiit riliaire, par Mldlci-, etc. (On s'jlmuur rue de la Sourdière, n" it , prix : 30 fr. par an,) IX ZooL. — Février. 7 q8 BUiiDACH. — Structure des nerjs. éclaircir ce difficile sujet. Enfin on adopta, ce semble, assez généralement, une opinion intermédiaire entre les observations contradictoires , opinion qui consistait à considérer la texture des nerfs comme formée de fibres constituées par des séries de "lobules , mais dont l'erreur est aujourd'hui complètement dé- montrée. Pour appuyer mon dire, je n'entreprendrai pas ici de rapporter les différentes observations des physiologistes depuis Leeuwenhoek jusqu'à ces derniers temps ; car je ne parviendrais pas à présenter un tel tableau plus complètement et plus briève- ment que ne l'a fait L. H. Weber dans son excellente refonte de X ^4nalomie de Hildebrandt (i 83o) , t. i , p. -^62). Il était réservé à l'époque moderne de jeter une lumière nou- velle, et, on peut l'espérer, une lumière non irisée dans ces (énèbres; et le succès est du surtout à celte circonstance que l'industrie , stimulée par les rapides progrès des sciences natu- relles et par l'intérêt général qui se porte sur les études micros- copiques , a fourni à l'observateur des instrumens qui laissent à peine quelque chose à désirer pour la force du grossissement , la netteté de l'image et la commodité des dispositions. Cependant il ne faut pas attribuer les récentes découvertes dans l'anatomie microscopique des nerfs seulement au perfectionnement des instrumens; car, pour obtenu* quelque succès dans l'observa- tion microscopiqjie d'une substance organique aussi délicate que la nerveuse, il ne suffit pas de voir à l'aide d'un bon verre; mais il est besoin d'y être préparé de diverses manières. Il faut, eu effet , une notion exacte de l'objet à examiner, en tant qu'on peut y arriver sans le secours d'instrumens d'optiqiie; puis une ,.on naissance acquise , non par l'enseignement étranger, mais par une expérience propre , de l'image sous laquelle le micros- cope montre d'autres substances, celles qui sont plus simples et qui entrent dans la composition de toutes les parties solides; enfin une familiarité , qui ne s'obtiei>t guère que par l'usage, avec la manière de se servir de l'instrimient et avec les ré- sidtats qu'il fournit. Les anciens observateurs, quant à ces préliminaires indispensables , sont certamement inférieurs aux observateurs actuels, infériorité qui dépend moins des individus que de l'état de la science de leur temps et des idées qui domi- lîURDACH. — Structure des nerfs. ç)q naient alors. Aussi pourrait-on soutenir que Monro aurait tiré (le ses observations les mêmes conclusions erronées quand bien même il se serait servi d'un microscope de Frauenhofer, et que, au contraire , Ehrenberg , même avec les lentilles imparfaites de Della-ïorre , aurait reconnu la texture de la substance nerveuse telle qu'il nous l'a décrite. Néanmoins l'immense avantage que procurent des instrumens d'optique perfectionnés n'est pas con- testable : ils nous inspirent de la confiance dans nos propres observations; car, si, en se servant d'instrumens imparfaits et en revenant sur les illusions multipliées auxquelles tant d'obser- vateurs anciens ont été exposés, on ne peut se défendre d'une défiance sur la vérité de l'it.age qui est placée sous notre œil; néanmoins un microscope , sorti des mains industrieuses de Frauenhofer, de Plosse I ou de Schieck et Pistor, nous inspire la conviction involontaire que, si nous en usons bien, les choses les plus petites nous seront accessibles. Le droit des instrumens d'optique étant ainsi établi, nul ne paraissait plus digne d'ouvrir la voie dans la connaissance exacte de la plus fine texture de la sidîstance nerveuse que C. G. Ehren- berg , qui a su se rendre assez familier avec le microscope, pour reconnaître , dans la substance morte de la pierre , lui composé d'innombrables infusoires du monde primitif. Ehrenberg a publié ses travaux microscopiques, d'abord, en 1 833, dans les ^nnaha de Physique de Poggendorf , t. xxviu , puis dans im ouvrage spécial , intitulé : Observation d'une tex- ture remarquable ^ jusqu'à présent ignorée ; de l'organe de Vàme dans thoninie et les animaux (Beobachtung einer au- fallenden, bisher unbekannten Structur des Seelenorgans bei Menschen und Thieren, Berlin j 836). Ils ont non-seulement en leur faveur l'habileté reconnue de l'observateur, mais ils portent tellement en eux l'empreinte de la prudence et du savoir-faire, que tous ceux qui ont à cœur le perfectionnement des sciences naturelles ne doivent former qu'un souhait, c'est que Ehrenberg ait réussi à ajouter à ses autres mérites celui de la découverte de la structure intime, si long-temps mystérieuse , du système nerveux; c'est que ses observations puissent se confirmer dans toute leur étendue; et donner ainsi urie base solide sur laquelle 7' loo lUMiOACir. — Slructure des nerfs. on construise avec sécurité l'édifice de la physique ties nerfs. Malheureusement, la réalisation de ce vœu doit encore nous pa- raître très douteuse , si nous comparons les oljservations faites après Ehrenberg par d'autres naturalistes. Car, quand bien même, nous appuyant sur les travaux de ce savant, qui ont encore gagné en autorité par l'adoption inconditionnelle de J. Mùller {Physiologie de l'homme, t. i, ii^3/|"), nous voudrions ne pas tenir compte des assertions contraires que renferment des ouvrages moins généraux, néanmoins nous ne pouvons nous défendre de la crainte d'être rejetés dans l'ancienne obscurité, lorsque nous prenons connaissance des dernières recherches de deux Jia- tiiralistes très renommés, qui ont traité le même sujet avec ati- tant de soin que de profondeur : je parle d'abord des observations jjubiiéesdans les Contributions pour l'explication des phénomènes et des lois de la vie organique , t. ii, cah. 2, Brème i835, par G. K. Tréviranus , ce naturaliste si distingué, qui s'occupe avec bonheur dep'.us vingt ans de l'analoaiie microscopique; puis, de la communication très étendue de G. Valenlin sur la marche et les extrémités des nerts , dans le 18° volume des Ecrits de l'Aca- démie Leopoldine, communication recommandée non-seule- ment par l'autorité reconnue de fauteur dans le domaine de lanatomie microscopique, mais encore par l'ingénieux Purkinje, dont la participation à ce travail n'est pas dissmiulée. Si nouscomparons ces deux ouvrages avec celui d'Ehrenberg , nous rencontrons, à chaque pas, des données qui ne concor- dent point, et dont les plus essentielles peuvent trouver place ici. 1° D'après Valentin (p. 107), tout le système nerveux est formé par deux substances primitives, savoir : les globules isolés des masses de dépôt, et les fibres primitives qui courent isolées. Tréviranus, au contraire (p. 4')» dis-Hngue la substance du cerveau et des nerfs en : cylindres primitifs (dans la substance grise), cylindres médullaires (produits dans la substanceblanche par le concours de cylindres primitifs), et cylindres nerveux (sortant des cylindres médullaires, par l'adjonction de cylindres primitifs et par le renfoncement de leurs gaines). Entre ces deux opinions est celle d Ehrenberg, qui admet des tuyaux va- riqueux NT SE COiMPORTENT LflS PARTIES ELEMEN- TAIRES DE LA SUBSTANCE NERVEUSE .SOUS DIFFÉRENTES INFLUENCES. 1. /^u€ des parties élémentaires de la substance nerveuse , sou- mises au mode le plus simple d'exposition. Étendre, avant d'employer le microscope, les particules élé- mentaires du tissu nerveux par une douce compression ou par les efforts les plus ménagés de séparation à l'aide de couteaux ou d'aiguilles, c'est ce qu'on appellera avec raison le mode d'ex- position. Car, jusqu'à présent on ne connaît aucun procédé qui attaque moins les parties; et, sans cette étude préliminaire, il paraît impossible, même avec le meilleur microscope, de recon- naître distinclement la structure des particules élémentaires. BiiRDACH. — Strucluie des nerfs. i 1 1 Ces particules, bien que dans l'état d'isolement elles paraissent presque complètement transparentes et incolores , prennent, lorsqu'elles forment une couche un peu épaisse, une coloration blanche grise, là où abondent davantage les vaisseaux et où s'a- joutent peut-être des dépôts de pigment; elles deviennent en outre opaques à des degrés divers. Cette opacité est encore con- sidérablement augmentée par lesenveloppcscelltdeuses, qui réu- nissent en faisceau les libres primitives, ou réunissent en cor- donsplusieurs faisceaux. Isolées, les particules primitives sont si petites, que, pour en reconnaître la structure , il est besoin d'un degré considérable de grossissement; mais nos microscopes ne le donnent que pour des objets que la lumière peut traverser, et non pour des objets opaques. Il importe donc, avant tout, de mettre les particules primitives dans un tel état qu'elles soient débarrassées de leurs enveloppes, ou qu'elles se présentent, au- tant que possible, juxta-posées et non superposées. C'est à cela que servent les procédés préparatoires dont j'ai parlé. La séparation des particules primitives à l'aide du couteau ou d'aiguilles ne peut être employée pour l'étude de la substance du cerveau, de la moelle, des ganglions ou d'autres tissus très déli- cats: car, même exécutée par la main la plus sûre, elle y produit un désordre et uiîe destruction considérables. Au contraire, elle convient pour exposer les fibres primitives des nerfs péri- phériques, qui jouissent, dans l'état frais, d'une certaine consi- stance. Voici comment j'ai mis eti pratiquece mode de recherches: après une incision faite à la peau aussi promptementquepossible j'enlevai, à une grenouille ou à un autre animal vivant, à l'aide de ciseaux et en mén.igeant, autant que je pouvais, les vaisseaux voisins, un tronçon d'un nerf quelconque; le nerf sciatique est le plus commode pour l'opération; je le mettais sur une lame de verre; je fendais longitudinalement, avec les ciseaux ou avec un couteau tranchant, l'enveloppe commune; enfin, à l'aide de deux petits couteauxaigus ou d'aiguilles fines montées sur un manche, je divisai un des faisceaux nerveux débarrassés de cette enveloppe en ses fibres primitives, et, par de légères tractions, je triom- phai facilement des gaines celluleuses (névriléme) des faisceaux isolés. Avec un peu de pratique, on obtient une telle promptitude II Ci BURDAcn. — Structure des ncrjs. dans cette opération, qu'après une préparation convenable, il faut à peine une minute pour montrer sous le microscope les fibres primitives du nerf sciatique de la grenouille vivante. Le second procédé a pour objet de séparer les particules pri- mitives par la compression, séparation qui non-seulement sert aussi à rendre visibles les fibres primitives dans un faisceau in - tact, ou même dans tout un petit rameau nerveux , mais encore est nécessaire pour exposer la distribution des nerfs dans l'mto- rieur d'un organe. Pour atteindre ce but, Purkinje a inventé son compresseur microscopique, lequel a été employé avec la plus grande extension par Yalentin. Quoique je ne méconnaisse pas l'utilité de cet instrument en général, et, eu particulier, pour l'étude delà marche d'un nirf dans l'intérieur des tissus organiques solides, néanmoins je n'en aime pas l'application sur des tissus nerveux délicats , sur des fibres primitives isolées; en effet, avec quelqr.e graduation qu'on modère la pression, la force, qui est celle d'une vis, rend im- possible toute résistance de la part de l'objet à examiner, et agit, par conséquent, d'une manière trop violente et trop destrn.::;tive. Par cette raison , et aussi parce que l'emploi en est un peu trop minutieux dans des recberches qu'il faut mener rapidement, je n'ai mis que rarement en usage le compresseur de Purkinje, et je me suis contenté de mettre tout simplement Tobjet entre deux lames de verre, et de le comprimer à volonté au moyeu des doigts. Ce procédé avait le double inconvénient, facile à apercevoir, de ne pas laisser mesurer le degré de la pression , et de permettre aux lames de verre de glisser l'une sur l'autre, ce qui produisait des désordres dans les particules de l'objet à examiner. Pour y re- médier, je plaçai aux deux côtés de l'objet , entre les lames de verre, deux petites boules de cire molle qui empêchaient le glis- sement de ces lames , et qui aidaient aussi à la résistance de l'objet. Restait encore l'inconvénient qu'aussi long-temps qu'il fallait conserver la pression, les deux mains étaient employées; par conséquent, la vis qui meut le porte-objet dan;-: le micros- cope, laquelle ne peut pas être quittée dans les forts grossis^e- raens, restait immobile. J'en vins enfin à un procédé que je ne puis m'empèclier de recommander comn-ie très simple et très BURDACH. — Structure des nerfs. 1 13 convenable: qu'on prenne deux lames d-un verre de glace pur, très mince et très uni, long de quatre pouces, large de deux; que l'on colle au voisinage des quatre coins de l'une des lames de petites boules de cire molle, épaisses d'une ligne environ; que l'on mette l'objet au milieu de cette lame; ensuite, que l'on pose la seconde lame dessus, et que l'on presse un peu. Quant le tout est sur le porte-objet, que, sur les parties des lames de verre dépassant des deux côtés le porte-objet, l'on place des poids égaux, par exemple les boules de zinc ordinaires d'une pile galvanique, dont la pression peut être augmentée ou dimi- nuée à volonté par addition ou par soustraction. A-t-on le dessein de conserver pour un examen ultérieur l'objet toujours soumis à un certain degré de pression, il suffit d'humecter, à l'aide d'un pinceau, les bords des deux lames de verre avec de la cire chaude, Après lerefioidisstment , non-seulement les lames tiennent l'une à l'autre, ma-s encore l'objet se trouve clos hermétiquement. De cette façon, j'ai exécuté, nommément dans mes recherches sur la marche des nerfs dans la peau, des préparations que j'ai pu conserver pendant des semaines. Et même, dans des cas où il n'injporte pas d'exercer une presson sur l'objet, on fera bien de le couvrir avec uue mince lame de verre; cette précaution empêche les parties de l'objet de s'élever au-dessus de la sur- face inférieure , et elle fait éviter l inconvénient de salir la len- tille du microscope en l'approchant trop près^ et de déranger l'objet lui-même. Veut-on examiner les élémens organiques du cerveau, de la m'oelle épinière ou d'un ganglion, il est nécessaire de couper un petit disque que l'on soumettra à la compression. Pour obtenir un disque ou une lamelle, qu'on se .serve, d'après le conseil d'Ehrenberg, d'un couteau à double t auchant, très plat, large et pointu (par exemple d'une lancette), et que l'on pratique une section lente. On agit moins commodément avec un couteau à un seid tranchant, nommément avec im rasoir; quand même ce dernier instrument aurait l'avantage d'être plus affilé, tou- jours est-il qu'en coupant on fait monter le disque déjà détaché vers le dos épais du rasoir , et que par là les particules éléineu- IX. ZooL. — PciTiei: 8 ji4 BURDACH. — Structure des nerfs. taires doivent être dérangées de leur situation naturelle. Encore moins recommandables me paraissent des ciseaux fins, courbés sur le plat, comme les a conseillés Valentin, car tous les ciseaux n'agissent dans la section que par écrasement : les deux lames marchant de côtés opposés vers le centre, nécessairement les élémens organiques du disque que l'on veut détacher sont pres- sés les uns contre les autres et dérangés ; au lieu que , dans une section pratiquée avec un couteau plat et à double tranchant , ces élémens ne sont poussés que d'un côté , sans être dérangés dans leur rapport réciproque et dans leurs couches probable- ment parallèles. Les ariangemens plexiformes observés par Va- lentin dans la substance du cerveau et de la moelle épinière ne pourraient-ils pas, au moins en partie, être le produit de l'ac- tion des ciseaux? Certainement les fibres d'un faisceau nerveux, lesquelles courent parallèlement, peuvent être facilement chan- gées, par la pression et le déplacement, en un plexus. J'ai encore à remarquer que des fibres primitives isolées ou des disques minces des tissus nerveux d'organisation supérieure, mis sur la lame de verre, se dessèchent très rapidement. Alors, ou ils échappent à la vue, ou, colles à la lame de verre, la pres- sion ne peut plus les pousser latéralement, et la contraction leur fait éprouver maintes transformations. Pour obvier à cet incon- vénient, il est utile d'humecter l'objet avec un liquide limpide. Mais comme l'eau froide, ainsi qu'on le verra plus loin, exerce une influence incontestable sur la substance nerveuse , il serait très désirable de découvrir pour cet objet un liquide tout-à-fait sans action. Le blanc d'œuf semblait remplir le but; mais il se dessèche très vite , se fend alors et peut causer des illusions : la plupart des huiles sont purifiées avec des acides , et agissent en conséquence d'une manière destructive sur la substance ner- veuse ; celle que j'ai trouvée encore la plus innocente est l'huile d'amandes douces; mais dans cette huile, comme dans toutes les liqueurs visqueuses, l'extension des fibres primitives d'im nerf présente de grandes difficultés. Il me fallut donc, après maintes tentatives dont il ne doit pas être ici question , revenir à l'eau, et je reconnus que , tiède, elle attaque moins la sub- stance nerveuse , qu'elle lui donne une certaine lucidité et de la BURDACH. — Structure des nerfs. 1 1 5 transparence , et qu'elle en lient les élémens organiques séparés l'un de l'autre. Je passe maintenant à mes recherches relatives à cet objet. Dans ce travail, je ne pourrai éviter d'en appeler de temps en temps à des observations qui doivent être relatées plus tard. En considérant un nerf médiocrement gros et intact, ou re- marque à l'œil nu, mais mieux avec la loupe, sur sa surface blanche et unie, des stries distinctes par leur blancheur bril- lante, transversales, quelquefois tournées, ce semble, en spi- rales, d'autres fois pHées en zig-zag, stries qui alternent avec des places plus sombres. Les premières ont l'apparence de la porcelaine blanche, les secondes d'un verre incolore derrière lequel est placé un corps qui n'est pas tout-à-fait obscur. Cette apparence se montre non-seulement sur le nerf séparé du corps, mais encore dans le nerf qui tient à l'organisme, pourvu qu'il n'ait pas été trop irrité. Dans les nerfs fins, on la reconnaît sur la surface de l'enveloppe commune des nerfs , et moins distinc- tement sur les gaines des faisceaux particuliers. Dans le nerf scia- tique d'un vieux lapin , au contraire, je ne pus pas l'apercevoir sur l'enveloppe générale , mais je l'aperçus d'autant plus clai- rement sur les gaines des faisceaux isolés. Si l'on met sous le microscope, sans le comprimer, un nerf qui présente cette apparence tendineuse (on peut , à cause de la ressemblance, la désigner ainsi) , on s'aperçoit que cette res- semblance est produite par des fibres placées alternativement plus haut et plus bas, par conséquent onduleuses, dont les por- tions les plus basses se trouvent davantage dans l'ombre, (i) Ces fibres, demandera-t-on, appartiennent-elles à la gaine du nerf, ou sont-elles les fibres primitives qui brillent à travers cette gaine ? Que l'on pose doucement entre deux lames de verre un nerf frais aussi fin que possible, par exemple un rameau courant sur la peau du dos de la grenouille, et qu'on le considère à la lumière solaire , on y voit au milieu une multitude de raies noires qui, placées parallèlement les unes à côté des autres, ^i) l'Ianciie*/, , Cg. i. nô BURDACH. — Structure des nerfs. «técrivent, isolées et ensemble, une ligne tortueuse. Des deux côtés de cette ligne se trouve un ruban plus ou moins large^ transparent (ruban du fond) , de couleur jaunâtre, où l'on re- marque un ajustement feuille ou à écailles irrégulières, et qui , en dehors, est terminé par un bord tout-à-fait droit ou beau- coup moins courbé que ces lignes tortueuses (i). Dans les nerfs fins , le faisceau moyen et sombre de ces raies tranche vivement avec les rubans latéraux qui sont clairs ; cela est moins visible dans les gros nerfs, où l'on ne reconnaît bien que les raies lout- à-fait mitoyennes dans leurs cours onduleux ; les parties situées plus en dehors deviennent moins distinctes , et seulement tout- à-fait en dehors on revoit ce ruban clair qui occupe le fond. Sur un verre noir et avec la lumière directe, les raies , qui pa- raissaient noires précédemment , paraissent d'une blancheur éclatante, semblables à des lignes onduleuses tracées avec de la craie sur un tableau noir ; et les rubans clairs du fond , placés sur les côtés, cessent presque complètement d'être visibles. Si on fait tremper pendant quelque temps le même nerf dans l'eau, les raies moyennes perdent peu-à-peu leur position cour- bée, onduleuse; elles s'étendent, et dépassent manifestement, aux deux extrémités du nerf, le ruban latéral du fond ; le nerf lui-même a alors perdu sa précédente apparence tendineuse, et il présente une surface complètement régulière (2). Le même phénomène se produit quand on comprime le nerf un peu forte- ment ; et il faut remarquer que, lors même que la compression est cessée aussitôt, l'apparence tendineuse ne se reproduit plus. Si l'on étend fortement im nerf encore dans l'intérieur de l'organisme, par exemple si l'on soulève avec force, à l'aide d'une pince, le nerf sciatique sur une grenouille vivante, et puis qu'on le coupe simultanément en deux points, le tronçon ne présente plus l'apparence tendineuse. D'après ce qui vient d'être dit , je ne puis m'empêcher de voir, dans les raies claires, la gaîne celluleuse de tout le nerf ou du faisceau nerveux, et, dans les lignes onduleuses, les fibres (r) Planche 4, Cg. 2- (a) Planche 4, fig. 3. BURUACH. — Structure des nerfs. i''7" primitives elles-mêmes ; je ne puis m'empêcher non plus d'ad- mettre que l'apparence tendineuse dépend de ces dernières; car les fibres primitives, de quelque côté qu'on place le nerf, pré- sentant toujours la même apparence et se montrant natiuelle- ment onduleuses, doivent tantôt s'approcher , tantôt s'éloigner de la gaine uniformément cylindrique, et par conséquent bril- ler à travers cette gaine plus ou moins alternativement. Cette disposition, comme je l'ai déjà dit, est reconnaissable même dans le nerf qui tient à l'organisme; et les fibres primitives, mises à tremper paisiblement dans l'eau, s'allongent et dépas- sent les deux extrémités de la gaine : cette double circonstance paraît prouver que la fibre primitive n'est logée que d'une ma- nière lâche dans la gaine ; et nous y reconnaissons un sage ar- rangement de la nature, d'après lequel, dans la contraction possible d'une partie pourvue de nerfs, la gaine doit êlre consi- dérablement distendue avant que la distension ne se fasse sentir ôux fibres primitives, relativement phis longues et placées d'une manière lâche dans leur enveloppe. Valentin a vu autrement la chose (page 16); car il attribue le phénomène en question à une élasticité de la gaine du nerf , à un soulèvement et à un abaissement alternatifs des fibres celr luleuses qui la constituent. Mais, sans compter que dans un tel arrangement le contraire doit arriver , c'est-à-dire que dans une contraction les fibres primitives seront les premières tourmen- tées, et après elles les fibres élastiques de la gaine, je demande : Comment se fait-il que cette apparence soit le moins visible ou ne le soit même pas du tout sur les plus gros troncs nerveux, où au contraire elle devrait être le plus manifeste, puisque leurs gaines celluleuses plus fortes devraient aussi posséder une con- Iractilité plus puissante? Valentin ne p;iraît pas s'être aperçu que le phén(;mène en question se montre même sur le nerf te- nant encore à l'org.misme ; car il dit expressément : qu'on l'ob- serve sur tout nerf extrait du corps, et que les fibres celluleuses doivent se contracler quand la graine est débarrassée de sa ten- sion naturelle. En même temps, je dois mentionner qu'à la vérité des fils extrêmement fins se sont présentés à moi, tandis que je séparais avec des aiguilles la membrane celluleuse des nerfs; 'ï8 BURDACii. — Structure des nerfs. mais que je n'ai jamais vu ces fils quand j'ai examiné cette gaîne intacte et avec la compression simple; qu'en conséquence il m'est encore très douteux que ces fils appartiennent originai- rement à la gaîne des nerfs, et ne soient pas plutôt le résultat de la séparation artificielle de cette gaîne. Enfin , il pourrait encore y avoir une question à poser : Le tissu cellulaire qui pa- raît constituer uniquement lesgaînes des nerfs peut-il être, avec raison, regardé comme doué d'autant d'élasticité et de contrac- tilité que Valentin lui en attribue? Dans les [nerfs entiers ou dans les faisceaux nerveux intacts on trouve, comme il a été déjà dit, les fibres primitives dessi- nées par des lignes obscures, parallèles et serrées les unes contre les autres, de sorte qu'elles ont ensemble à-peu-près l'apparence d'un faisceau de lin peigné. C'est encore l'apparence qu'elles présentent quand on rend visible, par une douce pression, leur trajet clans l'intérieur d'un organe; seulement, il faut re- marquer que là on ne peut plus rien voir de leur enveloppe celluleuse. Ces enveloppes sont-elles dans l'intérieur d'un organe plus délicates qu'au dehors, comme il faut bien l'admettre pour les parois des vaisseaux ? C'est ce qu'il serait difficile de déci- der. Mais ces gaînes ne sont pas complètement évanouies; seulement , le parenchyme qui les entoure les dérobe à la vue : on peut aisément s'en convaincre sur la grenouille; on n'a qu'à préparer un nerf allant à la peau à travers le muscle, on recon- naîtra l'apparence tendineuse dans la partie même de ce nerf qui est placée entre les fibres musculaires. Dans l'intérieur d'un organe, même quand la distribution s'o- père généralement en ligne droite, vous trouvez les fibres pri- mitives un peu tortueuses, disposition qui est sans doute ana- logue à la marche serpentante dans la gaîne, hors de l'organe, mais qui est ici moins manifeste; parce que nous ne pouvons la reconnaître dins le parenchyme qu'apiès l'emploi de la pres- sion, par conséquent après une extension dans tous les sens. Quant à la marche parallèle des fibres primitives dans lesfais-» ceaux ou dans un nerf entier, ce parallélisme n'existe qu'en gé- néral; car, même avec la plus grande précaution, nous voyons souvent, sous le compresseur, des fibres isolées d'un faisceau, BURUAcii, — Structwe des nerfs. 119 lesquelles passent obliquement sur d'autres , se croisenl avec celles-ci, et vont raême d'un côté à l'autre du faisceau. Quant à ces raies obscures qui, toutes ensemble, présentent l'aspect de lin peigné , on ne doit pas considérer chaque paire de lignes voisines comme les limites d'une seule fibre primitive ; car on jugerait les fibres primitives beaucoup plus fines qu'elles ne sont réellement. Ces lignes juxta-posées d'un faisceau non comprimé , appartiennent toujours à des fibres primitives dif- férentes; les unes, placées sous les autres, laissent apercevoir leurs limites à travers le contenu diaphane des fibres supérieures. Aussi, chaque nerf paraît-il avoir des stries d'autant plus fines qu'il est plus épais, et quon l'a moins comprimé en largeur. En conséquence, nous ne pouvons , sur l'apparence, mesurer l'épaisseur des fibres primitives dans un nerf qui n'a été ni dis- séqué ni comprimé; mais il faut, pour cela, ou considérer iso- lément les fibres primitives séparées du faisceau, ou traiter le faisceau, composé seulement de très peu de fibres, sous le compresseur, de telle sorte que les fibres primitives soient non plus les imes sur les autres, mais à côté les unes des autres. En général , les fibres primitives paraissent être plus grosses lors- qu'elles sont encore libres que lorsqu'elles sont entrées dans un parenchyme. Pour décider si cette différence dans la grosseur est réelle ou seulement apparente, je choisis un rameau ner- veux fin, qui marchait d'abord librement, puis s'enfonçait dans un muscle, je l'en détachai soigneusement, puis je mis tout le ra- meau sous le compresseur, et je pus alors comparer la partie libre avec celle que j'avais décortiquée. Je fis la même chose pour un nerf de la peau , et enfin je comparai ces deux spéci- mens avec un rameau libre, non moins fin, appartenant au domaine du sciatique. Dans toutes ces comparaisons, je n'aper- çus aucune différence dans la grosseur des fibres primitives. Quoique je n'aie pas étendu cette recherche aux dernières rami- fications des nerfs , néanmoins je me crois autorisé à conclure que cette différence apparente dans la grosseur des fibres primi- tives dépend de la pression du parenchyme qui entoure les nerls dans l'intérieur d'un organe -, et, à la vérité, cette pression pa- rait être respectivement différente dans les différens organes-, lao BUBDACH. — Structure des nerfs. ainsi, par exemple, les fibres primitives m'ont toujours para plus ténues dans le mésentère que clans l'intérieur d'un muscle. Quand, d'après le procédé indiqué précédemment, on a dé- composé un faisceau nerveux et ses fibres primitives isolées, celles-ci, sous le microscope et avec une lumière réfléchie, pa- raissent des fils tout-à-fait incolores et transparens, qui latérale- ment sont bmilés par deux lignes tranchées et noirâtres. Même avec la plus grande célérité, je n'ai jamais été assez heureux pour trouver les fibres primitives, toutes et intégralement, avec un contenu parfaitement clair ; toujours il y avait çh et là dans ces fibres une substance composée de particules arrondies, irrégulières, laquelle, probablement en très grande partie par la rétraction , donne à la fibre primitive un aspect plus sombre. Même sans l'emploi d'un autre pression que celle qui résulte probablement de l'action de séparer les fibres , on voit le con- tenu sortir aux deux extrémités de la fibre jîrimitive sous forme d'ime substance claire, épaisse, incolore, laquelle est transfor- mée visiblement, seulement après quelque temps, en un caillot formé de particules irrégulièrement globuleuses (i). De plus, on peut voir d'une manière très distincte, dans l'intérieur de la fibre primitive elle-même et dans les places qui paraissaient d'abord diaphanes, le contenu transparent se transformer peu-à-peu en cette substance grenue. Ces deux dernières observations ne re- posent certainement pas sur des illusions : ajoutez que les fibres primitives ne potirraient être vues les unes à travers les autres comme on les voit réellement , si, dans l'intérieur d'un faisceau, elles étaient déjà remplies de cette substance grenue. Tout cela me fait adopter comme fondée l'opinion de Valentin, qui admet que, dans l'état frais, le contenu des fibres primitives nerveuses est une substance uniformément claire et transparente , oléi- forme ou mucilagineuse , qui n'est transformé que par l'acte de la coagulation en une sidjstance grumeleuse et grenue. Les deux lignes latérales qui servent de limites externes mar- chent parallèlement dans la fibre nerveuse fraîche; mais, avec le temps et sous des influences dont nous parlerons plus tard, (t) Planche ', , fig. 4 a. BURDACH. — Structure des nerfs. icii elles changent leur parallélisme, une seule on tontes deux s'é- cartent çà et là davantage du centre de la fibre primitive, ou s'en rapprochent davantage, ce qui donne à cette dernière un aspect irréguiier, et la fait paraître tantôt d'un seul côté , tantôt des deux, alternativement rétrécie et élargie, (i) A côté de ces deux limites latérales se trouvent deux lignes moins foncées qui, dans la règle, les suivent parallèlement, et qui en sont peut-être éloignées du quart ou de la sixième parlie du diamètre de toute la fibre primitive. Ces lignes internes, Ehrenberg veut y voir la litnite interne de la paroi de la fibre primitive , car il dit qu'il s'est convaincu que la fibre primitive est creuse, attendu que, à chaque tuyau se font voir distinctement quatre lignes parallèles, dont deux forment les limites extrêmes, et dont deux mitoyennes désignent les limites de la cavité inté- rieure. Sans compter que la distance qui séparerait la limite inté- rieure de la limite extérieure me païaîtrait beaucoup trop con- sidérable pour que je pusse y voir l'épaisseur de la p iroi, cer- tainement très délicate , de la fibre primitive, les observations suivantes ne me permettent nullement de partager l'opinion d'Elirenberg, La substance qui sort de l'extrémité de la fibre primitive prend souvent, tant qu'elle est encore dans l'état frais et non coagulée, la forme d'une goutte suspendue à la fibre primitive, et montre, en continuité avec cette fibre, la même double déli- mitation. (2) Entre les fibres de la substance du cerveau et de la moelleépi- iiière, se présentent souvent de gros globules ou gouttes, la plupart irréguliers, lesquels (car, comme il sera dit plus tard, nous pouvons les produire à volonté) doivent être considérés comme des accumulations de la substance sortie des fibres dé- chirées; ils sont pourvus du même double rebord. (3) Quand le contenu d'une fibre primitive se coagule en la masse grenue dont il a été parlé, et quand tout le canal en est (i) Planche 4, fig. 4. (2) PlancLe a , fig. 5. (3) Piaiirlit 4, fig. 6. J -22 BURDACH. — Stvucture des ner/s. rempli, les deux lignes intérieures de délimitation ont disparu^ et la masse grenue s'étend, sans intervalle, jusqu'à la ligne externe, (i) Souvent il arrive que l'espace entre chaque deux lignes de délimitation, d'abord diaphane, se montre plus tard transformé en la substance grenue, tandis que l'espace moyen de la fibre primit ive compris entre les deux lignes internes de délimitation de- meure toujours diaphane; ce quidonneaux lignes intérieiiresune apparence déchiquetée (i). Ce phénomène n'est expliquable qu'autant qu'on admet que la fibre primitive s'est vidée de la plus , grande partie de son contenu, et qu'il n'en reste que la portion adhérente aux parois: il pourrait aussi enseigner qu'aucune fibre primitive encore pourvue d'un double rebord, même quand du reste elle paraît complètement diaphane, ne doit être consi- dérée comme vide. Là où l'on voit, dans l'intérieur d'un organe , des fibres pri- mitives isolées ou placées prèslesunes des autres, on les aperçoit sans double rebord : la figure de la terminaison des nerfs dans le muscle donnée par Valentin (Pi. 2) , paraît contredire cette assertion ; mais il se pourrait que cette figure ne fût pas complè- tement conforme à la nature. Si l'on dirige, pendant quelque temps, son attention sur la ligne intérieure de démarcation, en employant un fort grossis- sement, on y voit très souvent survenir soudainement et suc- cessivement des changemens partiels de longueur; tantôt elle s'incurve en dehors, se rapproche ainsi de la ligne extérieure de délimitation , et même se confond tout-à-fait avec elle ; tantôt elle paraît s'être scindée en un point, et une de ces scissures se porte en dedans pour y disparaître d'une manière indécise ; tan- tôt, enfin, de telles scissures se portent des deux côtés en dedans, se confondent là en des lignes transverses, et renferment ainsi en avant et en arrière une partie de la fibre primitive , laquelle partie n'est plus bornée latéralement que par les lignes externes simples. (3j (t) Planche 4, fig. 4 b. (2) Planche 4, fig. 4 c. (3) Planche 5, fig. 5 ^, t, r/. BURDACH. — Structure des nerfs. ia3 A ces observations qui prouvent suffisamment que les deux lignes ne sont pas les limites de la paroi de la fibre primitive, s'en joignent d'autres qui m'ont fait trouver une explication différente de ce phénomène , et dont il sera parlé plus loin. Si l'on met un objet obscur sous la lame de verre sur laquelle sont étendues des fibres primitives fraîches, et, si on les consi- dère à la lumière directe, on les voit complètement blanches: les deux lignes de délimitation ne sont plus reconnaissables; au contraire, l'espace enfermé par ces lignes se détache d'un blanc d'argent sur chaque côté de la fibre primitive : la substance sortie aux extrémités de la fibre primitive se montre comme une fine vapeur; preuve que la couleur blanche des nerfs dépend, non des gaines des fibres primitives, mais de leiy conteiui; ce que Ehrenberg, sur d'autres motifs, a aussi admis. Si nous mettons sur une lame de verre les fibres primitives d'un nerf, isolées et sans les humecter, elles s'y collent aussitôt, et semblent se dessécher avant que la coagulation proprement dite du contenu se soit opérée. Elles prennent alors im aspect transparent , jaunâtre, semblable à celui de l'albumine dessé- chée. Le contenu est alors tout-à-fait méconnaissable, ou, s'il s'est déjà coagulé avant la dessiccation , ne se reconnaît qu'à un trouble faible et jaunâtre; des deux côtés se distinguent les deux lignes parallèles, mais, en général, l'interne est moins régulière. Dans cet état, on peut conserver très long-temps les fibres primitives; si plus tard on les humecte avec de l'eau, elles reparaissent comme des cylindres transparens, mais elles ont perdu leur double rebord. Si, plaçant un corps opaque au-dessous, on considère, à la lumière directe , les fibres primitives ainsi desséchées, chacune d'elles paraît sous la forme de deux stries d'un blanc brillant sur un fond noir, marchant .parallèlement à quelque distance l'une de l'autre (i). Ces stries sont ici, sans aucun doute, les espaces en- fermés de chaque côté par les lignes parallèles, et le reste de la partie centrale de la fibre primitive ne peut plus être distingué. De la substance du cerveau et de la moelle épinière j'ai peu à (i) Planche 5, Cg. 7 1^4 BURDACH. — Structure des tieifs. dire ; car je n'ai essayé d'en connaître les parties élémentaires que pour comparaison avec celles des nerfs périphériques. Le cerveau de la grenouille ne me paraît nullement convenir, pour la recherche des parties élémentaires : dans l'état frais, il est si mou qu'il se déchire et ne se coupe pas en lamelles ; de plus, ses élémens organiques sont extrêmement fins. Sa substance grise ne s'est montrée à moi que comme une substance à grains très fins, avec de gros corps globideux. Sa substance blanche m'a fait voir des fibres excessivement fines, égalant [à peine en grosseur la douzième partie du noyau d'un globule sanguin, lesquelles fibres avaient çà et là, à des distances inégales, de petits nœuds ou renflemens ronds, le double à-peu-près en grosseur des fibres elles-mêmes. Les fibres primitives sont plus distinctes dans la substance blanche de la moelle épinière sur la grenouille; car, ici non-seulement elles sont trois fois plus épaisses, mais encore elles sont pourvues d'un double rebord. Sur ces fibres, j'ai reconnu qtae les nœuds ou renflemens variqueux n'étaient nullement formés régulièrement; car quelques-uns avaient une forme parfaitement globuleuse; d'autres, une forme ovale; la plupart occupaient le milieu de leurs fibres; d'autres n'étaient posés que latéralement sur le rebord. J'ai trouvé ces parties bien plus propres aux recherches sur le lapin , sur la souris et particulièrement sur la taupe. Chez ce dernier animal, j'ai re- connu distinctement que les fibres du cerveau, visibles à l'œil nu ou avec la loupe, sont des faisceaux de fibres primitives articu- lées, mais qu'elles ne sont pas enveloppées d'une gaîne parti- culière , et qu'elles ne doivent leur apparence fasciforme qu'à leur direction commune; car des fibres isolées, même s'écartant de cette direction, se rendent aux faisceaux voisins. Je n'ai pas vu, à la vérité, les dispositions plexiformes variées, ni même les anses d'inflexion terminale, que Valentin a obser- vées et décrites; mais je regarde la recherche de la marche des élémens organiques du cerveau comme si difficile, que je n'ose pas opposer aux observations de Valentin les miennes qui n'ont été faites qu'en passant. \ BCRUACH. — Structure des nerfs. liS ■2. De la manière dont les parties primitives de la substance nerveuse se comportent , lorsqu'elles sont comprimées forte- ment y déchirées ou soumises à d autres actions mécaniques. Si l'on comprime assez fortement entre deux lames de verre une fibre primitive, le contenu de la fibre s'écoule par les deux extrémités du tuyau. Cette sortie du contenu paraît s'opérer plus facilement quand ce contenu est déjà transformé en la sub- stance grumeleuse dont il a déjà été parlé, que quand il est en- core clair et transparent. Dans ce dernier cas , il ne s'écoule que lentement, et il reste le plus souvent suspendu à l'extrémité de la fibre primitive , comme un bourrelet épais ou un appen- dice en forme de massue, lequel d'abord est pourvu du double rebord et parfaitement limpide, et qui plus tard se change en une masse grenue. Quand au contraire il est déjà devenu gru- meleux, il sort par un écoulemejit rapide , s'épanche plus loin , puis se sépare ordinairement aussitôt en fragmens ronds, qui , séparés de la fibre primitive, nagent dans le liquide ambiant , ou bien, lorsque ses particules ne se désagrègent pas, il prend des formes tout -à-fait singulières : par exemple, en comprimant un faisceau nerveux , j'ai vu souvent sortir d'une fibre déchirée le contenu sous forme d'une ligne spirale ; ce qui, lorsque les choses sont rentrées dans l'immobilité , pourrait facilement con- duire à admettre une fibre qui se termmerait en spirale. La sortie du contenu paraît encore s'opérer plus facilement quand la compression s'exerce sur tout un faisceau nerveux que quand elle n'agit que sur des fibres primitives isolées. Car , dans le premier cas , on peut, par des alternatives d'augmentation et de diminution de la pression , produire un mouvement d'allée et de venue de la masse grenue dans l'intérieur de la fibre pri- mitive ; ce qui ne m'a pas aussi bien réussi pour des fibres pri- mitives soumises à l'expérience isolément. Cette différence , re- lativement à la plus grande ou à la moindre mobilité du con- tenu dans le tuyau, semble, dans la première observation, dé- pendre de ce que le contenu, quand il est coagulé, a perdu la propriété adhésive , collante, qui lui est propre dans l'état frais; 120 BiTUDACii. — Structure des nerfs. dans la seconde observation, de ce que, dans la compression d'une fibre primitive isolée, la force n'agit que d'un côté, et qu'il n'y a aucune force extérieure qui, après la cessation de la pression, oblige la fibre primitive à revenir à sa forme primitive, tandis que, dans la compression d'un faisceau entier, la fibre mitoyenne est comprimée latéralement aussi par les fibres voi- sines , et , après la cessation de l'action comprimante , elle ne peut conserver la forme qu'une compression exercée de tous les côtés lui avait imprimée. En vidant ainsi, par une forte pression, une fibre primitive de tout son contenu, on peut, tant qu'il n'est pas encore coa- gulé, reconnaître distinctement qu'alors les deux lignes internes de délimitation s'écartent un peu plus des lignes externes vers l'intérieur, et puis se perdent complètement; de sorte que la gaine de la fibre primitive n'est plus limitée que par deux lignes simples très fines. La gaîne conserve encore cette forme si l'on cesse la compression. On peut également faire disparaître les deux lignes internes de délimitation par le procédé suivant : séparez l'une de l'autre les fibres primitives à une des extrémités d'un nerf fin ; laissez l'autre extrémité intacte, pour pouvoir fixer par là, d'une façon quelconque, le nerf entier; promenez, en pressant légèrement, inie aiguille tenue horizontalement surtout le nerf, depuis l'ex- rémité intacte jusqu'à celle où vous avez désagrégé les fibres primitives. Par ce procédé , le contenu se vide, la fibre primitive s'aplatit, et les deux lignes internes disparaissent. Si l'on pose une très fine aiguille tranversalement sur une fibre primitive isolée, et que l'on presse avec cette aiguille, les deux lignes internes bi-latérales de délimitation se détachent près des parties qui font saillie à côté de l'aiguille, se portent en dedans, et forment alors en commun deux lignes arquées , à quelque distance de l'aiguille (i). Si l'on n'a pressé que momentanément avec l'aiguille posée transversalement, les lignes internes de dé- limitation, après que cet instrument est retiré, reparaissent dans leur situation régulière. 'i) Planche 4. fig. 8. I BURDACH. — Structure des nerfs. 127 De ces observations, ainsi que de quelques autres consignées dans le chapitre précédent, il me semble résulter que cette ligne interne de délimitation doit être considérée comme un effet de la réfraction, lequel est produit par l'accumulation plus grande, vers le bord , du liquide contenu dans la fibre primitive, accu- mulation qui rend ce bord plus saillant que le centre. Une aiitre considération fortifie cette opinion. Si on examine une fibre primitive avec un fort grossissement et en plaçant la lentille à des distances variées de l'objet , on trouve cette fibre manifestement plus déprimée au milieu que dans le voisinagé^du bord extrême. Cette disposition est surtout distincte quand_,ou observe les fibres primitives, qui ont été mises sur la lame de verre sans être humectées, et qui se sont rapidement desséchées. Éludions , en effet, une telle fibre à la lumière réfléchie , et en rapprochant de plus en plus la lentille : elle se montre d'abord comme un ruban lumineux, avec deux lignes noires, parallèles sur chaque côté ; mais en approchant l'objet encore davantage, le milieu de ce ruban proémine, les deux lignes latérales dispa- raissent, et toute la fibre primitive prend l'aspect d'un cylindre uni , transparent, à délimitation simple(i). Considérons ensuite la lumière directe les mêmes fibres primitives desséchées , après avoir mis au-dessous un objet obscur : nous trouvons, aussi loin que s'étend le champ de la vision, chacune d'elles désignée par deux lignes parallèles d'un blanc d'argent, qui, comme il a été dit plus haut, ne sont pas autre chose que les intervalles entre les lignes internes et externes de délimitation ; du reste , tout est noir. Approchons encore davantage l'objet de la lentille; ces lignes d'un blanc d'argent disparaissent, deviennent obscures, et le tout paraît comme un cylindre coloré en blanc. Quand on a fait d'abord cette observation sur des fibres primi- tives desséchées, il n'est pas difficile de retrouver la même ap- parence sur des fibres fraîches. Sur celles-ci aussi le double re- bord se montre toujours d abord, mais disparaît bientôt, après que, par un rapprochement successif de la lentille, la partie moyenne de la fibre primitive est devenue proéminente. (i) Planche 4, fig. 8. 1^8 BupDACH. — Structure des nerjs. Parconséquent,je crois devoir expliquer de la manière suivante l'apparence du double rebord : chaque fibre primitive, placée dans l'intérieur de l'organisme et pourvue de son contenu complet, a une forme cylindrique ; mais, après qu'elle a été vidée en par- tie par la section, ou même aussitôt après que la tension vitale a cessé, il survient dans son centre une dépression, et par là ses parties latérales plus épaisses, plus proéminentes , présentent sous la lumière réfléchie une double ligne de délimitation. Ici on pourrait admettre ou que le contenu, soit déjà pendant la vie, soit seulement après la mort, est plus épais et plus visqueux en dehors, plus liquide au contraire dans l'axe du tuyau; ou que le contenu a, il est vrai , une constitution uniforme , mais de la tendance à adhérer aux parois du tuyau, et qu'il ne s'en détache que par une forte pression ou par le changement que la coagulation lui fait subir, tandis que la portion centrale du con- tenu sort en partie d'elle-même , ou par le seul poids de la paroi qui s'affaisse dans son milieu. Une observation semble parler pour la plus grande viscosité du contenu vers la périphérie du cylindre : c'est que, si l'on promène horizontalement sur les fibres primitives une aiguille en exerçant une très douce pression, celles-ci prennent un as- pect finement strié , lequel disparaît bientôt après de soi-même. Comprime-t-on un nerf tout entier ou un faisseati considé- rable, les fibres primitives chevauchent les unes sur les autres, perdent par là leur parallélisme origmaire, et prennent une dis- position plexlforme générale qu'il ne faut nullement considérer comme normale. Suspend-on la compression, et désagrège-t-on au moyen d'une aiguille les fibres primitives, elles se montrent avec autant de changement dans leur forme qu'on en aperçoit, ainsi qu'il l'a été dit plus haut, dans des fibres primitives iso- lées, abandonnées à elles-mêmes; c'est-à-dire qu'elles présen- tent , avec plus ou moins de régularité, des étranglemens et des renflemens alternatifs ; elles sont , d'après l'expression d'Ehren- berg, articulées. Comme ces articulations ou varices se montrent même sans pression sur des fibres primitives isolées; comme, en outre , ainsi que nous le verrons plus tard, elles peuvent être produites BURDACH. — Structure des nerfs. 129 par desagens chimiques, on est très près de conjecturer : Que la forme articulée, donnée par Ehrenberg comme une particu- larité caractéristique des fibres du cerveau et de la moelle, n'est ni normale ni oiiginaire, mais est produite par d'autres in- fluences. Valentin et Tréviranus ont énoncé celte conjecture. Tréviranus s'appuie sur la comparaison des cylindres cérébraux du même animal à différens degrés et sous l'action de différens agens, ce qui lui a montré des âges différens de varicosité. Valentin soutient n'avoir observé que des cylindres rectilignes sur des lamelles enlevées convenablement au cerveau d'hommes et de mammifères , et puis avoir produit tous les degrés de la varicosité par la compression. Je n'ai jamais réussi à reconnaître distinctement , dans la substance cérébrale, des fibres primitives complètement dépourvues d'articulatii^ns ; car, toutes les fois que , au commencement d'une recherche , je croyais les voir sans articulations, ces articulations se remontraient à moi quand j'avais rendu la vision plus nette , de sorte que je ne pouvais décider si les varicosités existaient primitivement et m'avaient seulement échappé, ou si elles s'étaient produites sous ma main. Seulement, dans le nerf optique enlevé à la grenouille vivante, j'ai reconnu distinctement, sous une légère pression , des tuyaux cylindriques non articulés; mais ces tuyaux , après avoir été plus tard désagrégés à l'aide d'une aiguille, d'après le procédé connu , prirent la forme variqueuse. La reconnaissance des élémens organiques de la substance du cerveau et de la moelle énuiière dans sa constitution orim- naire doit , dans tous les cas , avoir de grandes difficultés. Il faut briser le crâne osseux , détacher soigneusement les membranes, couper une lamelle, et tout cela exige un espace de temps, si long en comparaison du temps employé à l'exposition des cylindres de nerfs , qu'un changement dans les particules primitives peut fort bien s'opérer pendant cet intervalle; en outre, une compres- sion considérable est nécessaire à la reconnaissance distincte des fibres primitives du cerveau et de la moelle épinière , et elle peut justement produite le changement «ju'on y remarque. En conséquence , une décisioTi siu' la question de savoir si les fibres du cerveau et de la moelle sont articulées se laisse aussi IX. Zofir.. — Mars. 9 ^3o niiRDACH. — Structure des nerfs. peu espérer de l'autopsie directe que de la comparaison. Les varicosités , produites , d'une façon ou d'une autre, sur les fibres primitives des nerfs, ne peuvent être que de peu de conséquence pour la solution du problème; car les varicosités des fibres du cerveau se distinguent essentiellement de celles des fibres des nerfs, non-seulement par plus de régularité, mais aussi par plus de constance ; car, à des cylindres nerveux qu'on a rendus vari- queux, on peut, par des pressions et des tractions, sinon rendre leur première forme droite , du moins leur imprimer de nou- veaux changemens de forme , tandis que les tuyaux articulés de la substance cérébrale conservent, malgré tous les efforts de traction ou de pression , leur articulation jusqu'à la destruction complète. Mais, d'un autre côté, la plus grande régularité et la constance des varicosités des fibres du cerveata ne peuvent pas fournir une preuve contre la conjecture exprimée plus haut, à savoir que ces varicosités sont le produit d'actions étrangères; car ces différences de régularité et de constance pourraient s'expliquer par la force plus grande des gaines des cylindres des nerfs. Mais les expériences suivantes me paraissent très im- portantes pour la décision de la question: i"Dans les animaux 1res jeunes, les fibres primitives des nerfs consistent en tuyaux variqueux , qui sont très semblables à ceux du cerveau et que l'on trouve transformés partiellement en tuyaux cylindriques. a" En mettant les fibres primitives des nerfs tremper dans l'eau chaude (ce dont il sera aussi parlé plus tard) , j'en ai vu le cou- lenu s'écarter de la gaîne , se porter vers le centre et y former des tuyaux variqueux à double rebord. 3° Si l'on -met entre deux lames de verre quelques fibres pri- mitives des nerfs, fraîches et seulement humectées un peu, et qu'on fasse mouvoir ces lames en sens inverse, de sorte que l'une ou l'autre des fibres primitives , s'étant vidée de son con- tenu liquide , soil retirée en arrière , on voit parfois naître du contenu qui a été exprimé des fils qui présentent çà et là des in- flexions, et qui sont tout-à fait semblables aux fibres cérébrales. I La forme variqueuse des fibres cérébrales étant si constante , affectant une telle rég liai ilé et se maintenant avec permanence BURDACH. — Structure des nerfs. i3,i même sous une forte pression , me paraît être bien évidemment une de lenrs particularités; cependant je crois devoir, avec Va- lentin et Tréviranus , me déclarer contre l'existence réeile et primitive des varicosités en général. Valentin pense que ces va- ricosités sont produites principalement de la pression, de la traction et des déchirures partielles produites dans les gaines par la violence; Tréviranus les attribue à l'influence de la tempé- rature, de l'humectation avec l'eau, et d'autres agens ; et je suis disposé à me ranger de son avis; car les varicosités des fibres cérébrales me paraissent beaucoup trop régulières pour être regardées comme dépendantes de la déchirure accidentelle des gaines. Sans doute on ne peut nier que certains agens chimiques ne soient capables de faire resserrer localement la gaine celluleuse des fibres primitives, et de produire des varicosités , ni que cette gaine celluleuse ne puisse être forcée par une lésion de céder à la force expansive du contenu, et ne puissent déterminer égale- ment de cette manière la production de varicosités. Cependant la forme variqueuse des cylindres du cerveau et de la moelle épinière me paraît avoir sa raison , non pas tant dans les gaines que dans le contenu lui même, et dans sa tendance à prendre une forme globuleuse , car : j° Les fibres primitives des nerfs de très jeunes animaux montrent des varicosités fort régulières , sans qu'aucun réactif chimique ait agi, ou sans qu'aucune lésion mécanique des gaines ait été opérée. 2° Les observations rapportées un peu plus haut sous les nu- méros 2 et 3 prouvent que le contenu des fibres primitives seul , sans la coopération des gaines, peut se présenter sous la forme de fils variqueux. 3" Dans le contenu des fibres primitives du cerveau, quand il est devenu libre, nous reconnaissons une tendance à prendre la forme globuleuse, lorsque nous en désagrégeons, par l'écra- sement ou par la section , une parcelle de substance cérébrale. En effet, alors nous apercevons partout, entre les fibres muti- lées , des globules transparens plus ou moins gros, dont il a déjà été dit qu'ils sont dans la règle pourvus d'un double rebord, 9. i3a BORDACH. — Structure des nerfs. Je pense donc que le contenu des fibres primitives du cerveau et des nerfs possède une tendance spéciale à prendre, après l'extinction du principe de la vie, et tant qu'il est encore frais, un forme globuleuse; qu'au contraire la gaîne celluleuse s'oppose avec plus ou moins de succès, selon sa forme , à cette tendance, et que cette opposition s'exerce d'autant mieux que le contenu , en raison de sa viscosité, adhère en quelque façon à la surface interne de la gaîne. En conséquence , des varicosités ne peuvent paraître dans les fibres primitives à forte gaîne des nerfs péri- phériques qu'après l'action de puissances mécaniques ou chi- miques, et toujours d'une manière incomplète. Dans les mêmes fibres nerveuses, lorsqu'elles ont encore les parois minces, comme pendant la jeunesse de l'animal , elles se montrent régu- lièrement ; elles se montrent encore avec plus ou moins de net- teté et do constance dans les fibres des nerfs cérébraux plus ou moins délicats; enfin c'est dans les fibres, à parois tout-à-fait ténues, du cerveau et de la moelle épinière, que cette disposi- tion se rema.rque de la manière la plus constante et la plus ré- gulière. L'apparition constante de la forme variqueuse dans les fibres primitives du cerveau serait encore plus facile à expliquer, si l'on pouvait admettre que les fibres élémentaires du cerveau et de la moelle épinière ne sont nullement pourvues de gaines cellu- leuses ; mais que , séparées seulement par leur propre masse, elles sont juxtà-posées, étant formées par une substance dont la paitie extérieure périphérique serait d'une constitution plus visqueuse et formerait une écorce, tandis que la partie intérieure centrale serait plus fiuide. Cette opinion paraîtra peut-être vieil- lie, et elle est rejetée d'une manièreabsolueparEhrenberg etVa- lentin ; mais évidemment Erhenberg s'est trompé en prenant le double rebord des fibres primitives pour la limite interne et ex- terne de la gaîne. J'ai déjà traité suffisamment ce point; et, s'il est parvenu à produire un mouvement d'allée et de venue dans la matière contenue dans les tuyaux variqueux, cela ne prouve pas encore l'existence d'une gaîne particulière organique; car c'est peut-être seulement la partie centrale fluide de la substance, qui s'est mue dans l'intérieur de la paroi périphérique plus solide. I BUKDAÇH. — Sl/mctare des ncrjs. i33 Valentin , de son côté , prétend avoir aperçu la gaine vide des fibres primitives du cerveau; mais il pourrait y avoir en cela quel- que illusion. Ce savant (p. 40 ^ yn, chose très rare, comme il le dit lui-même , que, sous une forte pression exercée sur les fils va- riqueux de la substance cérébrale, le contenu de ces fils est sorti, et que j conformément à sa constitution demi fluide 3 il a formé des fils , présenté des varicosités dans ces fils, et montré, de même que les globules et le contenu analogue transparent des nerfs , les doubles rebords ; mais qu'en outre il est resté deux lignes extrê- mement fines et très facilement inaperçues, lesquelles désignent la gaine vide. Mais, comme l'auteur assure que les fils formés par le contenu exprimé hors de !a fibre avaient tout-à-fait le même as- pect que les fibres cérébrales elles-mêmes, ces lignes fines, prises pour la limite dts gaines restées vides, ne pourraient-elles avoir été ici seulement une trace demeurée sur la lame de verre de la fibre primitive formée d'une substance visqueuse, mais déchirée et dispersée ? Les gaines celluleuses, même dans les fibres primi- tives des nerfs , sont si délicates , si diaphanes , si incolores, que, une fois vidées, elles peuvent à peine être aperçues; en outre, il est imjjossible de les découvrir dans l'intérieur d'un parenchyme quand une fibre a été rompue par la pression ; enfin elles sont si peu colorées , que , considérées sur un corps opaque à la lumière directe, elles disparaissent complètement à côté de la blancheur du contenu. Je ne puis donc m'empécher de regarder comme impossible la perception distincte de ces gaines dans les fibres pruTiitives si fines du cerveau, quand bien même leur existence serait prouvée. Du reste, les observations suivantes paraissent favorables à l'o- pinion qui refuse aux fibres primitives du cerveau et de la moelle épinière une gaîne celluleuse réelle : 1" Une fibre variqueuse étant déchirée ou coupée, le con- tenu n'en sort p;is partiellement de lui-même comme dans les tuyaux cylindriques ; mais la substance qui forme l'extérieur de cette fibre revient aussitôt sur elle-même pour fermer l'ouver- ture. Si l'on voulait attribuer cela, comme le fait Ehrenberg, à une contraction de la gaîne, une telle contraction devrait être bien plus manifeste dans les gaines plus fortes des fibres cylin- i34 BURDACH. — Structure des nerfs. driqiies, et surtout, si la gaîne pouvait être distinguée , on de- vrait apercevoir une trace du bord. 2° Dans toutes les sections que l'on fait au hasard dans la substance cérébrale , l'instrument ne paraît rencontrer jamais ime p;irtie gonflée en bourrelet , mais toujours la partie qui est supposée servir d'union et être plus étroite; or, s'il existait une gaîne solide visible, il devrait se montrer çà et là des traces d'im bourrelet coupé. 3° Les cylindres primitifs des nerfs sont très aisés à séparer les uns des autres; les cylindresmédullaires, au contraire, tiennent fortement les uns aux autres ; et cependant on ne découvre entre eux aucune tracede tissu cellulaire interstitiel. Cette réunion plus solide s'explique le plus facilement , si l'on admet que les fibres primitives du cerveau ne sont pas isolées par des gaines solides , nais que, juxta-posées, elles sont tenues accolées les unes aux tutres par leur substance périphérique, visqueuse et à demi solide. 3. De la manière dont la substance des nerfs se comporte sous ^influence de diverses températures et de dcf/érens réactifs chimiques. Nous avons déjà vu que, même dans le mode de traitement le plus simple, les parties primitives de la substance des nerfs subissent un changement sous nos yeux, 'changement qui devient beaucoup plus rapide et plus profond quand la substance des nerfs est soumise à une puissance qui agit chimiquement ou dynamiquement. L'influence que de telles puissances exercent sur les fibres primitives , soit des nerfs , soit du cei'veau et de la moelle épinière, se manifestera, en tant qu'elle est reconnais - sable à l'œil, tantôt (et surtout) dans une modification de leur forme extérieure, tantôt dans une transformation de leur con- tenu primitivement limpide, tantôt enfin dans une destruction complète, c'est-à-dire dans une dissolution de leur continuité. Les fibres ]îrimitives du cerveau et de la moelle épinière subis- sent, sous les mêmes influences, une destruction complète plus rapidement que les fibres primitives des nerfs périphériques ; et nous ne nous en étonnerons pas, car les dernières, pourvues BURDA.CH. — : Stiuvtute cies nerfs. i35 de parois plus fortes et plus isolées» doivent naturellement dé- fendre plus long-temps leur existence. Mais les expériences sui- vantes doivent paraître plus singulières, et non conciliables avec la délicatesse, reconnue plus grande, de la substance du cerveau : i" Humectées seulement avec de l'eau pure, les fibres primitives des nerfs perdent peu-à-peu leur forme cylindrique primitive, tandis que les fibres primitives du cerveau conservent, sans altération, leur forme articulée; i" dans les mêmes cir- constances, le contenu des fibres primitives des nerfs se coagule, tandis que celui des fibres primitives du cerveau reste clair jus- qu'à la destruction de ces fibres elles-mêmes. La première de ces observations pourrait aisément nous conduire à conjecturer que les fibres primitives du cerveau possèdent des gaines dans les- quelles une forme déterminée serait imprimée plus fortement, et qui seraient elles-mêmes plus résistantes et moins accessibles aux réactifs que les gaines des fibres primitives des nerfs. Mais nous l'expliquerons avec plus de justesse, en admettant, d'après ce qui a été dit, dans le paragraphe précédent, de la forme ar- ticulée des fibres médullaires : Que les fibres du cerveau, quand elles se montrent à nous articulées, ont déjà subi un change- ment de leur forme originaire, et qu'il y a, dans les fibres pri- mitives des nerfs, tendance à un changement semblable; lequel ne s'opère que plus lentement et incomplètement, à cause de la force des gaines. La seconde observation, relative à la coagulation du contenu des fibres des nerfs et à la non-coagu- lation du contenu des fibres du cerveau, a conduit Ehrenberg à soutenir que les tuyaux du cerveau ne contiennent pas de moelle ntrveuse (c'est le nom qu'il donne au contenu, déjà coagulé, des cylindres des nerfs). Valentin dit aussi (p. 1 16) : La substiince parait être dans le système périphérique des nerfs, encore plus sensible aux réaclifs que dans la partie centrale ^ ce qui indique peut-être une différence intime (chimique?) , encore ignorée, de ces deux portions. Mais n'expliquerions- nous pas la chose beaucoup plus facilement, si nous voulions admettre la , conjecture émise dans le paragraphe précédent, à savoir que les fibres primitives du cerveau n'ont pas d'enveloppes vagini- formes, mais qu'elles ne consistent qu'en une substance plus j36 BunoACH. — Structure des nerfs. visqueuse à la périphérie, plus fluides au centre? De cette façon, il paraîtrait tout naturel que le contenu enfermé dans les gaines cellulaires des fibres des n^rfs puisse présenter une coagulation, un partage en particules solides, tandis que, pour les fibres cé- rébrales, ime pareille coagulation, un pareil partage, doivent nécessairement entraîner une destruction de toute la fibre. A\ant de passer aux expériences tentées pour connaître l'influence de différens agens sur la substance des nerfs, je regarde comme nécessaire d'exposer le procédé que j'ai suivi. Pour reconnaître l'influence d'une substance quelconque sur les élémens organiques des nerfs, je mettais sur une lame de verre un tronçon de nerf coupé sur une grenouille vivante, et je l'humectais avec une goutte d'eau tiède; puis, de la façon or- dinaire, je désagrégeais les fibres primitives au moyen d'une ai- guille; l'œil fixé sur le microscope, j'approchais de l'objet une ou plusieurs gouttes d'une solution concentrée de la substance à examiner, et je les laissais se mélanger avec la goutte d'eau. Ayant reconnu , de cette façon , l'effet instantané sur les fibres primitives isolées, je plaçais un autre tronçon frais de nerf dans une dissolution de la même substance , et je l'examinais au bout de vingt-quatre heures, en le considérant aussi bien dans l'état d'intégrité sous une légère compression que désagrégé dans ses fibres primitives. Malheureusement, je ne pouvais pas, avec une égale sûreté , observer l'effet instantané d'une substance sur les fibres primitives du cerveau ; car, les mettre à découvert, en écartant la substance cérébrale à l'aide d'aiguilles, est une opération difficile, qui prend beaucoup de temps et qui ne réussit jamais qu'imparlaitement; et , s'il est plus commode de les mettre à découvert par la compression, ce moyen rend im- possible l'emploi d'une substance pendant l'observation. En conséquence , je dus me contenter soit d'humecter avec quelques gouttes d'une solution concentrée des lamelles de substance ce* brale détachées sous l'eau tiède, et de les examiner aussitôt sous le compresseur, soit d'étudier de telles lamelles après un séjour devingt-quatre heur.es dans la mêmesolution.Dansces recherches, je n'ai jamais examiné et comparé que la substance nerveuse du système du nerf sciatique et !a substance blanche du cerveau. BDRDACH. — Structure des nerfs. ' iSy 1. Froid. Les fibres primitives des nerfs, traitées avec l'eau froide, se contractent et se gonflent par places, tantôt d'un côté, tantôt des deux , et en somme se raccourcissent et se froncent, enfin le contenu se coagule en masses irrégulièrement globu- leuses, qui , mélangées de petites bulbes, donnent à l'ensemble un aspect noirâtre : la quantité de la substance sortie à l'extré- mité n'est pas augmentée par l'action de l'eau froide; mais cette substance y manifeste une tendance à se séparer en grains, car on en voit des particules flotter cà et là à demi détachées , et d'autres, déjà détachées, nager librement. Cet effet paraît devoir être attribué non pas tant à une influence chimique de l'eau qu'à la température; car plus l'eau est froide, plus les phéno- mènes indiqués marchent rapidement, et l'eau chaude produit des effets tout différens. La substance cérébrale , préparée sous l'eau froide et puis examinée sous le compresseur, se montra comme dans le trai- tement par l'eau tiède; seulement, l'ensemble paraissait un peu plus sombre, et les varicosités plus petites et plus éloi- gnées les unes des autres. Si cette observation faite par moi ne concorde pas avec celle de Tréviranus, d'après laquelle les cy- lindres médullaires sont rendus plus larges par l'humeclation avec l'eau, la raison en est sansdoute que Tréviranus, observant par un degré élevé de température, a employé de l'eau devenue tiède, tandis que j'ai employé de l'eau de puits, tout-à-fait froide. Après un séjour de vingt-quatre heuresdans l'eau froide, dont la température cependant n'était pas conservée rigoureusement, les fibies primitives des nerfs ne montrèrent plus de double rebord : elles parurent composées seulement de grains agglu- tinées, ou bien elles s'étaient cornplèlement vidées de leur con- tenu, et elles présentèrent alors des cylindres uniformément clairs, limités par des lignes fines, et fermées en apparence, même aux deux extrémités; des masses obscures, grenues, flot- taient en grande quantité, (i) La substance cérébrale, ayant séjourne pendant vingt-quatre (i) Plandii- 4 , lig. io. i38 BURUA.CH. — i Structure des nerfs. heures dans l'eau froide, ne montrait que des fragmens de tuyaux articulés très distendus, tout-à-fait clairs, à limite simple; entre ces fragmens, on voyait des bulles de différentes grosseurs, et de plus, une substance claire et floconneuse. Pendant l'hiver, je soumis des nerfs fins et de fines lamelles de substance cérébrale à une congélation rapide ; mais je ne pus obtenir par là que de brillans crista ix de glace : les fibres primitives glacées ne se laissaient pas séparer les unes des autres, mais elles se brisaient: après le dégel, on apercevait, aussi bien dans les nerfs que dans la substance cérébrale , une masse pultacée et composée de par- ticules irrégulières. 2. Chaleur. De l'eau bouillante mêlée à Teau tiède employée pour humecter les fibres primitives des nerfs, de sorte que le mélange ne fût pas lout-à-fait bouillant, distendit en général considérablement les fibres piimitives, mais produisit aussi des varicosités par places isolées. Le contenu demeura clair et non coagulé. La température étant maintenue constante par l'instil- lation successive d'eau chaude, le contenu deineurant toujours clair se détacha peu-à-peu, soit d'un seul côté, soit des deux côtés de la gaîne, laquelle resta désignée par deux lignes lumi- neuses et généralement droites : le contenu forma tantôt des gonflemens unilatéraux, tantôt des perles allongées, tantôt enfin des colliers entiers de perles qui, indépendans de la gaîne, étaient cependant pourvus d'un double rebord (i). Après un temps plus long, des fragmens gros et petits se détachèrent et flottèrent sous formes de globules transparens. Quelques cylindres primitifs humectés avec de l'eau tiède, furent mis sous le microscope sur une longue lame de verre , et tme lampe à esprit de vin fut placée sous la partie qui dé- passait latéralement le porte-objet. Les cylindres primitifs s'é- tendirent d'abord régulièrement avec un contenu toul-à-fait clair, et ils perdirent leur double rebord; puis présentèrent, par places, des gonflemens buliformes, mais ils revinrent très promplement sur eux-mêmes, l'eau étant évaporée, et ils prirent. (i) Planvhe 4i fig- ' >• Bui.DACH. — Structure des nerfs. iSy en se desséchant, un aspect jaune cire un peu trouble, régu- lier. Des nerfs entiers tenus pendant quelque temps dans de l'eau bouillante, puis examinés, montrèrent un trouble laiteux de leurs enveloppes générales, de sorte que les fibres primitives ne pouvaient pas être reconnues nettement; aux deux extré- mités s'était extravasée beaucoup de substance claire. De la substance cérébrale préparée sous l'eau chaude montra des f'ragmens de tuyaux articulés qui étaient beaucoup dilatés, mais sans double rebord; les varicosilés semblaient être plus rares; ce qui provenait, peut-être, de ce que je ne vis pas de fibres un peu longues , mais seuhment des portions de ces fibres. 3. yl cide acétique . Appliqué sur des cylindres primitifs isolés, il produisit momentanément un trouble dans le liquide ambiant, puis un léger trouble dans les gaines. Le contenu extravasé resta suspendu à l'extrémité des tuyaux, ne s'augmenta pas, et forma de petites masses claires. Les fibres primitives isolées se rétré- cirent dans l'ensemble, ne formèrent pas de véritables varicosi- lés, mais prirent un bord inégal, déchiqueté, et, au bout d'un quart d'heure, parurent comme formée? de globules passable- ment égaux, d'un jaune clair, agglutinés les uns aux autres. Au bout de i[\ heures , la gaîne commune d'un nerf était presque complètement détruite dans le vinaigre; le tout avait un aspect clair, à-peu-près comme du coton peigné; des cylin- dres à délimitation simple, et formés comme de cire blanche, étaient rangés avec régularité parallèlement les uns à côté des autres. Ce n'était qu'avec peine qu'on pouvait les détacher in- tacts les uns des autres; alors ils paraissaient plutôt dilatés que rétrécis, et comme formés d'une substance à grains très fins, mais cohérens. De la substance cérébrale coupée en lamelles dans du vi- naigre, puis comprimée, laissa voir des fibres articulées exces- sivement fines, qui ne ressemblaient qu'à des lignes obscures, interrompues çà et là par des globules. Après a4 heures, il se montra, sur des lamelles de substance cérébrale qui avait séjourné dans le vinaigre, une substance i4o BUKDACH. — Structure des T^erfs, floconneuse, trouble, qui formait le fond; sur cette substance apparaissaient ensuite, à l'aide d'une certaine pression, de grosses boules ou cercles à délimitation simple, puis des masses claviformes aussi à délimitation simple, et des fragmens irrégu- liers de fibres variqueuses qui étaient deux fois aussi grosses que les fibres primitives des nerfs (i). Par une pression réguliè- remeîit continuée, toutes ces formes s'allongèrent |)rogressive- ment, perdirent parla en largeur, et formèrent enfin un réseau de fibres variqueuses, qui étaientsend)lables aux fibres normales, mais manquaient du double rebord, et les surpassaient de beau- coup en grosseur. 4- Alcool. iMêlé à la goutte d'eau qui humectait les fibres pri- miiivesdes nerfs, l'alcool produisit un trouble laiteux momen- tané et un mouvement général dans le liquide; toutes les fibres primitives se vidèrent par un jet rapide de la |)lus grande partie de leur contenu aussitôt coagulé; les particules de ce contenu furent entraînées dans un tourbillon accéléré, et puis, étant rem- plies d'eau, apparurent comme des masses floconneuses et d'un brun clair. Les tuyaux même étaient rétrécis; mais, néammoins, tant qu'ils ne furent pas touchés par le réactif, ils se montrèrent avec des bords presque droits et avec de fines marbrures. La des- siccation étant survenue par l'évaporation de l'esprit de vin , la même apparence ne se manifesta que par le traitement défibres primitives par le vinaigre; seulement, il resta plus de traces d'une disposition fibreuse. Un nerf mis pendant it\ heures dans l'esprit de vin montra une gaîne trouble, très solide, à travers laquelle, même sous une forte pression, les fibres primitives ne se voyaient pas; après la section de cette gaîne , les tlbres isolées , très resserrées étaient faciles à séparer, mais raides et faciles à casser; elles avaient l'apparence, indiquée plus haut, de fines marbrures, comme si elles étaient composées de globules opaques (2). Pro- bablement c'est cette apparence des fibres endurcies par l'alcool qui fit penser antérieurement que les fibres des nerfs consistaient (i) Planche 4, fig. 13. (i) Planrhe 4, fig- 1 3. BURDACH. -^ Structure des nerfs. i4i en séries de globules médullaires. Je reconnais comme très juste l'observation faite par Weber {^Anatomie de H.ildebrandt,X.\ ^ p. i4'3), d'après laquelle des globules de la substance des nerfs se séparent les uns des autres dans l'eau et flottent isolés; ce- pendant je suis convaincu que ces globules n'existaient pas originairement, mais qu'ils étaient le produit de la coagulation. La substance cérébrale, coupée en lamelles dans l'alcool, puis comprimée, n'a montré que des masses à grains fins, et nulle trace de fibres. C'était la même chose quand ces lamelles avaient séjourné it\ heures dans l'alcool; cependant il me pa- raît digne de remarque que, dans des recherches antérieures sur des lamelles prises au centre ovale de cerveaux humains, conservées depuis très long-temps dans l'alcool , j'ai fré- quemment aperçu, à l'aide de la compression des fibres vari- queuses. 5. Carbonate de potasse. Ce sel , en solution saturée, faisait sortir, en un jet lent, le contenu des fibres des nerfs, sous forme d'un liquide visqueux : le contenu restait long-temps clair, ne se détachait pas de l'extrémité de la fibre primitive, mais y formait de gros caillots qui prenaient les formes les plus singulières. La fibre primitive elle-même conservait une appa- rence claire et des bords unis, et, malgré la grande quantité du contenu qui était sortie, elle se montrait encore remplie d'une substance claire et formée de gros globules. Après vingt-quatre heures de l'action d'une solution de carbo- nate de potasse, les fibres primitives d'un nerf semblèrent des cy- lindres, non parfaitement unis, de cire blanche; de l'enveloppe générale du nerf on reconnaissait à peme quelques traces ; les cylindres primitifs avaient une faible ligne interne de délimi- tation, et point de ligne externe; la moelle paraissait une masse claire, complètement uniforme. La substance cérébrale, plongée dans une semblable solution, fut très promptement convertie en une masse gélatiniforme, dans laquelle on ne pouvait reconriaître aucune trace de fibres. (i. Sublimé En solution concentrée, ce sel produisit sur lesfibres primitives des nerfs un froncement presque instantané, et puis une dissolution en masses opaques , grenues; dans une solution i7|a BURDACH. — Structure des nerfs. d'un crain pour une once, le sublimé ne produisit aucun effet différent de ceux de l'eau froide. Après avoir séjourné vingt-quatre heures dans une solution aussi faible, le nerf parut solide, avec une gaîne opaque; les fibres primitives étaient très resserrées , très raides, et entremê- lées d'une substance nuageuse, amorphe. La substance cérébrale s'y comporta comme dans l'alcool. 7. Créosote. Une solution de cette substance produisit instan- tanément, dans les fibres des nerfs, l'apparence que ces fibres ne prennent qu'au bout de vingt-quatre heures dans l'alcool (rétrécissement, double rebord et composition apparente de globules noirâtres}; cependant le contenu ne fut nullement expulsé. Au bout de vingt-quatre heures, les fibres primitives étaient dures, obscurcies par un contenu coagulé, sans double rebord, et avec une délimitation externe inégale. La substance cérébrale prit, par le séjour dans l'eau de créo- sote, une apparence opaque, et montra, il est vrai, des stries fines et obscures , mais point de fibres réelles. 8. Sel marin. La solution de sel marin se comporta, dans ses effets sur des fibres de nerfs isolées , comme l'eau froide, si ce n'est que tout marcha plus rapidement; les fibres primitives d'un nerf y étaient devenues très claires après un séjour de vingt- quatre heures; le contenu parut fluide et détaché, çà et là, de la gaîne; le double rebord s'était perdi; en très grande partie; l'enveloppe générale des nerfs montrait encore l'apparence tendineuse dans les nerfs que l'aiguille n'avait pas désagrégés. La substance cérébrale, après avoir été exposée pendant vingt-quatre heures à la solution saline, parut comme une aggré- gation de globules ou disques , gros ou petits, transparens , à dé- limitation simple. 9. Jlun. L'alun produisit instantanément une certaine con- traction dans les fibres des nerfs et une prompte coagulation de leur contenu. Au bout de vingt-quatre heures , les fibres des nerfs étaient complètement revenues sur elles-mêmes dans la solution d'alun; elles étaient devenues molles, et la substance BtTRDACH. — Structure des nerfs. i43 cérébrale fut presque complètement dissoute par l'alun. Les effets du nitre furent tout-à-fait semblables. lo. Jcide hydrocyanique. Cet acide, mis sur des fibres piimi- tives isolées, se montra d'abord tout-à-fait sans action; mais peu-à- peu il se manifesta un effet très remarquable : les cylindres des nerfs devinrent très gros, ils parurent très finement marbrés, et cependant encore transparens; leur délimitation était simple, unie, rectiligne; la sortie du contetiu ne fut pas accrue. Appli- qué sur la substance cérébrale, l'acide hydrocyanique parut agir par voie de dissolution ou de ramollissement; car, après que j'eus aperçu une disposition fibrillaire, cette disposition disparut presque complètement sous une pression un peu forte, et je ne vis plus qu'une aggrégation de globules clairs, à déli- mitation simple, réguliers pour la plupart. Je ne veux pas citer ici toutes les autres substances que j'ai soumises aux mêmes essais; car aucune de ces substances ne produisit un effet notablement différent des effets décrits plus haut. On peut tirer de ces recherches les conclusions suivantes : I. Le froid exerce une aclion astringente et compressive, la chaleur une action expansive, sur les élémens organiques du système nerveux : la première hâte la coagulation , commencée dès l'interruption de la vie, de la moelle ou de la substance qui, indépendamment des gaines celluleuses, constitue ces élémens organiques. L'eau pure n'a point d'action; mais hâte la décom- position de la substance nerveuse qui y séjourne, en paraissant pénétrer entre^les particules primitives et leurs enveloppes va- giniformes. L'eau tiède est ce qu'il y a de plus utile pour l'ob- servation des fibres primitives d'un tissu nerveux quelconque; mais, quand il s'agit de disséquer ce tissu avec le scalpel, l'eau froide est préférable. 1. L'acide acétique attaque principalement les gaines cellu- leuses des particules primitives de la substance des nerfs, et, avec le temps, il les dissout complètement; c'est avec moins de promptitude, mais toujours en ramollissant et en atténuant, qu'il agit sur la partie médulla re des nerfs. Coujme les tissus 1^4 BCRDACH. — Structure des nerfs. organiques qu'il pénètre gagnent en clarté et en transparence, l'acide acétique pourrait être employé à rendre reconnaissable le trajet des nerfs dans l'intérieur d'un parenchyme; mais il ne faudrait pas s'en servir sur des parties non cachées du sys- tème nerveux. 3. L'alcool agit en décomposant et en coagulant la partie médullaire des nerfs, en épaississant et en resserrant les en- veloppes celluleuses. C'est par ce dernier effet seul que l'on peut expliquer la rapide sortie du contenu coagulé hors des fibres priiTiitivts des nerfs, humectées avec l'alcool. Si on admet cette influence de l'esprit de vin sur les gaines celluleuses, et si l'on fait attention que son action sur de fines lamelles de sub- stance cérébrale en décompose aussitôt les tuyaux articulés, on y verra peut-être une confirmation de la conjecture expri- mée par moi plus haut, savoir : que les fibres primitives du cerveau n'ont point de gaines celluleuses. Dans de grosses masses de substance cérébrale durcies par l'alcool, les tuyaux articulés semblent bien conserver leur forme, par cette raison que, également enclos de tous les côtés par les fibres voi- sines, ils ne peuvent pas, même après la coagulation, changer leur situation et leur forme originaire. En conséquence, l'alcool, d'une utilité reconnue pour conserver les tissus nerveux et pour rendre visible la disposition fibreuse du cerveau et de la moelle épinière, ne serait pas convenable pour étudier avec fruit microscopiquement lesélémens organiques du système nerveux. 4. Le carbonate de potasse agit en dissolvant et en fluidifianl d'abord la moelle, les gaines celluleuses de la substance des^nerfs; ainsi son action a lieu dans un ordre inverse de celle de l'acide acétique. Pour tous les tissus nerveux, délicats et libres, il con- viendrait peu de l'employer; mais, appliqué avec précaution, ce sel pourrait servir à rendre distincts les nerfs marchant dans l'intérieur d'un parenchyme qui les cache. 5. Le sublimé paraît resserrer en même temps la moelle et la gaîne, et ainsi ne pas permettre la sortie de la première; du reste, il partage les ioconvéniens et, les avantages de l'alcool. 6. La créosote paraît agir d'ime façon très semblable à l'alcool, et elle peut mériter les louanges que lui donne J. 'MuWer {Archwes EURDAGH. — Structure des herfs. i45 i834, p- 95) pour la conservation et la dissection delà substance cérébrale; elle ne procure aucun avantage pour l'anatomie mi- croscopique du système nerveux. 7. L'alun et le nitre n'ont pas justifié les qualités conservatrices qu'on leur a attribuées dans ces derniers temps relativement à la substance nerveuse ; car ils dissolvent aussi bien la partie médullaire que les gaines. Au contraire, le sel marin pourrait être employé avec utilité, an moins pour conserver fraîches pendant quelques heures les[fibres primitives des nerfs. 8. L'acide hydrocvanique paraît étendre et fluidifier la moelle des nerfs : il ne devra donc pas être employé là où ï'on voudra rendre les fibres des nerfs plus distinctes à l'œil. Je n'ose pas encore décider s'il peut être utile d'une autre façon pour l'ana- tomie microscopique. 4. De la manière dont les parties primitives du système nerveux se comportent suivant les différences de Vàge, du genre de mort , de F espace écoulé depuis la mort , et aussi dans les états anomaux. R. Remak , par ses recherches très soigneuses , publiées dans les archives de Mûller, t. 11, p. i45, a démontré que les nerfs parcourent encore leurs degrés de développement lorsque d'autres systèmes sont déjà complètement développés; que leur forme originaire est celle de masses globuleuses , sans texture déterminée ; et que les fibres primitives des nerfs sont d'abord variqueuses , mais que successivement elles deviennent cylin- driques par des transitions graduées. Quoique je n'aie pas étendu mes observations sur des embryons humains; cependant j'ai trouvé la confirmation de ces expériences dans le fait suivant: Sur de petites grenouilles et des lapins âgés seulement de deux semaines, je n'ai vu, dans le cerveau » aucune fibre; je n'y ai aperçu que des masses globuleuses; mais, dans les nerfs péri- phériques , j'ai observé des fibres primitives variqueuses très fines , à parois minces, et , à cause de cela , très facilement dc- chirables, lesquelles fibres prenaient, par places, une forme cylindrique. A ce sujet , je dois encore observer que les fibres IX. '/moi..— - Mars. lo ^r46 BimoACH. — Structure des nerfs. primitives des nerfs ne procèdent nullement avec régularité d;ms leur développement ; car, sur des grenouilles, jeunes , il est vrai , mais pas tout-à-fait petites , j'ai trouvé fréquemment dans le nerf sciatique,à côté des tuyaux cylindriques, d'autres tuyaux isolés encore articulés, tançais que j'ai toujours cherché en vain, malgré le plus grand soin, ces tuyaux articulés dans le même nerf d'une grenouille adulte : une légère différence dans la grosseur des fibres primitives isolées se trouve aussi, pour le dire en passant» sur les grenouilles les plus âgées. Dans un âge avancé, ce ne sont pas tant les fibres primitives elles-ménves que les gaines générales des nerfs et les gaines des faisceaux nerveux qui parurent se modifier. Sur de vieux lapins et des grenouilles très grosses, les nerfs, nommément le scia- tique, me parurent, au premier aspect, remarquablement gros; mais, quand je les eus disséqués, je ne découvris ni une gros- seur particulière des fibres primitives , ni une différence dans l'aspect de leur contenu; mais le névrilème et la gaîne générale des nerfs étaient évidemment d'une apparence plus opaque qu'à l'ordinaire. La décomposition de la substance des nerfs s'opère très promp- tement après la mort , et paraît tnarcher pour les nerfs, compa- rativement avec plus de rapidité , quand , retirés du corps , ils ont été mis dans l'eau , pour le cerveau et la moelle épinière, quand ces parties sont restées dans le cadavre. Le cerveau et la moelle épinière ont , pendant la vie , de la fermeté et de la tension , qui disparaissent de plus en plus après la mort, jusqu'à ce que le tout forme une pulpe molle; les nerfs se conservent plus long-temps, elles périphériques plus que les nerfs des sens. Sur le cerveau d'une grenouille tuée par asphyxie, lequel était resté pendant douze heures clans le corps par une température d'environ iS" R, , à peine reconnaissait-on une trace de fibres primitives, et, au bout de vingt-quatre heures, la décomposition était complète; au contraire, les nerfs demeurés dans le corps ne se montrèrent coagulés dans leur contenu qu'au bout de Tingt-quatre heures, du reste sans changement et avec une forme droite, cylindrique. Au bout de quarante-huit heures, ils pa- rurent tels que je les avais observés après un séjour de vingt- BDRDAGH. — Structure des nerfs. ^ i[,n quatre heures dans l'eau ; et , après trois jours , toutes les fibres primitives étaient, il est vrai, détruites ; mais la gaîne commune demeurait encore ferme , tandis que les parties molles environ- nantes étaient complètement décomposées, le nerf optique à l'exception de sa gaîne, avait, au bout de vingt-quatre heures été détruit par la putréfaction. Sur des grenouilles tuées par différons poisons, par l'injec- tion d'eau-de-vie , etc. , je ne pus observer aucun changement dans la disposition de la substance des nerfs; cependant des phé- nomènes remarquables se montrèrent suivant les différens genres de mort: 1. Après la mort par hémoirhagie ( une grenouille ayant été mise dans de l'eau tiède après la section des plus gros troncs ar- tériels), rien de notable ne parut dans le cerveau, au contraire les fibres des nerfs non-seulement présentèrent leur contenu complètement coagulé dès leur seule désagrégation ; mais encore elles parurent comme déchirées, avec un rebord inégal, déchi- queté. 2. Après la mort par asphyxie, produite parla combustioŒ du soufre dans un vase ferme, non-seulement les vaisseaux les plus ténus du cerveau, mais encore tous les nerfs périphériques, parurent notablement gorgés de sang. Cela se vit d'une manière très belle, particulièrement dans les nerfs fins qui, chez la erre- nouille, marchent entre les muscles et la peau, avant de s'en- foncer dans cette membrane, ce qui a peut-être quelque con- nexion avec le fait connu , que , chez la grenouille , la peau doit être considérée comme un organe qui concourt à la respiration. Dans ce cas, à l'intérieur de la gaîne du nerf, de chaque côté du faisceau serpentant des fibres, apparut un vaisseau contenant peut-être deux globules sanguins à côté l'un de l'autre, complè- tement rempli par ces globules, ayant un trajet rectiligne , vais- seau dont la paioi ne se faisait pas reconnaître (i).Ces deux vais- seaux collatéraux , desquels, au reste, l'œil ne pouvait juger si c'étaient des artères ou des veines (car on ne voyait aucun autre vaisseau qui leur correspondît), étaient unis l'un à l'autre de (i) Planche 4 .Cg- M. li^S iîriRnA.CH. — Structure des nerfs. loin en loin par des ramuscules ne contenant qu'un globule sanguin, passant transversalement sur le faisceau des fibres, mais sans entrer, nulle part, dans les fibres primitives elles-mêmes^ De pareils ramuscules d'union se montraient aussi quand je re- tournais les lames de verre portant l'objet, et que je le considé- rais par l'antre face. Cette observation, que j'ai répétée plusieurs fois et que j'ai toujours trouvée confirmée, me paraît avoir de l'importance sous un double rapport .-pour la pathologie, car elle montre comment, dans la suffocation, non-seulement le cerveau, mais les nerfs périphériques sont gorgés de sang, et par consé- quent éprouvent probablement une com|)ression dans leurs par- ties élémentaires ; pour l'anatomie des nerfs, car elle enseigne que les faisceaux nerveux sont enveloppés d'un réseau de vaisseaux sanguins, tandis qu'aucun vaisseau de cette espèce ne pénètre entre les fibres primitives elles-mêmes. Le trajet tout-à-fait recti- lic'ne des deux vaisseaux à côté du faisceau de fibres, lequel serpente, pourrait encore être un argument pour prouver que cette disposition serpentante est normale pour le faisceau ner- veux , mais qu'elle n'appartient pas à la gaine; car, si la flexuo- sité du faisceau nerveux ne se produisait (pi'après qu'il a été coupé , il ne pourrait pas dépasser la gaine aux deux extrémités; et si la gaîne s'était raccourcie , les vaisseaux auraient eux-mêmes pris une disposition flexueuse. 3. Une grenouille ayant été tuée par V acide prussigue, je ne trouvai aucun changement dans la substance cérébrale ; je ne reconnus nettement que des tuyaux cylindriques, mêlés de glo- bules transparens et à délimitation simple, et , à côté , beaucoup de t^lobules sanguins. Peu-à-peu parurent aussi les fibres articu- lées ; mais , aussitôt après , le tout se décomposa en une agrégation de ces globules clairs dont il a déjà été parlé. Désirant étudier la manière dont se comportent les fibres des nerfs dans une inflammation locale, je jugeai que la peau de la grenouille était tout-à-fait propre à des recherches de ce genre, à cause de sa richesse en nerfs; mais la partager, après l'excitation de l'inflammation, en couches, suivant la méthode employée par moi pour rechercher le trajet des nerfs de la peau, n'aurait pu me conduire à rien ; car la substance , mise en usage pour BURUAcri. — Structure des nerfs. i/jf) exciter l'inflammation , aurait agi en même temps sur les nerfs d'une manière destructive.il fallut donc me contenter d'exami- ner les nerfs de la peau dans leur trajet hors de la peau, après avoir excité préalablement une inflammation dans cette mem- brane. Pour mettre la peau de la grenouille en état d'inflamma- tion , j'employai d'abord des vésicatoires, des sinapismes et le fer chaud , mais sans succès ; car l'augmentation de la sécrétion, muqueuse en neutralisa l'action: des acides actifs, auxquels la peau de la grenouille est excessivement sensible , tuaient l'animal avant d'avoir produit localement un effet visil)le. Ce qui me réus- sit le mieux fut le nitrate d'argent. La peau du dos d'une grenouille, ayant été touchée avec la pierre infernale , on aperçut aussitôt la destruction de l'épiderme ; mais , au bout de vingt-quatre heures , l'animal parut tout entier affecté d'un gonflement hydropique: l'interstice entre les muscles et la peau, qui ordinairement ne contient qu'un peu de lymphe, était rempli d'un fluide séreux épais. Ayant examiné aussi- tôt les troncs nerveux qui entraient dans la peau et qui alors étaient tendus assez fortement, je trouvai leurs fibres primitives dans un état tout-à-fait extraordinaire: elles étaient toutes grosses et raides, n'avaient point de double rebord, ne montraient aucune trace d'un contenu grenu et semblaient des outres transparentes, et remplies d'un fluide d'un jaune mat. Faut-il considérer ce phé- nomène, que j'ai observé plusieurs fois dans des circonstances semblables, nommément après des incisions à la peau, comme un effet de l'hydropisie seule ou aussi de l'inflammation de la peau? c'est ce que je n'ose pas encore décider; mais je me pro- pose de rechercher la chose sur des animaux à sang chaud. Le hasard me plaça sous les yeux une grenouille qui m'avait échappé dans mes recherches de l'année précédente, ou qui avait été mutilée d'ime toute autre façon, car elle avait subi une ampu- tation de l'extrémité atitérieure; le moignon était très bien cica- trisé. Je saisis cette occasion pour rechercher le mode de termi- naison des fibres nerveuses dans les nerfs mutilés ; mais je n'y réussis pas, car l'extrémité dts nerfs s'était entourée au moignon d'iuie substance si épaisse, et s'était par elle si intimement unie il la |)cau, que je ne pus pré[)iier les fibres pi'iniitives, dans un i5o BunDACfi. — Structure des nerfs. érnrd'intégrité jusqu'à leur extrémité. Poursuivre le même objet, je coupai transversalement, sur plusieurs grenouilles, le nerf sciatique, épargnant la peau le plus possible et ménageant les gros vaisseaux. L'opération produisit immédiatement peu de dés- ordre ; les animaux ne faisaient que traîner l'extrémité blessée, et suivre, en sautant, une direction un peu oblique du côté opéré : mais la plupart ne survécurent que peu de temps à l'opération; et j'en trouvai deuxseulement vivant encore le quatorzième jour,' avec la plaie de la peau cicatrisée. L'examen me montra que le nerf coupé n'était pas réuni immédiatement. Les deux bouts étaient éloignés l'un de l'autre d'une ligne au moins; mais ils tenaient entre eux et aux muscles voisins par l'intermédiaire d'un fin tissu cellulaire; les deux bouts étaient claviformes et enveloppés d'une substance celluleuse. Sur les fibres primiti\es du bout inférieur, je remarquai seulement qu'ils étaient pourvus de moelle tout comme les fibres intactes; leurs extrémités coupées se voyaient clairement dans cette substance celluleuse à l'aide d'une légère compression; et chacune avait une petite tête claviforme, qui semblaitcomposéedesubslancemédullaire, exprimée et coagulée. Au bout supérieur on découvrait manifestement un dérangement considérable; quelques fibres primitives étaient, d'une manière reconnaissable, pourvues de ces petites têtes, mais d autres s'é- •aient infléchies et disparaissaient avec leurs extrémités entre les libres les plus serrées du tronc lui-même, après avoir formé, rer:' la surface des sections, une anse manifeste (i). Je ne puis nier d'avoir procédé à cet examen, d'après la doctrine de Valentinsur les anses terminales d'inflexion et avec une idée préconçue , a savoir avec l'idée de voir si les fibres primitives coupées ne se seraient pas unies avec d'autres fibres congénères, et n'auraient pas formé ainsi des anses d'inflexion. En conséquence, je ne veux pas attacher une trop grande importance à ces anses vues par moi ; je préfère les attribuer à une contraction, à un jfronce- ment survenu après la cessation de la tension: mais, pour être fidèle à la vérité, je n'ai pu m'empêcher de les mentionner. Une préparation propre à mettre à nu les fibres isolées ne pouvait, (i) Planche 4, fig- i5j. BUROACH. — Structure des nerfs. i5t clans ce cas, rien décider; car elle n'aurait pu s'exécuter sans la lésion de ces fibres. Pour observer la manière dont se comportent les nerfs coupés, je fis à plusieurs grenouilles des incisions dé la peau ; mais je n'ob- tins quelques résultats que lorsque ces incisions étaient très pe- tites; quand elles étaient un peu considérables, lesmouvemens de l'animal les maintenaient béantes, et il mourait au bout de quelques jours sans une trace de guérison. Lorsque je séparais , des couches supérieures ne contenant aucun nerf, un lambeau de peau de grenouille marquée d'une incision cicatricée , et formant par conséquent un tout continu, la cicatrice se montrait sous le microscope comme composée de globules très serrés à côté les uns des autres. A côté de ces globules je reconnaissais la distribution des nerfs , tell« qu'elle sera décrite dans le para- graphe suivant; mais tous les ramuscules qui avaient été coupés se terminaient dans !e voisinage du bord de la cicatrice , par une petite tête ronde qui ressemblait à un caillot de substance médullaire exprimée et coagulée. Aucun rameau nerveux ne sa continuait dans la cicatrice elle-même, aucun des rameaux coupés ne présentait une inflexion latérale d'apparence nouvelle ( i ). Ainsi celte observation ne confirme nullement la conjecture exprimée par moi plus haut, savoir : que des fibres primitives coupées, formant des anses d'inflexion, pourraient se réunir à leurs fibres congénères pour rétablir leur continuité , et, comme nous possé- dons aussi la sensibilité dans les cicatrices ou dans un moignon, on pourrait en conclure que des anses terminales d'inflexion ne sont pas in lispensables à la sensation. Plusieurs fois j'ai pratiqué sur la grenouille la ligature du nerf sciatique au milieu de la cuisse, et par là j'ai produit sur les mouvemens de l'animal un effet tout-à-fait semblable à celui qui résulte de la section du même nerf. Le point de la ligature examiné au bout de huit jours, j'y ai trouvé le nerf et le fil même enveloppés par un tissu cellulaire floconneux. Après avoir détaché le fil et désagrégé les fibres primitives au moyen d'une aiguille , je fus frappé de voir que ces fibres , aussi bien au-dessus (i) Planche 4, fig. 16 j. i5a RURDACU. — Structure des nerfs. qu'au-dessous de la ligature, étaient dans un état parfaitement normal , ni rétrécies ici , ni élargies là, et contenant au dessus et au dessous une quantité tout-à-fait régulière de substance médullaire. D'après les faits connus , on peut admettre que le maintien plus prolongé de la ligature produirait un raccourcisse- ment de la partie située au dessous de la ligature ; mais je n'ai pu observer ce raccourcissement,attendu que l'état des animaux dont quelques-uns moururent très peu de temps après l'opéra- tion , me força de hâter l'expérience. Mais aussi cette observa- tion me paraît donner une preuve sufâsante qu'il ne faut pas songera un mouvement de la substance raédullairedansles fibres primitives, à un véritable courant de cette substance dans une direction déterminée. La manière dont la partie inférieure du nerf se comporte après la section indiquée plus haut , montre encore que, si l'on coupe un nerf sur une grenouille vivante, fixée d'une façon convenable après avoir mis dessous, pour plus de netteté , une lame de verre, on voit sortir aussi une petite quantité de substance médullaire par la partie supérieure que par la partie inférieure; et cette sortie est momentanée, de sorte qu'on ne peut l'entretenir avec de l'eau tiède. RIÉSDMÉ. Je termine ici la série de mes observations et expériences: je sens combien elles sont imparfaites ; cependant je crois avoir démontré que des recherches entreprises sur le même plan , mais poussées plus loin que celles de mes devanciers , doivent être d'une utilité essentielle pour la physique des nerfs. Je résume, pour les rendre plus compréhensibles, les résultats de mes ob- servations, en omettant tout ce qui est sans importance et ce qui est déjà suffisamment connu. I. L'apparence tendineuse visible à la surface de nerfs entiers ou de forts faisceaux nerveux, dépend non d'une incurvation onduleuse des fibres cellulaires qui forment la gaîne, mais d'une disposition infléchie, tortueuse dans tous les sens, des faisceaux des fibres primitives dans l'intérieur de la gaine. BURDACH. — Structure des nerfs. 1 53 1. Le nerf paraît conserver son enveloppe aussi dans l'inté- rieur des organes. 3. Les fibres primitives ne sont pas plus fines au dedans qu'au dehors des organes. 4. Le contenu de toutes les fibres primitives des nerfs est, dans l'état naturel , transparent et visqueux: il n'est changé en une substance grenue que par la coagulation. » 5. Les fibres primitives sont d'abord cylindriques; mais, après la mort, et lorsqu'elles sont mises sur une surface plane, elles se dépriment dans leur centi'e; ce qui leur fait prendre, par réfrac- tion, un rebord double en apparence. 6. La forme noueuse est, à la vérité , propre aux fibres pri- mitives du cerveau et de la moelle épinière; mais elle ne leur est pas essentielle ; ce qui la détermine , c'est que la substance mé- dullaire a une tendance à prendre la forme globuleuse, et doit pour cela triompher de la résistance des gaines. 7. Plusieurs indices rendent probable que les fibres primitives du cerveau n'ont aucune gaîne cellulaire, mais sont formées d'une substance corticale un peu plus épaisse, et d'une substance centrale un peu plus fluide. 8. Le froid agit par contraction, la chaleur par expansion sur les fibres des nerfs ; Teau n''a point d'action ; le vinaigre agit par ramollissement et dissolution d'abord sur les gaines celluleuses, puissur la substance médullaire; la potasse, d'abord la substance médullaire, puis sur les gaines. L'alcool coagule la substance mé- dullaire, épaissit les gaines; la créosote et le sublimé agissent d'une manière tout-à-fait semblable ; l'alun et le nitre dissolvent les gaines et la substance médullaire ; !e sel marin agit moins éner- giqueraent, et l'acide prussique semble atténuer et étendre le contenu des fibres primitives. 9. Les fibres des nerfs atteignent leur développement complet plus tard que d'autres tissus organiques: elles sont formées ori- ginairement d'une substance grenue et passent de la forme vari- queuse à la forme cylindrique successivement, mais non avec une régularité parfaite. 10. Par l'âge, les gaines communes des nerfs et le névrilème j54 BUKDA.CH. — Structure des nerfs. seuls s'épaississent; les fibres primitives mêmes ne subissent au- cun chanf3[emenl appréciable. 1 1 . La décomposition par la putréfaction marche le plus rapi- dement dans le cerveau et la moelle épinière , moins rapidement dans les nerfs des sens, moins rapidement encore dans les nerfs périphériques. Cette décomposition s'opère avec le pkis de rapi- dité pour le cerveau et la moelle épinière, quand ils sont restés dans le corps mort, tandis que pour les nerfs périphériques elle est la plus prompte quand ils ont été mis dans l'eau- 12. Après la mort par hémorrhagie, les fibres primitives des nerfs ont un aspect affaissé, déchiré; après la mort par suffoca- tion , les nerfs périphériques sont aussi gorgés de sang; après la mort déterminée par l'acide hydrocyanique, les fibres du cerveau se montrent sous la forme cylindrique et se résolvent rapidement en globules transparens. i3. Les vaisseaux sanguins qui vont aux nerfs ne pénètrent pas entre les fibres primitives, mais entourent seulement d'un réseau les faisceaux de fibres. [4- Par l'hydropisie et peut-être aussi par l'inflammation, les fibres primitives des nerfs prennent l'apparence d'utricules trans- parentes, gorgées de liquide. i5. Des nerfs coupés se réunissent, non pas immédiatement, mais par un tissu cellulaireintermédiaire: ils paraissent se fermer, à leur extrémité coupée, par une substance médullaire qui en sort; il n'entre point de nouveaux ramuscules nerveux dans la cicatrice de plaies guéries. i6. Dans les fibres primitives des nerfs, il ne s'opère aucun mouvement de la substance médullaire dans une direction déter- minée. CHAPITRE II. SUR LA. MARCHE ET LE MODE DE TERMINAISON DES NERFS DANS l'enveloppe TÉGIIJIENTAIRE EXTÉRIbUHE ET DANS LES MUSCLKS. En général on est d'autant plus porté (et l'on n'a pas tort) à donner créance à une observation que moins de moyens artifi- BiiRDAcn. — Structure des nerfs. i55 ciels y ont été employés; mais cela ne peut pas nous empêcher de mettre en usage, pour éclairer un point encore obscur dans l'his- toire naturelle, tous les moyens à notre disposition , pourvu que nous en connaissions l'influence sur les objets à examiner et que nous ne perdions jamais de vue cette influence. Après avoir humecté, pendant la préparation , un morceau de peau de gre- nouille avec du vinaigre, ou, ce qui est plus commode , mais ce qui n'est pas aussi sijr, après avoir laissé le tout pendant quelques heures dans le vinaigre, je réussis à partager cette membrane en trois couches et à déchiffrer de cette façon l'énigme de la distribution des nerfs de la peau. On pourrait peut-être conce- voir au premier abord un préjugé défavorable contre une obser- vation ainsi faite; car je la dois à une substance acide dont j'ai moi-même exposé un peu précédemment les effets dissolutifs et même destructifs sur les fibres des nerfs; je partagerais même ces doutes contre la vérité de mon observation, s'il m'était resté, dans l'exploration de la marche des nerfs , quelque lacune ou quelque imperfection. Mais j'ai pu, comme nous le verrons bientôt, suivre complètement et sans interruption chacune des fibres nerveuses depuis son entrée dans la peau jusqu'à sa sortie ; ainsi le doute en question doit disparaître comme dépourvu de fondement. Il importe peu que le moyen employé par moi ait dissous la gaîne celluleuse, fluidifié le contenu, pourvu que la fibre elle-même ou la trace qu'elle a suivie reste reco*unaissable. Je ne tiens non plus ici aucun compte de l'influence que la même substance peut avoir exercée sur les tissus environnant les nerfs, car je ne décris ces tissus que sous l'aspect qu'ils m'ont présente dans mes recherches. La peau extérieure de la grenouille , qui recouvre le tronc et les extrémités presque partout lâchement, en forme de sac, con- siste en trois couches distinctes. L'externe, que j'ai pu détacher au ventre par grands lambeaux,maissur le dos en petits lambeaux seulement , se montre comme un épiderme mince , transparent, incolore et très régulier: elle a des élévations nombreuses, ar- rondics qui, séparées par des intervalles d'environ un dixième de ligne, correspondent aux glandules de la peau, dont il sera parlé plus tard, et se présentent à la vue, par un rapprochement ii)6 BURDACH. — Structure des nerfs. progressif de la lentille , comme des points brillans. Sur une peau forte et probablement abondante en graisse, le côté tourné vers la couche moyenne offre des globules très fins , clairs, ser- rés les uns contre les autres, qu'on enlève en les essuyant; à l'état sec, on y voit des fissures qui partent en rayonnant de ces élévations. La seconde couche ou couche moyenne contient les dépôts de pigment : prise à la grenouille de marais, elle est, sur le dos, brune avec des taches noires, sur le ventre, d'un blanc jaunâtre. Elle paraît être aussi de nature cornée; elle est, au ventre, plane extérieurement, et, par conséquent, facile- ment séparable de l'épiderme ; au dos, rude comme une râpe, et ainsi unie plus solidement avec l'épiderme; séparée des deux autres couches, elle devient transparente au moins sur les places d'une teinte claire, mais on n'y reconnaît aucune trace de nerfs ou de vaisseaux. Aux élévations arrondies de l'épiderme, aux glandules cutanées de la troisième couche, correspondent, dans la couche moyenne, des trous ronds, d'un centième de ligne environ; ces trous, quand la troisième couche est enlevée, l'épiderme restant intact, se montrent, sur les points colorés en noir de la peau du dos, comme de petites étoiles sur un fond noir : quand, au contraire , ces glandules n'ont pas été conser- vées intactes pendant l'enlèvement de la troisième couche, mais ont été, ce qui arrive fréquemment, déchirées, on en reconnaît les portion^ restées à la place des trous, comme des flocons blancs sur un fond noir. La troisième couche, ou couche in- terne , enfin, est constituée par du tissu cellulaire condensé*: elle est la plus épaisse sur la surface dorsale, beaucoup plus mince sur la surface ventrale, où même elle présente des fibres tendineuses d'un blancéclatant , lesquelles interrompent la trans« pareuce : enfin, elle paraît la plus mince et la plus transpa- rente latéralement, là où la peau du dos se transforme en peau du ventre. Or, dans cette couche cutanée nous voyons, déployés devant nous, Jes nerfs de la peau, les vaisseaux sanguins°et les tissus glanduleux; et aucune illusion n'est possible; car, d'une part, les couches externes détachées se caractérisent complète- ment comme des tissus simples ; d'autre part, la peau de la gre- nouille est, comme l'on sail , séparée du système musculaire par BURD\CH. — Structure des nerfs. 1 57 de larges espaces lymphatiques , et le petit nombre de points par lesquels les muscles cutanés s'insèrent peuvent, avec quelque habitude, être aisément reconnus et évités dans les recherches. A l'exception du milieu de la surface ventrale, cechorion, tant qu'il esta l'état humide, est si transparent qu'il est indiffé- rent d'en soumettre au microscope la face interne ou la face ex- terne, et qu'on y peut voir toute la distribution des nerfs, depuis les troncs coupés, situés encore au-delà de la peau, jusqu'aux plus fines ramifications, sans qu'aucun ramuscule échappe com- plètement à l'œil, à moins qu'il n'eût été déchiré dans la sépa- ration de la peau: seulement il fa\it, quand on veiit employer un très fort grossissement , tantôt approcher, tantôt écarter la lentille de l'objet; car la distribution des nerfs ne se fait pas constamment à la même profondeur. Si l'on emploie, au con- traire, un grossissement plus faible, et si l'on a mis l'objet entre deux lames de verre, on peut sans changer le champ de vision, apercevoir toute la distribution des nerfs étendus comme sur un plan. Si nous observons le parcours de3 nerfs de la peau , à partir de leurs troncs coupés, encore situés en dehors de cette mem- brane , nous les apercevons comme des faisceaux courbés tor- tueusement, à flexion brusque, composés de fibres primitives très nombreuses, couchées les unes à côté des autres (1). A côté de ces faisceaux, mais n'en atteignant pas tout-àfait l'extrémité, la gaîne des nerfs se montre à la vue des deux côtés. Aussitôt que le tronc nerveux entre dans la peau, il se partage entre trois ou quatre branches qui divergent dans des directions opposées. Si nous réfléchissons que le nerf de la peau marche d'abord dans im certain espace parallèlement à cette membrane, puis est obligé pour y pénétrer défaire un coude, quelque petit qu'il soit, nous croyons que les rameaux principaux qui se dirigent vers des côtés différens se comportent, eu égard à leur position sur le tronc nerveux, comme les feuilles rayonnées d'une géordine ou de toute autre fleur étoilée, par rapport à sa tige. La disposition ternaire est la plus fréquente dans le partage du tronc nerveux ; (i) Plauche 5, A, B, C,D. i58 BiiRnAcn. — Structure des nerfs. si, ce qui est rare, il se divise seulement en deux rameaux, un des deux, ou tous les deux fournissent après un court trajet un gros rameau qui marche dans une direction opposée. Les ra' meaux qui divergent du tronc se ramifient alors dans leur tra- jet à courbure douce, et nous voyons que des faisceaux plus ou moins forts de fibres primitives en partent, et poursuivent leur marche séparément dans des directions différentes. Ces rameaux rejoignent quelquefois, après un court trajet, la branche qui les a produits, ou une autre branche du même tronc; mais plus souvent ils conservent leur individualité, se partageant et deve- nant de plus en plus minces par la sortie de ramuscules qui sont composés d'un nombre plus ou moins grand de fibres primitives, et quelquefois même d'une seule. Les branches devenues plus grêles par la sortie de rameaux, les rameaux les plus gros comme les plus petits, et enfin les faisceaux qui en sortent, sont formés de ramuscules composés de fibres primitives plus ou moins nom- breuses, ou même d'une seule, et ils composent, par leur réuràon entre eux et avec les branches, rameaux et ramuscules d'autres troncs nerveux, un réseau extrêmement compliqué, tantôt s'unis- sant les uns aux autres par adjonction, tantôt s'écartant les uns desautres par séparation et ramification. Poursuivons maintenant sans interruption à traversée réseau une branche nerveuse, et, pour cela , ne nous occupons d'aucun de ses rameaux dans leur cours ultérieur. Nous la voyons d'abord diminuer progressive- ment jusqu'à la grosseur de quelque fibre primitive, puis aug- menter progressivement de volume en recevant sans cesse de nouveaux faisceaux, tantôt plus petits, tantôt plus gros qu'elle, faisceaux qui s'adjoignent à elle et qui l'accompagnent. Ainsi ac- crue de plus en plus, elle se montre finalement comme branche d'un tout autre tronc nerveux : la même disposition existe dans chacun des rameaux et des ramuscules même les plus petits; à travers les unions et les séparations les plus variées du réseau, nous pouvons suivre chacun d'eux jusqu'à un tronc nerveux étranger. Ainsi, les fibres pKmitives des nerfs de la peau ne se perdent, ni comme Lhrenberg le conjecture, entre ou même dans les vaisseaux sanguins , ni ne se terminent, comme Trévi- ranus le pense, en papilles cutanées, ni ne rentrent, comme le KURDACH. — Structure des nerfs. iSg prétend Valentin, et comme cela est en effet pour les nerfs des muscles, dans le tronc primitif avec des anses d'inflexion ter- minale; mais, après être sorties de leur tronc primitif par sépa- ration et ramification en faisceaux plus ou moins gros , mais rarement seules et isolées , elles forment un réseau varié et très serré par suite des adjonctions et des disjonctions alternatives entre elles et entre des faisceaux analogues d^ autres nerfs cutanés^ puis se changent immédiatement en d'autres nerfs de la peau pour retourner par ceux-ci i>ers leur organe central. La distribution terminale des nerfs dans la peau ayant été ainsi l'econnue, il est convenable, pour nous en faire une image en- core plus distincte , de la comparer avec le mode de terminaison des nerfs dans l'intérieur d'autres tissus : mais jusqu'à présent il n'y aurait que la terminaison des nerfs dans les muscles qui serait complètement propre à cette comparaison; car, ayant été constaté de deux côtés par une découverte simultanée, elle repré- sente tout un système organique, et peut être observée par chacun sans grande peine, d'après le procédé qui a été indiqué. Valentin et Emmert ne sont pas arrivés, exactement de la même manière , à la découverte de la terminaison des nerfs dans les muscles. Valentin qui, dans ce cas comme dans ses autres rechei'ches microscopiques concernant le système nerveux, montre un dé- sir qu'on ne peut assez louer de découvrir les parties organiques qui sont les plus convenables pour les recherches, Valentin, dis-je, a examiné, sous le compresseur et sans dissection préa- lable, le muscle droit de l'œil chez l'homme et chez de petits mammifères, les muscles de la peau chez des mammifères, les muscles du ventre chez différons petits animaux, tous les muscles étendus à la surface interne de la cavité du tronc chez la gre- nouille, enfin le muscle i ntercostal inférieur chez le lapin, le cochon d'Ind •, etc. Emmert, au contraire, n'a employé que les muscles du ventre et de la poitrine chez la grenouille , il les a fait étendre et un peu sécher sur une lame (ce qui, cerne semble, l'a privé des avantages d'une humidité qui rend l'objet plus transparent); puis il a enlevé lentement et avec précaution, à l'aide d'un couteau à cataracte, la couche superficielle des fibres muscu- laires. I^ méthode de Valentin est de beaucoup préférable; cela i6o EunnAcn. — Structure des nerfs. « ne peut être l'objet d'un doute; car elle donne une image tout- à-fait complète de la distribution des nerfs , et, dans ce cas, il n'y a rien à objecter contre l'emploi du compresseur. Le pro- cédé d'Emmertn a jamais montré, à moi du moins, que des frag- mens; et je ne puis qu'admirer l'adresse de l'expérimentateur qui est arrivé à la découverte de la vérité par cette voie. M'étant aidé du vinaigre pour dévoiler la distribution des nerfs dans la peau, j'y ai eu encore recours pour les muscles, et je puis le recommander comme un moyen qui facilite beaucoup les re- cberches.Sil'on met un muscle mince pendant quelques minutes seulement dans du vinaigre, il prend la transparence de la corne claire ; les nerfs se montrent intacts, et ils se dessinent visiblement par des bords obscurs; et l'on remédie sans peine par une douce compression au froncement qui peut être survenu dans les fibres musculaires. Ce procédé a encore l'avantage qu'en fermant hermétiquement, comme il a été dit plus haut, les deux lames de verre qui renferment l'objet, on obtient une prépara- tion que l'on peut conserver pendant plusieurs semaines et mon- trer dans des démonstrations anatoraiques. J'ai donc observé très fréquemment, de cette façon, le trajet des nerfs dans l'intérieur des muscles, et je l'ai trouvé ainsi qu'il suit : à un seul muscle ne se rend ordinairement qu'un seul tronc nerveux. Sont exceptés de cette règle les muscles très larges , lesquels, attendu qu'ils sont susceptibles de mouvemens partiels, pourraient être considérés comme plusieurs muscles réunis dans un but commun. Le tronc nerveux entré dans le muscle descend d'abord pendant un certain espace, parallèlement aux faisceaux musculaires; si Ton voit dans les muscles larges, comme cela a lieu , par exemple , dans les muscles du ventre formés de plusieurs couches, des troncs nerveux passer transversalement par-dessus les fibres musculaires, on se convaincra, par une préparation attentive, que ce tronc n'est pas encore entré dans le muscle, mais qu'il gît dans le tissu cellulaire qui recouvre le muscle. Après ce trajet assez droit, le tronc nerveux commence à se partager en branches plus ou moins épaisses que l'on voit de nouveau se diviser en rameaux de quelques fibres primitives. Ces branches et ces rameaux se continuant obliquement ou par BURDACH. — Structure des nerfs. i6i une courbure plane, plus rarement tout-à-fait transversalement au-dessus ou au-dessous des fibres musculaires, se croisent fré- quemment, et alors, se rapprochant de plus en plus de l'extré- mitédu muscle, ils forment, par fies adjonctions et des disjonc- tions multipliées, un lacis, plexus termmal de Valentin, lacis par lequel s'effectue un échange diversifié des fibres primitives entre les rameaux de la même branche, ou de différentes branches, ou même de différens troncs nerveux , quand le muscle en pos- sède plus d'un. De ce lacis sortent enfin, encore plus dans le voisinage de {'extrémité du muscle, des ramuscules qui, réduit» à une seule fibre primitive ou à des faisceaux de très peu de fibres, s'infléchissent en un arc dont la convexité est tournée vers l'extrémité du muscle, la concavité vers le tronc du nerf, forment ainsi ce que Valentin a appelé anses terminales ; puis, se réunissant de nouveau entre eux, rentrent dans le plexus, et, par lui, retournent à leur tronc primitif. Par le lacis terminal, et plus encore par les anses terminales (i), le nerfs'étend sur tout le muscle , de sorte qu'il touche et peut animer chaque fibre musculaire. Si nous comparons la disposition des nerfs dans la peau avec la distribution et la terminaison des nerfs dans les muscles, nous trouvons les caractères distinctifs suivans : 1. Les nerfs de la peau se partagent en plusieurs branches aussitôt qu ils entrent dans cette membrane; les nerfs des muscles parcourent un certain trajet dans les muscles avant que leur di- vision ne commence. 2. Les branches partant du tronc d'un nerf de la peau di- vergent aussitôt de différens côtés, et même leur ramification ultérieure ne suit pas une direction déterminée; dans la distri- bution des nerfs des muscles domine une direction générale, correspondant à celle des fibres musculaires , quand bien même des branches isolées, pour atteindre le muscle dans toute son étendue, passent transversalement ou obliquement par-dessus ces fibres. (i) Planche 4 , fSg. ao. IX ZooL. — Man. •i6-2 BURDACH. — Structuie des nerfs. 3. Les nerfs de la peau, avec leurs faisceaux, gros ou petits, qui se séparent les uns des autres par division et rannification , et qui se réunissent entre eux et avec des portions appartenant.à d'autres nerfs cutanés, ces nerfs, dis-je, constituent un lacis ex- trêmement varié, présentant en partie des figures très régulières et étendues régulièrement sur toute la surface de la membrane; dans les nerfs des muscles on voit un lacis semblable, qui est ce que l'on apelle le plexus terminal, non pas régulièrement étendu sur tout le muscle, mais limité à une portion de ce muscle ; de plus, il y a dans ce lacis une direction longitudinale dominante, de sorte qu'il ne présente que des mailles à angles obliques. Comme cette direction longitudinale dominante est reconnais- sable, même dans les réunions formées par des troncs nerveux entiers, et désignées sous le nom de plexus dans le sens étroit du mot, j'ai préféré appeler réseau ou grillage le lacis des nerfs delà peau qui se distingue par sa variété. 4. Les fibres primitives isolées des nerfs cutanés, suivies à tra- vers le réseau de la peau, se rendent à un autre nerf cutané, et, avec lui, retournent à l'organe central; les fibres primitives des nerfs des muscles, au contraire, après être sorties du plexus, retournent par une anse d'inflexion terminale à leur tronc, à leur branche , et même à leur ramenu. Je regarde comme établi qu'aucune des fibres primitives des nerfs de la peau ne retourne à son tronc primitif, qu'ainsi chaque fibre a sa partie centripète et sa partie centrifuge, non dans un seul et même tronc nerveux, mais dans deux troncs différens. Maintenant, parmi les nerfs cutanés isolés, les uns ont-ils seulement des fibres primitives centrifuges, et les autres des fibres primitives centripètes; c'est ce qui serait difficile à décider. Imaginons, par exemple, toute la peau d'un animal fournie seulement par les branches de deux nerfs <3 et Z»; nous pourrions admettre que a et b ont reçu également des fibres primitives de la moelle épinière et les ont conduites à la peau, mais que, dans le réseau nerveux de la peau, ils ont fait un échange réciproque; que a, à côté de ses propres fibres centrifuges, contient les fibres centripètes de b, et vice versa ; mais on admettrait éga- lement que a ne reçoive que des fibres priiritivcs de la moelle BURDACH. — Structure des nerfs. i63 épinière, les exporte et les distribue au réseau nerveux de la peau, et que b, au contraire, rapporte seul à leur centre les fibres réunies. Le retour a[rparent des fibres primitives à leur tronc dans les nerfs des muscles porterait à regarder la première sup- position comme la véritable. Il m'a paru très intéressant d'avoir constaté que les vrais mus- cles peauciers, comparés aux autres muscles, présentent des dif- férences très essentielles par rapport à la manière dont les nerfs se distribuent dans leur intérieur , de telle sorte que le mode de distribution des nerfs dans les muscles peauciers tient exactement le milieu entre le mode de distribution dans les autres muscles et le mode de distribution dans la peau. Les muscles peauciers re- çoivent toujours plusieurs nerfs qui ne leur appartiennent pas exclusivement, mais qui pénètrent dans la peau, soit par l'ex- trémité de leur tronc, soit même par de plus grosses branches. Dans un muscle peaucierséparé de la peau on reconnaît plusieurs troncs nerveux, placés à quelque distance les uns des autres et coupant transversalement les fibres musculaires, lesquels trônes se trouvent encore iiors du muscle en grande partie. De ces troncs, dont l'extrémité et de grosses branches iso- lées qui se rendent à la peau ont été coupées , partent des deux côtés des rameaux, composés généralement de peu de fibres primitives ; ces rameaux marchent d'abord entre les fibres musculaires, parallèlement avec elles, puis ils se di- visent en ramuscnles plus ténus, qui, ordinairement tortueux , traversent tantôt obliquement, tantôt transversalement, les fibres musculaires, et s'entrelacent en quelque façon entre elles. Si nous poursuivons plus loin ces ramuscnles composés défibres primitives isolées ou de très peu de fibres, et venant d'un tronc quelc(jnque, nous trouvons que, de même qu'ils étaient séparés précédemment les uns des autres , de même ils se réunissent dans le voisinage d'un autre tronc, se reforment derechef en faisceaux , et ainsi passent sous la forme de rameaux dans un autre tronc nerveux. De cette façon, les troncs nerveux voisins, et passarit transversalement sur les fibres du muscle peaucier, sont réunis ensemble deux à deux par leurs rameaux, après s'être mis, par leur distribution, en contact avec tout le muscle. Ainsi, les nerfs ,j64 TîDRDACti. — Structure des nerfs. qui se distribuent dans le muscle peaucier se rapprochent tout- à-faitdes nerfs desautres muscles par l'absence de la formation ré- tiforme, qui est propre aux nerfs de la peau , et se rapprochent davantage des nerfs de la peau, par l'absence d'anses terminales d'inflexion, lesquelles sont propres aux nerfs des muscles ( i). Pour avoir une vue exacte de la distribution des nerfs dans l'intérieur des muscles peauciers, il faut prendre de petits mammifères et non des grenouilles, lesquelles ne possèdent pas des muscles peauciers complets, c'est-à dire attachés à la peau aussi bien par leur origine que pai- leur insertion. Quoique, d'après mes expériences, j'aie dû me déclarer, rela- tivement à la distribution des nerfs dans Ta peau et dans les muscles déjà peau, contre l'opinion de Valontin, qui représente les nerfs comme se terminant partout et toujours par ce qu'il appelle des anses terminales ; cependant je ne puis m'empêcher d'avouer que , malgré cette contradiction , mes observations, prises exactement , ne sont qu'une confirmation des observations et des opinions de Valentin.Le principal résultat des recherches de Valentin"est le principe: que les nerfs n'ont point, à propre- ment parler, de terminaison périphérique , et que leur partie cen- trifuge rejoint sans délimitation leur partie centripète. Ce principe a été démontré par les recherches de Valentin (2) d'abord etprinci- palementlpour les nerfs moteurs, puis par mes recherches pour les nerfs sensibles^de la moelle épinière. Une fois arrivés à ce point, nous pouvons admettre d'avance, avec une vraisemblance suffi- sante, que ce principe se confirmera aussi pour les autres nerfs €t dans tous les autres organes périphériques. De même que la disposition des vaisseaux sanguins les plus ténus est, dans chaque organe, particulière et caractéristique, de même sûrement la distribution des nerfs, dans l'intérieur de chaque organe se mon- trera avec une disposition spéciale , et la recherche de ce carac- tère spécial me paraît être le problème donné à noire époque : (i) Planche 4, fig-l'O- (a) En citant M. Valentin comme auteur de celte découverte, M. Burdach paraît oublier que depuis long-temps l'existence de» aqses nerveuses avait été eonslalée par MM. Prévost et Sumas. (R.) BiiRDACH. — Structure des nerfs. if)5 c'est ce problème qui m'a conduit aux recherclies qiic je vais décrire dans le chapitre suivant. A ma description de la distribution des nerfs dans la peau , j'ai , pour terminer, à ajouter ce qui suit : le réseau nerveux de la peau se voit avec le plus de richesse et de beauté sur la grenouille au milieu du dos, où, de chaque angle , des nerfs proportionnellement gros entrent deux à deux dans la peau. Sur le côté du corps, aussi bien qu'aux extrémités, le réseau prend une apparence plus allongée, les faisceaux nerveux isolés parcourant des espaces de plus en plus grands, avant de se joindre à d'autres. De la distribution des nerfs dans la peau du ventre je n'ai pu avoir aucune image distincte, à cause des fibres d'un blanc brillant, opaque, qu'aucun moyen ne pouvait sépa- rer. J'aurais voulu observer la disposition des nerfs de la peau sur des points où la peau s'est développée en un organe du tactj. et , quoique les extrémités des doigts de la grenouille ne puissent être considérés comme un tel organe , cependant je m'efforçari d'y découvrir les derniers ramuscules nerveux: ce fut en vain, le gonflement en bourrelet de la peau au dernier doigt me rendit toute observation impossible. La peau des premiers doigts, au- tant que je pus la détacher sans la léser, parut recevoir ses nerfs d'un réseau nerveux de la peau de la paume de la main , mais probablement n'être en connexion qu'à l'extrémité des doigts avec les nerfs des muscles qui , dans la profondeur, arrivent jusqu'aux doigts. Tjes membranes des palmures ne reçoivent des fibres qu'en très petit nombre et ne marchent guère qu'isolées; dans le voisinage de l'orteil se trouve un tronc très fin , lequel envoie transversalement des fibres isolées aux fibres voisines. Outre les grenouilles , j'ai essayé sur les poissons de rendre visible , à l'aide du vinaigre, le réseau nerveux de la peau ; mais, chez ces derniers animaux, il s'y montre bien plus pauvre et de- vient , en quelque façon , indistinct par les plis où les écailles sont fixées. {Suite et fin à un provliMn cahier.) i66 LESSON. — Oiseaux nouveaux. MiiMoiRE DESCRIPTIF d'espèces ou de genres d'oiseaux nouveaux ou imparfaitement décrits y Par R. P. Lessow, Correspoodaot de l'Académie des Sciences. 1° Sur les ToDiERS. Les Todiers ont été étudiés dans ces derniers temps par M. de la Fresnaie,qui n'en admet qu'une espèce, en lui donnant pour caractère un bec dentelé. Quant à Vieillot ou plutôt à Bonna- terre, il a confondu avec les Todiers de véritables Moucherolles du genre Platyrhynqne. En examinant deux oiseaux , que nous confondions avec le Todier vert , et rapportés de Porto-Rico et de la Vera-Cruz par M. Adolphe Lesson, médecin de la ma- rine (i), nous nous sommes assurés que ces espèces, bien que semblables par les proportions, variaient suivant qu'elles habi- taient les îles ou la terre ferme , et de plus que la dentelure du bec n'était pas constante ; car nos deux espèces , examinées à la loupe, ne nous ont pas présenté ce caractère. La dentelure du bec est donc propre au véritable Todier vert de Saint-Do- mingue. Les espèces confondues avec le Todier vert, dont l'histoire est fort embrouillée, sont les suivantes : Le ToDiEK vert, jaune et rose. (2) Le Todier vert, jaune et rose à plumage d'un riche vert en dessus, la gorge ( t) Mon frère , et le compagnon de M. D'Urville dans son voyage autour du inonde , où il était chargé de la Botanique. (a) TodnsviridiSypectorerul>ro,Bvovae,3àm., 476. — Sloane, pi. a63, fig. i. Moi- LESSON. — Oiseaux nouveaux. 167 rouge, mais chaque plume frangée de blanc d'une manière peu apparente. La partie inférieure du cou, la poitrine, le ventre et les couvertures du dessous des ailes d'un blanc jaunâtre, mêlé d'une légère nuance de rose. Les couvertures inférieures de la queue, jauue-soufre. Les côtés du cou nuancés d'un joli rose. Plumes de la queue cendrées en dessous. Bec supérieurement brun-rougeâtre et rouge inférieurement. Mandibules dentelées. Tarses gris. Habile la Martinique, la Jamaïque, Saint-Domingue. Le ToDiER vert et jaune, {^i^ IieTodier vert et jaune a été rapporté delà Vera-Cruz par M. Adolphe Lessoa. Son plumage est vert foncé brillant en dessus. La gorge est rouge cramoisi intense. Les plumes sont imperceptiblement frangées de gris, à peine discernable. Deux traits bljDC pur bordent cette plaque rouge de feu, frangée dans le bas d'une nuance orangée. Le thorax est gris. Les flancs sont jaune safrané. Les couvertures inférieures sont jaune serin. Les côtés du cou sont gris-brun. Les plumes de la queue sont brun foncé en dessous. Le bec est brun en dessus, jaune en dessous, sans dentelures. Les tarses sont roses. 11 habite la côte ferme, au Mexique et à Tampico plus particulièrement. Le ToDiER vert, rose et bleu. (2) Le Todier vert, rose et bleu a été tué à Porto-Rico par M. Adolphe Lesson ; son plumage est vert émeraude en dessus. Le front est orangé vif. La gorge a une plaque étt oite rouge-carmin , chaque plume frangée de blanc satiné et luisant ; cette plaque est bordée d'un trait blanc , surmonté lui-même d'un trait plus large bleu céleste. Le thorax est gris nuancé de rose dans le haut; les côtés du thorax sont giis ardoise. Les flancs sont d'un rose vif et pur, le mibeu du ventre blanc soyeux et les plumes anales sont jauue-soufre clair. Les ailes sont bordées de blanc. Les plumes de la queue sont gris clair en dessous , à peine lavées de vert au milieu en dessus. Le bec est jaune lavé de brun en dessus, sans dentelures. Les tarses sont jaunes. Habite Hic de Por:o-Rico. neauvert; Edwards, pi. lai. — Brisson, t. 4, p. 5i8 , pl.4i, fig- a. — Buffon, I. i3,p. 33i. — Desm. , Todiers, pi. i. — Enc)cl.,t. i, p. 269. — Todus r/'n'iiw, Vieillot. Gai. , p. 198 et pi. 134 : viriu'is } subùu roseo Jlavescens ; gula^ collo ruhris. Brisson : Todus supernè •viridis, irfernè albo tutrscens^ roseo adumbratus^ gutture rubro ; lateribus roseis ; tectricibus caudte injerioiibus sulphureis ; rcctricibus sublus cinereis , supernè decem intermediis -viridibus ^ interila cinereo-marguialis ; utrinque extinid cinerea. (i) Todusviridis , Allas du Dict. Se. nat. , pi. 3» , fig. i. — ToJus mexicanui, Less, (1) Todus portorictnsis , Adolphe Lessoo , inédit. i68 LESSON. — Oiseaux nouveaux. ■ Ces trois Todiers ont donc les mêmes formes, la même taille, et, au premier examen, une coloration qu'on ne peut distinguer que par des nuances et par une comparaison minutieuse. Ces trois espèces aujourd'hui seront donc nettement distinguées, grâce à la description comparative que uous avons donné de cha- cune d'elles. a" Sur le Picchion mexicain, (i) Le Picchion mexicain nous paraît être une espèce nouvelle récemment dé- couverte à la Vera-Cruz par M. Adolphe Lesson, chirurgien delà marine royale- Cet oiseau a de longueur totale sept pouces et demi , et le bec entre dans ces dimensions pour dix à onze lignes. Son bec est noir^ assez robuste, légèrement arqué, garni de quelques légères soies à la base et sensiblement cchancré à la pointe. Ses tarses également noirs ont leur pouce robuste^ et terminé par un- ongle plus fort de moitié que ceux des doigts antérieurs; ils sont recouverts en •levant de larges scutelles lisses. Deux seules couleurs teignent la livrée de cet oiseau. Un brun noir sale ou roussâtre recouvre toutes les parties supérieures, les ailes et les flancs. Ce brun sale est dû à ce que toutes les plumes sont brunes, mais finement frangées à leur sommet de roussâtre clair. Les rectrices sont égales, garnies de barbes rares et comme usées au sommet; elles sont brunes frangées de roux. Les ailes dépassent le croupion. La première rémige est courte, la deuxièmemoinslongue que la troisième et laquatrième qui sont les plus longues. Le devant du cou et le thorax de même que la ligne moyenne du ventre sont blancs. 3° Sur le Grimpic a nuque rousse. (2) Le Grimpic à nuque rousse est une quatrième espèce du genre, que M. Adolphe Lesson a découverte à la Vera-Cruz pendant la station du brik le Hussard dans le golfe du Mexique. Sa longueur totale est de six pouces et demi. Elle a le bec et les tarses noirs, les ailes courtes et concaves, dépassant à peine le croupion, la queue moyenne, comme usée au sommet des pennes. Cet oiseau a le sommet de la tête recouvert d'une calotte d'un noir luisant et intense, séparé de chaque côté par un large sourcil blanc qui part du front, et s'étend sur les côtés du cou bordé sur les joues par un trait noir. La nuque présente un pallium triangulaire roux vif et pur. Le reste du dessous du corps, les ailes et la queue sont barrio- lés de roux , de flammèches gris blanc perlé et de barres d'un brun lustré. Les parties inférieures sont d'un blanc nuancé de roux peu sensible, et piquetés de (i) Petrodroma mtxicanus , Lesson, i836. (a) PicolapUs rufinucka , Lesson, inédit. LESSON. — Oiseaux nouveaux. 169 points noirs sur les côtés. Les couvertures inférieures sont barrées de brun et de blanc. Les rémiges toutes brunes sontémaillées à leur bord externe de blanc , de manière à former par leurs réunions des barres transversales sur les pennes non éployées. 4° Sut' le Genre Lanictère. Lanicterus Lessoii. Caract. ^é'C convexe, légèrement dilaté , recourbé, denté et crochu à la pointe de la mandibule supérieure, dont les bords sont lisses, légèrement rentrés. L'inférieure est déprimée, à bords lisses , à pointe aiguë et dentée au sommet. Fosses nasales couvertes de petites plumes, cachant les na- rines. Une rangée de plumes terminées en soies fines à l'angle du bec. Celui-ci très fendu et garni à sa commissure de rebords charnus et colorés, Ailes dépassant le croupion , aiguës, à premier penne bâtard, à troisième, quatrième , cinquième et sixième rémiges égales et les plus longues. Queue médiocre , formée de dix rectrices , dont six presque égales, deux plus courtes, et les deux plus externes encore plus courtes , ce qui lui donne une forme étagée et arrondie. Tardes courts, scutellés; doigts antérieurs faibles ; pouce à ongles plus forts que les ongles des doigts antérieurs. Obs. Ces oiseaux , à leur bec près, ont la plus frappante ana- logie avec certains troupiales, au point d'être pris pour des oiseaux de ce genre au premier coup-d'œil. Ils ont un plumage soyeux , doux, à rellets métallisés et colorés par grandes masses. Leur tête est lisse et sans accessoire. Leur bec est tout-à-fait celui d'une pie-grièche. Ils n'ont jusqu'à présent été rencontrés qu'en Afrique. Le Lanictère thoupiale. Lanicterus xanlliornoides. Lcss. A été découvert sur les bords de la Gambie par M. Goulard, chirurgien de la marine. C'est un oiseau ayant sept pouces et demi de longueur totale , le bec noir-luisant , le plumage mollet , doux et soyeux, [tartout également d'un noir \'jo LESSON. — Oiseaux nouveaux. luisant à reflets verts, l'épaule de chaque aile exceptée qui est recouverte d'une plaque allougéc jaune-aurore très vif. Tarses noir fonce. Rémiges noir sériceux. Rebord charnu de la commissure d'un beau jaune. Le Lakictère do Swainson. Lanivterus Swainsonii, Less. Muscipeta labrosa, Sw., zool. illust., l'I. 179. M. nitidè nigra; rictu laùroso, ruhro j cruribus injrà genua pluruati/r. Cet oiseau remarquable par le feston charnu qui borde l'angle du bec et qui est coloré en rouge vif , ce qui lui a valu sou nom anglais : rea/ lipped Jlycatcher, a été découvert proche la grande rivière des Poissons dans l'Afrique méridionale. M. Swainson le décrit en ces termes : sa taille a plus de 7 pouces de longueur totale. Sou plumage est entièrement d'un noir profond, nuancé de bleu-vert sur le cô'é externe des pennes alaires et caudales. Les rémiges sont grises en dedans et liserécs d'olive. La plus externe est très courte , les deuxième et troisième plus courtes que la quatrième. Celle-ci et les deux suivantes sont égales et les plus longues. Les rectricesau nombre de dix sont pres((ue égales, les deux paires externes exceptées, «jui sont progressivement plus courtes. Son bec a une arête apparente, et la pointe de la mandibule supérieure est fortement recourbée. Les narines sont cachées sous des plumes avancées du front , mélangées de poils, et sont arrondies et garnies d'une membrane- Les tarses sont courts et à plante lisse. 5° Sur DEUX OISEAUX-MOUCHES. L'OisEATT-MOUCHE Fanny , jcune adulte. (Ornismya Fanny, Lesson.) Cet Oiseau-mouche est intermédiaire au Barbe-bleu , à celui à queue^singu- lière et au tricolore; car il tient des trois. Sa taille est de 3 pouces, 5 lignes. Son bec long de 8 lignes, en noir , légèrement recourbé, mince et grêle, et ter- miné en pointe acérée à l'extrémité des deux mandibules. Les plume» du sommet de la tête sont d'un gris-vert peu doré , et dont la teinte est assez uniformément grisâtre. Le dessus du corps jusqu'aux couvertures supérieures de la queue est d'un vert doré, plus jaune sui' le manteau et onde de gris sur le dos et sur les couvertures. Cela tient à ce que chaque plume de ces parties est frangée de gris clair. Un assez large plastron recouvre le devant de la gorge, et s'é'.end sur les joues où une ligne grise les sépare du vert de la tête. Ce plastron est bleu d'acier très luisant, relevé à sa partie inférieure par une bordure de cuivre de rosette éclatante. Une sorte de collier gris-rouge borde ce plastron métallique, et ce gris nuancé de couleur de rouille s'étend sous le corps et surtout sur les flancs. UESsoiî. — Oiseaux nouveaux. , 171 en se mêlant à des teintes vertes métalliques sur le thorax au niveau du coude de l'aile, et au blanchâtre du milieu du ventre et des couvertures inférieures de la queue. Un roux afsez pur teint les plumes tibiales. Les ailes courtes et étroites sont brun pourpré. La queue est à peine échancrée. On ne compte que 8 rectriccs étroites , légèrement recourbées , obtuses à leur sommet dont les deux moyennes , légèrement nuancées de vert, sont plus courtes que les latérales , et celles-ci d'uuc ou deux lignes plus courtes que les deuv ex- ternes de chaque côté qui sont égales. Toutes ces rectrices sont d'un brun-pour- pré clair en dessus comme en dessous. Nousdonuonsà ces oiseaux, dont nous ignorons la pairie, le nom de madame Fanny gorge de Longuemares, dont le mari possède la collection la mieux pré- parée sans contredit d'Oiseaux-mouches, et auquel nous unissent les liens d'une vieille amitié. Un mâle en mue et complètement adulte est très remarquable ; car sa queue assez allongée est formée simplement de rectrices étagées, très étroites, taillées en lamed'épée. Les 'deux moyennes sont les plus longues, et ont i4 lignes; les deux latérales plus courtes n'ont que 10 lignes, et les deux plus externes encore plus courtes n'ont que 6 lignes. Ces rectrices dures et raides sont brunes, mais liserées de gris-blanc à leur bord interne dans le bps ; leurs tiges sont luisantes. Comme chez l'individu précédent, le dos est vert àoti- et le sommet de la tête gris. Le haut du plastron vert-bleu d'acier poli n'est marqué que par des plaques isolées, mais le bas du plastron vert-bleu, cerclé de cuivre de rosette chatoie très vivement, et se trouve encadré par un rebord de couleur de rouille très foncé. Cet individu avait aussi le demi-bec couleur jaune pâle. On le suppose du Mexique. Le Veteh, Ornismya Vesper, Less. Ois. mouch. PI. 19. Un mâle en mue nous a présenté quelques caractères particuliers dansl'étran- geté de sa queue fourchue et formée de huit rectrices étroites, pointues ou acu- minées graduellement en lames d'épée, et les plus externes légèrement recour- bées. Les deux plus externes sont les plus longues (18 lignes), les deux qui les suivent se raccourcissent successivement, et les deux internes sont peu appa- rentes et à peine distinctes des couvertures supérieures de la queue; car elles sont comme elles d'un gris roux. Les latérales sont brunes, à tiges luisantes. Les plumes du croupion sont roux cannelle fort vif. Le dos est vert doré, et la tête vert grisâtre. Les ailes assez longues et recourbées sont brun pourpré. Le bas- ventre et les couvertures inférieures sont gris-blanc. Le ventre est gris-brun, passant au gris, vert sur les flancs et sur les côtés de la poitrine. Le thorax est gris-blanc, et ce gris forme une sorte de collier. La gorge couverte d'un large plaUron n'avait que dfs écailles semées câ et là et à reflets de rouge de rubis et d« bleu d'acier bruni. 172 LKssoit. — Oiseaux nouveaux. Les tarses sont Doirs, ainsi que le bec. Celui-ci, long de i4 ligues , est légèie- ment fléchi dans le sens de sa lonsueur. Le très jeune âge a les [)luines de la queue très larges, arrondies, et les laté- rales sont terminées de blanc à leur sommet et noires dans le reste de leur éten- due. Les moyennes sont vert-doré. La gorge et le devant du cou sont d'un gris- cendréclair, sur lequel tranche chez notre individu, une seule écaille à reflets pour- prés brillans. Toutes les plumes de la tête et du dos sont vert-doré , cerclées de gris chacuoe. Le croupion possède la nuance cannelle très foncée. 6" Sur deux espèces de Tchitrecs ou Schfts. Les oiseaux connus des naturalistes sous le nom de Schets forment lune tribu bien distincte, dont les espèces sontrestées méconnues ou confondues ensemble ; car on les regardait comme des âges et des sexes différens; ces oiseaux n'ont pas été étudiés avec tout le soin qu'ils auraient exigé pour débrouiller r.e qui tient aux distinctions spécifiques. C'est ce que nons allons essayer de faire dans cette révision. Les TcHiTKEcs ont le bec assez fort, déprimé, marqué d'une arête carénée, finissant en pointe dentée et recourbée. La mandibule inférieure aussi déprimée a un léger ressaut an milieu , et se termine en pointe aiguë , échancrée de chaque côté. Les soies buccales sont longues, rigides, criniformes; les soies frontales sont pectinées, et ne cachent point les narines qui sont distantes du front, ou- vertes et ovalaires. Les tarses sont grêles, minces, terminés par des doigts faibles. Les ailes dépassent le croupion. Elles sont subaiguës à la quatrième rémige fausse, à la deuxième plus courte que les troisième, quatrième et cinquième égale» et les plus longues. La queue est formée de 12 rectrices, longues, dont 8 ou 10 étagées dilatées à leur sommet, et 2 ou quatre médianes, très lougues, rubauées. Les Tchitrecs varient de taille entre celle de l'alouette et celle d'une mou- cherelle ordinaire. Ils ont une longue queue, et un même système de coloration. Les femelles n'ont pas les rectrices allongées et varient dans les nuances de leur plumage. On les trouve exclusivement en Afrique et en Asie, au Cap, au Sénégal^ à Madagascar et dans l'Inde continentale. LKssoif. — Oiseaux nouveaux. 173 Le TcHiTREC de la Casamanss. Mnscicapa {TchUrea) Casamanssœ. Less. Ce gracieux Gobe-mouche , dont le corps est assez mince et délié , a la mesure de i3 pouces 10 lignes de longueur totale, et la queue entre pour lo pouces dans ces dimensions. La tête est lisse ou sans huppe. Son bec assez large, garni de fortes soies à la Lise, n'a que 7 lignes de longueur. Il est blanc nacre sur un fond noir. Les tarses sont bruns. La tête et le haut du cou en arrière, les joues et le devant du cou en avant sont d'un bleu chatoyant, et les plumes de forme seaii-écailleuse sont disposées en demi-cercle sur le cou et en pointe en avant. Le dessus et le dessous du corps sont uniformément d'un riche marron pourpré. Les ailes ont toutes les rémiges primaires d'un noir profond. Les rémiges secondaires sont noires frangées d'un fin liseret blanc. Les autres rémiges secondaires sont bordées de marron. Un large espace blanc de neige fait miroir sur le milieu de l'aile, ce qui est dû à la coloration blanche des petites couvertures. Les grandes couvertures, au con- traire, sont du même marron que le corps. La queue est fort longue, formée de quatre très longues rectrices moyennes, rubanées et larges , et de 6 courtes et étagées entre elles. Toutes les rectrices sont d'une belle nuance cannelle, ainsi que leur rachis qui est luisant. Cet oiseau se lient dans les mangliers, sur les bords delà rivière de Casamanss sur la côte d'Afrique , dans la Sénégambie: les créoles lui donnent le nom de veuve des mangles. Il diffère suffisamment du Tchitrec-bécroux , Muscicopa eastanea de Kichl. Le TcHiTREC sÉNÉGALiEN. Muscicopa ÇTchitreo) senegolensts. Less. Cet oiseau est long de huit pouces, et la queue n'entre dans ces dimensions que pour quatre pouces. Son bec est assez large , long de huit lignes, et garni de soics'qui^vont jusqu'aux deux tiers de sa longueur. Voisin du Tchitrcc de Bourbon (enl. 5/3 fig. 1) dont il rappelle les formes , il n'a pas non plus de huppe sur l'occiput. Sa tête est donc uniformément d'un riche bleu-noir d'acier luisant , à reflets comme verts , ainsi que le cou en dessus jusqu'au manteau, et toutes les parties inférieures à partir du menton jus- qu'au ventre. Le bas-ventre est brun-bleu mat , et les couvertures inférieures de la queue sont, ainsi que tout le dessus du coqis , la moitié des aile.s , et toutes les rectrices, d'un riche marron pourpré. Les rémiges primaires sont noires, les secondaires d'un noir profond que relève sur les bords de chacune d'elles , une large bordure gris de perle. Les petites couvertures sont mélangées de blanc et de noir. i-.^ LEssoN. — Oiseaux nouveaux. La queue est médiocre, et formée Je rectriccs légèiement cMgécs, dila tcesà leur sommet qui est ovalaire , à rachis luisant et marron comme les barbes Le bec et les tarses sont noirs. Cette espèce est assez commune sur les rives du fleuve Sénégal et aussi [sur bords des autres rivières de la côte occidentale d'Afrique. Il diffère suffisamment du Gobe-mouche huppé du Sénégal , ou Muscicapa crislata de Gmélin, qui a la tête huppée le mairon du dos s'étcndant jusqu'à l'occiput, et le noir bleu bronzé du cou s'arrêtautau thorax. 7° Sur le Canard glaucion. {Anas glaucion L. Cm., Syst. 525 , esp. 26.) Les froids d'un hiver assez rude ont rendu très commune au marché de Rochefort, dans les mois de janvier et de février i838 , une espèce de canard , qu'on n'y voit pas d'ordinaire et dont tous les individus portaient la même livrée. Ce canard , aue nous avons étudié avec soin , nous paraît être le glaucion , sur l'existence duquel les naturalistes sont loin d'être d'accord. On ne peut se dissi- muler en effet, que de toutes les espèce? d oiseaux, les canards sont sans contredit les moins bien connus, et que leur synonymie est surtout fort embrouillée. BulTon, Brisson et autres ornithologistes fourmillent d'erreurs à leur égard. M. Temroinck adit: ccllestincontestable que les descriptions latines de l'^nas « Glamion de Linné , indiquent très exacten-ent le plumage de la vieille femelle « ou du jeune mâle du canard Garrot ; mais il est évident que toutes les indi- a cations françaises et quelques indications anglaises , citées comme synouyraes « avec celte espèce nominale à! Anas glaucion , doivent être énumérécs dans la « nomenclature de l'Anas fnligula , et que le sont des descriptions de double « emploi , faites sur des femelles ou sur de jeunes mâles du canard morillon. » Ai)rcs une indication précise d'un ornithologiste aussi habile que M. Temminck, nous avons dû recourir à la description de Gmelin ,'que nous tvons trouvée très fidèle, cl qui peint parfaitement les nombreux individus que nous avons sous les yeux , et qui diffèrent nol'ablemeut des femelles ou des jeunes mâles des canards Garrot (^Anas clangula L.) et MoiïWon {Anas fuligula L.). Le canard Glaucion n'est donc pas un être imaginaire: c'est une espèce inter- médiaire au Garrot et au Morillon ; car elle tient des deux et s'en distingue suf- fisamment par la coloration de son plumage. Gmélin caractérise ainsi ce canard : Anas corpore nigricante ; pectore nehu- loso , spécule alarum albo lineari : capiit ferrugineum y indes aurece ; LEssoN. — Oiseaux nouveaux. 1^5 torqiUs albn et nlia laùor grisea y dorsum et tectrices alarum ohscurce paucis striis, majores maculis albis majoribus insignitœ , caada , remigesque pri- marcœ nigrce ; secundariœ cutn pectore et abdomine albœ ; pedes jlavi. Linné, dans sa Fauna Suecica (p. 37) avait exactement décrit le Glaucion ou Glaucus de Bélon en ces termes : Anas oculorum iridibus Jlavis , capite sordide riigro , coUari albo , in alis loco maculœ pennœ quinque dïstinctce albœ , rostrum nigricat, iris oculorum glauca , collare album , pectus ad sternum usquenebulosum. Caudaet alœ nigrœ , dorsum fusco-nigrum. Pedes «l tibiœ sordida j palmce alrœ. Habitat in maritimis Sueciœ , frequens. Or, cette description convient parfaitement à notre espèce , et nous ne sau- rions, par conséquent;, l'appliquer, ainsi que le veut M. Temminck , nia la fe- melle ou aux jeunes mâles du Garrot, ni à la femelle ou aux jeunes mies des grands et petits Morillons. Notre description, minutieusement exacte et reposant sur plus de vingt individus, aura pour but de décider cette question si controversée, et, si l'on doit être en garde contre la cri alion d'espèce purement nominale, on doit aussi s'empresser de restituer à certaines espèces leur indivi- dualité , lorsqu'elle est démontrée. Le Glaucion a quinze pouces de longueur totale, et son bec mesure quiuie lignes. La phrase spécifique de cet oiseau serait celle-ci: bec entièrement noir; iris jaune verdâtre ; tarses et doigts d'un jaune ocreux brunâtre; palmure brune; tète et haut du cou , garnie de plumes touffues et abondantes , uniformément d'un brun ferrugineux luisant; un demi-collier gris de perles, bordé d''un large collier gris de cendres au devant du cou ; poitrine et parties inférieures du corps blanc satiné, nuancé de gris-')run à la région acale et sur les plumes tibiales. Derrière du cou gris-roux; côtés du cou et du thorax gris onde de blanc; ailes du dos brun-ondé de brun-clair; croupion noir; rémiges rectrices brun -fon- cé; un miroir blanc neigeux , coupé d'une raie brune sur le milieu de l'aile. Le Glaucion a le bec assez é'evé à sa base, arrondi et peu ongulé à sa pointe ; Ici narines sont latérales et percées plus près de son sommet que de sa base. La mandibule supérieure déboidc l'inférieure, qu'elle recouvre entièrement. Toutes les deux ont leurs bords garnis de lamelles serrées et .saillantes, plus particuliè- rement sur cette dernière ou les dentelures formant une lame verticale. Les ailes sont longues et pointues; et dépassent la moitié de la queue. Celle-ci , composée de quatorze rcctrices , est légèrement arrondie par le raccourcissement successif de quatre pennes latérales. Les tarses sont courts et le pouce est assez largement borde par un repli de la membrane qui s'étend entre les doigts antérieurs jusqu'aux ongles. Des épines bordent l'intérieur du pharynx. I "Ci LESSON. — Oiseaux nouveaux. 4 Les plumes de h tête et du haut du cou sont assez allongées et touffues , et donnent à cette partie une certaine ampleur. Ces plumes sont d'un roux brun- marron ou ferrugineux foncé et luisant, de nuance uniforme et intense. Un assez large collier, gris de perle, sépare ce roux brun-marron dç la tête et du baut du cou, d'une plus large écharpe grise, ondée de gris plus foncé et lustré , qui règne au bas du cou. A partir de ce collier gris, coupé carrément avant le tho- rax, règne un blanc pur très satiné, qui couvre la face elles côtés de la poitrine, le ventre , les flancs et les couvertures inférieures de la queue Du gris-brnn , onde de gris , règne sur les côtés du bas -ventre, sur les plumes tibiales et traverse la région anale d'une barre brunâtre. Les parties supérieures présentent les particularités suivantes: du gris-roux sur le cou à toucher le roux ferrugineux de la tête , du gris onde de gris de perle sur le bas du cou et sur le haut des ailes. Le dos est brun , onde de gris, les petites couvertures des ailes sont brunes, ondées de gris-clair; les plumes du croupion et les couvertures supérieures de la queue sont du même brun , onde de gris sombre et peu marqué. Ces ondes tiennent à ce que chaque plume est d'une nuance plus claire à sou pourtour et se trouve frangée de gris plus ou moins foncé , quand le reste al, Par M. Marcel de Serres. La question relative à la patrie primitive du Cheval et de l'Ane a présenté de nombreuses difficultés à tous les zoologistes; car, comment être certain d'avoir reconnu le point duquel sont parties tontes nos races aujourd'hui si diverses, mais provenues cepen- dant d'une seule et même espèce. Des difficultés non moins graves et non moins sérieuses se sont élevées siu' l'époque depuis la- quelle le Cheval, ce noble compagnon des périls et de la gloire de l'homme, a été soumis à son empire. Il en a été de même de la domestication de l'Ane, ce précieux et patient auxiliaire du Cheval, dont l'homme a aussi tiré un grand parti. Peut-être aurait-on évité les embarras inévitables d'une pareille question, si l'on avait demandé la solution non aux faits zoolo- giques, mais bien à ceux que la Géologie nous a récemment appris. Ces deux animaux, et particulièrement le Cheval, ont été, ce semble, connus dès la plus haute antiquité. En effet, les plus anciens monumens, comme les plus anciennes médailles, nous représentent les premiers de ces animaux attelés à des chars, et quelquefois même des Midets, ce qui annonce déjà de grands progrès dans l'éducation de ces animaux. Ce n'est pour- tant que sur des médailles moins anciennes que les premières ([u'on voit des hommes montés sur des Chevaux. L'art de dres- ser ces animaux au point de servir de montures n'a été connu que plus tard, et la cavalerie proprement dite ne paraît pas re- monter au-delà du siège de ïroie. Le Cheval a donc été connu de tout temps; dès-lors nous de- vons être moins surpris de trouver dans îa Bible et dans Homère Jes preuves de l'ancienne domesticité de cette espèce , aussi bien ■ X, ZuuL, — Mars, ja '1 78 MARCEL DE SEEREs. — Sur la patrie du Cheval. que des principales races domestiques, telles que les Moutons, les Bœufs, les Anes et les Chameaux. La Genèse nous représente, d'une part, Abel offrant à Dieu les agneaux les plus gras de son troupeau; tandis que, d'un autre côté, elle nous dépeint Gain comme s'adonuant aux soins de l'cigriculture ; or, comment se livrer à de pareils travaux sans avoir soumis les animaux qui par nos soins ont rendu la terre fertile. On peut d'autant moins se former des doutes à cet égard , que, dans le chapitre douzième de la Genèse où il est question des présens qu'x^braham reçut de Pharaon, on voit que parmi ces présens figurent des Brebis, des Boeufs, des Anes et des Cha- meaux. Evidemment ces animaux ne pouvaient être offerts en présens que parce qu'ils avaient été soumis à la domestication. Si nous nous en tenons à ces premiers documens, la domes- tication des principales espèces, dont l'homme tire maintenant un grand parti, remonterait à lapins haute antiquité. Cependant, un écrivain aussi judicieux qu'exact, M. Bureau de La Malle, a présumé le contraire. D'après lui, la domestication du Cheval serait si récente que, 45o ans environ avant l'ère chrétienne, l'on n'aurait point encore dompté son instinct primitif, ni son indépendance. Il faut l'avouer, cette opinion paraît être fondée sur des preuves bien légères; elles sont bornées, en effet, à un passage deXénophon , dans lequel ce fameux capitaine rappelle que certams Chevaux de son temps avaient conservé des habi- tudes instinctives et caractéristiques des Chevaux sauvages. Mais ce qui avait lieu du temps de Xénophon se reproduit encore de nos jours chez des Chevaux soumis depuis long-temps à la domesticité. Cette remarque n'avait pas échappe à l'esprit d'observation des missionnaires de la Chine, nia la sagacité de M. Azara. Du reste, ces habitudes instinctives, aussi bien que les caractères de l'organisation primitive, se conservent parfai- tement chez les races des Chevaux qui sont peu soumises au mors. Tels sont, par exemple, les Chevaux de la Camargue, remarquables à-la-fois par l'uniformité de leur pelage, leurs al- lures et la grosseur de leur tête, comparativement à cell.i de leur corps, caractère qui distingue d'une manière si éminente les €hevaux sauvages. MARCEL DE SERRES. — Sur la patrie du Cheval. 179 Tels étaient peut-être ces Chevaux blancs, dont Hérodote nous a conservé le souvenir, et qui de son temps existaient à l'état sauvage sur les bords de rHypanis(lc Dniester). Tels étaient peut-être encore ces Chevaux supposés sauvages qui, comme nos Chevaux de Camargue, se faisaient^remarquer par une petite stature, une couleur blanche et cendrée, et que Léon l'Africain et Marinol assurent avoir rencontré en Afrique ; mas ces Chevaux, qui par leurs caractères semblent avoir tant de rapports avec les Chevaux actuellement dispersés dans nos marécages, et dont la teinte blanchâtre est également le trait le plus distinclif, étaient- ils sauvages? C'est ce que nous 11e saurions supposer malgré l'assertion contraire dts écrivains qui nous les ont fait connaître. Du moins, le bai-brun ou le fauve, le roux et la couleur isabelle paraissent la teinte primitive et dominante des Chevaux sauvages. Cette teinte Cîiractérise les races libres et indépendantes qui, d'après Palias, habitent le Jaik et le Volga, et qui toutes offrent un pelage d'un roussâtre ou d'une couleur isabelle uniforme. Ellf< paraît également distinguer les chevaux que l'on rencontre dans quelques parties de l'Espagne citérieure, et que l'on sup- pose être aussi à l'étal sauvage. Il est du moins certain que ceux transportés en Amérique, redevenus libres et indépendans au milieu des vastes savannes ou des grandes forêts du Nouveau-Monde , ont tous pris une teinte uniforme, assez rapprochée du fauve ou du roux. Ils ont également la tête plus forte et plus grosse que les Chevaux qui n'ont pas cessé d'être soumis à la domesticité. Ils ont cependant à-peu près tous conservé une allure que l'homme a donné au Cheval, depuis qu'il en a pris soin; et l'amble est à-peu près le seul trait qui rappelle la domestication à laquelle leurs ancêtres avaient étésoumis. Il résulte donc de ces faits que les anciens avaient dompté le Cheval dès les premiers temps historiques. Aussi existe-t-il soit sur leurs médailles, soit sur leurs monumens, divers métis de l'Ane et de la Jument, ainsi que d'autres hybrides qui proviennent de l'accouplement du Cheval et de l'Anesse. Ils ont nommé les pre- miers Oureos , Muliis , dénomination de laquelle est dérivé le mot Mulet. Quant au produit du Cheval et de l'Anesse, ils l'ont i8o Marcil de serres. — Sur /a pairie du Chet>al. désigné sous le nom de lilinoSj Linnus ou de Ginnos, Hinnulas, expression que nous avons traduite par celle de Bardeau. Cependant, la première mention du Alu/etparailèlre dans les psaumes de David et dans Homère; du moins, nous ne voyons pas qu'il en ait été fait meniion dans le Pentateuque. Aussi est- ce probablement dins linlervalle compris entre le siècle de Moïse et celui de David qu'on a permis le croisement de l'Ane avec la Jument, et domestiqué leurs produits. Une loi du Lévi- tique défendait expressément ces croisemens d'espèces, défense qui annonce, ce me semble, que de pareils croisemens avaient été opérés antérieurement, et , par conséquent, que les ani- maux, qui y avaient été soumis, avaient été depuis long-temps réduits à l'état de domesticité. Aussi , ne doit-on pas être surpris que, depuis plus de dix siècles avant Tère chrétienne, on ait employé les INlules et les Mulets indifféremment pour la monture, pour l'aitelage et même comme bétes de somme. Il parait pourtant que l'on n'en a fait usage pour le trait que du temps de la guérie de Troie, la cava- lerie étant encore à-peu-près inusitée, du moins dans les com- bats; car les chevaux avaient déjà été dressés à être montés, ainsi que nous l'avons déjà fait observer. Quant aux écrivains hébreux postérieurs à ces grands évène- meiis, ils parlent à-peu-près tous du iMulet, sans dire pourtant si cet animal servait on non à la monture. Quoi qu'il en soit , l'iirt de la donjestication semble avoir fait de très bonne heure de grands progrès chez les Romains. Du moins, ces peuples mettaient la plus grande importance à subju- guer les races sauvages, dont ils faisaient dans leurs triomphes et les jeux du cirque une sorte de profusion , qu'il nous serait difficile d'égaler aujourd'hui. Par un suite de soins qu'ils don- naient à leur éducation, ils avaient produit trois sortes de Mulets. Le premier, comme la plupart de ceux que nous ol)tenons au- jourd'hui, était dérivé de l'Ane et de la Jument; le second, de l'Anesse et du Cheval; et le troisième , de l'Onagre ou Ane sau- vage et de la Jument. Ce dernier Métis ou Mulet était presque indomptable, comme -le mâle dont il provenait. Aussi, l'étalon de cette espèce ne pocj- 31AKCEL DE sERHES. — Si/r la patrie du Cheval. i8i vait-il être iiiilisé que dans la seconde génération, celui de la première étant trop rétif et trop foiigwux. Les mulets dont se servaient les Grecs paraissent avoir été doués, au contraire, des qualités les plus remarquables, en même tempsqu'ils se laissaientguideravecfacdiié. Aussi, d'après Aristote et Pindare, les anciens s'en servaient avf-c avantage pour disputer le prix de la course aux jeux olympicjues. Le Bardeau était également connu des Grecs et des Romains. On trouve du moins la description de ce Métis qui provient du Chevalet de l' aînesse dans Aristote, et plus tard dans V.irron, qui nous a laissé sur ce Midet des détails remplis d'exactitude. Peu-à-peu l'infériorité de forces et de services que peut rendre le Bardeau en comparaison du Mulet eu ont fait négliger l'usage? ainsi que la production; aussi, est-ce bien rarement que cet animal est employé aujourd'hui avec nos autres animaux do- mestiques. Enfin, s'il faut en croire Aristote, les Grecs seraient parvenus à obtenir des produits de l'accouplement des Mulets et de ia Jument. Ces produits ou Métis désignés par ces grands natura- listes sous le nom de Girnnos auraient été plus tard connus de Pline, qui les auraient désignés sous le nom de parc us Mulas on petit mulet. Si ce Métis a réellement existé, ce qui est tout au moins douteux, il ne paraît pas avoir été vu, ni même men- tionné par aucun naturaliste moderne. Il résulte également des faits que nous venons de rappeler que la domestication de l'A ne est en quelque sorte liée à celle du Cheval, et que l'une et l'autre ont eu lieu dès la plus haute antiquité. Nous avons vu qu'en effet les anciens connaissaient les dérivés de l'accouplement de l'Ane et de la Jument , et qu'ils avaient des notions exactes sur les Mulets et les Mules qui en sont les produits. Aussi , les races domestiques de cette espèce .semblent nous avoir été assujéties depuis un temps immémorial. H en est du moins question dans les premiers chapitres de la Genèse. Quant à l'Onagre ou Ane sauvage, il a été assez fréquem- ment figuré sur les monumens de l'antiquité, ainsi que sur les camées et les médailles. Il ne faut pas croire que le Cheval et l'Ane soient les seules t82 MARCEL DE SKRRi S. — Sur lii patrie du Chei^al. espèces que les anciens aient soumis à la domesticité ; car il en a été de même de iHémione ou Dziggtai {Equus hemionus Pallas). Celte espèce, qui tient en quelque sorte le milieu eiitre l'Ane et le Cheval par suite de sa conformation, a été confondue avec le Mulet, avec lequel elle a quelques traits de ressemblance. Aussi, Aristote avait-il observé que le nom à'Hemionus, que cette es- pèce avait reçue en Syrie, lui avait été donné par suite de sa ressemblance avec le Mulet. L'Hérnione mentionné dans Aristote semble être cité dans les écrits d'Homère et de Théophraste , et plus tard dans ceux de Pline et de Strabon; il paraît même avoir été figuré stir plusieurs monurnens de l'antiquité. On assure qu'il est encore à l'état do- mestique dans plusieurs parties de l'Asie centrale, contrée fré- quentée par ses tribus sauvages. Du reste , le mot Hemionus ou Hfioevoff , qui signifie demi-Ane ou demi-Mulet, a été appliqué depuis Homère tantôt à l'Hémione ou Dziggtai , tantôt au mulet proprement dit Opèoç, en sorte que par suite de cette dénomination équivoque il est résulté la plus grande confusion sur cette espèce. Cependant, il paraît que les Mules ou Mulets connus en Syrie sous le nom de Hemionoi, les- quels, au dire des anciens écrivains, s'engendraient sans interrup- tion, n'étaient autres que l'Hémione que les anciens avaient de très bonne heure réduit à l'état domestique. Quant à la domesticité du Zèbre encore peu avancée, elle ne remonte pas à une aussi haute antiquité. Des tentatives iaites ré- cemment en Euroj^e pour soumettre cette espèce à l'état domes- tique n'ont guère été plus heureuses que celles entreprises au Cap. Tout ce que l'on a pu obtenir a été de la faire accoupler soit avec l'Ane soit avec le Cheval ; mais les résultats de ces unions forcées ont été constamment stériles et inféconds. La domestication du Ciieval, de l'Ane remonte donc aux pre- miers âges de l'histoire , ainsi que le prouvent les monurnens de l'antiquité, sur lesquels on reconnaît au moins quatre races principales de chevaux de course, de guerre ou de trait. Ces races principales étaient connues des anciens Romains sous les noms Ôl africaine, ô^Apulienne, de Thessalienne et de Sici- lienne. De ces races sont provenues les diverses variétés secon- MARCHL DE SERRts. — SuT la patrie du Cheval. i83 claires, que les anciens ont reproduites sur leurs monumens. Leurs connaissances sur le genre Cheval paraissent avoir été fort étendues, peut-être à raison de l'importance et des ressources qu'ils tiraient de ces animaux. Du reste, une circonstance dépendante de l'oi-ganisation des Chevaux a singulièrement favorisé leur édiication. Cette circon- stance est relative à l'intervalle qui en sépare les dents, intervalle ou barre qui nous a donné le moyen de le dompter au moyen de labride et du mors; cet intervalle est justement suffisant pour la place du mors dans cette espèce. Cette barre aurait été trop courte dans les Palœotherium, et beaucoup trop inégale dans les Tapirs et les Lophiodoms, en supposant que les espèces de cesdifférensgenreseusseuttoutesétécontemporainesdeThomme. Cet intervalle vide de dents est encore bien suffisant chez les cerfs; aussi l'homme en a-t-il profité pour soumettre le Renne au frein et à l'influence du mors. Ainsi, d'après les monumens comme d'après les , traditions historiques, la domesticité du Cheval remonterait aux plus an- ciennes époques historiques. Mais cette domesticité semble an- térieure à ces premiers temps , à en juger du moins par les races distinctes que présentent les débris des Chevaux ensevelis au milieu des dépôts diluviens, et particulièrement dans ceux qui ont été entraînés dans les cavités souterraines. En effet , certaines races de ces Chevaux ont la taille petite et svelte, le front carré et une stature analogue à celle de la race arabe; tandis que d'autres offrent, au contraire, une haute sta- ture avec des proportions en quelque sorte colossales, et la tête grande et forte comme celle des chevaux suisses. En outre, il existe dans les cavernes une foule de variétés intermédiaires entre ces deux extrêmes, lesquelles variétés annoncent que l'ac- tion de l'homme a dû s'exercer long-temps sur ces espèces, puisqu'elle a produit sur elle des effets aussi sensibles et aussi profonds. Si donc le grand nombre de Chevaux figurés , qui existent sur les monumens de la plus haute antiquité, nous annonce à quel point cette espèce s'était étendue sur la terre dès les premiers temps historiques ; de l'autre , les races modifiées de ces Chevaux i84 MARCtL DE SERRES. — Sur la pairie du Chei.'al. dans les mêmes limons, qui récèlent les Lions, les Hyènes, les Ehiuocéros, les Eléphans, nous apprennent que le Cheval avait été asservi par l'homme bien avant les temps sur lesquels l'his- toire nous a conservé des documens. Il en résulte encore que tous les lieux où de pareils débris des Chevaux ont été observés soit dans les dépôts diluviens dissémi- nés Rur.Ia surface de la terre,soit dans ceux qui ont été entraînés dans les cavités souterraines, doivent être considérés comme la pairie primitive de cette espèce. Or, il n'est presque pas de loca- lité, du moins en Europe, où des ossemens de Chevaux n'aient été découverts, et, par conséquent, il est inutile de rechercher si la patrie primitive de celte espèce ne serait point, comme on l'a supposé, dans le centre ou dans quelque point reculé de l'Asie. Les faiis géologiques nous apprenneni, en effet, que le Cheval était répandu en Europe pendant toute la période quar- tenaire et même antérieiu-ement à cette époque; car ses débris existent également dans les terrains tertiaires. La seule différence qu'offrent les débris des Chevaux ensevelis dans les limons des cavernes, et ceux que l'on découvre dans les sables marins tertiaires, tient à ce que ces derniers ne sont point modifiés commele sont les premiers. L'influencede l'homme ne s'est pas fait ressentir sur les uns comme sur les autres; mais la différence qui en estrésultéen'a pas été telle qu'elle ait changé le type primitif de l'espèce. En effet, ce type n'a varié que dans des limites fort étroites, analogues à celles que nous observons aujourd'hui entre les diverses races d'une même espèce. Ainsi, les Chevaux se trouvant à la-fois dans les terrains ter- tiaires et quartenaires disséminés sur la plus grande partie du sol de l'Europe, il s'ensuit que cette espèce était répandue dans l'ancien continent bien avant les temps historiques, et qu'elle en est originaire. Si nous n y découvrons presque plus ses races à l'état sauvage, cette circonstance tient sans doute aux progrès que la civilisation y a fait, et à ce que cette contrée offre peu de déserts ou des solitudes assez vastes pour permettre aux chevaux de s'y maintenir libres et indépendans. Tel n'est pas le continent de l'Asie; ses immenses plaines , ses grandes et profondes vallées favorisent la vie errante et vagabonde MARCKL DE SERRES. — Sur la patrie du Chei^al. i85 des Chevaux qui fréquentent ces vastes régions. Là il leur est facile d'éviter les recherches de l'homme, et de se livrer à tous les charnies d'une vie libre et indépendante. Mais, en supposant que quelques tribus de ces chevaux sauvages puissent encore errer au milieu de ces solitudes, comment y voir ces souches primitives de nos races domestiques. (>es souches qui ont appar- tenu à des temps où vivaient des Ours, des Lions, des Rhino- céros et des Éléphans tout-à-fait inconnus dans la nature vivante, se rencontrent ensevelis avec eux dans les dépôts les plus super- ficiels de la suiface du globe. C'est là qu'est leur véritable his- toire, et non sur cette terre où n'errent plus maintenant que leurs descendans. Ces mêmes dépôts nous offrent également d'autres faits ana- logues; du moins, c'est dans leur sein que nous découvrons les traces des vignes et des oliviers des temps géologiques, traces qui nous indiquent tout aussi bien que les débris des Bœufs et des Chevaux, que, partout où on les rencontre, là a été leur première patrie et leurs anciennes stations. Airsi, les faits géo- logiques, heureux supplément de l'histoire, viennent ici nous apprendre les rapports qui tiennent les races des âges passés avec les générations actuelles, et nous redire de quelle manière les unes et les autres se sont succédées. Nous invoquerons plus tard leur témoignage, afin d'en mieux démontrer toute l'importance, et d'en faire saisir tous les avan- tages; mais, relativement à la question que nous nous sommes proposé d'éclaircir, les détails dans lesquels nous sommes entrés semblent du moins suffisans pour asseoir une opinion sur un point jusqu'à présent extrêmement controversé, et qui n'avait pas pu recevoir encore de véritable solution. Dans un mémoire qui suivra bientôt celui-ci, nous discuterons la question de sa- voir qu'elle est parmi nos races domestiques celle dont l'homme a fait premièrement la conquête. i86 isiD. GEOfFROY. — Oiscaux nouveaux. Notice sur trois noiweaux genres cT oiseaux de Madagascar, par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. (Lues à l'Académie des Sciences le g avril i838.) (Extrait.) « Les trois oiseaux qui font le sujet de celte notice , dit M. Isidore Geoffroy, étaient compris dsns une riclie collection envoyée de Madagascar au Muséum d'Listoire naturelle , par M. Bernier, officier de janté de la marine, dont j'ai déjà eu plusieurs occasions de signaler le zèle éclairé pour l'histoire naturelle. Les trois genres que j'ai décrits , l'un en i835 . parmi les passereaux ténuirostres, sous le nom de Fa/culie (^i^ ; les autres, en 1837, parmi les mammifères carnassiers, sous les noms A'Eiicule^o.) et de Galidie (3), avaient été envoyés de Madagas- car par M. Bernier, presqu'en même temps que par M. Goudot, et il a ainsi contribué à nous faire connaître ces trois types nouveaux d'organisation. Les genres que je vais décrire paraissent plus rares encore que les précédens à Madagascar, au moins dans les localités jusqu'à ce jour visitées par les Euro- péens. Tous trois n'ont été envoyés que par M. Bernier, et ils étaient dans la précieuse collection dont ils faisaient partie, les seuls dont le nom de pays ne fût pas indiqué , et presque les seuls aussi qui ne fussent représentés que par un individu. Je n'ai trouvé non plus dans les annales de la science, rien qui parût se rapporter à eux. Cette notice ne saurait donc être aussi complète que je l'eusse désiré; telle qu'elle est néanmoins, elle suffira |)Our montrer la nouveauté des combinaisons de caractères, offertes par les trois oiseaux dont la découverte est duc à M. Bernier. J'ai lieu d'espérer que la connaissance de l'organisation interne et des mœurs, lorsqu'elle sera acquise à la science , n'inGrmera pas les inductions que j'ai cru pouvoir tirer dès à présent de l'examen des parties exté- rieures. Des trois genres dont la dcsciiption va suivre , deux auxquels je donne le nom de PniLÉprTTK, Philepilla , et d'OaioLiE, Oz-ioZ/'a^ appartiennent, comme l'in- diquent leurs noms, au groupe déjà immense des passereaux insectivores : ce (i) Voyez le Bulletin de la Société des sciences naturelles , année i855 , p. 1 15 , et le Ma- gasin de Zoologie, année i856 , première livraison. (a) Voyez les Annales des Sciences naturelles, tome vin , page 60, (3) Annales des Sciences nalurcllcs, tome vm, page i5i. isiD. GEOFFROY. — Oisûaux nouvcaux. 187 seront deux anneaux de plus à intercaler dans celte longue chaîne , dont toutes les portions sont déjà si étroitement contiguës, et si intimement unies. Le troisième genre tend à établir aussi, entre divers termes de la série ornilholo- giqucjdes rapports de tran'sition ; mais ces rapports sont plus éloignés et beau- coup plus intéressans à constater. Ce ne sont plus de simples divisions d'une même famille ; ce ne sont plus des gemes voisins qu'ils lient entre eux , mais bien des familles et même des ordres très distincts. On verra , en effet, par sa descrip- tion, que ce troisième genre, analogne par ses jiattes aux pigeons plus qu'à aucun autre groupe, par ses ailes , à la plupart des vrais gallinacés, ressemble en même temps, par la conformation très caracléristique de son bec et la disjio- sition de ses narines , à un genre singulier de palmipèdes, les Hélornes ou Gré- Lifoulqties. De IJ le nom de Mésite, Meailen, que je propose pour ce nouveau genre , aOn d'en rappeler les rap[)orIs mixtes et le rang intermédiaire entre plu- sieurs des groupes primaires de la classe des oiseaux, w Apiès ce préambide , dans lequel il fait connaître le sujet de son travail, M. Isidore Geoffroy décrit successivement avec détail les genres Pliilépitte , Oriolie et Mésite, et discute leurs rapports d'affinité avec les groupes généiiques auxquels ils sont comparables à divers égards. Le travail de M. Isidore Geoffroy devant prochainement paraître en entier dans la quatrième livraison de ses ^Etudes zoologiques 1 nous ne suivions pas ici l'auteur dans ces détails. Il nous suffira de faire connaître la place q-ie M. Isidore Geoffroy assigne, dans la clas- sification, a chacun des genres établis par lui, et de donner les caractéristiques, soit de ces genres , soit de leurs espèces. L Genre PHILÉPITTE , Philbpitta. L'auteur compare successivement ce genre aux Brèves (JPilta), aux Martins, à divers sous-genres de Muscicapidésetaux Philédons. Suivant M. Isidore Geoffioy, c'est près de ces derniers qu'il doit prendre rang , et sa caractéristique peut être donnée ainsi : « Bec presque aussi long que le reste de la tête, triangulaire, un peu plus large que haut , à arête supérieure mousse, légèrement convexe, sans véritable cchancrure mandibulaire — Narines latérales, peu distantes de la base , linéaires, un peu obliques. — Tarses assez longs, couverts de très grands écussons. — Quatre doigts, tous, et spécialement le pouce , allongés , forts et armés de grands ongles compiimés, aigus, très recourbés. Parmi les trois doigts antérieurs, le médian , qui est le plus long de tous , réuni à sa base à l'externe; l'interne , qui est le plus court de tous , libre dès sa base. — Queue assez courte, à douze pennes égales. — Ailes médiocres, subobluscs ou obtuses. (i) (t) IJélat d'usure dans lequel se trouvent les troisième et quatrième rémi};eschez le seul indi- Tidu rotiDun'apas permis dcdcterminer exactcmciU silcs ailes sont établies surletype subobtu» «Il sur le type obtus proprement dit. i88 isiD. GKOFFRoy, — Oiseaux nouvcaux. La seule espèce que l'on connaisse encore clans ce génie est , sans nul doute, l'un des passereau» les plus remarquables par ses caractères extérieurs et les plus faciles à reconnaître spécifiquement ; l'auteur la^nomme Philépitte veloutée, PliilebiUa sericea , et la de finit ainsi: Plumage velouté , d'un noir profond , sauf une petite tache jaune de chaque côté au fouet de l'aile. De chaque côté, une caroncule membraneuse, ins'rée au-dessus de l'œil et s'étendant en avant et en arrière de lui. Taille ; o"*,i09. II. Genre ORIOLIE , oriolia. Quoique la physionomie des Oriolies diffère beaucoup de celle des Loriots , c'est très près de ceux-ci qu'ils se placent par tous leurs caractères génériques, comme on peut le reconnaître par la |)hrase caractéristique suivante; Bec presque aussi long que le reste delà tête, droit, sauf l'exirême pointe qui s'infléchit légèrement, assez gros et aussi laige que haut à la base, comprimé dans sa portion antérieure; une échancrure mandibulaire ; plumes frontales entamées sur la ligue médiane par la base du bec. — Narines petites , irrégu- lièrement ovalaircs, ouvertes sur les côtés du bec , à peu de distance de sa base et aussi loin de la commissure des deux mandibules que de la partie supérreure du bec. — Tarses coui ts , écussonnés. — Quatre doigts, tous très développés , et armés d'ongles très comprimés, aigus , très recourbés. — Queue longue , com- posée de douze pennes terminées en pointe , les latérales un peu plus courtes que les intermédiaires. — Ailes assez longues , atteignant le milieu de la queue, obtuses. Une seule est connue , I'Okiolie de Bernier , Oriolla Bernieri , dont les caractères sont les suivans : Plumage roux avec des raies transversales noires sur le corps (i) , uniformé- ment de couleur feuille-morte sur la queue et les ailes, sauf l'extrémité des six premières rémiges , qui est d'u» gris noiiâlre. — Taille : o",i89. III. Genre MÉSITE, Mesites. M. Isidore Geoffioy montre que ce genre fort remarquable a surtout de très (i) Plusieurs oiseaux préseiitCDt , dans leur jeune âge, de semblables raies transversales qui disparaissent ensuite en partie, et quelquefois en totalité, à l'état adulte. Eu outre, d'après de nonibreuses observations de M. Isidore Geoffroy, l'aile se modifie beaucoup dans les oiseaux , selon leurs différeusâges, beaucoup d'espèces qui ont les ailes aiguës à l'éiat adulie(et peut-être toutes), les ayant d'abord obtuses. Si l'Oriolie envoyée par M. Bernier n'était pas entièremeul adulte, et M. Isidore Geoffroy le soupçonne, d'après quelques détails de la coloration de cet individu jusqu'à présent seul connu, il se pourrait qu'il y eût quelques modifications à apporter aux phi ase'. caractéristiques données ci-dessus. isiD. GEOFFROY. — Oiseuux Tioiweaux. i8q grands rapports par ses ailes avec les Ptuélopcs et Parraquas , par son bec et ses narines avec les Uéliorncs , et par ses pieds avec les Pigeous , spécialement avec les Coloinbigallines. Celte alliance singulière de caractères, jusqu'à présent con- nus isolément dans des groupes fort éloignes les uns des autres, ne permet de rapporter le genre Mésite à aucune des familles jusqu'à présent établies , et, par conséquent, oblige de le considérer comme devant lui-même devenir le type d'une famille nouvelle , que l'auteur croit pouvoir placer parmi les Gallinacées passéripèdes,près des Pigeons. M. Isidore Geoffroy reconnaît d'ailleurs lui-même que ce classement a besoin d'être confirmé pav lexaraen du sternum, de l'épaule, du bassin , et surtout du canal alimentaire , l'étude même la plus approfondie des parties extérieures étant nécessairement insuffisante pour l'appréciation d'un genre aussi isolé dans la série ornithologiquc. La caractéristique de ce genre est la suivante : , Bec presque aussi long que le reste de la tête, presque droit, comprimé ; mandibule supérieure sans aucune trace de crocbet ni d'écbancrure , à extrémité mousse ; l'inférieure présentant en dessous un angle au point de jonction de ses deux branches ; de chaque côté de la mandibule supérieure , un espace mem- braneux commençant à peu de distance de la base du bec , et se prolongeant jusqu'au milieu de fa longueur: au-dessous de la partie antérieure de cet espace, très près de la commissure du bec, et parallèlement à elle, une ouverture linéaire, qui est la narine. — Jambe emplumée dans la presque tolalité de sa longueur, mais une et écailleuse sur une très petite étendue, immédiatement au- des-usde l'articulation tibio-tarsienne. — Tarses médiocres, écussonnés. — Quatre doigts , non réunis à leur base par des membranes interdigitales, mais seulement bordés près de leur origine; doigt médian , plus long que les latéraux , et parmi ceux-ci , l'interne un peu plus long que l'externe : celui-ci uni au médian à sa base, mais sur une étendue extrêmement petite; pouce presque égal eu longueur au doigt antérieur interne. — Ongles assez petits , comprimés , très peu recour- bés. — Queue composée de douze pennes longues et très larges, parmi lesquelles les externes sont un peu plus courtes ; couvertures caudales très étendues. — Ailes courtes, dépassant à peine l'origine de la queue, surobtuscs ; première réuiige extrêmement courte, seconde très courte encore; cinquième, sixième, septième égales , les plus longues de toutes. — Plumage mol : pennes peu résis- tantes , à barbes peu serrées et peu adhérentes ; plumes du corps très longues, à tiges très grêles , également à barbes très peu adhérentes. M. Isidore Geoffroy a donné à l'espèce type de ce genre remarquable le nom deMÉsiTE \ tiTiiii!., Mei>ites vari egatu . Ses caractères spécifiques sont les suivans; Dessus de la tête et du corps , ailes et queue d'un roux feuille-morte; ventre roux avec des raies irrégulières . noires ; plastron j lune-clair, avec des taches elliptiques, noires , transversalement placées; gorge blanche. Sur les côlés de la tête et du col, une raie d'un jaune-clair, passant immédiatement au-dessus de Twil; plus bas un espace nu ; s'étendant en arrière et on avant de l'œil ; plus bas iqo KYDOUx et souleyet. — Température de V Homme. encore , uue bande irrégulicre jaune , et enfin une tache noire qui sépare celle-ci de la gorge. — Taille: o^jag/. Il est très digne de remarque que la coloration si caractéristique de la tête chez la Mésite variée , offre la plus grande analogie avec la coloration de la même région chez ces Héliornes ou G rébi foulques, dont la Mésite se rapproche tant aussi par les formes de son bec et la disposition de ses narines. La Mésite variée est , en particulier, très voisine, sous tous ces rapports , de l'Héliornc grivclé ou Héliorne du Sénégal; et si la tête de ce genre nouveau eût été seule envoyée et seule soumise à l'examen des ornithologistes ., il est assurément bien peu d'entre eux qui eussent hésité à l'attribuer à uue espèce iuceunuc d'IIcliorne. Observations sur la température de l'homme et de quelques animaux, faites par MM. Eydoijx et Souleyet pendant le voyage de la Bonite. (Extraites d'un rapport fait à l'Acadé- mie des Sciences le 9 avril i838 par M. de Blainville. ) Les observations de température humaine ont été faites sur dix hommes de l'équipage de la Bonite, d'âge et de tempérament différens ; mais tous soumis au même régime de vie cl à-peu-près aux mêmes occupations. Huit de ces hommes étiient matelots sur le pont ; deux seulement étaient affectés aux travaux de la cale. Commencées au mois d'août i836 , pendant le séjour de la Bonite à Rio- Janeiro, elles ont été poursuivies tous les jours à la même heure (trois heures d'après-midi) jusqu'à l'arrivée en France , le 6 novembre 1887, et n'ont été interrompues que dans la plupart des relâches et pendant les mauvais temps à la mer. Le nombre des observations particulières s'élève à plus de quatre mille. Il résulte de ces expériences qui ont été faites avec soin, et auxquelles l'exer- cice journalier des mêmes hommes a pu donner beaucoup de précision , que la température humaine s'abaisse ou s'élève en même temps que la température extérieure. D'abord elle s'abaisse assez lentement, lorsqu'on passe des pays chauds dans les régions froides: elle s'élève d'une manière plus rapide lorsqu'on quitte au contraire ces dernières régions pour repasser sous la zone torride. Au reste, ce double mouvement est plus ou moins marqué, suivant les individus. La température moyenne, donnée par les hommes observés au cap IIorn,par 59° de latitude sud et par une température extérieure de 0° centigrade, ne pré- sente qu'une différence approximative d'un degré avec la moyenne donnée par les mêmes hommes dans le Gange , près de Calcutta , par une température exté- rieure de — 4o° centigrades. Une variation de 4o° dans la température extérieure n'a donc donné heu qu'à une différence d'un degré à-peu-près dans la tempéra- ture des hommes observes. VAN BENEDEN. — SuT l'anatOTiiie des Pneumodermes. 191 Des expériences de tempéiatuie ont été faites encore sur plusieurs oiseaux pélagiens du cap Horn et du cap de Bonne-Espérance, ainsi que sur quelques lequins. Nous en donnons le résultat dans le tableau suivant : NOMS UES ANIMAUX. Requin Pétrel damier . . . Chionis Grand Pétrel noir, Pétrel gris Idem , Albatros Idem Idem Idem Requin Damier Idem Grand Pétrel noir. Petit Albatros . . . Grand Albatros . . Idem Idem Idem Idem Idem Idem Idem Idem Idem Idem lempér. 24 f 40 40 40 i 40 39 f ■h h 28 40 42 39,8 4l,2 39 i 39 39 ir 4o,2 39 T 40 f 39 T 39 40 i 38 f 38 TEMPERAT. (le l'air. maxini. 2503 21,8 7.1 4,4 6,1 mm. 14,4 2,2 1,2 4,4 TEMPERAT. de l'eau. Idem. Idem. i3,3 11,3 Idem . Idem . 28 24 16.8 12,9 Idem . i5 i3,2 10.9 8,6 Idem. 11,9 7,3 Idem . Idem. Idem. Idem . Idem . Idem . Idem . Idem . i3,5 10 min 2l''9 18 4,4 3,4 4,2 23°2 21,2 6.9 4,7 5,4 Idem. Idem . 14 12,9 Idem . Idem . 27-2 24,9 i5^8 i3,9 Idem . i5,a 11,1 12,8 8,4 Idem. 11,5 8,2 Idem. Idem. Idem . Idem. Idem . Idem . Idem. Idem . 12. II LATITUDE. 29''3' sud. 34.27 54-49 58-45 58-7 Idem. Idem. 36-59 Idem. Idem . 11.14 nord 32.25 sud Idem. 3543 34.30 Idem . 34-19 Idem. Idem . Idem . Idem. Idem, Idem. Idem . Idem . 29.45 LONGITUDE. 49''i3,oues 54.14 65.45 76.52 83.7 Idem . Idem. 80.16 Idem. Idem . iog.23 32.49 ^st Idem. 20.14 11.35 Idem . 11.56 Idem . Idem . Idem . Idem . Idem. Idem. Idem. Idem . 10.48 L Chez tous ces animaux le ihermomètre a été introduit dans l'auus, pendant qu'ils étaient encore en vie. Observations sur l'anatomie des Pneumodernes, par M. Y ath Beneden. (Extrait.) Dans ce mémoire, dont il a été fait un rapport à l'académie de Bruxelles, le 3 mars i838 , |)ar M. Dumortier, l'auteur fait connaître la structure du pneumo- durmon i/iolaceum ; la plupartdc ses observations confirment celles déjà faites par Cuvier, M. dcBlainville, etc. « Mais, dit M. le rapporteur, la partie du niémoiie 192 VAN DFNEDEN. — Analomie des Pncumodermes'. de M. Van Beneden relative au système nerveux du Pneumodermon violaceunij nous paraît méiiler une attention toute scéciale, par la nouveauté des faits qu'elle renferme. a Un peu au dessous delà naissance des cœcum buccaux, l'auteur a observé le ganglion stomato-gastrique avec ses nerfs. Ceux-ci entourent les deux cœcum dans la forme d'un 8. On sait que le système stomato-gastrique n'avait pas encore été observe dans ce groupe de mollusques. Cette découverte est donc un fait nouveau. Il en est de même des recherches sur le système ganglionnaire dont nous allons parler. iTti 's^' (a) Histoire des animaux sans verlèbres , t. II. , Icioo îIm., (3) Op. cit. ... ,.iib^'«. (4) Exposition méttiodique des Polypiers. ; t *'«"""' (5) Manuel d'actinologie. MiLNE EDWARDS. — SuT lûs Crisîèis , les Hornèrcs, etc. igS § 2. En effet, chacun des individus dont se compose une touffe de Crisies a la forme d'un tube allongé, rétréci graduel- lement vers sa base, incrusté de matière calcaire dans presque toute sa longueur, et terminé par une portion membraneuse et rétractile que surmonte une couronne de tentacules déliés (i); ces appendices sont garnis de cils vibratiles comme ceux des Tubulipores, et le meuvent exactement de la même manière que chez ces animaux ; seulement ils sont un peu moins nom- breux, car on n'en compte que huit ou dix au lieu de douze(2). La gaine tégumentaire, qui rentre dans l'intérieur de la cellule tubulaire dont elle est la continuation, et qui loge ces appen- dices pendant le repos, est également pourvue de muscles ré- tracteurs distincts, et le tube digestif, recourbé sur lui-même et ouvert à ses deux extrémités , ressemble exactement à celui des Tubulipores et des Flschares. (3) Jusque-là, nous n'avons rencontré aucune dissemblance entre un Polype du genre Crisie et un Polype du genre Tuhulipore, sauf une différence légère dans le nombre des tentacules; et si l'on n'étudiait que des individus isolés , on les croirait facilement ap- partenir à deux espèces d'un même genre. Mais si l'on examine les relations que les divers individus d'une même agrégation offrent entre eux, on trouve des différences dont l'importance est assez grande, car elles tiennent évidemment au mode de reproduction de ces Zoophytes et à la manière dont ils croissent. Le tube tégumentaire d'un Tubulipore est toujours rampant à sa partie inférieure, ce qui indique un état membraneux ou du moins peu de rigidité pendant le jeune âge ; celui des Crisies est , au contraire, toujours dressé et à-peu-près droit, disposition qui doit dépendre d'une ossification beaucoup plus prompte dans le tissu cutané des nouveaux individus. Les divers Polypes d'une même série naissent de la manière ordinaire les uns des autres (i) Planches, fig. i*et u. (a) H s'est glissé une erreur déchiffre dans le passage relatif à ces tentacules cliez les Tubu- lipores , à la page 3-iî , second alinéa du volume précédent. Au lieu de huit , il faut lire douze nombre qui , du resic , se voit dans les figures auxcjuelles ce passage renvoie. (3) PI. 7, fig. u. i3. 196 MiLNE EDWARDS. — Sur îcs Crist'es , les Homères, etc. comme des bourgeons d'un arbre qui , devenant chacun à leur tour une branche , produisent bientôt des nouveaux bourgeons destinés à porter une troisième pousse, et ainsi de suite tant que le végétal continue de croître. Dans les Tubuhpores, nous avons vu que les jeunes individus ne se développent que sur le côté ex- terne ou inférieur du Polype reproducteur près de sa base, sans que leur point d'origine soit bien constant, et, par conséquent aussi , sans que leur disposition soit bien régulière. Pour les Cri- sies, il en est autrement. Chaque Polype ne produit d'ordinaire qu'un seul rejeton, et celui-ci naît toujours à une hauteur dé- terminée sur le côté dorsal de sa mère, et lui est adossé; de telle sorte que les divers individus d'une même série sont tournés al- ternativement en sens opposés , et ont leur sommet dirigé suc- cessivement à droite et à gauche(i). Ils se soudent entr« eux dans leurs points de contact, et constituent ainsi une sorte de tige aplatie ou bande étroite dont les bords sont occupés par les ou- vertures des tubes tégumentaires, et dont la largeur varie sui- vant les espèces. Lorsqu'un même Polype donne naissance à deux individus, ceux-ci continuent à se reproduire chacun de la manière ordi- naire; mais les deux lignées dont ils sont les souches ne se réu- nissent pas entre elles, de façon que la branche, d'abord simple, .«;e dichotomise, ou qu'il en part un rameau latéral; il en résulte donc autant de branches nouvelles, et cette disposition donne à l'ensemble du polypier un aspect phytoïde. La forme extérieure du tube tégumentaire des Crisies ne change pas beaucoup avec 1 âge ; mais cette partie, quoique de consistance presque pierreuse, continue à vivre; car, à une époque avancée de l'existence de ces petits êtres, elle donne souvent naissance à des prolongemens filiformes, qui à leur tour s'ossifient et constituent de longs poils rigides ou bien des fibrilles radiciformes, à l'aide desquelles le polypier est fixé soli- dement sur sa base (2). Ces productions tégumentaires paraissent être analogues à la substance aréolaire commune des Tubuli- (i)"PI. 6,fig. la, n, a, a", et pi. 7, fig. i% i\ el 2. (2) PI. 7, fig 1°, (i. a. MiLNE EDWA.RDS. — Sur les Crisics , les Hornèrcs ^ etc. 197 pores, et ressemblent, au reste, d'une manière encore plus par- faite aux fibrilles radiculaires des Sertuiariens. Enfin, on trouve souvent sur quelques-uns de ces Polypes de grandes vésicules ovariennes (1), qui ont beaucoup d'analogie avec celles des Eschariens, mais qui sontpyriformes,et s'ouvrent par leur sommet élargi. § S. La Crisie, sur laquelle le mode de formation du polypier est le plus facile à étudier, est une espèce qui n'a pas élé jus- qu'ici rapportée à ce genre, et qui ne me paraît avoir été men- tionnée par aucun auteur systématique, à moins que ce ne soit peut-être par Othon Fabric us; car la description que ce natura.- liste donne de son Fistulana ramona (2) considérée généralement comme étant une Tubulaire, y convient assez bien. M. Lister, à^ qui on en doit ur.e bonne figure, l'a rapporté à tort au genre Tibiane de Laniouroux (3) ; mais n'y a pas assigné de nom spéci- fique, et je proposerai de l'appeler Crisie géniculée {Crisia ge- niculatd) à raison de la disposition de ses tiges coudées en zig- zag (4). Elle est assez commune sur les cotes de la Manche, et se trouve fixée sur les Laminaires. Les cellules tubuleuses formées par la portion endurcie de la gaîne tégumentaire de ces Polypes sont très allongées, et cha- cune d'elles prend naissance sur la face dorsale de la cellule pré- cédente, vers le tiers supérieur de celle-ci; elle n'y adhère que dans une très petite étendueet presque aussitôt après son origine, se recourbe un peu sur sa face ventrale, c'est-à-dire, en sens «jpposé à l'inflexion de la cellule précédente, de façon à former avec elle un angle obtus; enfin, vers son tiers supérieur, elle donne à son tour naissance à un autre Polype qui s'en éloigne presque aussitôt, et s'élève en suivant une direction à-peu-près parallèle à celle que présente l'individu qui porte sa mère, et qui pourrait, par conséquent, être considéré comme son aïeul. (i) PI. 6, f.g.a et a", (a) Fauna Groenlandica , p. i',43- (3) observations on the iiructure anJ fuiictioiis of TubuUir l'olypi. Pliilos. Triiiisactions, i834 ,'iiarl.ii,pl. i», Gg. 5. «) Voyci pi. fi, r..;. i, 1", i' fl V. ig8 MILNB EDWARDS. — Sur Ics CHsies , les Hornères, etc. La ligne de démarcation entre les diverses cellules tégumenlaires, ou, si l'on aime mieux, entre les divers individus, est parfaite- ment nette, et le point par lequel ils se reproduisent étant très éloigné de leur base, il en résulte que chaque Polype n'estsoudé qu'avec celui dont il provient et avec celui qu'il a lui-même pro- duit. Aussi voit-on bien distinctement que chaque branche du polypier se compose d'une série unique d'individus, lesquels se dirigent alternativement en sens opposé; ceux qui sont tournés lu même côté sont très éloignés entre enx, et chaque membre de ces lignées agrégées dépasse son parent dans une étendue égale à environ les deux tiers de sa longueur. § 4- Si l'on compare maintenant ce polypier svelte et élégant avec la Crisie ivoire (i), on reconnaîtra facilement que la prin- cipale différence qui distingue cette deinière tient à la situation du point reproducteur; chaque cellule tubuleuse, au lieu de porter son rejeton à peu de distance de son extrémité supérieure, le produit dans un point situé beaucoup plus bas, vers le quart inférieur de sa longueur (2). Il en résulte que le jeune Polype ne dépasse son parent que d'environ le quart de sa longueur, et que l'individu auquel il donne à son tour naissance se trouve dans toute sa moitié inférieure enclavé entre ses deux prédécesseurs auxquels il se soude; par conséquent, au lieu d'être éloigné de son aïeul , comme dans l'espèce précédente, chacun de ces Polypes y est accolé par son bord externe ou ventral , et la réunion des divers individus d'une même lignée constitue une sorte de tige aplatie, dans laquelle on distingue deux rangées longitudinales (i) Coralline à touffe, couleur d'ivoire EUis , Essai sur l'iiistoire naturelle des Corallines, p. 54 , n° 6 , pi. ai , fig. a A. Sertularia eburnèa Linaé, Syst. nat. ed, la , p. i3i6. — Esper Pflanzenth. Sertul. pi. 18, fig. I-3. Cellu/aria eburnea Pallas, Elenchus, p. 9 5. Cellaria eburnea Lamarck , Histoire des auimaux sans vertèbres , !'• éd. 1. 11 , p. 1 38, et a" éd. t. Il, p. 184. Crisia eburnea Lamouroux., Polyp. flexibiles,p. i38 , et Encyclop. méthod. Vers, p. 2a4. — Esper, Pflanzenthiere , t. m, p. a6i.— Cuvier, Règne animal, a* édil. , t. ici,p. 3oa. — Klainville, Manuel d'aclinol., p, 460, pi. 78 , fig. 3. (a) Voyez pi . 5 , fig. a et a". MiLNi: KDWAKUS. — Sur les Crisies, les Hornëres , eto,- 199 clecelhiles tubuleuses placées obliquement les unes au-dessus des autres, dirigées vers le bord latéral du polypier, intimement unies entre elles et alternant avec celles de la rangée voisine. L'aspect de cette Crisie est, par conséquent , assez différent de celui de l'espèce précédente; mais on voit que, dans la réalité, cela ne dépend que d'une sorte de tassement des individus dont ces Polypiers agrégés se composent. - , - i.:.; ,.. »:,• > La Crisie ivoire présente une autre particularité dotit ît tei^t également facile de se rendre compte. Chaque branche du poly- pier offre d'espace en espace un léger étranglement, à la base duquel se voit presque toujours une sorte d'articulation. L'étran- glement paraît dépendre de ce que les individus provenant d'une cinquième ou sixième génération sont gênés dans leur accroisse^ ment, et obligés de se diriger moins obliquement que d'ordinaire; ils s'avancent aussi moins loin , et le jeune Polype qui naît de la dernière cellule ainsi refoulée en dedans cesse, par conséquent, assez promptement d'être en contact avec les cellides précédentes, et il ne donne naissance à un nouvel individu que vers le point où il devient libre. Alors ce nouvel individu ne se trouvant plus en contact avec son aïeul, ne s'y soude pas, mais s'allonge li- brement, diverge comme d'ordinaire, et peut à son tour pro- duire sa race par la partie inférieure de sa gaîne tégumentaire. Il en résulte que , vers la base de la cellule ainsi refoulée en avant et isolée, le polypier doit offrir moins de largeur que danà le reste de son étendue; et, comme les générations qui naissent au-dessus de cet étranglement ne sont plus comprimées latéra- lement par les cellules dont elles sont précédées, rien ne les erapèrhe de reprendre leur position normale, et de redonner au polypier résultant de leur agrégation sa largeur primitive; mais en se succédant elles ne tardent pas à se trouver dans les mêmes conditions de développement que les individus situés au-dessous, et, par conséquent, elles ne tardent pas à affecter aussi la même disposition. Ces étranglemens doivent donc repa- raître périodiquement de distance en distance, et , comme le po- lypier offre dans ces points rétrécis moins de solidité que par-^ tout ailleurs, il doit s'y fracturer plus facilement , et par suite de CCS fractures se d viser m une suite d'articles composés cha- 20O milm: EDWARDS. — Sur les Crisies, les Homères, etc. cun d'une série plus ou moins longue de cellules tubuleuses profondément enchevêtrées entre elles et soudées dans presque toute leur longueur, de façon à constituer une seule masse. Or, c'est effectivement ce que l'on observe ; dans les branches nou- vellement formées, on voit souvent une continuité parfaite entre les portions du polypier situées au dessus et au-dessous de ces étranglemens; mais le plus léger mouvement suffit pour y déter- miner une fente transversale qui va toujours en s'élargissant, et qui laisse à nu une substance semi-cornée dont l'intérieur de la cellule est rempli dans ce point. La même disposition s'observe lorsqu'une branche latérale se sépare d'une de ces tiges celluleuses : la nouvelle branche naît par un seul Polype qui se développe sur le bord ventral ou ex- terne de la première cellule située au-dessus d'un des étran- glemens dont il vient d'être question; ce nouvel individu adhère à son parent par sa base étroite , mais ne tarde pas à le dépasser, et alors ne se trouve en contact avec aucune autre cellule à la- quelle il puisse s'accoler; il reste, par conséquent, isolé jus- qu'à ce qu'il ait lui-même donné naissance à une nouvelle lignée, dont les divers membres s'agrégant de la manière ordinaire constituent une branche semblable à la première. Il en résulte qu'à sa base la nouvelle branche ne peut avoir que la largeur d'un seul Polype; tandis qu'un peu plus loin elle présente sur une même ligne transversale au moins trois de ces petits êtres placés côte à côte; elle est, par conséquent, étranglée à son ori- gine et sujette dans ce point aux mêmes altérations que dans les autres rétrécissemens dont il a déjà été question. Quant à la fréquence de ces étranglemens , on remarque des difféi-ences assez grandes, et on observe que c'est dans la partie inférieure du polypier qu'ils sont les plus rapprochés; là, les divers articles dont nous venons d'expliquer le mode de forma- tion ne se composent ordinairement que de 5 ou 6 individus, et ne présentent, par conséquent, sur chaque bord latéral que deux ou trois ouvertures; tandis que dans les branches les plus jeunes on compte quelquefois jusqu'à dix individus réunis en un seul article. •»;/t MiLNE EDWARUs. — SuK les Cnsles y les Hornères , etc. 20 1 § 5. Le polypier désigné par Lamarck sous le nom de Cel- i.AiRE DENTELÉE (i) présente le même mode d'organisation que les deux espèces précédentes, et doit par conséquent être rangé dans la même division générique. Il ressemble surtout à la Cri- sie ivoire, et présente, mais portés à un plus haut degré, les ca- ractères qui distinguent essentiellement celle-ci de la Crisie' geniculee. En effet, chez laCrisie dentelée (2), la gaine solide des Polypes, au lieu de produire un nouvel individu vers sa partie supérieure, comme chez la Crisie géniculée , ou vers son tiers inférieur, comme chez la Crisie ivoire, donne naissance à son rejeton beau-t coup plus bas encore. Le jeune Polype naît presqu'à l'extrémité inférieure de la cellule tégumenlaire de sa mère , et de cette seule différence résulte une modification importante dans l'aspect gé- néral du polypier; les branches ou tiges de celui-ci, au lieu d'être formées seulement de tubes accolés dos à dos et placés presque bout à bout, ou de n'offrir dans leur largeur que trois de ces cellules très inégalement échelonnées, en présentent transver- salement un beaucoup plus grand nombre; car ces cellules tu- biformes étant plus rapprochées à leur point d'origine restent plus long-temps en contact avec leurs voisines , se dépassent beaucoup moins les unes les autres, et s'écartent davantage pour loger dans l'échancrure en forme de V, qu'elles laissent entre elles, les nouvelles générations développées au-dessous du niveau de leur terminaison. Il en résulte que , toutes choses égales d'ailleurs, la branche formée par l'agrégation de ces Polypes doit être beaucoup plus large, que les cellules, doivent s'ouvrir sur le bord du polypier beaucoup plus près les unes des autres, et que les ouvertures situées sur les bords opposés doivent être placés à des niveaux moins différens. Or, telles sont, en effet, les principaux caractères qui distinguent cette espèce, comme on peut le voir par les planches qui accompagnent ce travail. La Crisie dentée présente, comme la Crisie ivoire, des élran- ii) Cellaria Jeniicuiata Lamarck. Histoire des animaux sans vertèbres , t. «i , i'* édition , |) |37, «t u' édilion, p. 182. ;ï) Voyfzpl. 7, (ig. I, ■•cl .». ^ ^'' ■ "'""■'■' loa aiiLKJî EuWARos. — Sur les Crisies^ les Hornères., etc. glemens et des fractures transversales situées d'espace en espace; mais il est à remarquer que le nombre des individus dont se compose chaque article ainsi formé est plus considérable et s'é- lève ordinairement à dix ou douze. Il est aussi à noter que les rameaux latéraux d'une branche, au lieu de naître de la première cellule de chacun de ces articles, proviennent presque toujours de la cinquième onde l'antépénultième. Les touffes formées par ce petit polypier sont aussi beaucoup plus fournies, et s'élèvent plus haut qtie dans les espèces précé- dentes. Quant aux parties molles, elles ne m'ont offert nen de particulier. Les tentacules sont au nombre de huit, comme dans la Crisie géniculée, et les cils vibratiles dont ils sont garnis pro- duisent, comme d'ordinaire, l'eflet d'une rangée de perles, qui roulerait de bas en haut le long du bord gauche de chaque ten- tacule , et descendrait le long du bord opposé. La Crisie dentée est commune sur les côtes de la Manche , et il me paraît bien probable que le polypier décrit d'une manière succincte par M. Fleming sous le nom de Crisia luxata[i) n'en diffère pas spécifiquement. Je crois devoir y rapporter aussi le Polypier figuré par M. Savigny (a) et désigné par M. Audouin sous le nom de Proboscina sertularoides. (^3) § 6. Parmi despolypiersdont j'ai fait récemment l'acquisition, j'ai trouvé une Crisie qui m'assura-t-on, provient de la mer Rouge, et qui me paraît ai)parteMir à une espèce distincte des trois pré- cédentes. Elle ressemble beaucoup à la Crisie dentelée, mais s'en distingue par ses branches plus grêles, ses cellules tubuleuses beaucoup plus petites et par la longueur considérable des es- paces comprises entre deuxétranglemens ou articulations (4)*, le nombre des individus dont se compose une de ces portions du polypier s'élève ici à environ vingt, et les branches latérales naissent moins près des articulations que dans les espaces pré- cédentes; car, au lieu d'avoir leur origine entre la quatrième et (i) History of ihe Brilish animais , p. 540, — Blaioville. Manuel d'aclinol. p. 460. {2) Description de l'Egypte; Histoire naturelle , Polypes, pi. 6 , fig. 6. (3) Explication des planches de M, Savignv. (4) Voyez planche 7, fig. 2. MiLNE EDWARDS. — Sur les Crisiûs y les Hurnères , etc. 2o3 la cinquième cellule qui suivent ou qui précèdent ces lignes de démarcation, comme dans la Crisie dentée, elles en sont séparées par six ou sept de ces cellules. Cette espèce, que je désigne- rai sous le nom de Cris[e allongée {Crisia elongata) , s'attache, comme les précédentes , aux fucus par des fibrilles radiciformes, et ne m'a présenté, du reste, rien de particulier. Enfin, j'ajouterai encore que le polypier mentionné par Ca- volini sous le nom de Sertulara d'auono(\) appartient bien pro- bablement aussi au genre Crisie, et paraît se rapprocher de l'espèce précédente plus que de toute autre. Mais il n'a été ni figuré , ni caractérisé avec assez de précision pour que je puisse décider s'il doit ou non en être distinguée spécifiquement. Des Crisidies. (2) On connaît depuis long-temps, par les observi,tions d'Ellis , quelques polypiers phytoïdes dont les branches grêles et flexibles se composent chacune d'une seule rangée de cellules allongées, arquées , rétrécies inférieurement et dirigées toutes dans le même sens. Guidé par les caractères de la dépouille solide seu- lement, Lamouroux en a formé une division générique particu- lière sous le nom d'Eucratée (3), et M. de Blainville, attachant en- core plus d'importance à la forme de la gaîne tégumentaire de ces Polypes , les a réunis au genre Lqfœa du même auteur, et a composé ainsi un autre groupe généiique auquel il a donné le nom nouveau d'C//2/ce-//ai>e(4). Cependant ces rapprocheraens ne me paraissent pas fondés, et non-seulement les Lafœas de La- mouroux me paraissent devoir être distingués de ses Eucratées, mais je pense aussi qu'il serait nécessaire de retirer de ce der- nier groupe la Coralline à cornes de chèvre d'Ellis pour en for- mer le type d'un genre particulier, que je proposerai dénommer CrisidiCj à raison de son affinité avec les Crisies. (i) Meoiorie per servire alla sloria de' Polipi mariai, p. a4o , pi. il , Gg. 5 et 6. (a) Genre Crisidia Nob. (3) tiistoirc des Polypiers corallig. il ex. p. 147. (4) MaourI J'acliiiologic, p. 461. ao4 Mir.KE EDWA.BDS. — Suf Ics Cfisies, les Hornères, etc. En effet, les Eucratées proprement dites (i) appartiennent à la tribu des Cellariens, et sont pourvues d'un prolongement la- bial mis en mouvement par des muscles et constituant un oper- cule dont la disposition est la même que chez les Flustres , les Cellaires proprement dites et les autres Escliariens; tandis que, dans les Polypes dont je propose de former ce genre nouveau, l'orgauisation est sous tous les rapports essentiellement la même que chez les Crisies ; la structure des parties molles ne m'a sem- blé différer en rien de ce que nous en avons vu chez ces derniers zoophytes; la disposition des parties dures tégumentaires de cha- cun des individus dont le polypier se compose est également la même que dans les Crisies, et la seule différence importante, qui sépare ces deux genres, consiste dans les rapports qu'ont entre eux les divers individus d'une même agrégation. ('2) Ici les Polypes d'une même lignée se reproduisent encore par la face dorsale de leur cellule téguraentaire ; mais le jeune indi- vidu, au lieu d'être adossé à celui dont il provient, comme chez les Crisits, est tourné dans le même sens, d'où il résulte que la série ascendante ne constitue pas deux rangées alternes et di- vergentes, mais bien une rangée unique, dans laquelle toutes les cellides tubiformes se recourbent les unes au-dessus des- autres dans le même sens, et s'ouvrent du même côté. Du reste, je ne connais encore qu'une seule espèce ayant ce mode de conformation, savoir la Crisidie cornée ou Coralline à cornes de chèure d'Ellis (3), dont les auteurs plus récens ont parlé sous les noms de Sertularia cornuta {!\), Cellularla fal- cata (5)j de Cellularia cornuta (b)^ ^Eucratea cornuta (7)^ et (i) Voyez l'E'jcratée cornée, pi. 8, fig. i et i". (») PI. 8 , fig. a , sa çt 2 ». (3) Histoire naturelle des Corallines, p. 5;, n" lo, pi. ai , fig. c E. (4) Linné, Syst. nat. , éd. lae, p. i3i6. (à) Pallas, ElenchusZoophytorum, p. 76. (6) Lamarck, Histoire des animaux sans vertèbres , 2"^ édit. t. m , p. 187. (7) Lamouroux. Polyp. flex. p. 149. Expos, mélhod. des Polyp. p. 8] et Encyclop. mélhod. Vers. p. 3i t. — EsperPflanzenthiere, t. 3, p. a5a. Sertul. pi. 19 — Fleming. British animais , p. 54i. — Ctivic.". Règne animal , deuxième édition, tome 3, p. 363. M1LNE EDWARDS. — Sur les Crisies, les Hornères, etc. 2o5 d' Unicellaria cornuta {\) , mais sans en faire connaître la struc- ture intérieure, et même sans rien ajouter aux observations (l'Ellis. Des Alectos. § 1. Il me paraît exister une grande analogie de structure entre les Crisidies et les petits polypiers fossiles dontLamouroux a formé son genre Alecto (2). A en jiiger par les figures que ce naturaliste a données de son Alecto dichotome, on serait porté à penser que ce polypier se compose de cellules à-peu-près ova- laires, placées bout à bout et garnies d'une ouverture sublaté- rale, comme chez les Eschariens; aussi, M. de Blainville at-il rangé ce genre à côté des Ménippées et des Catenicelles (3), et avais- je d'abord adopté une opinion analogue (/j); mais l'exameri attentif de divers échantillons d'Alectos en très bon état de con- servation m'a convaincu que les loges tégumentaires de ces Po- lypes sont des tubes qui offrent tous les caractères essentiels de ceux propres à la famille des Tubuliporiens. § 2. C'est surtout dans un fossile appartenant à la formation du grès v<îrt inférieur (5) que ce mode de structure m'a paru évident; ce polypier a la plus étroite ressemblance, avec l'Alecto dichotome du terrain oolitique de Caen, mais me paraît devoir en être distingué spécifiquement, et pourra être désigné sous le nom d'ALEcro granulée (6). Il se compose de tubes en forme de cornet qui naissent les unes des autres par leur face inférieure et qui , après avoir rampé dans presque toute leur longueur, se redressent plus ou moins brusquement vers le bout; ces cellules ont des parois plus épaisses que celles des Crisidies, et, au lieu (i) Blainville, Manuel d'actinologie, p. 463. (a) Exposition méthodique des genres de Polypiers , p. 84. (3) Manuel d'actinologie, p. 464. (4) Notes de la deuxième édition de Lamarck , t. 11 , p. 188. (5; Ce fossile, dont je dois conimuniralion à M. Desliayes, a été trouvée par M. Cornuel , à Vassy, département de la Haute-Marne , dans une argile grise apparlej^ant à Jjj formation du gré» vert inférieur. (6) Âlfcio graiiiilalaJioh. Voyez, pi. ifi, (ig, "! et '^„. ao6 ^MiLNE EDWARDS. — Sur les Crisies, les Homère s ^ etc. de rester parfaitement cylindriques, elles s'aplatissent nn peu, et s'étalent sur la surface qui les porte; leur point d'origine est aussi moins distinct quedans le genre précédent, et, en général, leur extrémité antérieure est plus brusquement recourbée ; mais, vers l'extrémité des rameaux, c'est-à-dire là où les individus sont jeunes, la similitude est parfaite. Ce qui distingue essentiellement ce polypier des Crisidies, c'est que ses rameaux sont rampans dans toute leur longueur, et se soudent entre eux partout où ils se rencontrent, de façon à constituer une espèce de réseau, tandis que les Crisidies ne s'anastomosent jamais de la sorte , et produisent des fibrilles radicellaires qui, en les fixant aux corpsvoisins leur permet de prendre une position verticale et de s'élever en petites tonffes rameuses. L'Alecto granulé ne diffère guère de l'Alecto dichotome qu'en ce que ses cellules tubuleuses sont un peii plus grêles, que leur surface est bien plus distinctement granuleuse, et que leur portion terminale , libre, est plus longue et plus distinctement tubuleuse. § 3. Dans I'âlf.cto dichotome (i), la portion de la cellule qui se redresse au-dessus du point d'origine de l'individu suivant est, en général, si courte et si brusquement recourbée, qu'elle res- ^semble à un tubercule qui occuperait la face supérieure de la cellule , et porterait à son sommet l'orifice circulaire de cette loge plutôt qu'à l'extrémité d'une cellule tubiforme analogue à celle des Crisidies et des autresTubuliporiens (2). L'élargissement de la portion rampante de la cellule produit par l'aplatissement de ses parois et par l'origine des cellules suivantes concourt aussi à donner quelquefois à ces loges l'aspect de celles de certains Eschariens; mais dans quelques échantillons , j'ai pu me con- vaincre que leur mode de conformation est essentiellement le même que chez l'Alecto granulée. (i) y^/ec/o ^icAotomaLamouroux, Exposit. méthod.p. 84, pi. 81 , fig. 1Q-14 , et Encyclop. méthod. Vers, p 4i* — Fleming Brit. anim. p. 534. — Blainville, Manuel d'aclinologie , p. 464 ,pl. f>5 , fîg. i. (») Voy. pi. i5, fig. 4 et 4". MiLNE EDWARDS. — Sur Ics CHsies , les HornèreSy etc. 207 § 4' On trouve assez fréquemment stu' les Ananchytes et autres fossiles de la craie de Meudon, deux espèces d'Alectos qui parais- étre l'un et l'autre bien distinctes des précédentes. L'un de ces fossiles (1) n)e paraît être l'espèce mentionnée par M. de Blainville sous le nom d'ALECxo rameuse (2). Il ressemble beau- coup à l'Alecto dichotome , mais se compose de cellules tubu- leuses beaucoup plus allongées et en général garnies latérale- ment d'une petite bordure lamelleuse assez distincte, laquelle s'étale quelquefois beaucoup et peut réunir en une seule masse des branches voisines , comme cela se voit dans le point a de la %. i%pl. 16. L'autre espèce, que je désignerai sous le nom d'ALECTO gkèle, ^lecto gracllis (3), ressemble également à l'Alecto dichotome par son port et parla forme générale des cellules; mais ces loges ne sont pas de moitié aussi grandes , et leur ouverture , au lieu d'être parfiiitement circulaire, est, en général, un peu allongée- M. Goldfuss considère ce groupe générique comme étant identique avec le genre qu'il a lui-même établi pour recevoir le Tubutipora serpens de Linné (4) et quelques autres es- pèces ; mais ce rapprochement ne me paraît pas être exact ; car \ AuLopora serpens, qu'on doit prendre pour type de cette divi- sion , me semble avoir plus d'analogie avec les Cornulaires qu'avec tout autre polypier, et devoir, par conséquent, être rangé non-seulement dans une famille différente, mais même dans un autre ordre ; c'est ce que j'essaierai de démontrer dans un prochain article, dans lequel je rendrai compte de mes ob- &ervations sur les Cornulaires et quelques autres Alcyoniens. (0 PI. 16, fi(5. I et I". (3) ///ec^o ramea Blainville, Manuel d'actinologie, p. 464, pi. 78,rig. 6. (3) PI. i6, Cg. aet a-. (4) Mitlepora dichotoma repens , etc. Linné , Âmenitates academicx, 1. 1 , p. aog , fig, a6,. — Tubulipore serpem ejusd. sjst. nat. edit, ta, t. t ,p. 1371. — Aulopora serpens^ Goldfuss. Petref. Germ. , t. i , p. 8a , pi. ag , fig. i . ao8 MiLNE F.nwABDS. — Si//' .'es Cn'sies, les Homères, etc. Des Criserpies- Des rapports analogues à ceux que je viens de signaler entre les Crisidies et les Alectos me paraissent exister entre les Crisies et un petit polypier fossile qui se trouve aux environs de Néhou dans le département de la Manche. Ce polypier (i), de même que les Crisies, se compose de cellules allongées, tubuleuses et peu ou point rétrécies à leur ouver- ture, qui naissent les unes des autres, se dirigent alternative- ment à droite et à gauche, et se soudent entre elles de façon à former des expansions rameuses, dont les deux bords sont gar- nis d'ouvertures, et rendus dentelés parle prolongement de ces mêmes cellules tubuleuses les unes au-devant des autres; mais ces ramifications, au lieu d'êire fixées à leur base par des fila- mens radicellaires, et de s'élever comme une touffe phytoide, restent couchées, et rampent à la surface du corps étranger au- quel elles adhèrent. Ainsi, de même que les Alectos semblent être des Crisidies rampantes, ce fossile est une sorte de Crisie ram- pante , et il établit aussi un passage entre les Crisies de nos jours et ïesTubulipores; mais il ne me paraît pas devoir être confondu génériquemcnt avec ces zoophytes, et je proposerai d'en for- mer un genre particulier auquel je donnerai le nom de Criser- piE {Crise rpid). Les cellules de ce polypier sont d'assez grande dimension , comme on peut le voir dans la figure qui est jointe, et ne présentent pas autant de régularités que celles des Crisies ; elles paraissent avoir été plus flexibles, et dépassent quelquefois leurs voisines, de façon à devenir libres vers le bout. L'échantillon que j'ai observé se trouve sur une Térébratule, et m'a été com- muniqué par M. Michelin à qui je le dédierai comme espèce. (i) Voyez pi. i6,fig, 4 et 4''- iwiLNE E[)WARDS. — Sur les Crisies, les Hornères, etc. aog Des Hornères. • § I. En étudiant les Crisies, nous avons déjà vu combien il était facile de méconnaître les affinités naturelles des Polypes, lorsqu'on attache plus d'importance à la disposition générale des agrégats formés par ces petits animaux qu'à leur confor- mation individuelle. Les Horfîéres nous offriront un autre exemple des erreurs dans lesquelles cette marche a fait tomber la plupart des zoologistes. L'espèce unique, d'après laquelle Lamouroux a établi ce genre, est le Millepora lichenoides de Pallas (i), dont Ellis et Solander ont donné une assez bonne figure sous le nom de Millepora tubipora {i). Guidé par l'aspect général du Polypier, Lamarck en a fait une espèce de Rélépore (3), et Lamouroux, tout en le distinguant génériquement, le laisse à côté des Es- chares et desRétépores dans son ordre des Escharées (4); enfin, M. de Blainville, qui dans sa classification des Polypes s'est atta- ché à la forme individuelle des cellules bien plus qu'à celle du polypier en général , en a agi autrement, et a rangé le genre Hornere dans la famille des Milléporées, où sa place est, en effet , mieux choisie (5) ; mais aucun auteur, à ma connaissance, n'a encore remarqué l'étroite analogie de structure qui existe entre ces Hornères et les Tubulipores ouïes Crisies, et n'a songé à établir le rapprochement qui dans une méthode naturelle me semble devoir exister entre ces trois genres dispersés jusqu'ici dans des familles ou même dans des classes différentes. (i) Elenchus , p. 245. — Esper, op. cit. Millep. pi. 3 , fig. 1.4. (2) Nal. hist. of Zoopliyles, p. j3(), pi. 26, fig. i. — White cora/ Ellis, Hisl. nat. de» Corallines, pi. 35 , Cg. B, /'. — M. Lklienoicles Linné , syst. iial. éd. 12 , t. i, p. 1283. — C'est aussi à retio espèce que paraissent devoir être rapportés le Polypier figuré par Seba, t. iir , pi. 1 10, Cg. fo. (.3) Retepora frondicttlata Lamarck, Histoire des animaux sans vertèbrfis , i"l édit. t. 11, p. i83, et 2« édit. , t. 11, p. 277. (4) Hornerajrondlculata Lamouroux , Expos, mélliod. p. 41 , pi. 74, fig. 7-9 , et Encyclop, mélhod. Vers, p. 460, allas , pi. 480, fig. 4. — RIainville, Manuel d'actinologic , p. 419. (5) I or. cit. IX- Zooi.. — Avril. 14 9,10 :milne EDWARDS. — Sur les Crisies, les Hornères , etc. Cette analogie devient cependant manifeste du moment où l'on examine avec une lonpe d'un pouvoir amplifiant assez grand la structure intime du polypier. On voit alors que celui-ci se compose de cellules lesquelles, considérées iudividuellement,ne diffèrent de celles des Crisies ou desTubulipores par aucune par- ticularité importante, et ne s'en distinguent guère que par leur mode d'agrégation, c'est-à-dire par des caractères propres à l'établissement de divisions génériques, mais qui peuvent varier presqu'à l'infini dans une même famille naturelle. En effet, dans les lïornères comme dans les Crisies, le poly- pier se compose d'un assemblage de cellules tégumentaires de consistance pierreuse et de forme tubuleuse, qui , très étroites à leur origine, s'élargissent peu-à-peu sans présenter aucun ren- flement subit, et se terminent par une ouverture circulaire des- tinée à livrer passage à l'appareil tentaculaire (i); on remarque seulement que dans les Hornères leur longueur est plus considé- rable. Du reste, ces tubes naissent aussi les uns des autres, et se soudent entre eux, de façon à former des tiges rameuses, dans lesquelles chaque cellule s'élève plus ou moins au-dessus de celle dont elle provient et dont elle côtoie dans une certaine étendue l'une des faces. Mais, au lieu d'être rampans comme chez les ïubulipores , adossés sur deux lignes comme chez les Crisies, ou rangés en séries uniques comme chez les Crisidies, ces mêmes tubes tégumentaires se réunissent par faisceaux, en nombres assez considérables, et dans chacun de ces faisceaux les ouvertures terminales de toutes ces cellules sont dirigées du même côté, et montrent une tendance à former plusieurs séries longitudinales alternes , sans cependant affecter une disposition parfaitement régulière. C'est surtout dans les jeunes branches du polypier que la ressemblance entre le mode de conformation des Hornères et des Crisies est facile à apercevoir même à l'extérieur (2) Si l'on divise longitudinaleraent le polypier, on distingue toujours la disposition des tubes tégumentaires dont il se compose; mais, (1) Voyei pi. 9, fig. I. 1°, 1*, I'. (a) PI. 9, fig. ic. MiLNE EDWARDS. — Sur Ics Crisîes , les Hdrnères , etc. i\\ par les progrès de l'âge, sa surface se modifie de façon à masquer plus ou moins complètement sa structure intime. En effet, ces cellules tubuleuses en vieillissant ne tardent pas à s'unir si inti- mement qu'au dehors on ne peut plus les distinguer, et la surface de l'espèce de branche ou de tige formée par leur réunion s'épais- sit considérablement, et se couvre d'une multitude de stries longitudinales, qui paraissent être dans le principe des filamens analogues aux fibrilles radiciformes des Crisies, mais qui se soudent dans toute leur longueur sur la surface de la branche dont ils naissent, et s'unissent entre eux de façon à couvrir peu- à-peu celle-ci d'une couche épaisse de matière calcaire ayant l'aspect de cordes ou de rubans pierreux, qui seraient étendus longitudinalement et accolés sur les deux faces du polypier. Il en résulte que la portion terminale des cellules tégumentaires, d'abord libre et saillante (i), est peu-à-peu envahie par ces ex- croissances (2) , et peut même en être complètement recouverte, comme cela se voit souvent vers la base du polypier. Je n'ai pas eu l'occasion d'étudier la structure des parties molles des Hornères; mais l'analogie qui existe dans ia conformation et la disposition de la gaîne tégumentaire solide chez ces Polypes et chez les Crisies est si étroite, que je ne puis douter de l'exis- tence d'une ressemblance correspondante dans les autres parties les plus importantes de l'organisation; aussi, je n'hésite pas à ranger, du moins provisoirement , ces deux genres dans la même famdie naturelle : celle dont les Tubulipores constituent le type. § 2. J'ai reçu de la Sicile un polypier fossile qui paraît prove- nir des terrains tertiaires supérieurs des environs de Syracuse, et qui a la plus grande analogie avec la Hornère frondiculée dont nous venons de nous occuper; il serait même possible que ce n'en fût qu'une simple variété (3). Je suis cependant porté à le considérer comme une espèce distincte; car les cellules tubu- leuses ont moins de largeur, les ouvertures sont plus petites et (O Fig. i«,a. (») Fig. l'.A. (î) Voyez pi. 10, Cg. i et i*. 14. 212 MifNE icDWARDS. — SuT Ics Crlsies^ Ics Homères , etc. plus raprochéos, er)fin,la substance dont la face antérieure de ce |)olypier se compose est moins distinctement striée et d'une tex- ture plus compacte que dans celle de l'époque actuelle; et en général , on aperçoit deux ou plusieurs pores dans le sillon qui surmonte chaque ouverture et qui sépare les deux cellules sui- vantes. Quant à son poit, ce fossile, que je désignerai sous le nom de HoRwiîRr: voisine {Hornera affinis) , ne diffère pas nota- blement de la Homère frondiculée. § 3. Il existe aussi beaucoup de ressemblance entre les deux espèces précédentes et une espèce fossile de Dax, que je désigne- rai sous le nom de Hornère Lisse, Hornera lœvis (i). Celle-ci paraît avoir le même port que la Hornère frondiculée, mais ses cellules sont beaucoup plus grosses, d'où résulte plus d'espace entre les ouvertures, lesquelles sont aussi plus grandes; enfin l'espace intermédiaire est beaucoup plus lisse que chez les pré- cédentes ; mais il serait possible que ces différences ne soieiot pas constantes , car je ne possède qu'un très petit nombre de fragmens de ce fossile, et, dans ce cas, il ne faudrait la consi- dérer que comme une variété de l'espèce précédente. § 4. La Hornère hippolyte (2) , qui se rencontre assez com- munément dans le dépôt coquillier de Grignon, et qui est de très petite taille, se distingue facilement des précédentes par la manière dont les ouvertures des cellules tubuleuses sont serrées les unes contre les autres 3), par le petit nombre des séries longi- tudinales qu'elles constituent, et par la forme arrondie de leurs bords. 11 est aussi à noter que l'espace compris entre les ouver- tures offre de grosses stries longitudinales irrégulières , qui sont ordinairement séparées entre elles par une fossette ou un pore situé au-dessus de chaque ouverture. L'ensemble di polypier est d'une grande délicatesse, et consiste en petites branches (i) PI. ii.fig.^. " • {1) Homera hlppolyta Defrance , Dictionnaire des Sciences naturelles, t. xxi , p: 43a. pi. 46 . fig. 3. — Blainville . Manuel daclinologie, p. 4 '4, pi- fi" , p. 3. (3y Voyez pi. 11 , fig. 3. MiLWE EiJWARDS. — Sur les Crises y^les Hornères, etc. »i<3 grêles et rameuses qui ne s'anastomosent pas entre elles, et sont, comme d'ordinaire, striées longitudinalement sur leur face dorsale. § 5. Un autre fossile du même genre, que j'appellerai la HoRNÈRE sTRiJÎE ( I ) . se trouve dans le crag de Suffoik en Angle- terre, et s'éloigna plus que les précédentes des espèces de l'époque actuelle. Il est deudroïde comme la Hornère frondiculée; mais ses branches sont beaucoup moins écartées entre elles, et les ouvertures de ses cellules sont très rapprochées et disposées avec assez de régularité en séries longitudinales ,' que séparent de petits bourrelets également longitudinaux. § 6. Il existe aussi dans le crag d'Angleterre une seconde es- pèce de Hornère, qu'au premier abord on prendrait pour un Rétépore, et qu'on peut pour cette raison appeler la Hornère RÉTÉPORACÉE (2). Lcs brauches dont ce polypier se compose sont rangéesàpeudedistanceles unes à côté des autres, et se sondent entre elles d'espace en espace, de façon à^constituer une sorta de lame criblée de trous et contournée sur elle-même à la manière des Rélépores; mais si on en examine la structure intérieure, on voit qu'elles se composent de longs tubes serrés tes ims contre les autres, ouverts à leur extrémité et disposés absolument de la même manière que chez les auti'es Hornères (3). Ce fossile curieux se distingue aussi des espèces précédentes par la dispo- sition des ouvertures cellulaires qui sont distribuées irrégulière- ment et arrondies comme chez la Hornère Hippolyte, mais plus espacées , et par la texture de la face dorsale de ses branches qui, au lieu d'être striée longitudinalement, est comme réticidée. (Zj) § 7. INI. Defrance, qui le premier a signalé l'existence de la Hornère Hip|)olyte, a décrit aussi d'une manière sommaire plu- sieurs autres fossiles qu'il rapporte au même genre ; je regrette (i) Honiera striata E. pi. 1 1 , fig. i , 1« et i*. [1) llovntra rctcporucea E. pi. lO, fig. a , 2", ■>.{, et a^ (î) l'i. >.>,ns. 2^ (4) Voyez pi. lo, liy. 2^. ai4 MiLNE EDWARDS. — Sur les Crisies, les HornèreSy etc. de ne pas avoir eu l'occasion de les comparer aux précédentes, el d'en faire le dessin"; car, à moins de figures exactes, il est tou- jours difficile de caractériser les espèces d'une manière suffi- sante, (i) Quant au Retepora radians de Lamarck , que M. de Blain ville range aussi parmi les Hornères, je crois devoir les rapporter au genre Idmonée. Des Idmoivées. Les polypiers dont Lamouroux a formé le genre Idmonée("i) offrent dans la conformation individuelle des cellules tégumen- taires les mêmes caractères essentiels que les Hornères, les Cri- sies et les Tubulipores ; mais c'est surtout avec les Hornères qu'ils ont une ressemblance étroite , et ce qui les en distingue est le mode d'arrangement que les divers individus affectent entre eux dans leur agrégation. En effet, ceux-ci forment de chaque côté d'une ligne médiane des rangées transversales plus ou moins longues, et sont placés sur deux plans plus ou moins inclinés (3). Pour se rendre compte de cette disposition, il faut ad- mettre que les Polypes des deux rangées médianes proviennent ,, (i) Voici ce que M. Defrauce dit de ces fossiles : " Bornera crispaUd. Celte espèce, dont je ne possède qu'un débris , diffère de ia précédente (la H. H'ippolytus), en ce que les cellules se trouvent portées sur des tubes saillaus. On ia trouve à Orglandes , départenient de la Manche. « Bornera radians Defr. Ce Polypier est porté sur un axe épaté de quatre à cinq lignes de diamètre; sa tige, très courte el poreuse intérieurement , s'étale ea une étoile, divisée en quinze ou seize rameaux inégaux , très poreux au sommet, unis à leur base , et dont les plus longs ont cinq lignes. La surface extérieure est garnie de cellules de deux grandeurs , les unes arrondies , plus grandes et d'autres plus petites. La face iiiférieure , ainsi que l'axe , est couverte de légères stries longitudinales. On trouve cette espèce dans la falunière de Laugnan , près de Bordeaux. ■ «, Hornera opuntia Defr. La tige de cette espèce est aplatie et portée sur un axe épaté. L'une des surfaces est chargée de cellules rondes, proéminentes et disposées en lignes parallèles, souvent transverses : l'autre est lisse. Trouvées dans la falunière de Hauteville. » Dict. des se. nat. , t. 2 1, p. 43 >..) La Bornera elegans du même auteur me parait devoir être considérée comme une Idmonée. (2) /r/monea Lamouroux , Exposition méthodique des Polypiers, p. 8o,etEncycIop. méthod; "Vers, p. ',62. — Blainville , Manuel d'actinologie, p. 4<9. (3) Voyez pi. 12, fig; S", 3*, 3', 4°, 4*, 4^, etc. MiLNE EDWARDS. — Sur les Crîsies , les Hornères , etc aiS alternativement les uns des autres, comme cela se voit chez les Crisies, mais que , au lieu de ne donner naissance qu'à un seul individu, ils produisent chacun un faisceau de deux, trois ou quatre jeunes , qui se placent côte à côte de façon à constituer une rangée transversale, et qui pour la plupart ne reproduisent pas eux-mêmes de nouveaux rejetons. Cela suppose donc une modification importante dans la manière dont ces petits êtres se multiplient, et, par conséquent, me paraît motiver suffisam- ment une distinction générique. § '1. L'espèce qui a servi de type pour l'établissement de c& genre est I'Iumonée triqukïre(i), petit polypier fossile du cal- caire jurassique de Caen, dont on n'a trouvé encore que des fragmens. Ses branches sont triangulaires et un peu plus épaisses au milieu que larges (2), leur surface inférieure est un peu con- cave, comme si elle avait été appliquée sur la tige cylindrique de quelque plante marine; enfin, les tubes dont elle se compose sont tous à-peu-près de même longueur, et sont au nombre de cinq ou six par rangée transversale; leur extrémité est libre et recourbée, de manière à être presque perpendiculaire à la sur- face générale du polypier; enfin ils se terminent par une ouver- ture à bords épais; et, avant de se recourber de la sorte, ils sont si intimement unis entre eux, qu'on ne les distingue qu'à raison de leur saillie. § 3. L'Idmonée corne de cerf (3), qui se trouve à Grignon, se distingue facilement de l'espèce précédente par la petitesse comparative des cellules tubuleuses, aussi bien que des branches résultant de leur agrégation par l'épaisseur considérable de ces branches, eu égard à leur peu de largeur, et par le développe- (i) Idmonea triquetra Lamoiiroux, Exposé incthodit|ue des Polypiers, p. 80 , pi. 79, fig. i3-i5, el Encyclop. p. 46a. — Defraocc, Dictionnaire des sciences naturelles , t. xxii , p. 564. — Blaiuvillc, Manuel de malacologie, p. 4ao. (■i) Voyez pi. 9, fig. a et no. (3) Idmonea coronopus Dcfrancc .Dictionnaire des Sciences naturcllcb , I. xxn , p. A65. — l'Iainville, MaïuK'l d'actinoloyie , p. 4jio. 2i6 MiLNE KPWARDs. — Sur Ics Cflsics , Ics Homères, etc. ment considérable des tubes situés de chaque côté de la ligne médiane. En effet, la coupe transversale de l'un des rameaux de ce polypier représente un triangle équilatéral, ou est même plus élevée au milieu que large à sa base(i), et les tubes tégumen- taires, qui forment le bord antérieur ou médian de ces tiges prismatiques, s'allongent et se recoiubent en dehors au point de cacher plus ou moins complètement l'extrémité libre des cel- lules placées plus en dehors sur la même rangée transversale, et à donner au polypier, lorsqu'on le regarde directement en lace, l'aspect d'un prisme rameux, dont le bord antérieur seule- ment serait garni d'une double rangée de tubes recourbés alter- nativement à droite et à gauche. c'est probablement cette disposition qui a fait dire à M. De- france que dans ce fossile les cellules sont '< disposées en rangées opposées sur une des surfaces du polypier, où la réunion de ces rangées forme une sorte de crête. » Quant à la forme rhomboï- dale des cellules indiquée par le même auteur, elle dépendait probablement de ce qu'il avait observé un fragment dont les tubes étaient cassés ou usés vers le bout; car dans les échantil- lons bien conservés, on voit que l'ouverture de ces tubes est tout- à-fait circulaire , et que leur portion libre égale quelquefois en longueur la moitié de la largeur de la branche qui les porte. Le polypier fossile de Grignon , considéré par M. Défiance comme une variété de l'Idmonée triquètre et figuré sous ce nom dans le Dictionnaire des Sciences naturelles (2), n'appartient cer- tainement pas à l'espèce à laquelle il est rapporté, et ne me pa- raît différer par aucun caractère essentiel de l'Idmonée corne de cerf. § 4- Quant à I'Idmonée a échelons (3) dont on doit également la découverte à M. Delrance, elle ressemble beaucoup à l'espèce précédente; mais je n'ai pas eu l'occasion de l'observer, et la (I) PI. I2,fig. 3*. (î) Allas du Dictionnaire des Sciences naturelles, pi. 46,fig. 2,el Manuel d'aclinologie , de M. de Blainville , pi. 68 , fig. 2. (3) Idmonea gradata Defrance , Dictionriuirc dee Sciencds nature'Ies , t. xxii , p. 563, pi. 46» fis- 5.— Blainville, op. fil. p. 420, pi. 68, fig. 5. MiLNE EDWARDS. — Sur Ics Crisies, les Hornèreé , etc. 217 figure qui en a été donnée ne me paraît pas suffisamment pré- cise, pour que l'on puisse décide^ si c'est ou non une espèce distincte; elle provient également d'un terrain tertiaire, et a été trouvée à Hauteville (département de la Manche) , où, suivant INI. Defrance, on rencontrerait aussi l'Idmonée corne de cerf. § 5. Le petit polypier décrit par Lamarck sous le nom de Rélépore rayonnant (i) et rapporté par M. de Blainville au genre Hornère (2) a la plus grande ressemblance avec les Id- raonées fossiles des terrains tertiaires dont il vient d'être ques- tion , et me paraît devoir nécessairement prendre place dans la même division générique. C'est aussi un polypier rameux dont les branches ont la forme de prismes à trois pans, et portent sur leur bord antérieur des cellules tubideuses libres vers le bout et recourbées alternativement à droite et à gauche (3). La principale différence qui le distingue est qu'ici le nombre des tubes disposés par rangées transversales siu- les deux plans inclinés que sépare cette crête est peu considérable; au lieu d'y en avoir communé- ment quatre, comme chez l'Idmonée corne de cerf, on n'en trouve ordinairement que deux, et quelquefois on n'tn voit qu'un seul. Suivant Lamarck, I'Iumonée rayonnante habiterait les mers de la Nouvelle-Hollande ; mais il y a quelque raison de croire que cette origine n'est pas bien certaine. § 6. Une nouvelle preuve de l'analogie qui existe entre les Tubulipores et les Idmonées nous est fournie par le polypier auquel Lamarck a donné le nom de Tubulipora transpersa (4); car ce savant naturaliste l'a confondu avec le Millepora tuhulosa d'EIlis, lequel , ainsi que nous l'avons déjà vu (5), est bien un véritable Tubulipore, tandis que l'espèce dont il est ici ques- (i) Retlpora radians Lamarck, Histoire des animaux sans vertèbres, i'" éd. l. ii, p. 279. (a) Hornera radians RIainv. Manuel d'aclinologie, p. 409. , (3) PJ. .2,(1^'. 4,4" el 4*. {<) Hisloire des animaux sans vertèbres , i" édil. t. 11, p. 16a, el a' cdit. t. ii,'p. >'(». (5) Mépioires sur les lubuliporcs, Annales, 1. viir, p. 32 r. ai8 MiLNE EDWARDS. — Sur Ics Crisics , les Hornères , etc. tion présente tous les caractères d'une Idmonée (r). En effet, les longs tubes obliquement superposés dont ce polypier se compose sont disposés de chaque côté de la ligne médiane des branches en rangées transverses qui alternent entre elles à leur base; la ligne médiane n'est guère plus saillante que les parties latérales , de façon que la branche est aplatie plutôt que prismatique, et les rangées, au lieu d'être droites sont un peu courbes et s'élèvent de dedans en dehors ; enfin , les cellules les plus rapprochées de la ligne médiane, au lieu d'être les plus développées et les plus saillantes, ne dépassent qu'à peine la surface générale du polypier, et sont moins longues que celles situées près des bords. Il en résulte que l'aspect de la surface de ce polypier s'éloigne assez de celui des espèces précédentes, et se rapproche un peu de celui des Hornères. Quant à sa forme générale, elle est assez difficile à définir; c'est une tige aplatie et rameuse, dont les branches sont contournées en divers sens, et présentent autant de largeur à leur extrémité qu'à leur base; on distingue bien à l'œil nu les crêtes transversales formées sur l'une de leurs faces par l'extrémité libre des cellules, et à l'aide de la loupe on voit que chacune de ces demi-rangées se compose de trois ou de quatre tubes. Il me paraît bien probable que c'est cette espèce qui a été décrite par Pallas sous lo nom de Millepora liliacea (2.); mais ce naturaliste cite cependant la figure d'Ellis, dont nous avons déjà parlé comme appartenant au genre Tubulii)ore. Suivant Lamarck, I'Idmonée transverse (3) habite la Médi- terranée. § 7. M. de Blainville mentionne une autre espèce également récente qui a été apporté des mers du Japon par M. Siebold, et qui a été désigné par M. de Haan sous le nom &' Idmonea vires- cens {J\)\ mais il n'en a été encore publié ni description, ni ligure. « (i^ Voyez pi. 9, Cg, 3 et S", représentant récLaulillon, décrit par Lamarck, et conservée dans la galerie du Muséum, (ï) Elenchus, p. 248. (3) Idmonea transversa Nob. (4) Manuel d'aclinologic , p, 420. MiLNE EDWiViiDS. — Suf les Crisies , les Hornères^ etc. ait) Enfin, c'est également dans ce genre que doit prendre place, comme l'a déjà fait remarquer M. de Blainville , le Retepora clis' ticha de Goldfuss (i), petit fossile trouvé dans la craie de Mas- treicht. Mais le Retepora truncata (2) qui, d'après le premier de ces auteurs, serait également une Idmonée, ne me paraît pas avoir le mode d'organisation caractéristique de ce groupe na- turel, et devra probablement former le type d'une division particulière, qui serait intermédiaire entre les Idmonées et les Frondipores. Des Pustulopores. § I. I.e genre Pustulopore, établi par M. de Blainville (3) a"ux dépens de la division artificielle désignée par M. Goldfuss sous le nom de Ceriopora (4)» est très voisin des Hornères, dont il diffère principalement par l'existence d'ouvertures sur toutes les surfaces du polypier. M. de Blainville a reconnu parfaite- ment cette analogie ; mais les rapports étroits qui existent entre ces Pustulopores et les Tubulipores ne me paraissent pas avoir été remarqués, et il serait même difficile de les soupçonner d'a- près les figures données par M. Goldfuss. Mais les espèces nou- velles que je vais faire connaître ne peuvent laisser à cet égard aucune incertitude. L'un de ces polypiers, que je désignerai sous le nom de Pus- tulopore VRO'&o'^c\\^'E {Pustulopora proboscidea), se compose de longues cellules tubuleuses qui sont réunies, dans la plus grande partie de leur étendue, par une masse calcaire com- mune, mais sont isolées et libres vers leur extrémité, exacte- ment comme chez les Tubulipores (5). Cette portion libre du tube tégumentaire du Polype se recourbe de façon à s'éloigner de. la masse générale , et se termine par une ouverture circu- laire sur les bords de laquelle on ne distingue aucun indice de (i) Peirefacta Gennania;, 1. 1, p. 29,pl. 9 , Cg. i5. (a) Goldruss,op. cit. p. ag.pl. 9,fig. 14. — hlmoiwa Uwicata Blainville. Manuel, p. l\io. (3) Muuui:i d'actinoiogie , p. 418. (4) Goldfu s. Petref. 1. 1, p. 3.». (5) PI. ,2, «g. a. aao ariLNE EDWARDS. — Sur les Crisics, les Hornères, etc. l'existence d'un appareil operculaire. Considérés individuelle- ment, ces Polypes ne présentent donc rien, dans la disposition de leurs parties dures, qui ne rappelle exactement ce que nous avons vu chez les Tiibulipores , surtout chez le Tubulipore frangé (i) ; mais ce qui les distingue est leur mode d'agréga- tion ; car, dans le Pustulopore, les cellules tubuleuses sonl.réu- nies en une sorte de gerbe allongée et constituent ainsi un Po- lypier cylindrique dont la surface est hérissée tout autour par la portion saillante de ces tubes tégumentaires. Les jeunes Po- lypes naissent à la surface dorsale des vieux individus, et parlent par conséquent de la partie centrale des espèces de colonnes résultant de leur réunion; mais lorsqu'en giandissant ils ont dé- passé leurs parens , ils deviennent à leur tour superficiels , et du fond du fttisceau qu'ils forment s'élève une autre génération des- tinée à allonger davantage la colonne, ou à se dévier et donner naissance à des branches nouvelles. Le caractère essentiel de ce mode de croissance est que les divers individtis agrégés , au lieu de ramper horizontalement et de former des masses en- croûtantes comme chez les Tubulipores, s'élèvent en faisceaux rameux comme chez les Hornères , tt , au lieu de se courber tous du même côté et de se terminer sur une seule des faces du polypier, comme chez ces dernières, ils s'éloignent en tous sens de l'axe commun et s'ouvrent tout autour de la tige cylindrique formée par leur réunion. Le Pustulopore proboscide habite la Méditerranée. Je n'ai pas eu l'occasion d'en étudier les parties molles; mais il y a toute raison de croire que sa structure intérieure est la même que celle des Tubulipores. § 2. On trouve à Grignon des fragmens d'un petit polypier fossile qui est conformé à peu-près de la même manière que l'espèce précédente, et qui doit , par conséquent , prendre place dans la même division générique (a). Il est beaucoup plus grêle, et, par son aspect, se rapproche davantage des espèces de Pus- lulopores d'après lesquelles M. de Blainville a établi ce genre. ;i) Annales, I. vin, pi. 14, fig. 2, [< (2) Voyez pi. J I , fig. 4 et 4". iMiLNE EDWARDS. — Sw les Crisics, /es Hornères, etc. aai En effet, les tubes tégumentaires sont beaucoup plus courts, et leur portion terminale est beaucoup moins saillante ; il en résulte que les ouvertures sont aussi beaucoup plus rapprochées entre elles, et que leurs bords arrondis se confondent souvent avec la surface générale du polypier, de façon à offrir l'aspect d'un ma- melon percé au centre paT un trou circulaire. Mais dans quel- ques points, les cellules sont moins complètement immergées dans la masse commune, et leur portion saillante est alors tu- bifoi me , comme dans l'espèce précédente. Je proposerai de désigner ce petit fossile sous le nom de Pus- TULOPORE GRiXF, {PuStulopOTU QiaciUs). § 3. Un autre fossile du même genre, que j'appellerai le Pus- TULOPORE UKCB.OSTOME i^Pustulopora macrostoma^ , se trouve également dans le terrain tertiaire des environs de Paris (à Chauraont), et présente à un plus haut degré encore les carac- tères qui distinguent l'espèce précédente du Pustulopore pro- boscide, dont, au reste, il diffère aussi beaucoup par son aspect. Dans ce poly pier(i), le bord terminal des cellules est à peine sail- lant, et les ouvertures sont si rapprochées, qu'en l'examinant à l'extérieur seulement on pourrait croire que sa structure inté- rieure serait semblable à celle des Salicornaires; mais si l'on y pratique une section verticale, on voit qu'il se compose de tubes réunis en faisceaux et divergeant de tous côtés comme dans les espèces précédentes ; seulement ces tubes ne se dépassent que peu les uns les autres, et ne se recourbent pas assez vers le bout pour s'isoler de la masse commune. Or, ces différences sont de l'ordre de celles que détermine souvent, dans un même poly- pier, les seuls progrès de Tâge, et par conséquent ne peuvent motiver une distinction générique; d'un autre côté, ce fossile a évidemment la plus grande analogie avec le Pustulopore ma- dréporacé cité par M. de Blainville comme un des types de ce genre, et, d'après l'existence de tous ces passages, il ne me semble pas douteux que l'on ne doive réunir, comme je l'ai fait ici, toutes ces espèces dans un même groupe. (ij PI. lî.liï. 1. 22 a MFLXE EDWARDS. — Sur Ics Crisics , les Hornères^ etc. Du reste , le Pustulopore raacrostome se distingue facilement duPustulopore grêle, par la grosseur de ses tiges et par la gran- deur de l'ouverture de ses cellules, qui estpyriforme on ovalaire vers l'extrémité des branches, et circulaire dans les parties plus avancées en âge. §4- Le PosTULOPORE MADUÉPORACÉ (i), à en juger par la figure qu'en a donné M. Goldfuss, différerait de l'espèce précé- dente seulement par l'épaisseur et la saillie beaucoup plus con- sidérable des bords de l'ouverture des cellules , et par le rappro- chement plus grand de ces ouvertures. 11 me semble que c'est avec raison que M. de Blainville a rap- porté à ce genre le Ceriopora pustulosa de Goldfuss (a), fossile dans lequel les ouvertures des cellules se touchent presque et paraissent tendre à se ranger en spirale autour du Polypier ; et je suis porté à croire que le Ceriopora oculata (3) doit égale- ment y prendre place; mais je doute beaucoup que le Cerio- pora radici/ormis {l\) présente intérieurement le mode d'organi- sation propre aux Pustulopores, et le Ceriopora verticillata (5) me semble devoir constituer le type d'un genre particulier voi- sin des Spiropores de Lamouroux. Les petits polypiers figurés par M. Phillips sous les noms de Millepora spicutaris (6) et de M. oculata (7) ont évidemment beaucoup de ressemblance avec le Pustulopore macrostome,et devront probablement prendre place dans le même genre, 11 est en général difficile de se former une idée bien précise des polypiers qu'on ne connaît que par les descriptions et les figures publiées par Lamouroux; mais, autant que je puis en juger par ces renseignemens , il me paraît probable que le genre (i) Ceriopora ma dreporacea Goldfuss , Petref. t. i , p. 35, pi, lo, fig. ta. — Pustulopora madreporacea Blainville. Manuel d'actinologie , p. 418 , pi. 70 , p. 75. (a) Peiref. t. i , p. 37, pi. 11, fig, 3. (3) Goldfuss, op. cil. p. ai7, pi. 65, fig. i4. (4) Goldf.loc.cit.pl. 10) fig. 8. — Pustulopora radici/ormis 'Blaïay. op. cil, p. 4'8- (5) Goldf. loc.cit.pl. 1 1 , fig. 1. — Pustulopora 'verticillata Blaiov. loc. cit (6) Illustrations of the geology ofYorkshire, vol. 11; pi. i, fig. 4o-4»> (7; l.oc. cit. pi. I , fig. 43.45. MiLNE EDWARDS. — Suî' les Cvisles, Ics Hornères , etc. aaS Entalopora de ce naturaliste (i) doit être voisin des Piistulopores dont l'étude vient de nous occuper. DiiS DiASTOPORES, DES MÉSENTERIPORES BT DES BÉRÉNICES. § I. Le genre Diastopore établi par Lamouroux(^2), mais mal caractérisé par ce naturaliste, ne me paraît pas devoir être con- sidéré comme une subdivision du groupe naturel desEchariens, comme le pense M. de Blainville (3) , mais me semble avoir la plus étroite analogie avec les Tubulipores. Les polypiers fossiles dont ce genre se compose forment, en général, des plaques encroûtantes qui adhèrent à quelque corps étranger par leur surface inférieure , et présentent sur la surface opposée les ouvertures des cellules (4), ou qui se sont contournées autour de quelques plantes marines, de manière à constituer , après la destruction de celles-ci, des tubes rameux dont une seule surface aussi présente des ouvertures (5) ; d'autres fois aussi ils constituent de grandes lames foliacées dans la composition desquelles entrent, non pas une seule couche de cellules, comme le croyait Lamouroux, mais, ainsi que l'a déjà con- staté M. de Blainville, deux séries de loges adossées l'une à l'autre et garnissant de leurs ouvertures les deux surfaces du po- lypier (6). En cela, ils ressemblent certainement à desFlustresou à des Eschares ; mais si on examine, à l'aide d'un pouvoir am- plifiant suffisant, la structure de ces polypiers, on ne tarde pas à se convaincre que la conformation individuelle des Polypes a dû différer de beaucoup de celle des Eschariens, et se rappro- cher extrêmement de ce que nous avons vu chez les Tubulipores. En effet, ces expansions encroûtantes ou foliacées se composent (i) Exposition méthodique des Polypiers, p. 8r ,pl. 80, Cg. 9-11, — Blainville. Manuel» p. 488. Laninuroux considère ce genre comme voisin des Sertulaires, (a) Exposition méthodique des Polypiers , p. 42. (3) Manuel d'aclioologie , p. 43o. (4) PI. «4,fii,'. I cla.elp. 5 ,fig. 3. (5) PI. ,5,fig. a. (6) PI. J4,fig. i.elpl. .5, fig. I. 11^ Mit.NE EDWARDS. — Sur Ics Cr'isies ^ les Hornères^ ctr. de l'assemblage d'une multitude de tubes grêles el allongés qui naissent les uns des autres de façon à se recouvrir un peu, et qui se soudent entre elles dans leurs points de contact de ma- nière à former une lame calcaire continue; chaque tube a une longueur considérable et se rétrécit peu-à-peu vers sa base, où il est caché sous celui dont il naît; son extrémité antérieure n'est pas sensiblement rétrécie, et se courbe un peu en avant de façon à devenir à-peu-près verticale par rapport à la surface générale du polypier; enfin, son ouverture, de forme circulaire, occupe toute la largeur de son extrémité antérieure, et n'offre aucune trace indicative de l'existence d'un appareil operculaire analogue à celui propre aux Eschariens. En général , on dis- tingue facilement les lignes de soudure de ces tubes entre elles dans toute leur longueur, et , dans tous les cas, une section lon- gitudinale suftit pour prouver l'existence du mode de structure que je viens d indiquer. Il me paraît donc évident que c'est dans la famille des Tubu- liporiens que ces fossiles doivent prendre place , et j'ajouterai même que les caractères d'après lesquels on peut les distinguer des Tubuhpores suffisent tout au plus pour les en séparer géné- riquement, car la seule différence constante que j'ai pu décou- vrir consiste en ce que la portion antérieure des tubes tégu- mentaires est libre dans une longueur assez considérable chez les Tubulipores , tandis qu'elle fait partie de la masse commune et ne devient saillante que tout-à-fait vers le bout chez les Dias- topores. § 2. Lainouroux n'a mentionné qu'xme seule espèce de ce genre, le DiASTOPORE FOLIACÉ (i) ; mais il en existe plusieurs, et il me semble même qu'on a souvent confondu sous le nom que je viens de citer deux espèces distinctes : l'une, dont une variété a été figurée par Lamouroux sous le n" 3 dans la yS" planche de son Exposition méthodique, encroûte souvent les coquilles et affecte quelquefois la forme de gros tubes rameux composés d'une seule couche de cellules ; l'autre , également figurée par (i) Diastopora foliacea Lamouroux. Exposition niélhodiqiie , p. 42 , pi. 78 , fig. i , a , et Encyclop. mélhod. Zooph. p. ■>bo. — Blain\jlle. Manuel , p. 43o, pi. 53, fig. i. MiLNE EDWARDS. — SuT' les C/isies ^ les Ifornères, etc. 226 ce zoologiste dans les fig. i et 2 de la même planche, constitue des expansions foliacées dont les cellules sont disposées sur deux couches adossées , et dont les deux surfaces sont, par consé- quent garnies d'ouvertures. Au premier abord on pourrait , en effet , croire que ces polypiers sont de simples variétés d'une seule et même espèce dont la forme générale serait modifiée suivant les circonstances dans lesquelles elle se serait dévelop- pée ; mais en étudiant avec attention les cellules, on voit qu'elles ont des dimensions très différentes , celles qui constituent les polypiers foliacés (i) étant beaucoup plus grosses que celles dont se composent les plaques encroûtantes (2). Cette dernière espèce me paraît devoir conserver le nom spécifique qui lui était com- mun avec la première, car elle seule est réellement foliacée, et je proposerai de dédier l'autre au naturaliste qui le premier a fixé l'attention sur ces fossiles, et qui a établi le genre dont ils font partie. (3) UAulopoia compressa de M.Goldfuss(4)paraît présenter tous les caractères de la Diastopore Lamourousien, et devra, suivant toute probabilité, ne pas en être séparé, même spécifiquement. § '1. Je crois devoir considérer comme une troisième espèce de Diastopore un autre polypier fossile qui se trouve également dans le calcaire oolitique des environs de Caen , et qui se rap- proche du Diastopore foliacé par sa configuration générale, mais qui est intermédiaire entie cette espèce et le Diastopore Lamourousien par les dimensions des cellules. Il consiste en des expansions foliacées, diversement contournées, et composées de deux couches de cellules adossées l'une à l'autre; ces cellules sont moins grosses que chez le Diastopore foliacé, mais au moins aussi longues et beaucoup plus aplaties (5). Je proposerai de le dédier au savant successeur de Lamouroux dans la chaire d'his- (.) PI. .5,Cg. I. (a) PI. i5,fig. i. (3) DiASToi-ORA LAMOURODSiKN , Diastof)ora Lamouroiixii , F., pi. i5; fig. a. (4) PetrefaclaGermania:, t i , p. 54 , pi. 38, ûg. 17. (5) PI. 14, fig. I, 1°, I». IX 7.0UI., — Avril. iS 220 :\iiL\E EDWARDS. — Sw les Ci'isics , les Homères, etc. toire nalurelle de Caen , M. Eudes Delongchamps, et de le dé- signer sous le nom de Diastopora Eudesiana. § 4. On trouve dans le même terrain des environs de Caen encore d'autres polypiers lamelleux et diversement contournés, dont l'aspect général a la plus grande analogie avec celui des Eschares. M. deBlainville , qui en a formé une nouvelle division générique sous le nom de Mésentéripore (i), pense qu'ils sont composés de cellules ovales réunies en quinconce sur deux plans adossés, et, d'après ces caractères, il les range entre les Es- chares et les Rétépores. En examinant à l'extérieur seulement certains échantillons de ces Mésentéripores, on doit, en effet, être porté à croire que les cellules du polypier sont placées presque bout à bout comme chez les Eschariens ordinaires, et qu'elles n'en diffèrent que par la disposition de leur ouverture , qui est circulaire. Mais en les observant avec plus d'attention et en pra- tiquant des sections pour en étudier la conformation intérieure, je me suis convaincu que cette apparence est illusoire, et que, par la structure individuelle de leurs loges tégumentaires , ces Zoophytes diffèrent essentiellement des Eschariens et se rap- prochent des Tubulipores et des Diastopores; c'est avec ces derniers qu'ils ont l'analogie la plus étroite, et même ils ne s'en distinguent par aucun caractère assez important pour autoriser, ce me semble, une séparation générique. L'espèce qui a servi de type à ce genre, et qui a été désignée .par M. de Blainville sousle nom de MiisENTÉRiPORK DE Michelin (2), est aussi celle qui m/a fourni les résultats que je viens d'indiquer. Si on l'observe dans des points où les individus paraissent être peu avancés en âge , on voit dès le premier abord que les cel- lules tégumentaires sont de longs tubes qui s'élèvent en ligne presque droite les uns à côté des autres, et ne se recourbent guère en avant que tout-à-fait au bout , de façon qu'ils ne de- viennent presque jamais libres dans toute leur circonférence, et que leur ouverture est oblique par rapport à la surface géné- (:) Manuel d'actiuologie , p. 43a. (a) Mesenteripora Michelinii Rlainv. lac. oit, pi. 71 , fifi- 5. MiLNF. EDWARDS. — Sur Ics Cfisies, les Hornères, etc. -iin raie du polypier. Les lignes de soudure résultant de l'union in- time des tubes placés côte à côte sont d'abord bien visibles (i) ; mais par les progrès de Tâge la surface antérieure des cellules s'épaissit , de façon à faire disparaître ces sillons longitudinaux et à transformer le tout en une surface continue, sur laquelle s'élèvent obliquement des tubercules ovalaires percés au som- met d'un trou circulaire (a). Quelquefois la paroi antérieure de ces tubercules se trouve détruite par usure, et alors le polypier pa- raît composé de grandes cellules pyriformes disposées en quin- conce (3), à-peu- près comme cbez les Membranipores. Mais, dans tous les cas, il est facile de se convaincre que ces loges ne s'ar- rêtent pas dans le point où elles paraissent naître au-dessous de celles qui les précèdent, mais descendent beaucoup plus bas derrière celles-ci, et ont la forme de longs tubes légèrement coniques; pour cela, il suffit d'user davantage la surface du po- lypier, ou, ce qui est préférable, d'en examiner une section verticale, comme celle représentée pi. i5 , fig. i"*. Du reste, ces tubes sont disposés à-peu-près de même que chez les autres Diasiopores dont nous nous sommes occupés, et leur ouverture ne présente aucun indice de l'existence d'un appareil operculaire. M. de Blainville mentionne sous le nom de Mesenteripora Delalœa (4) une autre espèce de ce genre qu'il a vue dans la col- lection de M. Michelin, et qui se trouve à l'état fossile dans le même terrain que les précédentes; mais il n'en a publié ni figure, ni description , et dans la collection qu'il cite je n'ai trouvé aucun polypier désigné sous ce nom , ni aucun qui soit spécifi- quement distinct des précédentes; je suis même porté à croire que le fossile en question est une simple variété de la Diastopora Michelinii^ remarquable par la manière dont ses lames foliacées sont enroulées et serrées les unes contre les autres. S 5. Les raisons qui nie portent à réunir les Mésentéripores aux Dlastopores me paraissent militer également contre la distinction (i) PI. i3, fig. I-, hb. (■t.) Planche i3,fig. m. (3) Fig. I» et i', <. (4) Maiiiial, |) 43a. 15. 22^ Mil. NE F.DwVKDs. — StiK Ics Cfisies , Ics Homèies, etc. établie par I.amoiiroux entre ces derniers polypiers et les BÉirj^- .NicKs. (i). En effet, ces derniers ne consistent pas , comme on le croyait dans « une membrane crétacée couverte de cellules sail- lantes, ovoïdes ou pyrifornjes, séparées et distantes les unes des autres, » mais se composent, de même que les précédentes, de cellules tubuleuses réunies sur un seul plan et terminés par une ouverture circulaire ; la seule particularité de quelque importance qu'on y remarque, c'est que ses tubes sont moins longs^, un peu renflés vers le milieu et disposés avec un peu plus de régularité , de façon à représenter avec leurs ouvertures un quinconce assez serré. (2) Je dois à l'obligeance du docteur LesauvagedeCaen quelques échantillons de la Bérénice du dkhjge(3), qui montrent très di- tinctement ce mode de structure, et qui présentent une dispo- sition remarquable; les expansions encroûtantes dont ces poly- piers se composent adhéraient d'abord à la surface d'un Trochus, mais se sont ensuite recouvertes comme des pelures d'ognon , et se sont accumulés au point de former une masse d'un volume considérable (4) ; chacun de ses étages est, du reste, tout-à fait semblable à celles situées au-dessous, et lorsqu'une d'elles coni- ^mence à se former, elle ressemble à une petite croûte circu- laire, dans laquelle les rangées de cellules divergent obliquement d'un point commun ; sui- d'autres échantillons moins avancés en âge, le polypier ne consista qu'en une petite croûte conformée comme celle dont je viens de pailer. (5) Cl) Expos, p. 80. (s) PI. i5,fis. 3<„3S3',3rf. (3) Deienicea diluviana. Lamouroux, Expos, mélfeod. p. 80, pi. 80 , fig. 3 el 4. — Blainv. *)p. cil. p. 445, pi. 65, fig. 4- (4) PI. i5,fig. 3. (5) Depuis la cominunicalion de ce travail à l'Académie des sciences, j'ai reçu de M. Eude.< Delongchamps quelques nouveaux échantillons de la Berenicea diliwiana, que ce savant a eu la complaisance de déterminer par comparaison directe avec les indi'^idus décrits par Lamouroux , rt conservés dans le Musée d'histoire naturelle de la ville de Caen. Ces fossiles offrent lous les ^ caractères de ceux dont j'avais donné la description et m'ont fait voir aussi que les variations dans la forme générale du polypier peuvent être plus grandes que je ne l'avais même soupçonné. Hn effet les couches superposées de loges tubulaires, au lieu de s'étendre toujouis à-peu-près horizontalement , se relèvent quelquefois et s'enroulent alors autour du tubercule ainsi formé, di' façon à constituer \me sorte de tige arrondie, dont l'aspect rappelle celui de divers Mille- MiLNE KDWARDS. — Sui' Ics Crtsics y Ics MoTnètes ^ etc. -^a^ Ce mode de recouvrement n'a aucune analogie avec celui que présentent les Cellépores proprement dits. La superposition ne se fait pas d'individu à individu, comme chez ces derniers , mais par le développement d'une population tout entière au- dessus des ét;iges déjà existans, laquelle, partant d'un point quel- conque , envahit la surface de toute la masse subjacente , comme elle s'étendrait sur un corps étranger. On remarque quelque chose d'analogue chez plusieurs polypiers appartenant à des types très variés, et entre autres chez VAlve<>Htes eschardides de Lamarck, polypier qui, du reste, ne doit pas être rangé dans le genre Alvéolite, mais se rapproche des Flustres. § 6. Je crois devoir distinguer des espèces précédentes un autre petit polypier fossile de l'oolite de Bath, qui présente la même structure que le Diastopore du déluge , et qui pourrait être très facilement confondu avec déjeunes échantillons de cette espèce. 11 forme de petites croûtes circulaires fixées sur des corps étran- gers et garnies en dessus par la partie terminale des cellules (i); vers le centre du polypier, celles-ci sont fortement recourbées vers le haut et terminées par une ouverture circulaire; mais dans le reste de son étendue , l'extrémité de ces loges dépasse à peine le niveau général, et offre une grande ouverture ovalaire. Enfin, cette espèce, que je proposerai de nommer Diistopork vERRUQUEux (i), sc distingue aussi par les dimensions des loges tégumentaires, qui sous ce rappoit sont intermédiaires entre le Diastopore du déluge (ou Bérénice du déluge Lamouroux) et le Diastopore grêle dont il me reste encore à parler. § 7. J'ai donné le nom de Diastopore grêle à un petit polypier fossile qui m'a été communiqué par M. Deshayes,et qui se trouve poracées el de quelques Epouges (comme on peut le voir par l'échaulillon représenté pi. 14, fig. 4 ). M. Delonchamps s'est assuré que c'est à une grosse variété semblable de cette même espèce, que LamoiiroHxa donné le nom de -UiV/py^o/^a mafrocau/c(Expos. p.86,|)l. 83, Cg. 4); enfin il ajoute que ce mode d'enroulement des lames des Bérénices lui parait devoir jeter beau- coup do jour sur la nature du fossile singulier connu sous le nom de Tcrebellaria, opinion que je partage culiéremcnt , mais que je laisserai développer par mon savant correspondant. (1) l'i. 14, fig. a. (a) Diaitopora vtrrucasa, riob. |il. 14, lig, 1 et a». z^o MiLNE EDWAnos. — Sur les C/isies , les Hornères, etc. dans une couche argileuse du grès vert inférieur à Vassy, dépar- tementde la Haute-Marne. Ce polypier ( i ) présente le même mode d'organisation que les précédens, mais ne le laisse apercevoir que plus difficilement; car l'union des cellules tubiformes devient plus intime que dans l'espèce précédente, et dans la plupart des cas le sillon longitudinal qui résulte d'abord de la juxta-position des bords latéraux de deux cellules voisines se remplit au point de dis- paraître complètement et de donner à l'ensemble de l'agrégation l'aspect d'une expansion simple et continue, dont la surface serait parsemée çà et là de petites élévations perforées au sommet. Mais dans le jeune âge la distinction des individus et la forme tubuleuse de leur gaîne tégumentaire sont, au contraire, faciles à reconnaître; ainsi, près du bord de l'échantillon figuré dans nos planches, on voit distinctement que l'expansion encroûtante résulte uniquement de la soudure de longs tubes serrés les uns contre les autres à-peu-près parallèlement. Quelquefois une frac- ture met à nu l'intérieur de ces loges, et alors on voit également que ce sont des tubes. Ce fossile présente donc tous les caractères essentiels des Dias- topores tels que nous les avons rencontrés dans l'espèce précé- dente, et il doit par conséquent prendre place parmi ces Poly- piers. Du reste, il est facile à distinguer par la petitesse de ses cellules et le peu de saillie de leur portion terminale, ainsi que par les particularités dont il vient d'être cjuestion. § 8. Quant aux deux espèces de Bérénices décrites par Lamou- roux comme se trouvant habituellement dans la Méditerranée, il me paraît difficile de se former une opinion arrêtée sur leurs ca- ractères; la Berenicea -prœminens{i) pourrait bien êtreunTubu- lipore, et \diBerenicea annulata{y) quelque Escharine; mais pour résoudre ces questions, il faudrait examiner les échantillons ob- servés par ce naturaliste, car les figures qu'il en a données sont évidemment trop mauvaises pour donner une idée exacte de ce (i) Planche 14, fig. 3. (2) Exposition méthodique des Polyi»ieis, p. 80, pi. 80, fjg t , 3. (3) Op, rit, p. 8 r , pi. 80 , fig. 6 , 6. MiLNE EDWARDS. — Sur les Cvisics ^ les Hornères\ etc. aS'i. qu'il a voulu faire connaître. J'ajouterai aussi que le genre Bé- rénice , tel qu'il a été défini par M. Fleming (i) et adopté par M. de Biaiiiville (a), diffère essentiellement de la division pri- mitivement établie par Lamouroux , et ne pourrait comprendre aucune des espèces dont la description vient de nous occuper. § 9. Dans une classification naturelle, on ne peut établir des genres sur des différences légères dans la forme extérieure des animaux, et lorsqu'il s'agit d'animaux agrégés , on ne peut atta- cher de l'importance à la configuration générale des masses ré- sultantes des agglomérations d'individus que lorsque cette con figuration est l'indice d'un mode de reproduction ou de groupe- ment particulier. Or, il n'existe, comme noui l'avons vu, aucune différence de cet ordre entre lesDiastopores de Lamouroux, ses Bérénices et Mésentéri pores de M. deBlain^ille; par conséquent, malgré les variations dans la forme générale du Polypier chez ces divers fossiles, je pense qu'il faut les réunir dans un même groupe générique; et comme, de ces trois noms, celui de Dias- topore est un des plus anciens et un de ceux dont l'application a le moins variée, je proposerai de l'appliquer à la division qui comprendra tous ces Polypes. Si, pour faciliter l'étude, on croyait utile d'établir dans le genre Diastopore, ainsi composé, des coupes secondaires , rien ne serait plus facile, pourvu toutefois que l'on s'en tînt à la considération d'échantillons d'un certain âge , car alors ou pour- rait distinguer du premier coup-d'œil : r Les Diastopores simples ^ qui s'étalent en croûte sur des corps étrangers et ne présentent qu'une seule couche de cel- lules, tels que le Diastopore Lamourousien, le D. verruqueux et le D. grêle. a^ Les Diastopores enveloppantes ^ (\\\\ s'étalent également en croûtes minces dans lesquelles tous les individus ont leur ou- verture dirigée du même côté du polypier, mais qui présentent, par le progrès de l'âge, un grand nombre de ces expansions la- (1) ttritiili aiiimaU. iiSti. a32 MiLNE EDWARDS. — Suf les Crisic's , les Iloniè.res , etc. tnelleuses, empilées les unes sur les autres, et s'enveloppanl mutuellement , comme chez le Diastopore du Déluge. 3" Les Diastopores bisérialairesy qui s'élèvent en lames folia- cées composées chacune de deux couches de cellules adossées l'une à l'autre, et offrant par conséquent des ouvertures sur leurs deux surfaces, comme chez le Diastopore foliacé, le D. Eudesien et le D. Michelinien. RÉSUMÉ. D'après les observations rapportées dans ce Mémoire, ou voit que le mode d'organisation que j'ai fait connaître chez les Tu- bulipores se retrouve chez un grand nombre d'autres Polypes qui, à laison de l'aspect général du polypier, sembleraient der voir appartenir à des types tout-à-lait distincts, et qui, en effet, ont été jusqu'ici éloignés de ces Zoophytes par tous les natura- listes et dispersés dans des familles ou même dans des sous- classes différentes. Ainsi Lamarck, qui a formé des Tubulipores un genre particulier, en a éloigné les Hornères , les Crisies, etc., pour réunir les premières aux Réfépores et les secondes aux Cellaires. Cuvier a suivi une marche à-peu-près semblable, et dans le système de Lamouroux, les Tubulipores prennent place dans Tordre des Cclléporées, les Crisies dans l'ordre des Gella- riées , et les Diastopores dans l'ordre des Flustrées , tandis que les Hornères et les Idmonées se trouvent reléguées dans l'ordre des Milleporées, qui fait partie d'une sous-classe différente; enfin M. de Blainville, dont la méthode est en général bien plus naturelle que toutes les classifications dont je viens de parler, range les Tubulipores et les Hornères dans deux familles diffé- rentes de sa sous classe des Polypiaires pierreux, et place les Bérénices et les Crisies dans deux familles séparées d'une autre sous-classe. Cependant, si Ton considère anatomiquement un Polype du genre Crisie, on y retrouve , à des nuances près, la même structure que chez les Tubulipores, et tous les caractères essentiels tirés de la conformation individuelle des Hornères , des Idmonées, des Diastopores, etc. , se rencontrent également soit chez les Tubulipores, soit chez les Crisies. MiLNE KDWARDS. — Sur Ics Crisù'S , Ics Homères , etc. i33 Or, une classification naturelle n'est autre chose qu'un ré- stinié des modifications plus ou moins importantes observées dans le mode de structure des animaux, et une sorte de repré- sentation des degrés divers de ressemblance et de dissemblance que ces êtres offrent entre eux. Par conséquent, il me paraît de toute évidence que les différens genres que nous avons trouvés si analogues sous le rapport de la structure anatomique ne doivent plus être dispersés comme par le passé, et doivent être réunis dans une seule et même famille dont le type nous est fourni par les Tubulipores. Ce groupe se distingue nettement de la famille des Eschariens par l'absence de l'appareil operculaire si remarquable chez ces derniers, et par plusieurs autres caractères dont l'énumération trouvera mieux sa place ailleurs ; il est également bien séparé de la famille des Vésiculariens, et semble établir le passage de l'une à l'autre. Du reste, les Tubulipoies, les Bérénices, les Mésenté- ripores, les Idmonées , les Hornères, les Crisies, les Crisidines et les Aleçtos , ne sont pas les seuls Polypes tuniciens qui doivent y être rangés ; il est probable que les Spiropores, les Phéruses, etc., y appartiennent aussi, et qu'il faudr^i y placer également les Frondipores, les Fasciculaires, etc., opinion que je me pro- pose de discuter dans un autre mémoire. Quant aux différences de quelque importance que présentent entre eux les divers Tubuliporiens dont nous venons de nous occuper, on a pu voir qu'elles dépendent essentiellement de la manière dont naissent les bourgeons reproducteurs, et dont les jeunes Polypes se soudent entre eux, circonstances d'où dépend le mode de groupement des divers individus réunis dans un po- lypier commun ; aussi est-ce ce mode de groupement qui four- nit d'ordinaire les meilleurs caractères pour l'établissement des divisions génériques. Ainsi, lorsque la série d'individus provenant d'une suite de gé- nérations ne se soude pas avec les séries voisines, et que tous les individus dont elle se compose sont dirigés dans le même sens, il en résulte des Crisidies ou des Alectos ^ suivant que ces séries sont rampantes et encroûtantes comme chez ces derniers, ou a34 MiLNE EDWARDS. — Sur les Crisies , les Hornères , etc. bien dressées et maintenues dans une position verticale à l'aide de fibrilles radicellaires comme chez les premières. Loisque les divers individus d'une même lignée restent éga- lement distincts de ceux appartenant à des séries collatérales , mais naissent adossés les ims aux autres et se dirigent , par con- séquent, alternativement en sens opposé , ces Polypes présentent les caractères distinctifs des Crisies quand ils se dressent en touffes phytoïdes et se fixent par des fibrilles radicellaires, tan- dis qu'ils constituent le genre Criserpie lorsqu'ils rampent dans toute leur longueur et se fixent par la surface même de leurs loges. Lorsque ces séries collatérales, au lieu de rester isolées, se soudent entre elles, et qu'un même individu ne donne que ra- rement naissance par bourgeon à deux jeunes , ces Polypes sont groupés en faisceaux allongés et constituent les Pustuloporesy les Hornères et les Idmonées , suivant que les divers individus ainsi agrégés sont dirigés circulairement dans tous les sens , ou bien tournés tous du même côté, et alors disposés irrégulière- ment ou par demi-rangées transversales alternes. Enfin les Tubuliporiens, dont les lignées se dichotomisent très fréquemment et se soudent entre elles dans tous leurs points de contact, constituent des expansions lamelleuses et se subdi- visent en Diastopores et en Tubulipores suivant que les indivi- dus dont ils se composent restent soudés entre eux jusqu'auprès de l'ouverture de leur cellule tégumentaire comme chez les Dias- topores, ou deviennent libres dans une étendue considérable et hérissent ainsi de tubes isolés ou de séries de tubes la surface du Polypier, comme chez les Tubulipores. MiLNE EDWARDS. — Sur Ics Cflsies , les Hornères ^ etc. 235 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE 6. Fig. I. CRISIE GÉNICULÉE , Crisia geniculata E. De grandeur naturelle. Fig. i". Branche du même Polypier, grossie douze fois. Fig. i*. Quelques cellules du même, grossies quarante-huit fois, pour montrer la manière dont elles naissent les unes des autres , el la disposition de l'appareil tentacutaire. Fig. x'. Croquis d'un de ces Polypes , grossi davantage : — a. les tentacules garnis de cils vibraliles; — b. estomac ; — c. intestin j — d. anus; — e. muscles rétracteurs. Toutes ces parties , à l'exception des tentacules , sont renfermées dans le tube tégumenlaire ou celiule de l'animal. Fig, 2. CRISIE IVOIRE, Crlsia eburnea Lamouroux. Branche grossie douze fois el portant deux grosses vésicules ovariennes. Fig. la. Portion de branche, grossie quarante-huit fois , pour montrer la manière dont les cellules tubiformes se soudent entre elles : — a, une vésicule ovarienne ouverte. PLANCHE 7. Fig. I. CRISIE DENTELÉE, Crisia denticulata E. Cellaria denticulata Lamarck. Petite touffe de grandeur nalurelle. Fig. i". Une branche du même Polypier, grossi douze fois: — a. a. fibrilles radicellaires. Fig. it. Portion de la même branche , grossie vingt-quatre fois et montrant l'appareil teo- laculaire de plusieurs Polypes. Fig. i«. Parties molles d'un de ces Polypes, extraites de la gaine tégumenlaire : — a. ten- tacules; — b. gaine teittaculaire ; — c. muscle rétracteur; — d. tube alimentaire; — e. anus. Fig. ». CRISIE ALLONGÉE, C/wia elongataK Portion de branche grossie.vingt-quatre fois. PI.ANCHE 8. Fig. t. EUCRATÉE CORNUE, FMcratea chelata Lamouroux. Branche grossie vingt- quatre fois. Fig. in. Un de ces Polypes, grossi davantage el éclairé par transparence , pour faire VQir sa structure intérieure : — a. loge légumentaire ou cellule ; — b, disque membraneux occu- pant la portion évasée de la cellule; — c. opercule; — d. gaine tenlacuiaire; ^ e. tentacules ciliés ; — f. estomac ; — g. intestin recourbé sur lui-même; — h. anus; — /. muscles ré- tracteurs. Fig. ao, CRISIDIE CORNET, Crisidia cornuta E. — Eucratea cornuta Lamouroux. De gran- deur naturelle. Fig. 3. Branche grossie quinze fois. Fig, a». Portion de branche , grossie quarante huit fois : — a. une vésicule ovarienne. PLANCHE 9. Fig. I. HORNÉRE FRO^IDICIJLÉE, lloniera frondiculata Lainour. Lb Polypitr de gran- deur ualurullc. 236 MiLNE EDWARDS. — Sur U's Cfisies , les Hornèrcs^ etc. Fig. I». Portion d'une branche vue par sa face antérieure et grossie vingt-quatre fois : — a. une jeune branche, sur laquelle la portion terminale des cellules est très saillante et l'espace in- termédiaire rugueuse . — b. branche plus âgée, sur laquelle les filameus longitudinaux se sont développés en nombre considérable, de façon à élevei- la surface générale du Polypier au niveau du bord des ouverlures. Fig. ii>. Portion d'une branche plus âgée, sur laquelle les filamens se sont soudés et coD' fondus entre eux, de façon à simuler de gros cylindres déprimés qui 'serpenteraient entre les ouvertures des cellules, et seraient iutimemeut unis entre eux. Fig. i*^. Portion terminale d'une très jeune branche vue par la face postérieure. Ici on voit distinctement la disposition tubulaire des cellules tégumentaires, dont l'assemblage constitue le Polypier. Fig. 2. IDMONÉE TRIQUETRE, Idmonea triquetra Lamouroux, Espèce fossile des terrains jurassiques de Caen. Fragment de grandeur naturelle, vu par la face postérieure du Polypier; Fig. 2<>. Portion du même, vue par sa face an'érieure et grossie douze fois. Fig. 3. IDMONÉE TRANSVERSE, Idmonea transversa E. De grandeur naturelle. Fig. 3°. Portion du même Polypier grossie douze fois: — a. branche vue par sa face anté- rieure j — b. coupe longitudinale d'une autre branche, montrant l'intérieur des cellules tubu>- Uires; — c. face postérieure de la même branche. rUNCHE lO. Fig. I. HORNÈRE VOISINE , Hornera affidis E. Polypier fossile des terrains tertiaires de la Sicile , de grandeur naturelle. Fig. i". Branche vue par sa face antérieure et grossie vingt-quatre fois. Fig. a. HORNÈRE RÉTIPORACÉE, Hornera retiporacea E. Fossile du crag d'Angleterre, grandeur naturelle. Fig. 1". Portion d'une branche, vue par sa face antérieure et grossie vingt -quatre fois. Fig. i*. Portion du même Polypier, vue par sa face postérieure , même grossissement. Fig. i'. Section verticale d'une branche du même Polypier, montrant la disposition des longues cellules tubiformes dont il est composé. PLANCHE I I . Fig. I. HORNÈRE STRIÉE ,"ffor«era striata E. Polypier fossile du crag d'Angleterre , dé grandeur naturelle. Fig. I*. Portion d'une branche , vue par sa face antérieure et grossie vingt-quatre fois. Fig. I*. Face postérieure de la même branche. Fig. 2. HORNÈRE LISSE, /bornera lavis E. Fossile du terrain tertiaire de Dax; grossi vingt-quatre fois. Fig. 3. HORNÈRE HIPPOLTTE, Fornera Hippolyla Defr. Polypier fossile du terrain ter- tiaire de Grignon , grossissement vingt-quatre fois. Fig. 4. PUSTULOPORE GRÊLE, Pustulopora gracilis E. Fragment d'un Polypier fossile de Grignon , grossissement douze fois. Fig. 4°. Section transversale du même. MiLNK EDWARDS. — Sur les C/isies , les Hornères j etc. 237 PLANCHE 12. Fig. I. PUSTULOPORE MACROSTOME , Pustulopora macrostoma E. Fragment d'un Polypier fossile du terrain tertiaire de Chaumunt , grossissement douze fois. Fig. 1. PUSTULOPORE VKO'ROSiClïi^, Pustulopora proboscidea E. Fragment d'un Poly- pier récent de la Méditerranée , grossissement douze fois, Fig. 3. IDMONÉE CORNE DE CERF. Idmonea coronopus Defr. Polypier fossile deGrignon, de grandeur naturelle. Fig. 3". Porlion du même, vue parla face antérieure et grossie vingt-quatre fois. Fig. Sj. Face latérale du même. Fig. Zc. Section transversale du même. Fig. 4. IDMONÉE RAYONNANTE, Idmonea radians ". Relepora radians Lamarck. L'un des échantillons décrits par Lamarck et conservés dans la galerie du Muséum du Jardin du Roi , giandeur naturelle. Fig. 4n. Portion du même, vue par sa face antérieure et grossie vingt-quatre fois. Fig. 4*. Face lalérale du même. Fig. 5. IDMONÉE CRÉTACÉE, Idmonea cretacea E. Fragment d'un fossile de la craie des «nvirons de Portsmoulh, en Angleterre, grandeur naturelle. Fig. 5". Le même, grossi vingt-quatre fois et vu par sa face antérieure. Fig. 5». Face latérale du même. PLANCHE l3. Fig. I. DlASTOPOREMICHÉLINIEN,/)('ai/oytJora3/(c/*eAH/iE. Mesenteriopora Miclielinil £laiuv. Polypier fossile du terrain oolitique de Caen , grandeur naturelle. Fig. la. Portion du même, grossi douze fois. Fig. i*et le. Portion du même, grossie vingt-quatre fois et montrant les divers états sous lesquels les cellules se présentent : — b. cellules jeunes; — a. cellules plus âgées ; — c. cellules ouvertes ; — d. bord coupé du Polypier, montrant l'intérieur des cellules. Fig. i"*. Section verticale, montrant les longues cellules lubuleuses dont le Polypier se compose, PLANCHE l4- Fig. I. DIASTOPORE EUDÉSIEN , Diastopora F.udesiana E. Polypier fossile du terrain oolitique de Caen , grandeur naturelle. Fig, i". Portion du même, grossie douze fois. Fig, i'. Coupe transversale du même. Fig. 2. DIASTOPORA VERRUQUEUX , Diastopora verrucosa E. Croquis d'un polypier fossile de l'oolithc de Bath , 6xé sur un corps étranger; grandeur naturelle. Fig. î". Purliiin du môme , grossie douze fois. Fig. 3. DIASTOPORE GRÊLE, Diastopora graci/is E. Polypier fossile du ;(ièi vert infé- r'ii-ur de Vassy , dé|>art de l'aiilrt'. 24 ' Fi.onRENS. — Structure des membranes muqueuses , etc. brane muqueuse, et d'une lame ou membrane épidermique. L'estomac du cheval se compose de deux parties essentielle- ment distinctes par leur structure. La première, vraie continua- tion de l'œsophage, répond, par sa structure, aux trois premiers estomacs des animaux ruminans, et comme ces trois premiers estomacs, comme l'œsophage, elle a un s^T\\?àÀç,corpsmuqueuXy recouvert par un épiderme. La seconde répond à la caillette , et, avec cette seconde partie, commence une nouvelle structure, semblable à celle de la caillette. V épiderme et le corps muqueux de l'œsophage et de la première partie de l'estomac du cheval , ne sont ni moins nettement tran- chés , ni moins remarquables que Vépiderme et le corps mu- queux de l'œsophage et des trois premiers estomacs du bœuf. La huitième préparation montre les trois membranes, le derme, le corps muqueux et Vépidenne , sur le palais du cheval ; la neuvième les montre sur son œsophage , et la dixième les montre sur la première partie de son estomac. Dans le cheval comme dans le bœuf, il y a donc un groupe entier de muqueuses, dont la structure est la même que celle de la muqueuse de la langue. Ce groupe comprend, dans le cheval comme dans le bœuf, les muqueuses du mufle, des lèvres, des joues, du palais, de la langue, en un mot, detoutela cavité buc- cale: il comprend encore dans le cheval la muqueuse de l'œso- phage et celle de la première partie de l'estomac, et dans le bœuf la muqueuse de l'œsophage et celle des trois premiers estomacs, \a panse, le bonnet et le feuillet. Avec la seconde partie de l'estomac dans le cheval , avec la cfli7/e//edans le bœuf, commence une nouvelle structure, et, avec cette nouvelle structure, denouvelles fonctions; là commence, en d'autres termes, un nouveau groupe de muqueuses , lequel, comme je l'ai déjà dit , fera l'objet d'un autre mémoire. BUHDACH. — Strucltire des nerfs. 24f7 Memoirk sur l'anatomie microscopique des nerfs , Par le docteur Ernest Eurdaoh , Prosecteur el professeur particulier à Tuniversilé de Kœnigsberg. SuLle et fin. (Voy. [). 96.) CHAPITRE 111. SUR LE MODE DE DISTRIBUTION ET DE TERMINAISON DES NERFS DANS LA LANGUE ET DANS LA MEMBRANE MUQUEUSE DE LA CAVITÉ BUCCALE. G. Valentin , dont les expériences sur le trajet et les dernières extrémités des nerfs doivent certainement servir de base à toutes les recherches ultérieures sur le même sujet, a déclaré, page 66, qu'il n'a pas réussi à obtenir une vue distincte du plexus, terminal et des anses terminales des nerfs dans la langue , dans la membrane pituitaire et dans d'autres membranes muqueuses. Cette déclaration seule était suffisante pour diriger mon atten- tion particiil ère sur les nerfs de la langue; car, d'une part, elle permet de supposer qu'il peut y avoir là une disposition des plus fins rameaux nerveux tout-à-fait différente de celle des muscles des nerfs, et par conséquent non reconnue par Valentin; d'autre part, des difficultés avouées sont toujours propres à exciter de nouvelles recherches. A cela se joint encore la circon- stance, que Rudolphi , qui dit dans ses Elémens de physiologie , t. I , § 104 , p. 95, que les nerfs dans l'intérieur d'un muscle en embrassent les faisceaux de fibres gros et petits ^ et forment au- tour de chacun an réseau ou une anse , a conseillé d(î préparer, fiour ohseï ver celle disposition , la langue d'un gros animal , par %^8 BURDACH. — Structure des nerfs. exemple celle d'un cheval. Enfin la langue prend , pour la doc- trine des terminaisons des nerfs, une importance particulière, par cela même que plusieurs nerfs cérébraux s'y distribuent, lesquels nerfs président évidemment à des fonctions différentes , ft peuvent par conséquent être supposés offrir dans leurs rami- fications les plus fines et leurs dernières extrémités une disposi- tion différente. Rudolphi n'a pas vu les dernières terminaisons des nerfs : cela est certain ; car elles ne peuvent pas être préparées avec le scal- pel; on les voit seulement à l'aide du microscope dans les parties transparentes, et pour cela ce ne sont pas les organes les plus gros , ce sont les plus petits qui conviennent le mieux. Néan- moins il n'est pas sûr que Rudolpbi n'ait pas vu déjà réellement des arvses d'inflexion, seulement sur dfs faisceaux un peu gros; carj'en ai aperçu, à l'œil nu ouavec une loupe faible, à la langue de la taupe, a\ant trouvé deux branches principales du nerf hypoglosse réunies par un rameau transversal , qui , à sa réunion avec les deux branches , formait un angle obtus veis la racme de la langue, aigu vers la pointe, sortant par conséquent de l'une des deux branches avec une direction centrifuge et reve- nant vers l'autreavec une direction centripète. Valentin attribue la non-réussite de sa recherche de la terminaison des nerfs dans la langue, principalement à cette circonstance, que., dans la partie supérieure , les papilles verruqueuses ; dans la partie infé- rieure ^ la chair musculaire trop molle , paraissent empêcher le procédé nécessaire , à sa^'oir les sections perpendiculaires. Comme ces circonstances défavorables n'existent pas, au moins en j)ar- tie, dans la langue de la grenouille , j'ai choisi ce dernier organe .jpour mes recherches. Quoiqu'on ne puisse admettre l'existence d'un véritablesens du goiit chez lesgrenouilles, qui avalent rapidement leur proie, etqui, tout au plus, l'écrasent en passant ; cependant je ne crois pas que ce soitune objection contre la valeur de recherches quiont pourob- jet la disposition des nerfs de la langue de cet animal; car, pourvu que les nerfs du goût existent, ils montrent probablement le même mode de distribution et de terminaison que dans un organe du goût d'un développement supérieur. La distribution du nerf BORDA CH. — Structure des nerfs. 24y optique sur la rétine est , pour la forme , exactement la même avec un faible pouvoir de vision qu'avec un fort pouvoir, et la perception du goût pourrait être dépendante, soit du dévelop- pement de l'organe central, soit de la conformation de la surface delà langue et de la manière d'après laquelle cet organe entre en contact avec l'objet à goûter. Avant de passer à la communication de ce que le microscope m'a enseigné relativement aux nerfs de la langue, je suis obligé de dire quelque chose sur la langue de la grenouille commune et des parties y attenantes, en tant que ces organes peuvent être reconnus sans le secours d'instrumens d'optique ; car je n'en connais aucune description anatomique tt complète. La langue de la grenouille { i}est très molle, unie et recouverte d'une couche muqueuse, épaisse et tenace: elle présente à sa surface plusieurs sillons et ouvertures des canaux excrétoires des glandes muqueuses. En place dans la bouche, elle a la forme d'un ovale un peu étendu en largeur, et se termine en arrière par deux pans allongés latéraux et finissant en pointe. En avant, elle n'a qu'une petite partie de libre, et, du reste, est fixée à l'os maxillaire. En arrière, au contraire, elle a une portion beau- coup pliis grande de libre, de sorte que là elle n'est pas complè- tement dans une connexion immédiate avec la paroi inférieure de la cavité buccale : en conséquence , elle peut être retournée et projetée librement vers l'ouverture de la bouche (2). I.a racine de la langue doit être cherchée derrière le premier quart de son étendue longitudinale, tout-à-fait derrière le muscle transversal particulier aux grenouilles , lequel réunit et rapproche l'un contre l'autre les portions latérales et antérieures des deux moi- tiés du sous-maxillaire; c'est là que les muscles propres de la langue entrent réunis dans cet organe. L'os hyoïde est formé par une portion moyenne cartilagineuse, à quatre angles assez égaux, dont les deux extérieurs se termi- nent latéralement en forme d'ailes, et les deux postérieurs, finissant en pointe oblique, sont dirigés en arrière et en dehors, (i) Planrtic 4, fig i-, (») ", fig. '7, a5o BURDACU. — Strucliire des nerfs. et dont tous les bords , et en particulier l'antérieur, ont une courbure en demi lune. Il y a une paire de cornes antérieures et une paire postérieure; les grosses cornes antérieurts ou mieux latérales, naissent, comme des fibres cartilagineuses ténues, de l'angle antérieur de la portion moyenne, où se montrent en outre deux petits cartilages pointus (i), lesquels, dirigés directe- ment en avant, plongent dans le muscle hyoglosse, se portent d'abord en avant, puis se tournent par une brusque courbure en arrière, en dehors et en haut, passent devant l'articulation de la mâchoire, et se placent finalement à la partie postérieure du crâne, au corps même du sphénoïde, où une partie de leur extrémité postérieure borne en arrière les grandes ouvertures de la trompe d'Eustache.Lescornesantérieuies sont plus courtes, plus épaisses , osseuses dans la plus grande partie et gisent sur les deux côtés du larynx , tournées en arrière et en dehors. Il n'y a que deux muscles propres à la langue: rhyoglosse(2), double en bas, naît des branches postérieures de l'os hyoïde et se porte en avant au dessus du corps de l'os hyoïde ; le génio- glosse, impair dans toute son étendue, est beaucoup plus court: il naîl des deux portions antérieures des moitiés de l'os maxil- laire, et va directement en arrière. Les deux muscles se ren- contrent , comme il a été dit^ à-peu-près au premier quart de la longueur de la langue, et puis se rendent en commun dans cet organe. Si l'on a mis, dans une dissolution concentrée de potasse, une langue de grenouille, ce qui dissout les parties muqueuses avec les nerfs et les vaisseaux, et laisse subsister plus long-temps les fibres musculaires, on peut voir distinctement comment les deux muscles susdits se distribuent dans la langue par le rayon- nement de leurs faisceaux. L'hyoglosse se porte principalement vers les deux Luiguettes postérieures, de sorte que , quand la langue est dans la bouche , ce muscle doit se replier après son entrée et se porter en arrière; le génioglosse se porte plus direc- tement en haut et aussi un peu en avant. L'hyoglosse, quand» (I) f,(ig. i7. (a) g, fij. 17. El RDACH. — Structure des nerfs. a5i dans sa contraction , il fait disparaître la courbure de son trajet et prend une direction rectiligne. doit nécessairement retourner la langue, de telle façon que la pointe à double languette soit portée en avant , et que la face ordinairement inférieiu-e de cette pointe devienne supérieure ; au contraire , dans la projection de la langue, l'hyoglosse doit être aidé aussi bien par le génioglosse, qui tire en bas la racine de la langue que par certains muscles de l'os hyoïde. De même aussi le concours des muscles de la langue paraît nécessaire à la rétraction de cet organe. Quant aux muscles de l'os hyoïde , ils représentent ceux qui se trouvent chez l'homme; le mylo-hyoïdien , qui se montre le pre- mier en bas , ne mérite pas ici , à vrai dire , son nom ; car il n'est nullement uni au corps de l'os hyoïde. Il naît de tout le bord de l'os maxillaire inférieur, et, par sa partie postérieure qui longe la corne antérieure de l'os hyoïde, il naît de la face inférieure du crâne, dernière origine que Meckel(^/7«/o/777e' comparée, t. IV, p. 34-2) prétend n'avoir trouvé que chez les batraciens Anoures. Ce muscle se réunit avec celui du même nom sur la ligne mé- diane , et sert par là à rapprocher les deux branches de l'os maxil- laire inférieur, et par là aussi à tendre ! i corne de l'os hyoïde. Immédiatement au-dessus de ce muscle est un muscle qui porte en avant l'os hyoïde, et qui se rend à cet os de l'extrémité anté- rieure de chaque moitié de l'os maxillaire inférieur; mais ce muscle, à son extrémité antérieure comme à son extrémité pos- térieure, est divisé en deux parties qui ne paraissent tenir en- semble qu'au milieu de leur trajet, de sorte que je ne crois pas me tromper en regardant la partie interne comme le génio-hyoï- diîjn, et sa partie externe comme le ventre antérieur du digas- trique,dont Meckel ne fait pas mention. La première partie naît exactement de la ligne moyenne de la pièce antérieure de l'os maxillaire inférieur, et se porte directement en arrière pour se terminer au corps de l'hyoïde, non pas immédiatement, mais à l'hyoglosse qui le recouvre par le bas; la seconde partie naît de l'extrémité antérieure de la pièce postérieure du maxillaire m- férieur, et s'applique latéralement à la portion postérieure du corps et à la corne postérieure de l'os hyoïde. La séparation des »leux muscles frappe parlicidièremeut les yeux quand la prepa- a5a BUHDACH. — Struclure des nerfs. ration est demeurée dans l'alcool; mais elle est marquée aussi par le nerf hypoglosse, lequel se montre en arrière et en avant entre les deux muscles , et est caché davantage dans leur por- tion moyenne où il repose sur le lieu de leur union. Les deux muscles sont sans doute particulièrement actifs dans la projec- tion de la langue, et nommément le génio-hyoïdien tire dans ce moment l'hyoglosse en avant. Leur concours n'est pas nécessaire dans le mouvement constant de l'os hyoïde pendant l'acte de la respiration. Au moins en observant une grenouille dépouillée , mais encore vivante, on reconnaît que la propulsion de l'os liyoide, retiré préalablement en arrière par le muscle sterno- hyoïdien,est uniquement opérée parles deux cornes antérieures de cet os, lesquelles, très élastiques et courbées en forme de S, sont tendues comme un ressort dans la rétraction de l'os hyoïde, et doivent reprendre leur position première par la cessation delà force qui les tire en arrière. Derrière et près le digastrique se trouve , en dehors , un muscle rétracteur de l'os hyoïde, lequel , d'après Meckel, n'est, chez la grenouille, qu'une extrémité an- térieure un peu pointue, du muscle droit de l'abdomen, et ne ne reçoit, du sternum que quelques fibres. Au contraire, je l'ai trouvé provenant, pour la majeure partie, du sternum, et ne tenant aux muscles abdominaux qu'en dehors; je trouve aussi le même muscle divisé vers sa portion antérieure en deux parties superposées, dont la plus profonde s'accole à la partie antérieure du corps de l'os hyoïde là où la corne en sort, et la plus superficielle se fixe à la partie postérieure de l'os hyoïde. En conséquence, je suis disposé à regarder la première seule comme étant le muscle sterno-hyoïdien, et la seconde comme analogue au muscle sterno-thyroïdien. Un autre muscle rétracteur et en même temps adducteur, savoir le muscle omo-hyoïdien sort , comme un muscle mince, de l'extrémité antérieure et de la face interne de la pièce moyenne de l'omoplate, et se rend à la partie postérieure et externe du corps de l'os hyoïde. Le muscle stylo -hyoïdien, mince, élévateur de l'os hyoïde, sort, par une origine grêle, de l'os de la fourchette, et, devenant plus large, s'applique à la corne postérieure ; le même paraît aussi se rendre au pharynx, et par conséquent représenter le muscle stylo-pharyngien. Enfin^ BijRDACH. — Structure des nerfs. a53 je trouve encore trois autres petits muscles (i) dont Meckel ne fait pas mention , et que je crois pouvoir regarder comme le ventre postérieur du digastrique ; car ils naissent en commun de la partie postérieure du crâne à l'occipital et au sphénoïde, et vont, en divergeant, à la corne inférieure de l'hyoïde qu'ils doivent élever. Venons aux nerfs qui se rendent à la langue de la grenouille: le muscle mylo-hyoïdien étant enlevé , on voit aussitôt aux bas deux paires de nerfs qui se portent parallèlement en avant, et on les dis- tingue partiellement à travers le génio-hyoïdien et le digastrique; en haut, on peut les discerner dès que la membrane muqueuse a été enlevée. On a alors devant les yeux tout le parcours de ces nerfs, depuis leur sortie de la cavité du crâne et de la colonne vertébrale jusqu'à leur entrée dans la substance de la langue. Nous reconnaissons ainsi un nerf hypoglosse(a);ilsortdu trou de conjugaison entre la première el la seconde vertèbre cervicale, où il est couvert en haut par un mu.scle droit postérieur de la tête, en bas par un élévateur de l'épaule qui part de l'os occipi- tal : sorti entre ces muscles, il s'avance en arc en avant, en dedans et en bas sous le nerf vague, à côté du ventre postérieur du muscle digastrique, se place sous l'hyoïde, passe à côté et au-dessous du muscle hyoglosse, sur et entre le muscle génio- hyoïdien et le ventre antérieur du digastrique en avant, donne aux muscles susdits des rameaux facilement reconnaissables, et pénètre enfin avec le muscle hyoglosse dans la langue. Un second nerf (3) passe par un trou de la partie postérieure du crâne, placé entre l'occipital et le sphénoïde; en ce point il est uni au nerf vagJie , et, enveloppé par le ventre postérieur du muscle digas- trique; il se dirige ensuite, en dedans et en bas, entre les parties postérieure et moyenne de ce muscle; là il fait en avant une cour- bure plus petite que celle du nerf précédent, passe sous la partie latérale de la portion moyenne, sur l'extrémité antérieure de la grande corne de l'os hyoïde, se place alors tantôt auprès, tantôt II u> (i) /(, fig. 17. (a) 1,1, fig. 17. (■<) /.r.R. .7. a 54 BiiROACH. — Structure des nerfs. aii-dessoiis du muscle liyoglosse, par conséquent plus haut et plus en dehors que le nerf hypoglosse , et entre enfin à côté de ce dernier nerf, avec le muscle hypoglosse dans la langue, sans avoir donné aucune branche musculaire. Quoique je n'aie pu discerner sur ce nerf aucune branche allant au pharynx, au- quel, comme à tous les organes de la poitrine, le nerf vague donne des ramifications distinctes, je ne puis cependant pas m'empècher de le regarder comme le nerf glosso- pharyngien. Un nerf lingual, rameau de la cinquième paire, ne peut être trouvé ni à l'œil nu, ni avec la loupe ; mais, sous le microscope, dans la membrane muqueuse qui tapisse le fond de la cavité buccale et la racine de la langue, membrane que chez la gre- nouille on ne peut détacher jusqu'à la pointe, on aperçoit des faisceaux nerveux isolés qui proviennent, non des deux nerfs sus-nommés, mais d'un rameau de nerfs trijumeau. Sur le pla- fond de la cavité buccale on voit, même à l'œil nu, une paire nerveuse assez forte sortir derrière l'origine des muscles de i'œil, et se porter à côté du globe de l'œil en dedans, sous le sphénoïde en avant, vers le palais (i). Ces nerfs sortent de la cavité du crâne, par un trou antérieur du sphénoïde, et sous des branches du trijimieau, lesquelles répondent aux nerfs palatin, lingual et probablement alvéolaire; ils se distribuent non-seulement latéralement sur le plafond de la cavité buccale, mais encore on peut en poursuivre, le long de l'articulation de la mâchoire, dans la membrane muqueuse du fond de la bouche jusqu'à celle de la langue, des rameaux qui, à la vérité, ne sont visibles qu'au microscope; ces rameaux vont aussi en avant au palais, et probablement aux dents qui se trouvent là; mais dans ce point, on ne peut plus les apercevoir, car la mem- brane muqueuse ne se laisse pas séparer du palais sans déchi- rure. Finalement un autre nerf, qui est la troisième branche du nerf trijumeau, sort de la cavité crânienne avec le nerf vague et le nerf glosso-pharyngien , et se répand, avec plusieurs ra- meaux facilement reconnaissables, sur les muscles dans le voi- sinage de l'articulalion de la mâchoire. (0 n, fig. 17. BtmDACH. — Structure des nerfs. aSS Telle est l'apparence des nerfs tant qu'ils sont encore en de- hors de cet organe. Il y a d'assez grandes difficultés, même chez les grenouilles, à reconnaître le trajet des nerfs dans l'intérieur de la langue elle-même; car, outre la couche épaisse de muco- sité sécrétée à sa surface, cet organe est obscurci par une multitude de grains ou nœtids opaques, arrondis, qui sont, sans aucun doute, des glandes muqueuses, puis par de nom- breux canaux diversement contournés d'une épaisseur égale (à-peu-près i/5oo de ligne), lesquels paraissent remplis de cor- puscules semblables aux globules sanguins, et sont ou des ca- naux charriant la mucosité, ou des vaisseaux lymphatiques, enfin par de très nombreux vaisseaux sanguins. Aussi on est bientôt convaincu de l'impossibilité de rien déterminer sans i'emploi des moyens artificiels. Au sujet des moyens qui ne m'ont procuré aucun avantage, je dirai seulement : que l'insuf- fisance de sections, aussi bien horizontales que perpendiculaires, dans la substance de la langue, pour procurer des lamelles transparentes, impossibili'é déjà reconnue par Valentin, a été confirmée par mes recherches; qu'en outre l'acide acétique, qui m'a aidé à découvrir le trajet des nerfs dans la peau, ne donne aucun résultat favorable pour la recherche des nerfs de la langue, attendu qu'il trouble plutôt qu'il n'éclaircit le mucus, et qu€ chez d'autres animaux, par exemple la Taupe et le Lapin, il dissout, à la vérité, la membrane muqueuse de la langue, mais en même temps il détruit aussi les extrémités nerveuses, et par conséquent ne peut servir qu'à montrer les gros faisceaux ner- veux entre les muscles de la l;uigue; enfin que toutes les sub- stances chimiques, quelles qu'elles soient, appliquées pendant la vie de l'animal sur la langue, ont toujours produit une aug- mentation dans l'affluxdu sang vers cetorgane, et ont nui encore davantage à la transparence, et que, par conséquent, il faut toujours conseiller, dans les recherches semblables, de faire périr l'animal par hémorrhagie. "' •' Non-seulement je n'ai pas réussi à embrasser, dans son en- semble et d'un même coup-d'œil, le trajet de tous les nerfs de la langue depuis leur entrée dans cet organe, jusqu'à leurs dernières extrémités; mais encore je doute que cela soit possible. 256 LMRDAcn. — Structure des nerfs. Cependant je suis parvenu à m'en faire une idée, juste j'espère, de la manière suivante : Pour rendre reconnaissables les troncs principaux et les gros rameaux, je trouvai beaucoup d'avantage à me servir d'une solution de potasse caustique. Coupons la langue d'unegrcnouille,tuée par liémorrhagie,i)près l'avoir dépouillée de tous les muscles qui ne lui sont pas propres, et de tous les gros vaisseaux qui sont placés en dehors d'elle; laissons-y provisoi- rement, pour la fixer plus commodément, l'os hyoïde; et tenons ou suspendons cette préparation dans vme faible solution aqueuse de potasse caustique. Au bout de peu de mintites, le mucus et les glandes muqueuses sont déjà changés en une substance vis- queuse et claire comme de l'eau, substance que l'on voit, en tirant lentement la préparation , s'écouler comme du blanc d'œuf frais. Toute la préparation prend ensuite im haut degré de transpa- rence; la distribution des faisceaux nerveux un peu forts devient déjà reconnaissable à l'œil nu ou avec une faible loupe; les fibres musculaires même se montrent intactes, seulement un peu plus claires. Il est certain que , même avec l'emploi le plus prudent de cette liqueur caustique , les nerfs les plus fins, situés tout-à* fait superficiellement , doivent être détruits , et que l'emploi pro- longé de cet alcali produirait la destruction de toute la prépa- ration; cependant il ne paraît agir d'abord que sur la surface de la langue et sur les conduits rouqueux, et par conséquent ne pas affecter aussitôt les rameaux nerveux répandus dans le pa- renchyme même de la langue. Une solution aqueuse de carbo- nate de potasse donne les mêmes résultats; seulement sa vertu dissolvante ne se manifeste que plus lentement , et est toujours associée à une plus grande destruction des fibres nerveuses. Pour atténuer suffisamment la potasse liquide, il faut en mettre deux à trois gouttes dans une once d'eau, l-e temps pendant le- quel la préparation doit être exposée à l'action de l'alcali ne peut pas être déterminé d'une manière précise; c'est en reti- rant plusieurs fois la préparation avec précaution que l'on re- connaît le moment le plus favorable. Mettons entre deux lames de verre une préparation ainsi traitée dans la position qu'occupe la langue de la grenouille quand elle est projetée hors de la bouche ; la pression de ces BiJRDACii. — Striiciure des neifs. 2Ô7 deux lames est ordinairement suffisante pour étaler convenable- ment la pièce. Alors on aperçoit à l'œil nu quatre troncs ner- veux qui marchent parallèlement en ligne droite de la racine de la langue vers la pointe bifide , et que Ton reconnaît d'après l'examen précédent des nerfs, avant leur entrée dans la langue, pour le nerf glosso-pharyngien et le nerf hypoglosse. D'après l'explication précédente, le nerf glosso-pharyngien se porte en dehors à côté de l'hypoglosse, et l'on sera par conséquent porté à regarder parmi les quatre troncs nerveux qui se montrent dans la langue, la paire interne pour l'hypoglosse; mais, pour ne pas me tromper, je me décidai à faire un nouvel examen , et la suite m'a appris que cette précaution n'avait pas été inutile. En effet, je rendis sur une autre préparation la distinction des deux paires de nerfs possibles, en coupant l'un assez près de la langue, et en conservant au contraire l'autre jusqu'à sa sortie hors de la cavité crânienne; j'humectai légèrement la pièce avec un peu de la solution caustique, je la soumis à la compression, et je vis que le glosso-pharyngien, en entrant dans la langue, fait une courbure brusque en dedans; en conséquence, de ces quatre nerfs de la langue, la paire interne placée le plus près de la ligne médiane appartient au nerf du pharynx, et l'externe au nerf du corps charnu de la langue. Si nous dirigeons le microscope sur le trajet du glosso-pha- ryngien, nous voyons que, depuis la racine de la langue jusqu'à la pointe bifide, il ne donne aucun ranneau en dedans; que, en conséquence , les portions droite et gauche de cette paire ne tiennent ici nullement l'une à l'autre. Du côté externe du tronc partent beaucoup de branches, lesquelles, se continuant au-des- sus ou au-dessous de l'hypoglosse, vont en dehors et oblique- ment en avant ; ces branches se divisent, à la vérité, très souvent, m;iis ne forment nulle part entre elles un plexus, et ne s'anas- tomosent nullement avec des rameaux de l'hypoglosse; elles disparaissent en partie à l'œil; mais la plupart du temps, deve- nant par séparation de plus en plus minces, elles se font voir jusqu'auprès du bord de la langue; là même les rameaux voisins paraissent s'unir entre eux, deux à deux, par arcades, disposi- tion qui, cependant, ne piut pas être observée, dans le mode IX. ÎSoOL. — Mai, 17 2t58 3JURDA.cn. — Structure des nerfs. de recherches ici pratiqué , avec une sûreté complète , pas plus que le trajet ultérieur du nerf. L'extrémité la plus antérieure du glosso-pharyngien devenu phis mince par l'émission des rameaux qui ont été décrits et qui se portent en dehors, se trouve dans le voisinage des deux languettes qui terminent la langue de la grenouille ; et là non-seulement s'opère une ramification unila- térale, mais encore \\ naît de fins r^muscuies qui se portent vers la ligne médiane, de sorte que le tout représente une ramification en buisson; là aussi, à l'extrémité moyenne de la langue qui unit en forme de pont lesdeux languettes, il paraît exister une commu- nication en arcade entre les deux nerfs de même nom, ce sur quoi cependant je ne pus acquérir une certitude complète. Il ne faut pas croire que les branches latérales décrites soient toutes sur le rnémp plan ; c'est la pression seule de la lame de verre qui les y ramène à cause de la grande mollesse de toute la substance , et les rameaux qui se cachent à l'oeil peuvent fort bien être destinés au dos dç la langue ; mais , telle qu'est la chose, je ne crois pas pouvoir mieux comparer tout le trajet du glosso-pharyngien qu'à la tige d'une plume, de laquelle les barbes du côté interne ont été dé<- tachées , et celles du côté externe et des deux côtés à la pointe ont été conservées; les rameaux du nerf représenteraient alors ces barbes, si ce n'est qu'ils ne sont pas naturellement aussi ser- rés et aussi nombreux que les barbes d'une plume. Tournons notre attention sur le nerf hypoglosse situé plu? en dehors; nous trouvons qu'il se distingue essentiellenient du glosso-pharyngien par une moindre régularité dans les ramificar lions, par une moindre extension de son trajet et par de nom- breuses dispositions plexiformes de ses rameaux et de ses branchei^. Il a également sa principale direction de la racine de la langue vers la double languette; semblablement il ne donne de ses branche? que du côté externe jusqu'à la pointe extrême ; de même aussi les troncs, les branches et les rameaux des nerfs des deux côtés n'ont aucune connexion entre eux ; leur parcours est tout-^à^fait séparé. Mais ses branches ne vont pas, aussi régulièrement que ceux du glosso-pharyngien, en dehors et eu avant, quelques-unes courent même en arrière ; toutes ont une forme plus incurvée , plus sejn- bkiblc à des racines d'arbre; elles se partagent et se ramifient BURDACH. — Structure des nerfs. 5269 très diversement, et forment entre elles par des anastomoses un plexus qui , en partie, commence tout près du tronc , et se rap- proche du bord et de la pointe de la langue beaucoup moins que les rameaux du glosso-pharyngien ; de ce plexus , enfin , sortent de fins ramusculcs qui sont encore composés de plusieurs fibres primitives, et qui forment des anses terminales telles que nous avons appris à les connaître dans les muscles. Comme le nerf hypoglosse avec ses rameaux ne se rapproche pas tout-à-fait de la surface de la langue, il n'est pas affecté par l'action modérée de la hqueur caustique ; et la préparation que je décris ici rend manifeste son mode de distribution, lequel, comme nous le voyons, est, en général, tout-à-fait analogueà celle des nerfs des muscles. Par le même procédé, nous découvrons enfin dans le voisi- nage de la racine delà langue quelques fùsceaux nerveux qui, consistant en un petit nombre de fibres primitives, passent transversalement par-dessus les fibres musculaires de cet or- gane, ne paraissent être logés que dans la membrane muqueuse, montrent une direction très allongée , presque rectiligne, se portent, en devenant plus gros par des anastomoses, aux deux côtés de la langue, puis se montrent interrompus. Ces faisceaux ' nerveux n'ont aucune connexion visible ni avec l'hypoglosse, ni avec le glosso-pharyngien; leur direction et leur disposition sont tout autres : aussi, ne puis-je m'empécher de les regarder comme des rameaux de cette paire de ijerfs aperçue au plafond de la cavité buccale, paiie dont on peut, comme je l'ai déjà remarqué poursuivre sous le microscope la distribution jusqu'à la racine de la langue dans la membrane muqueuse détachée de la cavité buccale. En conséquence, je les considère comme des rameaux nerveux appartenant à la branche Imguale du nerf trijumeau. Ainsi, la préparation traitée par la potasse nous aura fait re- connaître et distinguer l'un de l'autre les trois nerfs différens de la langue. Nous avons, dans cet examen, complètement vu fhypoglosse; du glosso-pharyngien , nous n'avons aperçu que le tronc et les branches, et son mode de terminaison nous est demeuré caché; enfin , les plus fins ramusculcs du trijumeau étaient seuls reconnaissables, tandis que les rameaux et les branches en sont placés hors de la langue. Pour compléter d'une 26o EURDACH. — Slructuie des nerfs. autre façon ce qui y manque , nous allons tourner le regard sur le nerf trijumeau. Du plafond de la cavité buccale détachons la membrane mu- queuse avec les branches palatines de la cinquième paire, dé- crites plus haut, qui y pénètrent, et considérons-les sans aucune préparation autre qu'une compression légère; car l'humectation avec la solution alcaline augmenterait, il est vrai, la transparence, mais détruirait les nerfs qui sont là très exposés à son action. Pour agrandir le champ de la vision , n'employons pas sous le microscope un très fort grossissement. Alors les troncs de chaque côté se montrent avec leurs branches et leurs rameaux les plus gros(i). Les deux troncs paraissent notablement gros, avec des stries très fines; ils contiennent, par conséquent, un nombre très considérable de fibres primitives; ils marchent parallèlement à côté l'un de l'autre sans communiquer nulle part ensemble d'une manière visible ; ils fournissent leurs branches plus du côté externe, tourné vers la mâchoire, que du côté interne , par lequel ils se regardent, et le petit nombre de branches qui naissent de ce dernier côté, croisent après une brusque courbure leur propre tronc, et marchent du côté externe, ou bien vont entre les deux troncs en avant et plus souvent en arrière; les branches qui naissent du côté externe ne vont pas régulièrement en dehors, mais elles se tournent fréquemment en arrière: ce qui se voit dans les branches placées près de l'origine du nerf. Quant aux branches, il faut également noter que souvent une grande partie des fibres primitives d'une branche retournent au même tronc après un court trajet, et que dans ce tronc elles ont la même direction que celles suivant laquelle elles sont sor- ties; car, à sa rentrée comme à sa sortie , toute la branche forme avec le tronc un angle aigu en avant, obtus en arrière (2). 11 faut encore remarquer que souvent de grosses branches sortent du tronc sous des angles droits ; que les deux angles sont alors ar- rondis, et que , des fibres de la branche , une partie descend évi- demment vers l'extrémité du tronc, tandis qu'une autre remonte (1) Planche 4> fig- iQ. (2) Plauclie 4, fig. ï9^, «"i BURDAcn. — « Structure des nerfs. a6t vers son origine, de sorte qu'à-la-fois le tronc , par celte branche , envoie des fibres primitives avec une direction centrifuge, et en reçoit dont la direction est centripète. Les branches et les rameaux qui en naissent forment déjà tout près du tronc par division, ramification et anastomose, un lacis varié qui est semblable à celui qne j'ai trouvé dans la peau, et dans lequel on voit de nouveau un fréquent retour des fibres primitives dans le tronc qui leur a donné naissance (i). Ce lacis peut être poursuivi en parti jusqu'au bord du maxillaire supérieur, en partie, en tant surtout qu'il provient des branches récurrentes au-delà de la région articulaire, dans la membrane muqueuse du plancher de la bouche, et de là, comme il a déjà été dit, dans la membrane muqueuse de la racine de la langue. Mais plus il s'éloigne du tronc, plus il devient pauvre; les fais- ceaux isolés deviennent de plus en plus minces; cependant, même avec les plus forts grossissemens , je n'ai pas aperçu dans ce lacis des fibres primitives marchant isolément. Ces faisceaux prennent une forme rectiligne, très allongée, sans montrer nulle part des anses terminales. Comparant ces derniers faisceaux du lacis très étendu et Jtrès éloigné de son point central avec les faisceaux nerveux remarqués plus haut dans la langue , qui croisent les fibres musculaires de cet organe, ne se courbent nulle part, mais deviennent plus gros par anastomoses des deux côtés, je ne puis m'empêcher d'admettre : que des fibres pri- mitives sorties par branches et rameaux d'un de ces deux troncs nerveux marchant sur le plafond de la cavité buccale, y revien- nent sans doute en partie après un trajet plus ou moins long ; que, lorsqu'elles ont atteint la langue, elles ne se courbent pas, mais qu'elles vont transversalement au-dessus de cet organe à travers le lacis, de l'autre côté, jusqu'au tronc opposé; de sorte que ces deux troncs de la même paire, ne tenant pas immédia- tement l'un à l'autre au plafond de la cavité buccale, sont dans ime connexion médiate par le réseau nerveux étendu sur le plancher de la cavité buccale et sur la langue. Pour obtenir une vue tout-à-fait complète et probante de cette disposition , il se^ (i) Planche 4, h.:. 19 «, 062 BURDACH. — Structure des nerfs. rait nécessaire de diviser par une section longitudinale la mem- brane muqueuse au plafond de la bouche, sur la ligne moyenne entre les deux troncs nerveux, et de la détacher sur la région articulaire de la mâchoire, au fond de la bouche et sur la langue jusqu'à l'autre côté; mais celui qui essaiera de le faire trouvera dans l'adhérence solide de la membrane muqueuse en certains points, dans l'interruption sur certaines parties, par exemple autour de l'ouverture très large de la trompe d'Eustache, et enfin dans les efforts nécessaires pour déployer sans aucun pli sur la lame de verre, d'aussi grands lambeaux , trouvera , dis-je, dans tout cela tant de difficultés, qu'il ne me reprochera pas de manquer d'adresse, si j'avoue que jusqu'à présent je n'ai pu y réussir. Je ne puis donc soutenir avec précision qu'une chose, savoir, que le nerf trijumeau , dans la membrane muqueuse de toute la cavité buccale et dans la région postérieure de la langue, Jorme un plexus semblable au réseau des nerfs de la peau. Quant au passage des fibres primitives de ce nerf d'un côté à l'autre, transversalement au-dessus de la langue, je ne puis l'ad- mettre que d'une manière très probable ; mais j'espère arriver par des recherches ultérieures à une certitude sur ce point. Je dois encore remarquer que , dans le réseau nerveux dont il est ici question , j'ai aperçu des places où les fibres primitives d'un rameau, ou même de deux rameaux anastomosés, semblaient s'écarter l'une de l'autre et se combiner entre elles d'une manière indistincte pour se réunir ensuite en faisceaux nerveux réguliè- rement constitués (i).Dois-je regarder, ainsi que je suis porté à le faire, ces formations comme de petits ganglions dans la mem- brane muqueuse, ou dois-je les attribuer à un écrasement acci- dentel et local ? C'est ce que je ne me hasarde pas encore à dé- cider. J'en ai observé souvent de semblables , mais je ne les ai pas trouvé à une seule et même place. Au reste , tout le réseau lui-même présente de grandes diversités. On ne peut pas douter que, chez des animaux où le nerf lingual existe comme tronc, son réseau dans la membrane muqueuse ne soit plus riche et plus serré que chez la grenouille. ^,1) Planche 4, fig. 19/. BURDA-CH. — Structure des nerfs. 263 Nous avons déjà vu que le nerf hypoglosse forme ses anses terminales à quelque distance du bord de la langue , par consé- quent qu'il n'entre pas dans la membrane muqueuse elle-même, ni dans les deux pointes de cet organe pourvues de fibres mus- culaires. D'autre part, nous avons constaté la distribution des ra- meaux linguaux du nerf trijumeau, dans la membrane muqueuse à la vérité, mais seulement dans la région de la racine de la langue. On peut en conséquence présumer que dans le bord extrême de la langue et dans les deux pointes en languette, nous ne trouverons que le nerf glosso-phary ngien, et encore, d'après ce que nous con- naissons de son trajet, ne seraient-ceque ses ramuscules les plus ténus. Pour y arriver il faut une certaine préparation : qu'on tue une grenouille de médiocre taille par hémorraghie, qu'on nettoie jusqu'à un certain point la langue des mucosités visqueuses adhé- rentes, en injectant dans la bouche , à diverses reprises, de l'eau tiède chargée d'une très petite quantité de carbonate dépotasse, et que l'on coupe , à l'aide de ciseaux fins sur l'extrémité en lan- guette , un lambeau grand d'une ligne ou une ligne et demie^ ou sUr le bord de la langue un lambeau encore plus petit. Ici I faut intercaler une remarque incidente, mais qui ne me paraîj pas sans intérêt: je croyais d'abord que l'accumulation de muco ^ sites sur la langue, accumulation qui nuit| beaucoup à la transpa- rence, serait diminuée, et qu'ainsi les nerfs ressortiraient plus distinctement, si je laissais jeûner l'animal un certain temps^ mais en cela je me vis trompé; la langue, à la vérité, parut en général plus nette; mais les nerfs les plus fins, au contraire, ne devinrent que plus indécis et plus vagues ; cela fut encore plus frappant dans mes recherches sur les nerfs du canal intestinal , les- quelles malheureusement ne m'ont encore donné aucun résultat. Si, en effet, pour nettoyer le canal intestinal , j'avais fait jeûner la grenouille un certain temps, je ne pouvais plus reconnaître aucun nerfdanstoutle canal digestif, je ne distinguais pas même les plus gros faisceaux nerveux dans le mésentère; si j'injectais à l'animal encore vigoureux un liquide nutritif quelconque par l'anus, et si j'examinais ensuite l'intestin, j'apercevais des fibres nerveuses primitives toujours reconnaissables entre les vaisseaux lymphatiques gorgés de globules. Le nerf paraît donc recevoir, 2Qa BURDACH. — Structure des nerfs. par son action même , une certaine turgescence qu'il perd dans une inaction prolongée. Considérons sous le compresseur un morceau de langue de <^renouille ainsi obtenu et sous un grossissement linéaire d'en- viron a5o fois, et ne nous laissons pasrebuter par quelques insuc- cès que cause aisément une fausse position de l'objet comprimé ; nous reconnaîtrons les ramuscules terminaux du glosso-pharyn- CTien(i ). Les arcades d'union, aperçues d'une manière peu distincte dans le premier examen de la totalité de la langue, aux extré- mités des rameaux du glosso-pharyngien , existent réellement ; mais ce ne sont pas des anses terminales; elles se montrent seu- lement comme les commencemens d'un plexus terminal. Quand les rameaux de ce nerf ^ qui n'a jusque-là formé aucun plexus, devenus très fins par des divisions répétées, se sont approchés de la surface de la langue à la distance d'une ligne environ, ils s'anastomosent entre eux, puis se séparent les unes des autres de nouveau pour se réunir encore après une ramification plus ténue. Dans ce reseau , qui ne diffère pas essentiellement du plexus ter- minal des nerfs des muscles, quant à la forme générale , je re- marque cette particularité, à savoir que les faisceaux qui ne con- tiennent même qu'un petit nombre de fibres primitives, ont cependant une grosseur notable, leurs fibres paraissant plus lâ- chement jonchées les unes à côté des autres, et pouvant par cela même être comptées avec facilité, et qu'en outre ces faisceaux ont une apparence irrégulière, noueuse, leurs fibres primitives s'écartant plus en certaines places qu'en d'autres et laissant par conséquent, voir une plus grande étendue de leur largeur. (2) Tout-à-fait dans le voisinage du bord de la langue, ce^plexus se résout dansses fibres primitives isolées, dontchacune parcourt ini trajet court mais tout-à-fait isolé jusqu'à l'extrême surface de la langue, et rentre ensuite dans le rameau voisin par une anse terminale. En conséquence, ce qui me paraît essentiel dans le mode de distribution du nerf glosso-pharyngien, c'est que le réseau n'est formé que par les ramuscules les plus ténus , et qu'il (i) Planche 4 , f'g. i8. (3) Planche 4 , fig. iSa. BURDACH. — Structure des nerfs. 265 se résout en fibres primitives tout-à-fait isolées, lesquelles, déjà préparées dans les faisceaux du plexus, apparaissent complète- ment dans les anses terminales. Un plexus existe aussi dans la distribution des nerfs des muscles, et là même, bien que rare- ment, les anses terminales sont formées çà et là de fibres isolées ; mais la différence entre la distribution du glosso-pharyngien et la distribution des nerfs des muscles n'est que relative ; cepen- dant elle est assez frappante pour ne pas échapper à quiconque examinera les choses mêmes. Si nous considérons encore une fois tout le trajet du glosso-pharyngien , je ne puis pas trouver pour sa forme une comparaison plus convenable qu'avec l'artère mésentérique supérieure, laquelle donne pour l'intestin grêle des branches partant d'un seul côté et marchant assez parallè- lement , lesquelles à leur tour se partagent dans le voisinage de l'intestin en un réseau, et se réunissent ensuite. Seulemeut, pour compléter l'image il faudrait supposer que les rameaux termi- naux qui marchent sur le côté interne et postérieur de l'intes- tin, passent immédiatement de l'un à l'autre. De mes recherches , exposées dans ce qui précède , sur la dis- position des nerfs dans la langue et dans la membrane muqueuse de la bouche, résultent les conclusions suivantes, qui peuvent être établies comme certaines : 1. Le nerf hypoglosse qui, encore en dehors de la langue, donne des rameaux aux muscles voisins, ne se distribue qu'à la la partie musculeuse de la langue sans en toucher la membrane muqueuse; il s'y comporte absolument comme les nerfs des muscles, formant, comme eux, un plexus et des anses termi- nales, et ne s'en distinguant que par sa ramification unilatérale , mais ayant, avec la plupart des autres nerfs cérébraux, cela de commun, que ses deux troncs du même nom ne s'unissent pas entre eux par des ramifications. 2. Les rameaux de la cinquième paire de nerfs cérébraux cor- respondant au nerf lingual appartiennent à la membrane mu- queuse de la bouche et de la partie postérieure de la langue, et montrent dans cette membrane une disposition très semblable à celle des nerfs de la peau; car ils forment pendant tout leur tra- jet un réseau de branches, de rameaux et de ramuscules, et ne *66 BURDACH. — *• Structure des nerfs. laissent voir nulle part des anses terminales proprement dîtes. Ils se distinguent des nerfs de la peau par cela, qu'une grande partie de leurs fibres primitives, après un trajet plus ou moins long séparé du tronc, retournent à ce même tronc; qu'au con- traire, leur passage dans le tronc du côté opposé n'est pas en- core complètement prouvé; que nulle part ces rameaux de la cinquième paire ne paraissent se diviser en fibres tout^à-fait isolées, et qu'enfin ils forment probablement cà et là de petits ganglions. Le réseau formé par ces nerfs sur la langde, comparé avec celui du plafond de la cavité buccale, paraît très pauvre et coniposé de faisceaux minces et allongés la plupart; cette dispô'- sition pourrait être considérée comme une particularité de ces nerfs chez la grenouille, et peut-être chez tous les ahimatijc qui n'ont pas, à proprement parler, de nerf lingual. ■ 3. Le nerf glosso-pharyngien traverse la partie musculaire delà langue sans y fournir de rameaux, et sans prendre aucune dis* position plexiforme; le siège de son activité est tout-à-fait dans la superficie de la langue et dans la membrane muqueuse elle-' même; il y forrne avec ses ramuscules les plus ténus, un réseau caractérisé par un accolement très lâche des fibres primitives, et se résout enfin en ses cylindres élémentaires qui marchent ab- solument seul à seul, et qui forment des anses terminales. Ce nerf aussi se ramifie, comme le nerf hypoglosse, seulement d'un côté, il ne s'anastomose pas non plus par des branches un peu grosses avec le nerf collatéral; cependant l'anastomose existei probablement entre les plexus terminaux des deux côtés. Si nous pouvons faire dépendre principalement le degré de sen- sibilité de la dispositon des extrémités périphériques d'un nerf, il n'est pas douteux qu'un nerf qui se partage en ses parties élémen- taires les plus fines doit présenter une sensibilité plus grande qu'un autre dans lequel les fibres primitives restent réunies en faisceaux plus forts; de même que le nerf qui forme un réseau très étendu, mais non composé des élémens les plus fins , est sans doute moins approprié à la perception d'une sensation spéciale. Si donc nous comparons la ramification si extraordinairement fine des nerfs optiques sur la rétine avec la disposition plexiforme des nerfs delà peau si étendue et composée déjà de faisceaux assez gros. BURDACH. — Structure des nerfs. 267 il ne sera peut-être pas trop téméraire de vouloir reconnaître, dans la disposition morphologique, telle qu'elle a été décrite, du nerf glosso-pharyngien, un pur nerf des sens, au contraire dans la disposition morphologique des rameaux du trijumeau qui représentent le nerf lingual un nerf de la sensibilité géné- rale. Si maintenant nous ajoutons que le nerf hypoglosse si sem- blable, d'après sa forme, aux nerfs qui se distribuent dans les muscles, doit être lui même un nerf de muscles, mes recherches sur les nerfs de la langue auront démontré anatomiquement ce que Barthélémy Panizza {Essais sur les fonctions des nerfs) a dé* montré, touchant ces mêmes nerfs, physiologiqnement par ses expériences. Essayons maintenant de tirer une conclusion finale, et com- parons les recherches exposées précédemment sur le mode de distribution des nerfs dans la peau et dans la langue avec la dis- position des nerfs dans les muscles, découverte par Yalentin. La doctrine capitale de ce naturaliste est : que les nerfs n'ont, à proprement parler, point de terminaison périphérique, mais que, dans les organes périphériques , leur partie centrifuge passe, sans délimitation, dans leur partie centripète. La comparaison de ses recherches et des miennes m'autorise à compléter sa doctrine, en admettant: que le caractère essentiel de tous les purs nerfs des sens consiste à former à leur partie périphérique un réseau très fin, et à se résoudre en leurs parties élémentaires les plus ténues ; de plus, que le caractère essentiel des nerfs qui président à la sensibilité générale, soit qu'ils appartiennent au cerveau, soit quils appartiennent à la moelle épinière, consiste à former des réseaux variés, très étendus, qui sont constitués la plupart du temps par des faisceaux nerveux, rarement par des fibres pri- mitives isolées ; enfin, que le caractère essentiel des nerfs qui di- rigent Faction musculaire consiste à Jormer dans l'intérieur du muscle un plexus constitué en partie par des faisceaux forts, et puis à se disposer en anses terminales, qui très rarement sont con- stituées par des fibres primitives absolument isolées. Chez les grenouilles comme chez les oiseaux, on ne trouve pas, à proprcnient parler, de rameau lingual du nerf trijumeau ; la cause de cette disposition est probablement que ^_ les dents 268 BURDACH. — Structure des nerfs. manquant à l'os maxillaire inférieur, le nerf alvéolaire n'existe pas comme tronc du nerf lingual; mais c'est plus encore que, là où l'activité du nerf d'un sons est empêchée par la structure de l'organe, comme cela a lieu relativement au nerf glosso-pharyn- gien par le tégument corné de la langue des oiseaux ou par la couche de mucosité épaisse sur la langue des grenouilles, ce nerf ne peut plus servir qu'à la sensibilité générale; d'autant plus que la sensibilité d'un sens, incomplète, ne se distingue pas essentiel- lement de la sensibilité générale. En conséquence, le nerfglosso- pharyngien de ces animaux, nonobstant sa structure qui est celle des nerfs des sens, ne peut avoir aucune autre fonction que celle qui appartient au nerf lingual dans les organes du goût plus développés. Enfin, si nous devons chercher le caractère es- sentiel des nerfs des sens en ce que les fibres primitives isolées se séparent les unes des autres dans ces nerfs, nous pouvons sans doute encore admettre que les nerfs de la peau, là où cette mem- brane est développée en organe du tact, seront divisés en desfils plus fins que cela n'est sur d'autres points. EXPLICATION liES flGUKES. PLANCHE 4« Les seize premières figures de la planclie 4 apparlienneul à la premièie section de ce Mé- moire, et les 17% i8e, 191. et 20' à la Iroisièrae section. On a essayé de représenler dans la première figure les raies claires presque toujours tournées en spiral , qtii donnent à la surface externe des nefs l'aspect des tendons. La figure 2 représente le trajet oudulcux d'un faisceau de filamens nerveux dans l'intérieur de sou enveloppe, borné par une ligue droite. Clelte structure explique l'apparence extérieure représentée dans la figure i. Dans la figure 3 , les mêmes raies sont représentées ; mais , au lieu d'être ondulées comme dans leur état naturel, elles sont étendues par la pression. ■Fig. 4. Un seul faisceau primitif avec une représentation de la matière contenue coagulée. a. une petite masse de matière coagulée et granuleuse , contenue naturellement dans la cavité des nerfs ; une gouttelette se trouve rassemblée à l'extrémité \- h. matière contenue coagulée , qui distend tellement la cavité qu'on ne peut plus apercevoir des traces du bord double ; — c. dans ce point la coagulation de la matière renfermée n'est considérable que vers la paroi du tuyau nerveux : c'est celui qui détermine la disparition du bord double. Fig. 5. Un seul faisceau primitif avec le contenu tout-à-fail dans l'état naturel et non coagulé : = fl» goutelette sortie, liquide encore et qui montre le bord double; en h une partie du con- BTJRDACH. — Structure des nerfs. 269 tenu , liquide encore , se trouve rapprochée des parois du tuyau nerveux et perd uu peu la double bordure , — c. dans ce point il y a séparation du contour interne , qui continue son trajet inférieurement ; apparence qui dépend probablement de l'espace vide entre deux gouttes de matière liquide continue qui forment en haut et en bas une sorte d'arcade. I Fig. 6. Des gouttes isolées de liquide contenu dans un nerf, laissant voir la double bordure. Fig, 7. L'aspect d'un seul faisceau primitif offrant deux raies claires et argentées sur un fond noir, ce qui a lien quand l'objet est desséché sur une plaque de veire et vu par la lumière réQéchie. Fig. 8. Un seul faisceau primitif comprimé dans un endroit par une aiguille placée en travers, ce qui détermine la rencontre en forme d'arcade des contours internes de deux côtés dans le voisinage du point comprimé. Fig. g. Apparence que présentent des faisceaux primitifs d'un cylindre à contours simples, quand on les regarde avec des verres trop rapprochés de l'objet. On voit ici que des faisceaux primitifs, posés à plat , se dépriment au milieu. Fig. 10. Apparence des faisceaux primitifs et de leurs particules, après avoir été dans l'eau pendant vingt-quatre heures. Fig, 1 1. Des faisceaux primitifs, traités par de l'eau chaude. Le contenu non coagulé forme des gouttes à double bordure et un chapelet semblable à des perles dans l'intérieur de la cavité du nerf. Fig. II. Masse cérébrale, après avoir macéré pendant vîngt-quatre heures dans du vinaigre. On y voit, en grande abondance des globules à bordure simple, des masses et des fragmens de tuyaux articulés. Ces derniers sont rendus évidens par une pression prolongée. Fig. i3. Un faisceau primitif, endurci par l'esprit-de-vin .• il a l'apparence comme s'il était formé de globules placés les uns à côté des autres. Fig. i4. Une portiou d'un nerf cutané d'une grenouille tuée par la vapeur du soufre, avec l'indication des vaisseaux sanguins gouflés. ; Fig. i5. Bout supérieur du nerf sciatique quatorze jours après avoir été coupé. On y voit une apparence d'anastomose j mais ce n'est qu'en apparence. Fig. 16. Une portion de la peau du dos d'une grenouille avec ses branches nerveuses et une blessure cicati-isée. Les nerfs ne pénètrent point dans la cicatrice, mais se terminent dans le voisinage sous forme demassue^ Fig. 17, La gorge d'nue grenouille dépouillée dans la moitié de son étendue de la membrane muqueuse et représentée avec un peu plus que sa grandeur naturelle : — a. langue ; — b. corp^ de l'os hyoïde ; — c, cornes antérieures ; — .qi ne l'ont point opéré clans sa généralité, puisqu'il est tant de ca- vernes on l'on n'en découvre pas le moindre vestige et d'autres où leurs débris sont si rares qu'on ne saurait leur attribuer l'en- tassement réellement prodigieux des grands herbivores qui ont été aussi leurs contemporains. Les cavernes de Bize (Aude) peuvent être citées comme un des exemples les plus remarquables de la réunion dans les mêmes souterrains d'un nombre infini d'herbivores et d'une très petite quantité de carnassiers , d'espèces peu redoutables pour des aurochs et des chevaux, dont les débris sont hors de j)roporlion avec ceux des autres herbivores qui les accompa- gnent. En effet, on n'y voit aucune trace de ces grands lions, de ces formidables hyènes dont les restes existent cependant au milieu des sables marins dont nous venons de faire connaî- tre l'ancienne population. Les seuls carnassiers que l'on y ren- contre , se bornent à des loups, des servals , des renards et à la ])lus petite espèce des ours des cavernes, c'est-à-dire à \ursus arctoïdeus dont les débris y sont du reste des phis rares. Il semble donc résulter de l'ensemble des faits que nous ve- nons de rapporter qu'il existe une très grande analogie entre la population des couches les plus superficielles des terrains niarins tertiaires et celle dont les restes ont été ensevelis dans les limons meubles des cavernes, analogie qui doit en faire supposer dans la cause qui en a opéré l'anéantissement. Quoi qu'il en soit, tel est l'ensemble des animaux dont les dé- bris se monlrentdansles terrains marins supérieurs de la période tertiaire; terrains bien plus jeunes que les bancs pierreux qui composent les formations de la même période du nord de la France. Cette population est remarquable en ce qu'elle présente peut-être pour la première fois des espèces toutà-fait analogues à nos races actuelles avec un grand nombre d'autres espèces et même de genres qui n'ont plus maintenant de représentans. Si ces races à jamais perdues venaient à se réveiller tout-à- coup , quelle surprise n'é))rouverions-nous pas à la vue de ces palaiotheriums, de ces Lophodions , et de ces lourds et gigan- tesques Mastodontes, dont les dimensions ne sont guère sur- passés que par celles des anciens éléphans. Etontiés par l'aspect aga l. manul. — ■ Sur la disposition en spirale étrange de ces animaux, nous jugerions probablement que l'homme n'en devait jamais être le témoin et que leur existence nouvelle ne pourrait pas être plus longue que leur existence passée. Pour donner une ïâé<^ des principaux animaux qui jadis ont habité le sol que nous foulons aujourd'hui , nous en avons e quissé d'une manière rapide le tableau espérant faire connaî- tre plus tard la population qui a vécu lors des formations es variétés d'une espèce ne sont que les races plus ou moins différentes qui peuvent en être sorties parla généra- tion ; la génération en pose donc les limites , et ces limites sont , conmie je l'ai déjà dit, fort étroites. D'une part, les causes qui déterminent les variétés d'une espèce sont toutes accidentelles, la chaleur, la lumière, le climat, la nourriture , la domesticité. De l'autre, ces causes accidentelles n'agissent que sur les carac- tères les plus superficiels, la couleur, l'abondance du poil, la taille de l'animal , etc. « Le loup et le renard habitent , dit M. Cu- vier, depuis la zone torride jusqu'à la zone glaciale, et dans cet immense intervalle ils n'éprouvent d'autre variété qu'im peu plus ou un peu moins de beauté dans leur fourrure. Une crinière plus fournie fait la seule différence entre l'hyène de Perse et celle de Maroc. Que l'on prenne, ajoute-t-il, les deux éléphans les plus dissemblables, et que l'on voie s'il y a la moindre diffé- rence dans le nombre ou les articulations des os, dans la struc- ture des dents, etc. » 3o4 FLOURENS. — Sur [es caractères de l'espèce. Les variations sont beaucoup plus grandes clans les animaux domestiques, mais toujours superficielles. Celles du mouton portent principalement sur la laine, etc.; celles du bœuf sur la taille, sur des cornes plus ou moins longues ou qui manquent, sur une loupe de graisse plus ou moins forte qui se forme sur les épaules, etc.; celles du cheval sont moindres encore. L'extrême des différences dans les herbivores domestiques se voit dans le cochon , et cet extrême se borne à des défenses peu développées et à des ongles qui se soudent dans quelques races. L'animal domestique sur lequel la main de l'homme a le plus pesé, est le Chien. Les Chiens varient par la couleur, l'épais- seur, le manque du poil, par la taille, par la forme du nez, des oreilles, delà queue, par le développement du cerveau, et, ce qui en est une suite, par la forme de la tête. U y a des Chiens qui ont un doigt de plus au pied de derrière, comme il y a des familles sexdigitaires dans l'espèce humaine; et dans mi travail curieux sur les variétés des Chiens , M. Frédéric Cuvier a con- staté ce fait singuIier,savoir, qu'il se trouvé des individus à wne fausse molaire de plus, soit d'un côté , soit de l'autre. Là est le maximum des variations connues jusqu'à ce jour tlans le règne animal ; et encore qui oserait alfirtner que les races, du moitis les races nettement tranchées, n'ont pas aussi leur constance? On ne sait rien , pour la plupart, de leur pre- mière origine; et quant à l'opinion de quelques naturalistes qui s'appuient avec tant de confiance sur l'effet du temps pour changer le type des espèces , non-seulement celte opinion est sans preuves, mais elle a même contre elle des preuves for- melles et décisives. L'Egypte nous a conservé dans ses cala- combes des Chats , des Chiens , des Singes, des têtes de Bœuf, des Ibis , des Oiseaux de proie, des Crocodiles , etc. , et certai- nement, dit M. Cuvier, on n'aperçoit pas plus de différence entre ces êtres et ceux que nous voyons, qu'entre les momies humaines et les squelettes d'hommes d'aujourd'hui. Les animaux ont donc des caractères qui résistent à toutes les influences. La chaleur, la linnière, le climat, la nourriture, la domesticité , toutes ces forces externes et acciilentelles ont beau agir , il y a une force interne et constante qui ramène sans f LOURENS. — Sur les caractères de l'espèce. 3o5 cesse au type primitif, qui le maintient, qui le perpétue, et cette furce est la génération. Les conditions rigoureusement posées (le la génération de chaque espèce donnent donc la rai- son de sa fixité et de sa constance. Et cette raison, c'est le fait vu sous une autre face, et ce fait est la base de toute la zoologie. L'objet définitif de toute la zoologie proprement dite n'est effectivement que la détermina- tion des espèces animales. Or, sur quel fondement s'appuierait cette détermination , si les espèces n'étaient pas constantes? Ue.tpèce est le premier de tous ces groupes, dont l'ensemble constitue nos méthodes. Le genre n'est que le rapprochement des espèces; \aja mille , Vorclre, le rapprochement des ^e/z/'e^; la classe, le rapprochement des ordres et àes familles. Tous ces rapprochemens, tous ces groupes, combinaisons variées des es- pèces, peuvent n'être, et ne sont peut-être jusqu'à un certain point , que des créations de notre esprit ; mais l'espèce est de la nature , l'espèce est un fait réel, constant, et de la réalité de ce fait dérive la force de toutes ces considérations absti'aites et gé- nérales dont l'enchaînement forme nos méthodes. Toutefois, est-il bien sûr que parmi tous ces groupes, le groupe qui représente l'espèce soit seul donné par la nature? En d'autres termes, Buffon a défini l'espèce par le fait, quand il a dit que l'espèce est la succession des individus qui se repro- duisent. Or, n'y a-t-il pas aussi qiïelque fait par lequel on puisse définir le genre? C'est cette définition que je cherche. Tout travail relatif à la méthode a deux parties, l'une métai:)hysique ou de raisonnement, et l'autre expérimentale ou d'observation; le progrès est d'y remplacer la partie métaphysique par l'ex- périmentale, le raisonnement par l'observation. Que deux individus mâle et femelle, semblables entre eux, se mêlent, produisent, et que leur produit soit susceptible à son tour de se reproduire, et voilà l'espèce , la succession des individus qui se reproduisent et se perpétuent. A côté de ce premier fait, que deux individus mâle et femelle, moins sem- blables entre eux que n'étaient les précédens , se mêlent, pro- duisent , et que leur produit soit infécond , ou immédiatement, ou après quelques générations, et voilà le genre. Le caractère IX. Zool. — Mni. 20 3o6 FLOUCENS. — • Sur les caractères de l'espèce. «le l'espèce est la fécondité se perpétuant avec les générations; le caractère du genre est la fécondité bornée à quelques géné- rations. Enfin, que deux individus, mâle et femelle, moins sem- blables encore entre eux que n'éfaient les derniers, se mêlent et ne produisent plus, et voilà les genres divers, les ordres. La génération donne donc ainsi \es espèces par la/e'condité perpé' tuée y les genres par la fécondité bornée , et les genres diuers , les ordres, par la non-fécondité. Je sais bien que le groupe que je propose, et qui résulterait àw croisement fécond des espèces, ne répondrait plus exacte- ment aux genres ordinaires des naturalistes, formés par la seule comparaison des ressemblances; mais on pourrait donner à ce groupe tel nom qu'on voudrait , le point essentiel ici est de le constater. Je saii bien encore que les expériences nécessaires pour en généraliser l'établissement sont loin d'être faites et ne léseront peut-être jamais. Le tour de l'esprit humain est de se plaindre sans cesse qu'on ne fait pas et de ne pas faire, ou d'em- pêcher même qu'on fasse. « Le plus grand obstacle qu'il y « ait à l'avancement de nos connaissances, disait Buffon , est « l'ignorance presque forcée dans laquelle nous sommes d'un a très grand nombre d'effets que le temps seul n'a pu présenter « à nos yeux, et qui ne se dévoileront même à ceux de la pos- « térité que par des expériences et des observations combinées. « En attendant, nous errons dans les ténèbres, ou nous mar- « chons avec perplexité entre des préjugés et des probabilités, « ignorant même jusqu'à la possibilité des choses, et confon- « dant à tout moment les opinions des hommes avec les actes « de la nature ». Et depuis Buffon, que de temps perdu! Toutefois on a déjà quelques faits. Ou sait que les espèces du Cheval, de l'Ane, du Zèbre, peuvent se mêler et produire ensemble ; celles du Loup et du Chien se mêlent et produisent aussi ; il en est de même de celles de la Chèvre et de la Brebis , de la Vache et du Bison. Le Tigre et le Lion ont produit à Londres, fait remarquable et qui renverse ce principe que l'on s'était trop hâté de poser, savoir, que , pour que le croise- ment de deux espèces fiU fécond , il fallait au moins que l'une FLOURENS. — Sur les caractères de l'espèce. Sot d'elles fût domestique. Je m'en tiens à ces exemples certains, tirés des Mammifères, et qui tous prouvent que la propagation des individus n'est pas, comme on l'avait dit, le caractère de leur unité spécifique y mais bien, comme je l'établis ici, \e caractère de leur unité générique. On connaît les unions croisées de plu- sieurs espèces d'oiseaux , du Serin avec le Chardonneret, avec la Linotte, avec le Verdier , etc. , des Faisans dorés, argentés et communs entre eux, et avec la Poule, etc. Ou sait de plus que \t Mulet, ^Todw'xi de l'union de l'Ane avec la Jument, ou du Cheval avec l'Anesse, est généralement infécond, du moins dans nos climats. On sait que le métis du Loup et du Chien , que celui de la Chèvre et du Bélier, cessent d'être féconds dès les premières générations; on sait qu'en unissant ces métis à l'une ou à l'autre des deux espèces primitives, on les ramène promptement à celle de ces deux espèces à laquelle on les unit. Sans doute, eu petit nombre de faits curieux est loin de suf- fire pour l'établissement pratique d'un groupe quelconque; mais il suffit pour indiquera la théorie que, par-delà l'espèce, il existe encore un groupe donné par la nature, un groupe qui peut se définir par le tait; il devrait suffire pour engager dans cette longue suite d'idées hardies et de tentatives persévérantes, qui seule pourra faire faire à la zoologie ce nouveau progrès; enfin , et c'est ici peut-être ce qu'il a de plus important , il rend sensible ce qui dans nos méthodes distingue les divisions essen- tiellement réelles et naturelles de nos divisions plus ou moins factices et arbitraires ; et dans cette distinction de ce qui est le fait de l'art et de ce qui est le fait de la nature, est tout le fon- dement de la vraie métaphysique des sciences. *o. 3o,8 A. BRANTS. — Sur les jeux des animaux oHiculés. Observations sur les yeux simples des animaux articulés Cuv. , ^ Par M. le D' Brants. La «rande importance de la vue dans l'économie animale exige que l'œil soit parfaitement construit dans tous les ani- maux. C'est par des moyens divers que la nature atteint ce but; il paraît, qu'en général on peut distinguer deux formes princi- pales d'yeux, savoir celle que l'on trouve dans l'œil humain, et l'autre <îans les yeux composés des insectes. La première forme est la même dans tous les animaux vertébrés, modifiée seulement selon les besoins de chaque animal. Elle paraît carac- térisée par une mobilité extrême et par le croisement des nerfs optiques. Les yeux composés sont formés par une quantité de tubes transparens, recevant la lumière dans la direction de leurs axes et fixés, en rayons, sur un centre, qui est le nerf optique, de manière qu'ils reçoivent, réunis en un corps, tous les rayons de l'objet, tandis que chaque tube isolé n'en reçoit que quel- ques-uns Cependant ces yeux ont été trop peu examinés, pour pouvoir tracer avec précision les caractèies,par lesquels il diffé- rent des yeux simples , quoiqu'il nous paraisse vraisemblable que leurs nerfs optiques ne se croisent pas , et que par consé- quent ils ne peuvent jamais se fixer sur le même objet ; mais de l'autre côté il est certain, qu'aucune des parties principales de l'œil ne manque ici , car on rencontre constamment le cristal- lin , la cornée, le pigment um et le vitré. L'œil des Céphalopodes et de quelques Gastéropodes tient le milieu entre ces deux formes; mais il faut les passer à présent sous silence, ainsi que les yeux des Annelides, que l'on peut à peine nommer organe de la vue. Une autre forme de l'œil se trouve dans les Arachnides et dans l'état imparfait de quelques insectes , savoir les ocelles ou stemmates , dont on prétend généralement , que les yeux sont formés d'après le type des yeux simples des animaux' vertébrés. Il y a peu de vraisemblance que ces yeux seraient formés d'.i- près un type, différent de celui que l'on trouve communément A. BRAKTS. — Sur ïcs feux des^ animaux articulés. 309 dans cette classe d'animaux. C'est parce que l'œil dos animaux vertébrés voit à chaque distance assez clairement, qu'il faut que l'œil lui-même soit modifié selon les diverses distances ; tous ont en eux les moyens de raccourcir le globe ei de faire changer * le cristallin de place et de forme. Or, dans l'œil simple des ani- niaiix articulés, on ne trouve point ces moyens; il nous paraît: donc de toute impossibilité, qu'il soit construit sur le même plan de celui des animaux vertébrés , car alors il serait très im- parfait et de peu d'utilité pour l'animal. M. J. Mûller {^Zur i^ergleich. Physiol. des Gesichtsinnes, p. 3 r4 » 3i8, 33(, et Ann. des Se. nat., 1" série) a décrit cet œil comme immobile, correspondant en outre avec celui des vertébrés et exerçant sa fonction de la même manière; mais la mobilité est si nécessaire à la fonction de la vue que l'œil privé de cette propriété serait incapable d'exercersa fonction. — Les yeux simples se trou- vant toujours en assez grand nombre dans les Articulés. Mûller pense que chacun d'eux voit une partie, et que tous ensemble voient le cercle de vision entier; s'il en est ainsi, la chose ne sera toutefois possible que pour une seule distance , et les champs de vue se couvi iront l'un l'autre, tandis que, l'objet sera plus près, il restera des espaces qui échapperont à la vue. C'est pour cela que Mûller regarde l'œil simple comme un organe, qui ne peut voir les objets qu'à des distances déterminées;et, parce que la grandeur et la forme de ces yeux diffèrent beaucoup, il croit que les distances focales diflèrent aussi, de manière que tous ces yeux réunis feraient le même effet qu'un œil simple parfait. Cependant l'animal ne verrait que quelques objets à des dis* tances détermuiées, et par le moindre mouvement du corps, tous les objets échapperaient immédiatement à la vue, pour étrt^ remplacés par d'autres, et l'animal, i.e pouvant varier à volonté la portée de sa vue , ne saurait retrouver les premiers ob- jets. — Comment donc expliquer les mouvemens précis des arai- gnées ? — Or, les recherches anatomiques nous ont prouvé que la structure des yeux simples diffère beaucoup de celle que Mûller a décrite. Nous croyons que nilustre Physiologiste s'est laissé induire en erreur par l'aspect d'objets trop dépéris. > Je me suis convaincu que ces yeux simples sont formés d'à- 3ro A. BRAUTS. — Sur les yeux des animaux articulés. près le même plan que les yeux composés, et non pas comme ceux des animaux vertébrés. Je me bornerai à communiquer mes observations auatomiques, et ne tenterai point d'expliquer comment la vue s'exerce par ces yeux simples, ce qui ne sera pas bien difficile quand une fois nous aurons bien expliqué la ' fonction des yeux composés. J'ai examiné les yeux du Scorpio {Buthus) afer , du S. euro- pœus Fabr. (de Suriname) et cV une Mygale aficularia. — Dans les Scorpions les deux yeux les plus grands sont situés sur la partie moyenne du thorax. Ils sont tous formés de la même manière ; je n'ose décider si les très petits yeux, que l'on trouve en outre dans les Buthus ^\e sonl aussi; ceux de la Mygale sont formésdela même manière que ceux des Scorpions , seulement , ils ont une forme sphérique ou allongée. la peau a dans les Scorpions comme dans la Mygale une ou- vertureà la place où sont situés les yeux, laquelle est fermée par une membrane transparente, qui est la cornée dont la cavité con- tient un cristallin presque sphérique et brun, quand la cornée est circulaire; sphéroïdal et jaime, quand elle est elliptique, comme dans les yeux latéraux de la llygale. Sous le cristallin et la cor- née se trouve \e globe y comme un corps sphérique bleuâtre; les deux grands yeux se touchent. Le globe a une ouverture sur la face antérieure , qui correspond avec la grandeur du cristallin: c'est la pupille, bordée d'une bande noire, située entre le cristallin et la cornée; cette ouverture , comme je l'ai vu souvent dans la Mygale, est fermée par une membrane; je n'ai pu la distinguer assez clairement dans le Scorpion. Derrière elle se trouve la partie que Mûller nomme Glas- kôrper (corps vitré), Sommering retina,(\m , et dans le Scorpion et dans la Mygale, a une face antérieure concave et une posté- rieuse convexe. Mùller l'a observée convexe sur les deux faces. Dans les petits yeux, je n'ai jamais vu cet organe manquer. Ce vitré est environné d'une matière noire qui remplit le globe entier; et elle-même est contenue dans une expansion en forme de calice du nerf optique qui s'épanouit près de la pupille; J cette expansion est plus épaisse dans la Mygale que dans les 1 Scorpions. Toutes ces parties enfin sont environnées d'un A. BRANTS. — Sur Ics yeux des animaux articulés. 3ii tissu vasculaire , qui unit les yeux et forme le tuberculum sur lequel sont situés les yeux , et dans lequel on distingue très bien des fibres musculaires ; la quantité de matière graisseuse qui y est entremêlée est plus ou moins abondante dans les différens yeux. Elle est couverte d'une membrane noire ponctuée , située sous la peau de l'animal , et qui forme la bande ouverte de la pupille. — Les nerfs optiques sont aplatis ceux du Scorpion sont exactement décrits par Mûller et Trevi- ranus. Chaque grand œil latéral a un nerf optique propre, tan- dis que les petits en reçoivent un, commun à tous ceuxdumême côté. Dans la Mygale les nerfs forment une bande aplatie, com- posée de trois divisions, dont la supérieure est destinée pour le grand œil de gauche, la seconde pour le droit, la troi- sième forme trois paires de filets , dont ceux qui sont placés à la droite se courbent près du tuberculum , au côté droit ; ceux de la gauche s'étendent à gauche vers les petits yeux de ce côté, de sorte que, dans la Mygale, chaque œil reçoit son nert parti- culier. Aussi peut-on poursuivre dans le tronc nerveux princi- pal du Scorpion les nerfs propres destinés aux petits yeux. — Chaque œil ayant sa propre divergence, chacun recevra une impression particulière , de manière que, si toutes ces impres- sions devaient être conduites par le même nerf, il en résulterait sans doute de la confusion. Au contraire, chaque œil ayant son nerf propre, les impressions différentes peuvent être conduites séparément, et parvenir toutefois en même temps au cerveau. De chacune de ces impressions, l'animal compose une image diffé- rente, et il reçoit autant d'images que d'impressions, lesquelles sont égales au nombre d'yeux. Ainsi, il peut faire usage de tous ces yeux en même temps , et voir avec chacun d'eux une partie différente de l'espace. — Il n'est pas difficile de voir toutes ces choses par une loupe d'un demi-pouce de foyer. On a besoin d'un grosissement plus fort pour bien distinguer la matière noire; ce n'est ni une pulpe ni un amas i\e pii^^mentum, mais une masse musculaire, qui remplit ]>rcsque en entier l'a-il composé. — Quand on détache le vitré (lu globe de l'œil du Scorpion , on voit que la surface du pig tncntinn noir est divi'-ée régulièrement; je n'ose décider si ces 3i2 A. BiîANTS. — Sur- les yeux des animaux articulés. divisions sont hexagones ou tétragones; mais les deux surfaces de cette matière noire ont un aspect granuleux, comme Lyon- net le décrit de l'œil de la pliait ne de Cossus ligniperda [Mém. du Mus. T. XX, 125, !i6, pi. i3, fig. 22, 23). Sur une coupe longitudinale, on voit assez bien une structure fibreuse, com- posée de tubes (pyramidaux), qui sont réunis par des vaisseaux enirelacés. Il semble que ces tubes contiennent ou sécerntnt le pigmentum noir. Etant tous dirigés vers le centre du cristal- lin et réunis par un pigmentum obscur, il paraît certain qu'ils exercent la même fonction que les fibres pyramidales de l'œil composé, savoir, de laisser pénétrer la lumière dans le sens de leurs axes. — Dans l'œil de la Mygale, entre la matière noire et le vitré , on trouve une matière blanche d'un aspect très granii- leux. Cette membrane paraît être la même que Sommering ob- serva derrière la rétine, et que Millier prit pour la rétine même. Je ne trouve cependant aucune connexion avec le nerf , comme Millier le décrit (p. 3 16), et l'observation microscopique m'a prouvé que cette matière n'est point nerveuse, mais consiste en tubes transparens. La matière noire dans la Mygale diffère de celle du Scorpion , et pénètre plus profondément dans le cône du nerf optique; elle n'est point composée de tubes courts et épais, mais consiste en tubes plus minces , blancs (filets ner- veux), qui sont réunis par , des vaisseaux noirs ou pigmentum; chacun de ces filets s'unit à la b;ise avec un des tubes courts, et se joint à un des filets du nerf optique. Si ces tubes dourts sont des cônes vitrés et les filets de nature nerveuse, on aurait ici une structure très voisine de celle que M. Straus-Dûrckheim a décrite dans le Melontha vulgaris. Or, si les filets sont en effet des tubes vitriques, on pourrait comparer les tubes courts de la matière blanche, avec une matière semblable tubuleuse que l'on trouve, par exemple, dans quelques Langoustes, entre la cornée el les vrais tubes vitriques. Les faits que nous venons de communiquer suffiront pour démontrer que l'œil simple des animaux articulés a la même structure générale que l'œil composé, qui diffère seulement en ct'la que, pour -chaque tube vitrique, il se trouve une facette propre, im propre cristallin dans la cornée commune, pendant A. BRA.NTS. — Sur les yeux des animaux articulés. 3i3 que lœil simple a seulement un seul grand cristallin pour tous les tubes. Dans l'un, le nerf optique se trouve au centre, d'où les fibres pyramidales s'étendent en rayons, de manière que chacune exige un propre cristallin; dans l'autre, l'ordre est in- verse , et un grand cristallin a la même utilité; il est placée au milieu et toutes les fibres pyramidales sont attachées sur son cen- tre et continuées dans le nerf" campanule. La lumière , de quel- que côté qu'elle vienne, pénètre par les tubes pyramidaux, dans le sens de leurs axes, jusqu'au nerf optique. — Il paraît donc indubitable, que la vue s'exerce parles yeux simples de la même manière que par les composés. J'examinais ime Mygale qui était sur le point de changer de peau. La peau nouvelle qui s'était déjà formée sous l'ancienne, n'avait pas de cristallin , mais bien une cornée qui était recour- bée autour des cristallins de l'ancienne peau. Le globe était dans son état normal, mais la membrane vasculaire qui couvre letuberculum et fornjele bord des pupilles, était très mince. Ainsi on pourrait demander :0ù se forme le nouveau cristallin? Serait- il possible que la membrane vasculaire se changeât en peau, la men)brane pupillaire en cornée, le vitré en cristallin, et qu'un nouveau vitré se formât de la matière blanche , située sous le vitré , et dont nous avons parlé plus haut ? alors il serait ex- piqué, pourquoi nous n'avons pas trouvé cette matière dans les Scorpions , où iAlùller l'a bien vue , et pourquoi , dans la Mygale , elle n'a pas toujours la même épaisseur. Quant aux muscles, on tn trouve deux dans la Mygale qui viennent tle l'os hyoïde et; s'attachent au tissu vasculaire des grands yeux moyens. Ainsi à chaque petit œil marginal par- viennent des fibres musculaires qui prennent leur origine des muscles mandibulaires. — (Extrait du Tijdschrifl voor Nat. Gesch. en Physiol. .,T. V. 1,2, avec une planche, et tiré du Bulletin des Sciences physiques et naturelles en Neer lande), (i) (i) Ce Biillelin, rédige en français par MM. Miquel, Mulder et Wenckebarli , se publie à Lejr'de , cl' est destiné à faire connaître les travaux imprimés en langue liollandaise. 3j4 eu. MORREN. — Aîiatomie de T Ascaride lombricoïde. Remarques sur Vanatomie de l'Ascaride lombricoïde ^ Par M. Ch. Morrejv. La disposition des organes de l'Ascaride lombricoïde est suffisamment con- nue des analomistes pour que je m'abstienne de l'exposer ici. Je me suis parti- culièrement attaché à éclaircir quelques points intércssans de l'anatomic tissu- lairc de cctanimal. Mes observations faites avec les plus grands grossissemens du microscope composé de MM. Chevallier, construit en 183/, ont été revues préalablement au microscope simple des mêmes opticiens : elles ont porté sur- tout sur les femelles de ce ver intestinal, les plus communes dms cette espèce. Toutes les pièces ont été examinées dans l'eau commune , d'abord libres , expo- sées sur des verres que je glissais près de l'animal disséqué sous l'eau ; ensuite je les comprimais légèrement par une plaque de verre qui n'a pas plus d'un tiers de millimètre d'épaisseur enfin la troisième observation se faisait au compresso- rium. Un léger mouvement de rotation, imprimé à la plaque de verre mince dont je viens de parler a suffi pour isoler quelques organes , comme les villosités du tube digestif, les corps contenus dans les ovaires, les fibres musculaires, etc. Au compressorium , dans les diffcrens degrés de compression , je roulais aussi le disque supérieur, de manière à voir les organes sous leurs differens aspects. La grande perfection apportée de nos jours dans l'anatomie des tissus par MM. Va- leiitin, Ehrenberg, iJurdach et autres, nécessite toutes ces précautions. § I. Appabeil digestif. — Le tube digestif est formé d'un œsophage très distinct et assez court , conduisant par un étranglement à l'estomac qui s'amincit assez brusquement en intestin gtéle, lequel, à son tour, s'enfle peu-à-peu pour devenir très gros el se changer en rectum à la partie anale du corps. Sur ce trajet on ne voit que deux tissus bien distincts, celui de l'œsoiihage , qui est for- tement musculaire, épais et blanc, tandis que celui de l'estomac, de l'intestin grêle et du gros intestin , est membraneux, mince et d'un jaune verdâtre. i" \! œsophage présente des fibres transverses partant d'un raphé longitudinal: ces fibres tendent naturellement à rétrécir l'ouverture du canal. Vues sans être comprimées , elles sont cylindriques, très grosses, et on distingue facilement la matière granuleuse qui les compose. Chacune a du leste comme une enveloppe plus transparente que le milieu de l'organe. Lcgèrementcomprimces,on voitmieux encore et la gaine et les granulations internes. Quand la fibre n'est point tendue , et que ses parties agissent librement, on dirait au grossissement de cinq cents fois le diamètre , que îa matière granuleuse, formée de globules, a une tendance à se plisser transversaletrient , c'est-à-dire perpendiculairement à l'axe de la fibre. Sous une légère compression, la gaîne paraît comme une matière continue, et, en observant cette préparation, je me rappelais l'aspect d'une hydre soumise au même pouvoir ampUfiant. C'est une matière granuleuse aussi renfermée dans une enveloppe plus transparente cl comme continue Quand la pièce est placée sous CH. aïoiuiEN. — Anatomie de l^ Ascaride lombricdide. 3i5 le compiessoriuru , les fibres s'élargissent au moins du double de leur diamètre ordinaire, eu devenant tout-à-fait transparentes. Alors la constitution globu- laire devient évidente. Le plissement transversal s'efface, et l'on ne voit plus qu'une masse -de globules qui , par leur nombre et leur coalescence, paraissent , sous cet état, avoir une forme peu régulière, bien cependant que des recherches ultérieures montrent que cette régularité leur appartient. Si l'on augmente la compression en même tem|)S qu'on produit un frottement dans le biii de dislo- quer les élémens organiques, on ne tarde pas à s'assurer que la fibre offre une disposition dans ces élémens qui la force à se déchirer longitudinalement. Celte séparation se fait mieux aux deux extrémités de la fibre qu'j son milieu , et flus facilement encore à celle qui la fixe au raphé de l'œsophage. On obtient ainsi des fibrilles encore composées de matières globulinaire et continue. Celle-ci borde les fibrilles, celle-là se trouve dans le milieu. A l'extrémité opposée, même con- struction, mais sur une plus petite échelle. Enfin, si on froisse ces fibrilles, pour les partager encore davantage , on obtient des séries linéaires de globules entourés d'une matière coniinue , et alors on reconnaît que celle-ci est le tissu plastique, entourant comme une sphère muqueuse les globules musculaires. 2° Uestomac ou le second renflement du canal digestif et auquel on peut donner ce nom , suivant Meckel, ne m'a point montré , comme à ce dernier, des plis longitudinaux qui s'uniraient entre eux, mais bien des plis transversaux, disposés en arborisations transversales. Un raphé, auquel ces plis aboutissent, se montre également, et il est plus facilement apercevable sur cette portion du canal digestif, que sur l'œsophage à cause de sa transparence. Une membrane très fine constitue le canal digestif. Si l'on fait sécher sur du verre cet organe, on voit, après la dessiccation , combien son tissu est différent de celui de l'œsophage. Les fibres musculaires sur celui-ci sont devenues cornées , d'un blauc jaunâtre. La jnembranc de l'estomac est une pellicule transparente, très fine et d'un vert pâle. Vue au microscope , elle est formée comme un épithélium , d'une peau très fine, pourvue d'un réseau à mailles orbiculaires. On ne saurait y méconnaître la struc- ture cclluLirc, semblable à celle que MM. Valentin et Glnge ont dé'-ouvert sur les épiderraesetles muqueuses d'une foule d'animaux. Ici Icsccllulesont une paroi assez épaisse, qui montre au microscope ses deux lignes de circonscription, au lieu d'une comme dans l'épiderme des oiseaux selon M, Glnge. Je n'ai point vu sur l'As- caride de globule central ou de nuclcus dans les cellules stomacales, ni dans celles de tout le canal digrstif. Les cellules de l'estomac sont les plus faibles et les moins prononcées de tout l'appareil. Les [ilis transversaux de l'estomac et le velouté de cette poche sont formés par des vésicules ovoïdes ou coniques , à parois épaisses et continues, et dont le cavité est remplie d'un nombre très grand dç globules jau- nâtres répandant Todcur des fèces humaines. Ces villosités deviennent parfois hémisphériques, et elles se compriment au bas de l'estomac les unes contre les autrcs,de mauicre à devenir dc« prismes, caractères de celles qui occupent l'intes- tin giéle. Le compressorium montre la dilatabilité de ces vésicules ou deccscœ- cums.Dans l'estomac comme ailleurs, la plus fine extrémité de ces poches corrcs- 3i6 CH. .MOKREN. — Analomie de V Ascaride loinbrîcoïde. pond à une cellule de la membrane épithélimorphe dont j'ai parlé plus haut. 3° Inlesùn grêle et gros intestin. Ils vaiient peu dans leur tissu. Le gros in- testin, surtout vers le Las où il est très dilate, montre la structure cellulaire dans sa membrane avec 1 1 dernièie évidence. Le réseau à doubles lignes de con- tour est très prononcé : il réfracte moins la lumière que le reste du tissu , et les mailles ou cellules deviennent ovoïdes ou polyèdres. C'est ici qu'on voit bien comment les villosités s'implantent sur ces cellules, quand on a la pièce devant soi , au microscope , de manière à regarder les villosités remplies de globules jaunes ;mais, si les villosités sont rejetées, elles paraissent comme de petits tubes à parois transparentes. Dans l'intestin grêle , ces tubes, par leur compr?ssion mutuelle, sont des prismes. Sur le rectum, j'en ai vu de ces tubes, qui offraient, les uns, leur bout bien hémisphérique et lisse; les autres, cette extrémité irré- gulièrement fiangée. J'ai opéré par l'iode sur ces tissus ; les cellules de la membrane se sont rctré- cies; mais nulle part je n'ai vu de nucleus dans les cellules, pas même après une forte coloration des tissus par la teinture d'iode. Il est évident , d'après ces détails , que ce que M. Cloquet appelle valvules de l'estomac dans l'Ascaride, n'est que la réunion de ces villosités, et, loin de dire comme lui que le canal digestif est dépourvu de toute villosité dans cet animal ,. je dis au contraire qu'il possède des prolongcmens veloutés tout de son long, même à la terminaison de l'inlestin , qui n'est point Usse en dedans, comme les ouvrages de ce célèbre anatomistes l'indiquent (i), mais bien plissé transversale- ment par ces apparences de valvules. § II. Appakeil hépatique et vascflaire. — On sait que la plus grande ob- scurité règne encore relativement à l'existence des appareils hépatique, vasculairc et respiratoire <'e l'Ascaride et autres vers intestinaux. Je ne présente donc mes vues que comme conjecturales, et je ne les offre aux naturaUsles que comme des propositions dont le temps fera voir la valeur. Les deux coi dons blancs qui régnent le long du canal digestif, et dans lesquels MM. Cloquet nvnicnt déjà reconnu une bande profonde et un vaisseau superfi- ciel , me paraissent constituer le foie et l'appareil circulatoire principal de l'ani- mal. J'ai isolé une partie de ces cordons, dont les aboulissans sont conn-us, sur une plaque de verre , et j'ai pu alors eu séparer le vaisseau, déjà reconnu par les anatomistes que je viens de citer. Ce vaisseau est éminemment élastique et rétrac- tile. On peut le tirailler beaucoup sans le briser. Quand on l'isole, on aperçoit à un fort grossissement (trois cents fois le diamètre) qu'il conslitue un vrai vais- seau, dont la paroi est très épaisse et dont la membrane paraît être continue. La cavité lait paraître l'organe aplati ; mais n'est-elle pas cylindrique durant la vie? Autour de la paroi est une forte couche de tissu plastique ou muqueux, auquel adhérent des globules nombreux et très petits, qui proviennent , je crois, de l'organe sur lequel ce vaisseau règne. On ne saurait méconnaître dans cette (i) Faune des médecins, [ht M. Hippolvte Cloquet ,|). io4 , t. ii et ailleurs, et l«s ouvrage» d« son fièro. CH. MORREX. — Ànatomie de l'Ascaride lomhricotde . 3i7 «omposllion un vérilable vaisseau analogue à ceux qui constituent l'appareil circulatoire dans les Annelidcs et notamment dans les Lombrics (i). Ce réservoir €st d'une grande simplicité comme le vaisseau dorsal des insectes, et ces vers sont organisés comme si ce vaisseau dorsal devenait double chez eux. Il est ce que M. Fuhmann aurait appelé un vaisseau canaliculairc simple. La bande blanche, sur laquelle ce vaisseau circulatoire repose, est constituée par une innombrable grappe de vésicules toutes agglomérées comme la substance gru- meuse des glandes. Ces vésicules sont si fortement pressées les unes contre les autres, qu'elles semblent former tout l'organe à elles seules, bien qu'il y ait une matière qui les lie entre elles. Ces vésicules, quand elles sont isolées , se montrent sous une infinité d'aspects. Je les ai observées à cinq cents fois le diamètre et elles se présentent comme des corpuscules souvent aplatis , tantôt orbiculaires , tantôt bilobés, tantôt ovoïdes, avec deux boutons aux pôles. Généralement un globule central s'y manifeste , comme si c'était une cavité interne, mais , sur ce point, je ne puis aie prononcer avec certitude , à cause de la difficulté d'observer à ce grossissement les objets naturels de celte organisation. Si ces coipuscules ne m'avaient pas présenté un contour noir si prononce et qui absorbât tant de lumière, je n'auiaispas cru que c'étaient des vésicules ; mais leur ressemblance, sous ce point de vue , avec les vésicules graisseuses et les poches qu'on appelle improprement granules de fécule dans les plantes , ma porté à croire que ce sont des organes creux. Je pense que, d'après cette structure , la bande blanche est une glande conglomérée qui communique sans doute en haut dans le canal diges- tif ou qui fait pénétrer peut-être son produit sécrété hors du sang contenu dans le vaisseau principal dont nous avons parlé, directement et par inibibition dans le canal digestif, pour la préparation des alimens. Ce n'est là, du reste, qu'une conjec- ture. Mais ce qui ressort de ces observations, c'est qu'indubitablement ces organes ne sauraient être des nerfs, comme quelques-uns l'ont |)ensé(2), ni des muscles, comme l'a cru Rodolphi (3). Werncr, Laennec , de Blainville et Cloquet y ont (t) Je saisis cette occasion pour faire connaître que je prépare une réponse au mémoire de M. Dugès , inséré dans les Annales des sciences natui elles {\\À\\t\ 1837), et relatif aux cireurs que j'ai commises dans mon trailéde l'analomie du Lombric, et que j'aurais reconnues en partie lors de mon séjour à Paris. Il y a dans les assertions de M. Dugès du vrai et du faux, ce que je saurai établir d'autant mieux que j'é' rivais à cette époque un journal quotidien de mes actions. Je ne prétends pas , du reste , n'avoir pas commis des erreurs dans l'auatomie d'un animal dont la structure est si co iipiiquée.et sur laquelle j'ai écrit 280 pages in-'». J'avais alors dix-sept ans , et , à cet âge , il est , je pense , pardonnable de ne pas être à la hauteur d'un homme qui, comme M. Dugcs , a blanrlii daus l'art des dissections. Aujourd'bui je n'écrirais plus ainsi, et d'ailleurs rien n'est plus discordant que les opinions émises sur cet animal par JVloi.lègre, Cuvier,Carus, Léo , Home , de Blainville, enfin pir les plus célèbres anatomis'es. J'avais quelque foi dans ces hommes , qu'il m'était permis , enfant que j'étais , de prendre pour des autorités. M. Dugès s'csl attaché, bi«n à tort, à mettre exclusivement sur mon compte ce qui revieut de plein droit à ces noms honorables. fï) Owen , Enlotoo. CyelopttJla of .Inatomy and Physiology, part, x , p. «.Ju. (3) Rudol|'hi , P.iilotoorur» hisloiia nttluralii ,\. i ,f<. ai8. ...w.'ji» ■ u 3i8 CH. MORREN. — AnatOTTiie de V Ascaride lomhricoïde. reconnu la viaie nature vascnlaire ; mais il y a quelque cliose de plus, le tissu glamluleux des glandes cougloméiccs , qui me fail jicnser que c'est l'appareil hépatique. § m. Appareil fespiratoife. — Les plus grands doutes existent encore sur la respiration des Helminthes. Rudolphi la leur refuse , et les organes tant in- ternes qu'ex.'ernes de cette fonction sont peu distincts dans ces animaux. Chez l'Ascaride, on ne voit pas de vaisseaux à la peau : il est donc jieu probable qu'elle respire, comme le voulait Humboldt (ij. Vallisnieri a cru que les bandelettes blanches dont nous avons parlé étaient des trachées , et MM. Cloquet ne sont pas éloignés d'y voir, en eflet , un organe en quelque sorte respirateur (q). Ces derniers auteurs ont vu cependant des Ascarides vivre pendant quarante-huit heures dans de l'eau. Ils en ont conclu que l'oxigène à l'état gazeux ne leur est pas nécessaire; mais cela dit-il qu'ils n'aient pas de respiration aqualique? Tous les gaz qui ont peu d'action sur l'eau ne les affectent pas , comme l'azote , l'hy- drogène, etc. Ceux qui ont une action vive sur ce liquide les tuent, comme le chlore, le gaz acide hydro-sulfurique, etc. Il est possible qu'on se soit trompé sur le véritable organe respiratoire de ces animaux , et la chose est assez difficile en elle-même pour que les erreurs soient très pardonnables à cet égard. Quand on ouvre longitudinalement le corps d'un Ascaride sous l'eau , on ne tarde pas avoir ce liquide imbiber et soulever une foule de prolongemens d'un blanc bleuâtre qu'Owen a bien représentés dans une coupe transversale de ce ver (3) et qu'il appelle avec Cloquet appendices nourriciers. Laennec les consi- dérait comme un tissu muqueux ou pulpeux (4). Ces prolongemens sont surtout développés autour de l'appareil hépatico-vasculaire , et se trouvent sur toute la longueur du corps. Deux jours de macération les font paraître comme des points blancs distant les uns des autres. Je les ai examinés au microscope, Ce sont des vésicules bien formées , variant en longueur. Il y en a de sphé- riques (ce sont les plus rares) , d'ovoïdes, de cylindroïdes , terminées en ca- lottes hémisphériques ( ce sont les plus communes), et toutes sont constituées par une membrane fort fine , se pliant facilement et finement grenue. Ces vési- cules , en nombre incalculable sont placées transversalement et aboutissent par leur extrémité interne au canal digestif et aux bandelettes hépatico-vasculaires. Leur extrémité externe plonge entre les fibres musculaires longitudinales de la peau , pour se rendre sans doute entre les plis transversaux de l'épidcrme, plis que l'on sait être aussi nombreux que les rangées de ces vésicules intérieures. L'alcool concrète ces vésicules et les rend d'un blanc de lait. Linné a eu tort sans doute de placer les Ascarides à côté des Lombrics, et même de croire que ceux-là soient des variétés de ceux-ci ; mais , après tout , il y a • ( i) Vers. uh. die gereizte Muskel und Nervenf. , i , p. 2 7 a . (a) Ouvrage cité , p. 108. (3) Ouvrage cité, fig. 86. (4) Dictionnaire des sciences médicales ,[.. Il, \>.^ls'i. cri. MORREPf. — Analomie de V Ascaride lomhricoïde. 819 beaucoup de rapport d'organisation entre ces deux sortes d'animaux : or, c'est cette analogie qui peut nous conduire à trouver dans les Ascarides les véritables org.ines respiratoires. On ne saurait nier qu'il y a beaucoup de rapport de posi- tion , de structure, de forme, entre les vésicules respiratoires , les espèces de branchies internes ou mieux de sacs pulmonaires des' Lombrics et les vésicules de l'Ascaride lombricoïde. J'ai nommé avec Léo, Carus et Home, du moins d'après la première dissertation de cet auteur, publiée en 1817, j'ai nommé ces vésicules aeVi'é'nwe*-, parce qu'elles servent évidemnientà la res{iiration, en fournissant l'air au sang. M. Dugès les nomme à présent vésicules intestiniformes ; mais il pense qu'elles n'en séparent pas moins l'air de l'eau, et que le lombric a une doub c respiration , la respiration aérienne eu dehors par la peau, et la respiration aqua- tique en dedans par ces vésicules (1). Cela se conçoit, la respiration aérienne est possible quand la peau est pourvue d'un grand nombre de vaisseaux ; on voit de ces vaisseaux sur le lombric ; mais , comme l'appareil circulatoire n'existe pas au dessous et dans le derme de l'Ascaride, je pense que, en vertu d'un vrai balan- cement organique , les vésicules respiratoires internes doivent être d'autant plus nombreuses. L'absence de la respiration cutanée m'explique donc, l'hypertrophie numéraire des vésicules internes que je crois remplir ainsi la fonction respira- trice à l'exclusion de l'effet de la peau. Je note de plus cette disposition auato- mique que le vaisseau n'est qu'annexé à l'appareil hépatique, et qu'ainsi il est en contact avec les vésicules respiratrices , de manière que l'aériflcation du sang peut se faire directement par l'appareil circulatoire , sans qu'il y ait grand besoin de ramifications sanguines dans les parois des vésicules. Je m'explique ainsi comment les Ascarides peuvent vivre dans l'eau , et je n'ai pas besoin de penser, comme Spallanzani, que ces vers ou absorbent de l'oxygène par la peau dans les matières intestinales , ou qu'ils séparent ce gaz des alimens contenus dans leur canal digestif. § IV. Appareils nerveux et musculaires. — Je ne dirai rien de la disposi- tion des deux filets nommés nerveux et des muscles reconnus par tous les auteurs. Seulement j'ai soumis au microscope le filet considéré comme nerveux. Il offre une membrane très fine et une multitude de globules isolés sans ordre. Ces glo- bules sont égaux entre eux; le compressorium ne m'a point montré de fibres. Est-ce bieo un nerf .^ Les muscles longitudinaux de la peau ont des fibres élémentaires absolument formées comme celle de l'œsophage, que j'ai décrite plus haut. § V. Appareil gén'érateur. — Je n'ai fait quelques recherches nouvelles que sur l'appareil femelle. Contrairement à ce que dit Cloquet, et en cela d'accord avec Redi, Vallisnieri , Rudolplii et Fortasin , cité par I^aennec, j'ai bien vu une anastomose des ovicanaux ou ovaires; trois tubes se réunissaient. Cette réunion se faisait même dans la portion de l'organe qui n'était pas la plus effilée. Le tissu des ovicanaux ou des ovaires est fort singulier. Ces tubes ne se com- (1) Nouvelles observations sur la zoologie el l'aDalomie des Aonelides par Uugès, Annahs dfs sfifnert naliirel/es, nouvelle série, I. viii , Zool. p. i6. 320 CH. MORREN. — Aiiatomie de l'Ascaride lombricoïde. posent que de la jiixtafiosilion dans un plan d'un grand nombre de tubes réunis par une malièie ou tissu plastique. Ces tubes sont clairs, tianspareus, d'un lissu continu , sans globules , et dans quelques endroits on les voit comme s'implanter les uns sur les autres par leurs extrémités, qui sont terminées eu pointe. Sont-ce des plis? Sont-ce des terminaisons de vaisseaux? Je ne saurais le décider. Ces tubes canaliforraes paraissent bien être élémentaires. Quand l'organe a macéré pendant trois jours dans l'eau , ou voit sur plusieurs points un réseau dont les mailles sont beaucoup plus grandes que celles que nous avons vues sur la mem- brane épithcbmorphe du canal digestif. Est-ce la séparation d'un épithelium propre à l'ovaire? Je penche vers cette opinion. Quoi qu'il en soit, h structure de la paroi des ovaires me paraît fort remarquable. M. Henle, de Berlin, est revenu récemment dans son beau travail sur le genre BranchioLdella (i), et ses observations ont été confirmées par M. Valentin (2) , sur les singuliers corps en forme de cornets qu'on trou' e parmi les œufs de l'Ascaride. Ces corps ne tiennent pas certainement aux parois tububfcres de l'ovaire dont je viens de parler. J'ai bien reconnu aussi leur grosse extrémité; terminée en Luit appendices lobés, quoique ce nombre ne soit pas constant, mais à un fort grossissement, où les globules qui forment ces corps sont visibles, on voit aussi près du point ou nu- cleus transparent, une disposition r.réolaire , et souvent j'ai vu , au bout effilé qui correspond à l'axe de l'ovaire , uu filet transparent , qui parfois liait deux de ces corps coniques. Le muscle blanchâtre ou mieux transparent, oîi les glob".les manquent , subit des modifications. Tantôt il est orbiculaire et sans figures inté- rieures; tantôt il est partagé en deux liémisnhères , tantôt en quatre parties : ce sont des images qui rappellent les différens aspects que prennent, api es la fécon- dation , les œufs des Batraciens, d'après les observations de MM. Dumas et Pré- vost; cependant , comme on trouve les œufs arrondis, pourvus d'une enveloppe dans les parties les plus grosses de l'ovaire et de deux enveloppes plus bas, et qu'ils présentent une toute autre forme que ces corps coniques, on pense géné- ralement que ce ne sont pas des œufs , bien que Cloquel les prenne pour tels, mais non développés. M. Henle leur croit de l'analogie avec des organismes sem- blables^ trouvés dans l'ovaire des Phasmes par Wuller (3), dans l'oviducte des Gastéropodes et les canaux nommés spermaliques dans les Sangsues; je renvoie du reste , pour la discussion sur ces corps , au travail de M. Wagner sur l'œuf non fécondé, observé dans toute la série animale. (4) ( i) Ueber die gattung Branchiobdella , iind ueber die deutimg derinneren geschlechstheile bel den Anneliden undliermaphroditischen Schnecken , -von Henle , p. 60 1 . Arcluv. Jur Anat. u. Phys. l'on Jolin Muller, i835,n°6. (2) Repertorium , 1837, p. ai3. (3) Nov.act. naturœ citnosor. vol. xii. p. 2 , 634, tab. i.v, f!g. A-Eef. (4) Wagner, Prodiomus historiœ generationis homnis atque animalium, sistens icône) ad illustrandam ovi primitivi inprimis vesiculœ germinativœ et germinis in ovario inclnsi genesin alau* structurant per omnes animalium classes mullosque ordines indagalum^lÀ^f.. i836. LÉON DUFOun. — Surie Tridaciyle panaché. Sai Recherches sur l'histoire naturelle du Tridactyle panaché , Par M. I.ÉON DuFouR, Correspondant de l'Inslilut, membre honoraire de la Société Entomologiqiie de France, etc. Dans le monde prodigieux des Insectes, il en est qui ,par une structure insidieuse , semblent destmés à défier ou à embarras- ser nos systèmes de classification. Le petit orthoptère , objet de ces recherches , se trouve de ce nombre, et il était réservé au scapel de l'anatomiste de lui assigner sa véritable place dans le cadre générique de l'ordre auquel il appartient. Exposons d'abord son signalement entomologique, Tridactyle panaché, Tridactylus variegatus Latr. Règn. anim. 1^ édit. t. V, p. 182. Nigro-œneus , glaber, nitidus, thoracis margine externo albido; pedibus albido variegatis ; elytris abdomine triplo brevioribus basi pallidis ; alis elytro vix longioribus ; tibiis anticis ovatis, co/npressis, extus hirsutis margine quadrispinulosis (/emina). La conformation, la structure singulières du Tridactyle, celles surtout de ses pattes, ainsi que les fonctions qui en sont la con- séquence , méritent d'arrêter notre attention , et les détails dans lesquels je vais entrer m'ont paru un besoin de la science. Mais, avant d'aborder ces développemens, et les considérations rela- tives à sa collocation générique, qu'il me soit permis d'en Iracer un aperçu historique, et de suppléer, sous ce rapport , aii silence «les auteurs. En 1 789 , Olivier, dans son Tableau de la division méthodique des Insectes (i), consacra le premier la dénomination générique (i) Encycl. mélli. t. iv. p. 16. IX. Zool. — Juin. ai 3/2 LÉON DUFOUK. — Sur /).M.,^iiv\^ny,à'AVïs le grand ouvragesur rEgy]ite,a donné de bonnes figures, riches de détails sur deux espèces de Tridactyles , mais presque sans texte (6). Enfin M. Poudras, entomologiste de Lyon et excellent observateur, a publié, en 1829, des observations pleines d'inté- rêt, soit sur les caractères génériques, soit sur les habitudes et le genre de vie de notre Tridactyle. (7) Mais n'est-il pas bien singulier que la dénomination d'Olivier, fondée sur la composition de l'extrémité des tibias postérieurs, qui sont privés de véritables tarses, ne soit applicable ni au Tri- dactyle paradoxal y ni au Tridactyle panaché ^ car l'une et l'autre de ces espèces ont ces tibias terminés, non par trois digitations principales, ainsi que l'indique la racine du mot Tridactyle ^ mais par deux seulement. Séduits par une certaine conformité de physionomie, ainsi que par quelques traits mal étudiés de construction générale et de genre de vie , les entomologistes , guidés par Latreille , n'ont pas balancé à comprendre le Tridactyle dans la famille des Gryl- loniens et à le colloquer immédiatement après le genre Courtil- lière. L'un et l'autre de ces insectes ont l'habitude de creuser (i) Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t. XII, p. iiy. (2) Illustr. ic. Ins. Dec. m, p. 91 , tab. 21 , fig. 3. (3) Considérations générales sur la classe des Insectes, p. 201 , pi. a6 , fig. 8. (4) Hor. entom. p. 84, lab. 2, fig. 2-5. (5) Ibid. (6) Savigny, Egypt. Orlhopt. pi. 3 , Çg. 1-2. (7) observations sur le Trid, panaché , ayee figures, 1829. LÉo^ DU FOUR. — Sur le Trldactyle panaché. 3 2 3 profondément le sol, pour s'y pratiquer des galeries souterraines, et la nature les a doués dans ce but d'une tête robuste, forte- ment musclée et de pattes antérieures fouisseuses ou élargies en râteaux. C'est cette communauté d'habitudes et de traits partiels qui a induit en erreur la plupart des classificateurs. Ceux-ci , dans l'analyse comparative des caractères génériques et habituels de ces deux orthoptères, n'ont pas fait attention, i» que la briè- veté et la composition des antennes du Tridactyle le rapprochent bien davantage des Acrydiens que des Griiloniens et des Locus- taires; 1" que !a Courtilière n'a que des pattes ambulatoires , qu'elle marche même assez mal , et que surtout elle ne saurait sauter, tandis que le Tridactyle s'élance en sautant à une hauteur prodigieuse, et que ses pattes postérieures sont exclusivement destinées à cet exercice ascendant, circonstance qui forme un des traits les plus saillans des Acrydiens , qui sont tous des sau- teurs de profession : aussi Olivier, le fondateur de ce genre , frappé de ce dernier trait , le p!aça-t-il après le genre Criquet. Mais c'est sintout la splanchnologie comparée de la Courti- lière et du Tridactyle , qui va nous fournir des caractères solides pour le classement définitif de ce dernier. Je bornerai cet examen à l'appareil digestif, qui, comme je l'ai observé plusieurs fois, a une valeur prépondérante dans la distinction des familfes. Les glandes salivaires du Tridactyle, loin d'avoir le dévelop- pement de celles des Grylloniens, ont l'exiguïté propre à celles des Acrydiens. Dans la Courtillière, comme dansles Grillons et les Sauterelles le tube digestif est plus long que le corps de l'insecte, et forme, par conséquent des replis ou des circonvolutions. Dans le Tri- dactyle , ainsi que dans les Acrydiens, ce tube est droit, c'est-à- dire pas plus long que le corps. Dans la Courtillière, comme dans les Grillons, il existe un véritable gésier à parois cartilagineuses, garnies en dedans de colonnes de dents cornées, empilées. Ce gésier n'existe ni dans le Tridactyle ni dans les Acrydiens , et l'absence d'un viscère aussi important entraîne d'immenses con- séquences , soit dans l'organisation générale, soit dans le genre de vie. Dans les Grylloniens et les Locustaires, l'organe hépa- tique se compose d'un faisceau ou d'une houppe de nombreux ai. 324 LÉON DUFOtR. — Sur Ic Ttidactylc panache. tubes biliaires, qui versent par un canal unique assez long le produit de leur sécrétion. Les vaisseaux hépatiques du Tridac- tyle se fixent immédiatement autour de l'extrémité postérieure du ventricule chylifique par des insertions isolées comme dans les Acrydiens. Quant à Torigine de ce ventricule dans le Tridac- tyle, elle ne nous présente ni le vaste bissac de là Courtillière et des Sauterelles, ni les six bourses des Jcrydium ; mà\s nous y trouverons une modification remarquable de cette singulière structure polygastiique des Orthoptères en général. Cet organe débute dans le Tridactyle par trois digitaiions conoïdes peu dé- veloppés , mais constantes, et ce fait anatomique constitue une structure vestigiaire, qui forme l'alliance naturelle de ce genre avec les Tétrix. La place naturelle du Tridactyle doit donc être pour le mo- ment à la fin de la famille des Acrydiens. Or, comme, d'après les considérations anatomiques, j'ai fait éprouver aux familles des Orlhoptères des mutations pour ainsi dire subversives, qui placent en première ligne ctlle des Acrydiens, et en seconde ligne celle des Grylloniens, le genre Tridactyle terminant la première famille, et le genre Courtillière commençant la se- conde , ces deux insectes , quoique dans deux familles distinctes, se trouvent encore contigus dans la série générique. Ce rappro- chement et cette séparation confirment la supériorité de la mé- thode anatomique au moins pour l'établissement des familles. Passons maintenant à l'exposition des caractères fournis par la structure des diverses parties du corps de notre Tridactyle panaché , en prévenant que n'ayant pas eu encore l'occasion de soumettre à nos recherches anatomiques des individus du sexe masculin , comme nous le dirons ailleurs , c'est sur des femelles seulement que ces caractères ont été pris. Ce Tridactyle ressemble à la Courtillière en miniature. La fe- melle adulte n'a pas plus de trois lignes de longueur Son corps est d'un noir bronzé luisant , glabre avec les bords latéraux du corselet, la base des élylres, le dessous de l'abdomen, et des mouchetures aux pattes, blanchâtres. Tête proportonnellement plus courte que celle de la Cour- tillière, ovale-arrondie, enchâssée jusqu'aux yeux dans le pro- LÉON DUFOUu. — Sur le Tridactyle panaché. SaS thorax. Yeux assez grands, mais peu saillans, ovales-an ondis. Ocelles excessivement petits, presque imperceptibles, blan- châtres, arrondis, placés presque en ligne droite transversale entre les yeux, antennes insérées au-devant des yeux, au bord latéral de la tète; subinoniliformes, atteignant à peine le milieu du corselet, composées de dix articles suhturbinés, velus, blanchâtres à leur base,' le dernier un peu plus long, les deux premiers un peu plus gros, le troisième légèrement atténué à sa base, de manière que l'antenne est comme brisée en cet endroit. Quatre palpes. Les labiaux de trois articles, dont le dernier oblong, cylindrique, velu. Les maxillaires de cinq articles ve- lus, panachés de blanc; le second de ces articles presque rudi- mentaires est débordé sur un côté par le premier , les autres oblongs , le dernier plus long du double que le précédent. Mâchoires divisées jusque vers leur milieu en deux pièces ; l'une plus interne, cornée, roussâtre, glabre, pointue, arquée, entière; l'autre surjacente à la première et de sa longueur, de deux articles glabres dont le dernier oblong, cylindroïde , noirâtre. Cette division delà mâchoire ressemble à un palpe, et l'arti- culation qui la partage en deux est très apparente par la macé- ration. M. Savigny ne l'a point représentée ainsi dans son es- pèce, qui, je crois, est différente de la nôtre. Sa figure offre aussi des poils à cette pièce , qui est parfaitement glabre dans le Tr. panaché. Mandibules courtes , grosses, robustes, en arc surbaissé, ter- minées par trois petites dents presque imperceptibles , offrant au bord interne de leur base une double excision arquée lior^lée de crénelures arrondies et garnie de soies , courtes , raides , ser- rées, plumeuaes, formant un double peigne. Corselet en bouclier, cambré, déclive sur les côtés, arrondi en arrière, tronqué en avant sans aucune apparence ni de points enfoncés, ni de ligne médiane. Elylres rudimentaires (dans la femelle), ovales-triangulaires, lisses, unies, atteignant à peine le quart de la longueur de l'ab- domen ; brunâtres avec leur base blanchâtre. SiC) i EON DUFOUR. — Sur le Tridactyle panaché. Ailes rucUmentaires roussàtres , effilées à leur pointe et dé- passant un peu ies élytres. Abdomen cylindroïde, terminé par quatre appendices aîlon- gés, droits, velus, stylifonnes, subégaux eirtreeux, les supé- lieurs de deux articles, les intérieurs d'inie seule pièce. * Pattes courtes, la première paire principalement (ouisseuse, la seccHide ambulatoire, la troisième exclusivement destinée au saut. Pattes antérieures fouisseuses et ambulatoires , se mouvant principalement de dehors en dedans et de dedans en dehors ; hanche plus grande, plus détachée , plus mobile que dans les autres pattes, composée de deux pièces, l'une basilaire. plus grande , cylindroïde, taillée en biseau au côté interne pour re- cevoir la cuise dans la flexion; l'autre plus petite, servant de rotule et imie à la cuisse par une articulation oblique ; cuisse oblongue, légèrement cambrée ; jambe en forme de raquette , ovalaire, tout hérissée en dehors de duvet et de soie, garnie au bord antérieur et externe d'une rangée de quatre pointes à peine arquées, constituant un râteau; tarse de trois articles dont les deux premiers fort courts, le troisième plus long que les autres pris ensemble, terminé par deux ongles simples, mo- dérément arqués. La flexion du tarse a lieu en dessus et s'abrite contre le râteau comme dans les Histers. Pattes intermédiaires sensiblement plus longues que les an- térieures uniquement a^nbulatcires; hanche plus courte, cuisse comprimée avec son bord inférieur tranchant , sa face externe à peine convexe, l'interne plate ; jambe très comprimée, inerme, oblongue, légèrement concave à sa face interne; tarse comme dans les pattes antérieures. Pattes postérieures plus grandes, plus développées que (es pré- cédentes, et d'une structure insolite; hanche d'une seule pièce, courte, comprimée ; cuisse ovale-oblongue, un peu plus longue que l'abdomen, contre lequel elle est habituellement appli- quée, plane ou légèrement concave à sa face interne, modéré- ment convexe à l'externe qui est marquée de quelques impres- sions linéaires lo.'igitudiuales; son bord supérieur mince, blan- châtre; l'inférieur tranchant, taillé en biseau au côté interne LiîoN DurouR. — iiur le Tridacty le panaché. 3^7 pour la réception du tibia; son extrémité tibiale un peu dilatée, arrondie, marquée en dehors, près de son bord supérieur, d'un relief semiiunaire , suivi d'une dépression favorable à la flexion du tibia; son extrémité coxale éc\\à\\crée\ jambe de la longueur de la cuisse, fort grêle, habituellement appliquée contre le bord inférieur de cette dernière, munie à son bord externe de petites dents à crémaillère, c'est-à-dire entaillées sur ce bord même et assez distantes les unes des autres (ces dents n'existent pas dans les précieux détails des espèces d'Egypte figurées par M. Savi- gny ) ; sa face inférieure garnie dans son tiers postérieur de deux séries de lames oblongues blanchâtres, membrano-papy- racées, glabres, couchées longitudinalement les unes sur les autres dans le repos, et susceptibles de s'écarter en éventail, de manière à dépasser alors les bords externe et interne de la jambe qui paraît alors ailée. J'ai compté quatre ou peut-être cinq lames à chaque série. Il n'y a point de tarse proprement dit aux pattes postérieures. La jambe se termine à son bout postérieur par deux lames de texture semblable à celles dont je viens de par- ler, et que je distinguerai sous le nom de lames digitales, tandis que les précédentes s'appelleront lames tibiales. Ces lames digi- tales sont presque arrondies à leur extrémité , ou le microscope aperçoit une double soie arquée, vestige ou simulacre des ongles. Au-dessous de l'insertion de ces soies, la lame digitale offre un petit sinus arrondi comparable à une demi-articulation rudimentaire.Les lames tibiales présentent aussi les mêmes soies, le même sinus ( à en juger par les figures de M. Savigny, les lames tibiales et digitales des ïridactyles d'Egypte ont une con- figuration et une structure qui annoncent une différence spéci- fique entre eux et notre variegatus). Vers la base inférieure des lames digitales , on trouve une petite /?e/o/^e ovale-cylindrique, obtuse, pubescente, qui dans quelques cas déborde un peu les lames. Ce vestige tarsien est plus long dans les espèces d'Egypte. Des six pattes du Tridactyle, les antérieures, ainsi qu'il a été dit et qu'on le verra bientôt à l'article des habitudes de cet in- secte, sont surtout destinées à fouir le sol et à construire des galeries souterraines. Les intermédiaires sont propres à la loco- motion de l'animal. Quant aux postérieures, dont la composition. 328 LÉo^ Di'FOUR. — Sur le Tridaclyle panaché. et la structure sont exceptionnelles dans tout Tordre des Or- thoptères, elles exigent desdéveloppemens particuliers. Je me suis positivement convaincu, eu étudiant les Tridac- tyles, soit dans leurs habitations riveraines, soit dans des bo- caux où je les ai conservés vivans pendant long-temps, que, dans l'action de marcher, de courir , de grimper et de fouir, les pattes postérieures demeurent dans l'immobilité la plus absolue. Les cuisses sont étroitement appliquées contre l'abdomen qu'elles protègent puissamment, et les jambes restent comme collées contre leur crête inférieure. Au contraire, dans l'acte du saut, ces pattes se débandent avec une promptitude, une force vrai- ment prodigieuses. L'insecte s'élance d'un trait à une distance perpendiculaire de cinq à six pieds, c'est-à-dire à plusieurs mil- liers de fois sa hauteur. On ne peut lui comparer que la puce et quelques cicadelles. Jusque-là , rien d'extraordinaire et dont la famille même des Acrydiens, si riche en sauteurs, ne nous four- nisse des exemples. Mais à quoi bon ces lames tibiales imbriquées , ces lames di- gitales dont la texture délicate est si admirablement protégée par le ploiement et l'immobilité habituels de la jambe? L'insecte lancé dans les airs comme un projectile obvie-t-il au danger d'une chute précipitée en étalant ces lames qui lui servent alors de parachute. Je concevrais cette attribution pour les femelles et les nymphes, puisqu'elles sont privées d'ailes ; mais ces lames existent aussi dans les mâies, quoiqu'ils soient pourvus d'ailes assez longues. Leur forme, leur texture et leur disposition , m'ont souvent fait naître l'idée de nageoires, et l'habitude qu'ont les Tridactyles de vivre constamment dans les sables très hu- mides des bords des rivières semblait la justifier. Ne peut-on pas supposer, en effet, que leurs galeries souterraines, qui vont jtisqu'à quatre pouces de profondeur, atteignent le niveau de la rivière et aboutissent par conséquent dans l'eau? Les Tridac- tyles peuvent donc se trouver dans le cas, sinon de nager dans de petits lacs souterrains, du moins de se soutenir \\n certain temps sur l'eau, à la faveur de ces lames. Le mâle du Tricl. panaché paraît excessivement rare, du moins dans nos contrées. Il y a plus de vingt-cinq ans, je trouvai aux LÉON DUFOLR. — Sur le Tridactyle panaché. 829 environs de Saint-Sever un seul individu de ce sexe que je m'em- pressai d'envoyer à mon ami Latreille, et depuis lors il ne m'est jamais plus tombé sous la main , quoique j'aie pris des milliers d'individus de cette espèce. Ceux-ci étaient, ou des femelles à divers degrés de gestation , ou des larves de différens âges , ou des nymphes. M. Fondras , qui a si bien étudié cet insecte, a été induit en erreur relativement au sexe, et, contre son assertion, il n'a décrit et figuré que des femelles ou des nymphes. Le mâle est promptement reconnaissable à la longueur de ses ailes, qui dépassent le bout de l'abdomen. Notre Tridactyle habite spécialement les bords sableux et hu- mides des rivières , et je ne l'ai jamais rencontré que dans ces localités. M. Fondras observe aussi qu'il ne se trouve que dans les plages sablonnetises mises récemment à découvert par la retraite des eaux, et qu'à mesure que l'arène se dessèche, ces in- sectes se concentrent en se rapprochant du bord de l'eau. L'hu- midité et un terrain meuble sont donc les deux conditions qu'il recherche et qui lui semblent indispensables. Cet insecte vit en société, ou du moins de fort nombreux in- dividus cohabitent dans la même localité. M. Fondras, en par- lant d'un lieu favorable aux Tridactyles, s'exprime ainsi : « Au « premier abord , ces insectes ne paraissaient pas en grand « nombre, mais en y prêtant attention l'on en reconnaissait une « quantité considérable de tous les âges, et, quoiqu'il fvit im- « possible de les compter à cause de leur continuelle agitation , « l'on pouvait estimer à plusieurs centaines la peuplade, qui oc- « cupait une surface d'environ trois pieds carrés. » (L.c. p. 10.) Essayons une notice géographique sur les Tridactyles. Ils ap- partiennent à la zone méridionale, ou tout au plus à la zone tempérée. Olivier rapporta de son voyage dans le Levant celui qui servit à l'établissement du genre. Palisot de Beauvois recueil- lit dans la Guinée le T. paradoxal , sur lequel Latreille a fondé ses caractères génériques. M. Savigny a trouvé en Egypie deux espèces très voisines de la nôtre. Je crois qu'Illiger et Toussaint Charpentier ont décrit leur Xya variegata sur des individus pris en Italie. Ln i8o(), je découvris ce dernier tout près du pont du C.ud , dans le département de ce nom; je l'ai retrouvé en 33o LÉON ouFOUR. — Sur le Tridactyle panaché. Espagne, soit à Madrid aux bords du Manzanares , soit à Lo- grofio et Tudela sur ceux de TÈbre, et, ainsi que je l'ai dit plus haut, il est commun sur la plage de l'Adour aux environs de Saint-Sever (Landes). Enfin , M. Fondras (de Lyon' l'a rencontré abondamment sur les rives du Rhùne et de ses affluens. Indé- pendamment de ce que les environs de Lyon offrent, dans quel- ques localités, des conditions de température un peu méridio- nale, ainsi que le témoigne leur végétation, il n'est pas impro- bable que le Tridactyle ait remoîité les bords du Rhône depuis les départemens méridionaux traversés parce fleuve. Les ento- mologistes des bords de la Seine, qui sont des praticiens consom- més pour 1h recherche des insectes, n'ont pas signalé le Tridac- tyle aux environs de la capitale, et les investigations du nord de l'Europe n'en parlent pas non plus. Le Tridactyle, comme la Courtillière , se creuse des cla- piers dans le sol, et en pénètre les profondeurs. Pour étudier les manœuvres de ce pétulent insecte, il m'a bien fallu, comme à M. Poudras, le rendre captif dans une enceinte où il fut à portée de mon observation diiecte. Le 19 octobre i83i , je plaçai dans un grand bocal de verre à demi rempli de sable humide et fermé par une gaze , une douzaine de Tridactyles. Je les choisis , les uns parmi les plus grands individus, que je supposais des femelles adultes; les autres parmi des nymphes d'une taille moyenne, avec l'espoir que , en subissant leur dernière métamorphose , il pourrait en naître quelque mâle. Ils passèrent tout l'hiver en- terrés , et il y en avait encore de vivans aux derniers jours de mai i832. Mais ils demeurèrent inactifs et comme engourdis, ils languirent peu-à-peu , quoique j'eusse le soin d'arroser de temps en temps le sable. Il ne se fit aucune transformation. La translucidité des parois du vase me permit d'être témoin des travaux souterrams de quelqnes-uns de ces adroits mineurs qui, par mégarde, s'étaient rapprochés de ces parois. Après s'être assiu'és par des sauts répétés et par la reconnaissance des limites de leur prison , que toute ressource d'évasion leur était enlevée, ils se mirent en devoir de s'enfoncer dans le sable, de s'y enter- rer vivans. C'est avec les mandibules qu'ils ouvrent la tranchée, puis avec les râteaux des jambes de devant , ils grattent le sable LÉON DUFOUR. — Sur le Tridacty le panaché. 33 1 en même temps qu'ils en écartent les grains avec les raquettes hérissées de ces mêmes jambes. Je fus émerveillé de leurs pré- cautions pour empêcher les éboulemens dans un terrain aussi incohérent, et j'admirai dans cet instinct, bien voisin de l'intel- ligence , cette sagesse infinie de la nature, qui s'attache à se gran- dir dans ses plus petites productions. A mesure que l'insecte s'en- sevelit, on le voit détacher devant lui, avec ses mandibules, des mottes qui sont reprises en sous-œuvre par les mâchoires pour être divisées. Ces déblais , sous forme de ciment , sont aus- sitôt livrés aux deux râteaux qui les amoncèlent, enfin appliqués et pressés avec force contre les parois latérales et la voûte de ce chemin couvert au moyen des deux raquettes des jambes anté- rieures , qui deviennent de véritables truelles et même des po- lissoirs. Cette dernière manoeuvre surtout excitait au degré de l'enthousiasme mon admiration. Elle m'expliqtaait à merveille le but physiologique de cette structure toute spéciale des pattes antérieures. La longueur de leurs hanches. et le mode d'articu- lation de la seconde pièce me rendaient raison de la variété de l'aisance et de la simultanéité des mouvemens continuels de ces membres. La forme du tibia élargi en raquette et hérissé seule- ment à sa face externe, se trouvait on ne peut mieux adaptée à ses fonctions. La brosse de cette truelle vivante était évidemment destinée à retenir ^e mortier qui, devant être appliqué latérale- ment, et, en haut, comme avec le dos d'une main , serait inces- samment tombé sans celte texture. Tous les différens temps de cette construction s'exécutent avec une promptitude et une pré- cision étonnantes. Notre castor pygmée est dans la même seconde fossoyeur, carrier, mfinœuvre , maçon et architecte. Dans un quart d'heure il s'était déjà pratiqué un boyau souterrain d'un bon pouce de longueui, et, suivant M. Fondras, le ïndactyle peut s'enfoncer jusqu'à une profondeur quadruple de celle-là; mais il dit que les galeries sont toujours perpendiculaires, et j'en ai vu de très obliques. Elles sont cylindriques, d'une laigeur assez avantageuse pour se prêter à toutes les manœuvres de la construction, mais insuffisafite pour permettre à l'uisecle de se retourner de la tête à la queue, en sorte que, pour regagner l'orifice exlérieuj', il est obligé de cheminer à reculons, à moins 332 LÉON UDFOUR. — Sur le Tridactjle panaché. que l'occlusion accidentelle de sa poite d'entrée ne l'obligea se frayer par une voie oblique un autre sentier tubuleux qui aille s'ouvrira la surface du sol. Un de mes Tridactyles , que je voyais, à ma grande satisfac- tion , travailler dans sa galerie à travers les parois du bocal , s'en étant aperçu ou se trouvant blessé par la vive lumière , sortit de sa retraite, y rentra ensuite à reculons et s'occupa avec une ardeur extrême à recrépir toute la surface du verre , et en quelques minutes , il se déroba complètement à mes yeux. Les accidens de cette nature ne doivent point se rencontrer dans les demeures riveraines des Tridactyles. La manière prompte et sûre avec laquelle notre prisonnier y a remédié annonce sinon de rinlelligence, de la réflexion, du calcul, du moins un instinct d'un degré supérieur. Un autre de ces insectes ayant fait ébouler dans son boyau un bloc, qui avait quinze ou vingt fois le poids de son corps, et qui lui barrait le passage, se mit en devoir de s'en débarrasser. Je ne fus pas peu surpris de voir le petit animal soulever ce bloc avec sa tête et ses pattes de devant, et l'enfoncer avec force dans la voûte de sa galerie. Quelle est l'espèce de nourriture des Tridactyles? Sont-ils her- bivores, carnivores ou omnivores? Sont- ils arénivores, comme le prétend M. Fondras? Laissons parler ce dernier auteur. « Que « recherchent-ils où il n'y a que du sable? C'est au sable même « qu'ils en veulent : ils s'en nourrissent ; ils avalent avec délices a le sable humide et très fin dans lequel ils creusent en même >.5, se trouvant sur les cotes de Barbarie, chaigc'; des in- structions de l'Académie pour l'histoire naturelle, il repnr. les 34o FLOiîRENr.. — Sur le Corail. observations qu'il avait commencées en Provence, et celte fois-ci la lumière se fit; la prévention fut moins forte que l'évidence. Il vit fleurir de nouveau le corail clans des vases remplis d'eau de la mer , et il reconniit que « ce qu'on croyait être la fleur de « cette prétendue plante n'était, au vrai, qu'un insecte semblable « à une petite ortie ou pourpre.... Cet insecte, continue-t-il , « s'épanouit dans l'eau et se ferme à l'air, ou lorsqu'on verse « dans le vase où il est des liqueurs acides, ou lorsqu'on le touche « avec la main, ce qui est ordinaire à tous les poissons et in- « sectes testacés d'une nature baveuse et vermiculairc ». Peys- sonnel ajoute : « J'avais le plaisir de voir remuer les pattes ou « pieds de cette ortie ; et ayant mis le vase plein d'eau où le co- V rail était, auprès du feu, tous ces petits insectes s'épanouirent. « Je poussai le feu et fis bouillir l'eau, et je les conservai épanouis « hors du corail ; ce qui arrive de la même façon que quand on « fait cuire tous les testacés et coquillages tant terrestres que «.( marins, j' Laissons de côté ces expressions confuses de poisson , d'i/z- sectc , à'ortie , de pourpre , etc. , toutes expressions mal déter- minées alors , et qui , même pour les zoologistes proprement dits, n'ont reçu une signification précise que beaucoup plus tard; et venons au fait, savoir, l'animalité des fleurs du corail et de son écorce, et l'on conviendra que ce beau fait ne pouvait guère être démontré d'une manière plus évidente. Mais écou- tons encore Peyssonnel : « L'ortie sortie étend, dit-il, ses pieds « ,' c'est ce que l'on a appelé depuis les bras du polype) , et « forme ce que ^L Marsigli et moi avions pris pour les pétales « de la fleur du corail; le calice de cette prétendue fleur est le « corps même de l'animal avancé et sorti hors de sa cellule ». Il dit plus loin : « Lorsque je pressais l'écorce avec les ongles , je « faisais sortir les intestins et tout le corps de l'ortie, qui, confus « et mêlés ensemble, ressemblent au suc épaissi qui sort des « glandes sébacées de la peau ». Il remarque enfin que , « l'é- « corce ou gîte des orties (c'est l'expression dont il se sert) est K absolument lîécessaire à la croissance du corail, et que, dès « qu'elle manque , il cesse de croître et d'augmenter, sans chan- « ger de nature. >^ FLOURrrfs. — 5/// le Corail. 34 r On savait déjà que la seule partie vivante du corail était son écorce; et c'est ruéme sur ce fait, depuis un assez long temps généralement reçu , qneRéaumur avait bâti son système mixte, lequel consistait à regarder !e corail en partie comme pierre et en partie comme plante. Cette écorce, la seule partie végétale du corail selon Réaumur, est pour Peyssonnel le gîte.des orties ou insectes coralins. Tout était donc transformé : V écorce végé- tale de Réaumur en gîte des orties, et \es fleurs de Marsigli eu ces orties mêmes. De retour de Barbarie et riche de ces belles observations, Peyssonnel se hâta de les faire parvenir à l'abbé Bignon , à qui il avait ordre de s'adresser pour toutcequi concernait son voyage. L'abbé Bignon les remit à Réaumur, qui répondit à Peyssonnel le 1 juin j 726: « Je pense, comme vous, que personne ne sest avisé jusqu'à « présent de regarder le corail et les litophytons comme l'ouvrage « d'insectes. On iie peut disputer à cette idée la nouveauté et la « singularité; mais je vous avouerai naturellement qu'il ne me pa- rt raît guèie possible de l'établir dans la généralité que \ous vou- « lez lui donner : les litophytons et les coraux ne me paraîtront « jamais pouvoir être construits par des orties ou pourpres, de « quelque façon que vous vous y preniez pour les faire travail- « 1er. J'ai déjà proposé verbalement une partie des difficultés « qnej'y trouve à l'Académie, et peut-être les donnerai-je par « écrit. Je ne crois pas que , par rapport aux coraux , il y ait un « autre système à prendre que celui dont je vous ai parlé autre- « lois, savoir, que leur écorce seule est plante à proprement « parler, et que cette plante dépose une matière pierreuse qui « forme la tige nécessaire pour la soutenir : alors je vois toutes « les difficultés disparaître sur l'organisation qui manque au « corail... w Ui lettre de Bernard de Jussieu n'est pas moins remarquable. « A 1 égard de votre s) sterne des plantes pierreuses que vous « rangez parmi les dépouilles de cancer, je ne sais, dit Bernard « de Jussicu, si vos laisons seront assez fortes pour nous faire « abandonner le préjugé où nous sonmies touchant ces plantes; 34 2 FLOL'REJNS. — Sur le Corail. « il faut bien ranger les preuves flans la dissertation qu'on doit « en demander au nom de l'Académie et du ministre. » Cette dissertation qui devait être demandée par l'Académie et par le ministre est très probablement le manuscrit même qui nous occupe. Peyssonnel, nommé, dès i7?.6, médecin-botaniste pour la Guadeloupe, se rendit immédiatement dans cette île, où d'autres études, et, en particulier, l'élude de la lèpre, maladie sur laquelle il a écrit \\n Traité exprès, l'empêchèrent pendant lon^:;- temps de revenir à ses premiers travaux. Qnni qu'il en soif, ni l'extrême réserve de Bernard de Jnssieu, ni le ton mêlé d'ironie de Réaumur, ni les objections de ce der- nier, rien n'avait pu le décotu-ager ni ébranler sa conviction. Il avait observé long-temps et bien; et il savait que, pour pronon- cer sur la véritable nature des coi-ps marins, il avait du moins un avantage sur les deux grands naturalistes qni viennent d'être cités, c'est qu'il avait étudié ces coT'ps dans la mer. lorsqu'ils sont encore dans lenr état naturel, dans leur état frais , et non plus ou moins défignrés , plus ou moins mutilés dans toutes leurs parties vivantes , comme les offrent nos cabinets. Il reprit donc enfin ses premières observations sur les corps dont il s'agit, et j'assure f dit-ii , avoir toujours trouvé sur tous ces corps les orties vivantes , suivant leurs espèces. « Qu'on me le nie , ajoute-t-il , « je conduirai les incrédules sur les lieux et leur démontrerai « tout ce que j'avance. » Là se termine ce qu'il y a de réellement neuf d.ms la première partie de l'ouvrage de Peyssonnel; le surplus se compose (Vob- servaiions , ou plutôt de dissertations sur la clistlllation du co- rail; sur son lait; sur ses différentes espèces ,- sur les vers gui le piquent et le carient ; sur les lieux où on le pèche et sur la ma- nière de le pêcher ; sur la manière de le polir et de le travailler; sur le commerce qu'on en fait; sur ses vertus et sur son usage dans la médecine , etc. L'intérêt recommence avec la seconde partie. J'en ai déJH transcrit le titre tout entier. L'objet de l'auteur est d'y confirmer sa découverte sur le corail par ce qu'il a vu de semblable sm- ■ les tuyaux ver miculaires , ïes madrépores, les litophytes , etc. , et d y prouver (f que tous ces corps marins sont produits par des \ FLOURhivs. — ■ Sur le Corail. 343 « animaux, et qu'ainsi ils doivent ètee ôtés de la classe des « plantes pour être placés dans celle des coquillages. » Il commence par les tuyaux vermiculaires, déjà mis au nombre des animaux pai* la plupart des iiatnralistes(i), par Rondelet (2), par le père Buonanni (3), etc. Le cliapitre suivant, sur les ma- drépores., a plus d'importance : la découverte de l'animal du madrépore est presque , en effet, du même rang que celle de l'animal du corail ; elle est d'ailleurs de la même date. Réaumur, danis son mémoire de 17^7 , dit : « L'auteur du nouveau système « (car il ne nomme pas Peyssonnel, par ménagement) a aussi « observé que ces fleurs qu'on avait découvertes sur le corail se « trouvent dans les madrépores et dans les autres productions « pierreuses, et c'est une observation dont on doit lui savoir gré» « jMais,continue Réaumur, au lieu de les prendre pour des fleurs, « il les regarde comme des insectes du genre appelé orties de « mer. » (4) Peyssonnel avait bien compris tout ce que la découverte de l'animal des madrépores ajoutait de force à la découverte de l'a- nimal du corail; « c'est ici que je place, dit-il, la preuve évidente « de mou nouveau système». Il dit en'core : «c Cette nou^'elle « découverte des orties ou pourpres qui forment les madré- « pores, résout toutes les difficultés qui se présentent pour ex- « pliquer la nature de ces corps il ne sera plus besoin de les « observer chacun en particulier, pour juger, par une juste con- « séquence, que tous les autres de même nature doivent être « également formés.... Par une étude particulière sur chacune K de ces productions, continue-t-il, on observera de petites dif- « férences dans chaque espèce, qui ne changeront en rien l'ordre « ni le mécanisme général qui régnera toujours le même.» Les madrépores ) comme le corail , avaient tour-à-tour été placés parmi les pierres et parmi les plantes. C'est en 1726, et (1) El rangés do nos jours parmi les Annelides elles Mollusques des genres Dentale et Ser- pule. (2) Histoire entière des froissons , 1358. (3) Becreatio mentis et octili in obscrvalioiie anlmalinm testaceorum, 1684. (4) Obsen'atioiis sur lajormation c chaque petit trou des corps mollasses qui allongeaient en « dehors de petits pieds, blancs aux uns, jaunes aux autres; les « pieds remuaient et s'éparpillaient çà et là; ils avaient une vie « sensitive.Dès que je les touchais, ou voulais retirer les mille- « pores de l'eau, je voyais tout disparaître; ils rentraient dans « leurs trous et dans leurs cellules. ... Je cassai ces millepores. (1) Sur la grande madrépoie , A\\e fenouil de mer, c'esit-à-dire, à ru juger d'aj>rès sa dvsrriii- bon. suria carvoiibyllk' i'ïni«>u^<> d« anlmrs inodcine». FLOUKENS. — S.ur le Corail. 345 « et je distinguai alors les petits poissons nichés clans ces cel- « Iules, où ils sont adhérens aux parois; car, en séparant dou- ce cément ces pièces rompues, je sentais de la résistance, je « détruisais ces petits poissons, tout devenait confus, ce qui me « persuada qu'ils étaient d'une nature semblable à celle des «orties que j'avais observées dans les madrépores Les « pieds (dit-il encore) sont à l'entrée du trou Ce sont ces « pieds que je voyais remuer et sortir, ce qu'ils font pour « prendre leur nourriture; ils disparaissent après et se reco- « quillent dcns leur gite. . . . Comme j'avais conservé les madré- « pores j je conservai de la même façon les millencrL'S ; ils vé- « cuient quelques jours dans l'eau de la mer, où je voyais leur « mécanisme et leur jeu; je n'ai pu les conserver hors de leur « gite, quelque soin que je me sois donné, j) Les lUhophytes (i), par leur mollesse et leur flexibililé, pa- raissent, au premier coup-d'œil, s'éloigner beaucoup du corcil, i\es madrépores j des niillepores ; ils n'en sont pas moins le pro- duit d'animaux de la même classe. Peyssonnel constata d'abord que \2l croûte tarlareuse qui enveloppe les lithophjtcs est sem- blable en tout à celle du corail. Il reconnut ensuite que les lUhophytes ont les mêmes orties que le corail , et que ces orties ont le même jeu, la même écorce, les mêmes trous ou pores à cette écorce, etc.; et «s'il n'est pas extraordinaire, dit-il, de « voir les orties corallines donner une matière pierreuse, il ne « l'est pas davantage de voir les orties lithophytones eu donner « une d'une nature semblable à celle de la corne, ou, pour mieux « dire, à celle de l'écaillé de la tortue (du Caret^. » Peyssonnel termine son beau travail par l'examen des coral- lines et des éponges. IMais d'abord, p(jur les corallines ^ il con- vient lui-même que ses observations sont loin d'avoir nne jus- tesse a pouvoir entièrement s'y fier : i! n'avait pas de microscope; et tf les occasions, ajoute-t-il, ne lui ont pas été aussi favorables « que pour les madrépores et le corail. » Et, quant aux éponges, il se trompe complètement en prenant, pour l'animal propre (») Lrs lahn|>li)(oii!> di- l'pysknniirl , ou ;;iii|;oue» des /ocilogisir» modeinf». 346 FLOTiRE^s. — Sur ie Corail. de Xéponge , de petits i^ers (i) qui ne s'y trouvent qu'acciden- tellement, et qui, selon lui, en construiraient les loges ou cel- lules, comme les abeilles construisent les cellules de leurs gâ- teaux. (2) Je termine ici celte analyse, dans laquelle je ne me suis at- taché qu'aux seules parties originales de l'ouvrage de Peysson- nel. L'ouvrage même g;iguerait beaucoup, s'il devait jamais être imprimé, à être purgé de toutes ces dissertations confuses, de toutes ces coujpilatioiisindigesies, sous lesquelles l'auteur semble avoir pris à tâche d'étoutfer les observations les plus neuves et les plus heureuses. JMais ce n'est là qu'un défaut de forme; je ne parle pas non plus de l'extrême négligence fet de l'incor- rection soiivent presque barbare du style. Il y a, quant au fond, un vice beaucoup plus grave; c'est que Peyssonnel s'est arrêté trop tût dans l'étude des animaux singuliers qu'il a le premier fait connaître aux naturalistes, il ne donne rien ou presque rien sur leur anatomie; et cet étonnant caractère, qui fait, de ces animaux, des animaux composés, lui a échappé presque entiè- rement. C'était là pourtant, c'était dans cette étrange nature animale, que se trouvait la solution des plus graves difficultés qu'on lui opposât. « Les lithophyions et les coraux, lui avait écrit Réaumur-, ue me « paraîtront jamais pouvoir être construits par des orties ou « pourpres, de quelque façon que vous vous y preniez pour les « faire travailler. » Jusque dans la préface du vi" vohime de ses (i) Des JS'ei-eis , lesquels se Irouvent dans tous les zoophiles mous. Grant , Observatiom sur la structure et les fonctions des éponges , Annales des Sciences naturelles, 1827. (2) La dissertation sur les éponges est suivie de quelques autres dissertalions encore : l'une sur les coquillages qui vivent dans la mer sans changer de place j l'autre sur la formation et le méca- uisme des orties madrépores, coralines et lilhopliytones , etc. , etc. Ce qu'il y a de plus remarquable, ce sont des essais de classilication pour les madrépores , les millepores et les lilhophy'.cs. Il divise les madrépores en nionoraadrépores , polyuiadrcpores, champignons pierreux, pierres aslroïdes et madrépores rameux. Ses roonomadrépores sont des caryophvUies solitaires; ses polymadrépores , des caryophyllies fasciculées, entre autres la caryophyllie Ilexueuse ; ses champignons pétrifiés sont des fongies; ses pierres asiroïdes, des asirées; et ses madiépores ramenx , des oculines. Ses millepores comprennent trois genres: le premier, les /»(7/e^o/-« roOTCHj;; le second, les millepores à rameaux plais; le Iroisiènae genre répiind ;iu\ fsrli.ires, lélépores, etc. Ses lilliophUs'S sont des gorgones. FLOURENS. — Sur Je Corail. ■ ^47 . Mémoires sur les insectes, publié en ly/j^, Réaumur revient stir cette difficulté. «La grande difficulté, dit-il, celle sur la- ce quelle j'ai le plus insisté, et qui me paraissait insoluble, c'était « d'expliquer comment des insectes pouvaient construire les « corps pierreux sur lesquels on les trouvait; comment de pa- « reils corps pouvaient résulter de plusieurs de leurs cellules « ou coquilles réunies; et c'est une difficulté que M. Peyssonnel « a laissée dans son entier, et par rapport à laquelle il était « impossible alors d'entrevoir aucun dénoûment. » Dans son Mémoire de i7:«7, il l'avait reproduite encore. « Enfin, y dit-il , « eùt-on rendu plus probable ce système singulier (c'est toujours «ainsi qu'il appelait alors le système de Peyssonnel), on se « verrait forcé à l'abandonner, dès qu'on penserait à fimpossi- « bilité qu'il v a de faire bâtir, par des insectes, des corps tels « que le corail et les autres corps qui portent le nom de plantes « pierreuses. Aussi ne paraît-il pas que l'auteur ait pu rien ima- « gmer sur cela qui le satisfasse, ou rien à quoi il croie pouvoir « s'en tenir. Quelquefois, ajoiite Réaumur, il semble vouloir il que les madrépores ne soient que différentes coquilles réunies, « quelquefois qu'elles ne soient qu'un seul coquillage. » On voit, par ces derniers mots de Réauiuur, combien Peys- sonnel touchait de près à l'idée qui, mieux débrouillée, devait répondre à tout, savoir: que ces animaux sont, en effet, des animaux composés, plusieurs animaux qui n'en font qu'un, plusieurs animaux liés par un corps commun. Peyssonnel dit « que ces animaux peuvent naître tellement joints, qu'ils sem- « blent faire un seul et même corps; « il dit que l'écorce est le gite des orties; il remarque qu'elle est vivante : de tout cela à l'idée expresse, à l'idée nette que ces animatix sont des animaux composés, il n'y avait qu'un pas, mais ce pas ne devait pas être fait encore; et même, dans cette branche nouvelle de la science, ce n'était pas le premiei- qui dût être fait. En I 7/10, Trembley découvrit la faculté singulière par laquelle un polype, coupé en deux ou plusieurs morceaux, forme autant de polypes que de morceaux, et la faculté plus singulière encore par laquelle kV^wx polypes, étant tenus rapprochés pendant (|ucl(pu- temps, iinis.seiit par se souder cl n"outes les ramifications d'une plante viennent de sa tige, et, chaque nouvelle génération donnant une ramification nou- \elle, on a eu la raison de la ressemblance de la dépouille solide de ces animaux avec les plantes. Enfin la forme particulière selon laquelle se fait la génération , \e bourgeonnement An gejn- miparilé dans chaf|ue espèce de poly|)es, a donné la raison de toutes les formes diverses des dépouilles solides, des arbres, des plantes marines , comme on a dit pendant si long-tfiups. (i) Et l'on ne s'est pas arrêté là ; des observations d'abord incom- (a) Reste la difGciiltc qui concerne le lait du corail, l'eyssonnel prend ce prétendu lait pour le san^ de l'animal. Doiiali s'exprime ainsi : « Si ou regarde au microsfope le polype contracté • et cactié, il ressemble à une {poulie de lait , et tous les pécheurs du corail, même les plus exacts, «croieul que c'est effi-rtivementle lait du corail , d'autant plus que , en comprimant l'écorce • on fait sortir le polype , qui conserve toujours l'apparence du lait. C'est pourquoi je pense • que le lait du corail, observé premicremeut par l'exact André Césalpin, n'est rien que ces • polypes ». Essai sur f histoire naturelle Je la mer Adriatique. Cependant M. Milne F.dnards, qui a soumis l'anatomie de ces animaux h un cvamen pius détaillé, ne pense pas qu'il on toit ainsi. Suivant lui , l'appaieuce lactée des liquides qui s'écoulent, quand on presse le corail, lient uniquement aux nombreux ovules qui s'écliappent alors et »e mêlent à ces liquides; car, outre leur généiation pemmipare, ces polypes en ont , comme on sait , une autre, laquelle s« fait par de> ovules et explique leur disporai- la classe des mollusques. Telle est cette suite d'observations et de découvertes qui, com- mençant à Pevssonnel et se continuant jusqu'à nos jours, a fait, de l'étude des productions marines , une branche nouvelle de la science. Il paraît, au reste, que Pevssonnel avait, pour l'élude de ces productions ^ le goût le plus vif. Il s'y était comme dévoué dès sa jeunesse : on sait qu'il avait voiilu établir un prix, lequel aurait été distribué, chacpie année, par l'Académie de Marseille, à l'auteur de la meilleure dissertation sur xiu point de Vhistoire naturelle de la mer. L'Académie refusa ce prix, se fondant sur ce que, constituée, comme elle Xé^-Mt , Académie des Belles- Lettres, elle manquait de juges compétens pour prononcer sur un point de la science. Mais ceij'était là qu'une pétition de prin- cipe ; car ce que demandait Peyssonnel , c'était précisément qu'elle devînt aussi Académie des Sciences, et qu'elle s'adjoignît des juges compétens. Il combattit la décision de l'Académie dans wne Lettre impri- mée, adressée à.Buffon etàDaubenton. Dans cette lettre, il parle avec grâce de ses propres travaux :« Tout homme, dit-il , les « aurait pu faire comme moi: il n'a fallu qu'observer, regarder « avec attention , refaire les observations, s'assurer de la vérité (c par un travail assidu; d'ailleurs les pêcheurs, les matelots m'ai- « daient extrêmement ; ils observaient aussi bien que moi; bien « des petits riens qui m'échappaient étaient remarqués par eux; « ils me disaient : « Voyez telle ou telle chose »,et,sur leur dire, « je faisais des attentions , je notais , je vérifiais. » Ajoutons que , à l'époque où Peyssonnel écrivait ces ligues, on 1-^56, il vovait enfin , après vingt ans de contradictions, ses découvertes adoptées par tous les naturalistes. Réaumur n'avait pas attendu si long-temps pour lui rendre justice, et pour la lui FLOURENS. — Sur Ic Covall. 35 1 rendre complète. Dès i 742 , il s'exprimait ainsi: « I/attention « que M. Peyssonnel avait apportée à faire ses observations aii- « rait dû me convaincre plus tôt que ces fleurs, que M. le comte « de INIarsigli avait accordées aux différentes productions dont « nous venons de parler, étaient réellement de peiits ani- « maux. « (1) Peyssonnel a laissé une Relation de son voyage en Barbarie, laquelle est restée inédite (2), ainsi c[ue 1 ouvrage curieux qui fait l'objet de cet article. Il s'appelait Jean-André et non Jean-Antoine, comme le dit la Biographie unii^erselle , qui ne lui accorde qu'une simple note. Il avait réuni, en 1756, dans un petit volume in-12: i"la tra- duction de l'article des 1 ransactions philosophiques sur l'ouvrage dont il vient d'être question; 2^ son y;/ oyV^ pour l'établissement d'un prix relatif à Yhisloire naturelle de la mer ; 3" sa lettre à Buffon et à d'Aubenlon ; et 4° quelques observations sur les cou- rans de la mer, faites en différens endroits. (3) (i) Préface du tome vi des Mémoires sur les insectes. (2) Elle vient d'êlre publiée , conjointement avec les Fragmerts des voyages de M. Desjon- taines à Alger et Tunis, par M. Dureau de la Malle, sous ce titre: Peyssonnel et Desfontaines , Voyages dans les régences de Tanis et d'Alger, i838. Le litre particulier du vovage de Peys- sonnel est: Relation d'un 'voyage sur tes côtes de Darbarie , fait par ordre du roi en 1724 et 1725. (3) Voici le titre même de l'ouvrage: Traduction d'un article des Transactions philosophiques sur le corail; Projet proposé à l'Académie de Maisetlle,pourl'établiisement d'un prix pour une dissertation sur l'histoire naturelle de la mer^ avec la réponse de l' Académie et une lettre sur cette réponse ■ Diverses observations sur les courans de la mer, faites en différns endroits, 1756. 35 i PURKINJF et PAPPiNHEiM. — Sur la (ligcstion artifidelle. Recherches sur la Digestion arli/icielle , Par MM. Pcrkime et PAPPENHEini à Breslau.(i) I. Influence du gahanisme. C'est un fait connu que la digestion artificielle s'opère aisé- ment à l'aide des acides et principalement de l'acide hydrochlo- riqne. Voilà donc une question intéressante à résoudre: par quel procédé organique l'acide hydrochloriqne et les autres acides se développent-ils dans l'estomac? S'il y a une action des nerfs pareille au galvanisme , la sécrétion de l'acide par l'in- fluence dynamique pourrait s'opérer ou dans les alimens, ou dans la salive et le luucus , ou dans le sérum du sang des vaisseaux de la membrane muqueuse de l'estomac, ou dans la présure même. Cts considérations ont donné naissance aux ex- périences suivantes. ]\Iais avant d'entrer dans le détail des expériences, qu'il nous soit permis de dire un mot sur ce qiie les auteurs comprennent sous le nom de Présure. En faisant des recherches microsco- piques sur les matières soumises à la digestion artificielle, MM. Purkinje et Pappenheim y ont trouvé une grande quantité de corpuscules Dblongues, noduleux, imit;int les formes d^ Conferves. Ils croyaient dans leurs premières expériences recon- naître de nouveaux produits organiques ; mais ils se sont bientôt convaincus que ces corpuscules appartiennent à la membrane muqueuse de l'estomac. Ces corpuscules sont le parenchyme des glandules simples, oblongucs, cylindriques, très petites, qui composent la plus grande partie de la muqueuse. On peut se convaincre de la manière suivante de cette structure. Si on (i) Extrait des Archives d'analomie. Physiologie, etc. , par Mùller. Berlin, i838",rahier i. Coaimiiniqiié par M. MamII. PURKiNTE tl PAPPEMiEiiM. — Sur la cUgesHon artificielle. 353 prend la caillette des niminans ou l'estomac simple des autres animaux, on peut séparer la muqueuse en lambeaux assez con- sidérables. Cette membrane considérée sous le microscope, se voit composée d'une foule de ces glandiiles décrites, qui sont implantées verticalement sur le tissu cellulaire, alvéolaire et le tissu des vaisseaux. Toute la membrane muqueuse est donc glanduleuse, et doit être considérée comme une membrane glanduleuse, (i) Si on met une partie de la muqueuse en contact avec l'acide hydrochlorique pour produire une digestion artificielle, l'action de l'acide se dirige d'abord sur le tissu cellulaire. Les glandules deviennent donc libres et restent nageantes;, intactes par l'acide liydrochlorique, dans le fluide. Ces corpuscules ou glandes con- stituent d'après MM. Purkinje et Pappenheim la véritable pré- sure, et ils paraissent être destinés à la sécrétion du suc gas- trique, qui s'opère dans leur substance même. Mais nous avons dit que, précisément, pour que cette question delà sécrétion soit résolue^ les auteurs ont fait des expériences. Nous allons les exposer brièvement. La présure seule ne suffit pas pour produire une digestion. MM. Pukinje et Pappenheim ont mis des quantités différentes de présure, avec des petites portions de blanc d'oeuf coagulé dans de l'eau distillée; et ils ont exposé le tout à la chaleur de l'incubation. Non-seulement ou ne pouvait pas voir les phénomènes de la digestion sur l'al- bumine après quelques heures, mais il se manifestait au con- traire, déjà après 8-12 heures, une fermentation putride, accé- lérée. Il fallait donc ajouter une petite quantité d'acide pour pro- duire les phénomènes de la digestion. Mais, au lieu de mêler les substances immédiatement avec les acides, on faisait agir une pile, composée de 3o couples de 4 pouces carrés. Si les deux pôles étaient conduits dans le même vase, on n'obtenait aucun (i) Nous avons signalé l'année passée la présence de corpuscules pareils, oblongs, cvliii- driques, etc. , dans «ne lettre adressée à l'Académie des Sciences. Nous les avions trouvés dans un épaiicliinieul du péricarde, et leur présence était constatée par MM. Dumas et Rrcschet. La nature glanduleuse de ces corpuscules nous paraît donc encore douteuse. Mui. IX ZouL. — Juin. a3 354 PURKfNJE et p.vppENiiEiM -;- Sur la digestion artificielle. résultat; ou il se manifestait bientôt les phénomènes de la pu- tréfaction. On conduisait donc les pôles dans deux vases séparés, joints par im fil de colon mouillé. Voici les résultats des expérien- ces obtenues par les auteurs, qui négligent les phénomènes qui se passent au pôle alcalin , et ne rapportent que ceux du pôle acide : I. Salive. On mettait de la salive dans deux vases séparés, chacun contenant deux gros. Après vingt-quatre heures la réac- tion acide était très manifeste. L'acide développé était l'acide hydrochlorique. On mettait alors dans cette salive acide trois grains de présure desséchée et trois cubes d'albumine des- séchée, et on exposait le tout à la chaleur d'incubation. Il ne se maïiifestait pas un changement dans le temps ordinaire de la (lio-estion ; mais le fluide sentait l'acide hydrochlorique. Ce n'est qu'après huit heures que se manifestaient les bords transpareiis, caractéristiques, pour l'albumine qui commence à être dissous par la digestion. Reposé dans la chaleur d'incubation, les bords transparens étaient avancés j usque vers le centre après vingt-deux heures (mais les arêtes n'étaient pas arrondies), fendus en quelques endroits, et presque gélatineux. Il paraît donc d'après ces expériences que , s'il se passe dans l'estomac une action pareille à celle du galvanisme, la salive pourrait encore fournir une partie de l'acide hydrochlorique. •2. Il n'était pas nécessaire de faire des expériences sur le sel commun, qui se trouve dans les alimens. L'effet était évident. 3. Albumine délayée. On exposait à l'action des pôles dans chaque vase, 3 gros d'eau distillée et i gros d'albumine. Les auteurs n'ont vu la coagulation de l'albumine qu'au pôle acide, eu «rands flocons. La réaction alcaline était faible, mais devenait plus forte après vingt-quatre heures. L'acide soumis aux réactifs chimiques, se manifestait comme acide hydrochlorique. '\ 4. Mucus. 4 gros de mucus nasal étaient préalablement lavés avec (le l'eau distillée, pour enlever la salive. On triturait ce mucus purifié avec moitié d'eau distillée, et on exposait ensuite "^ans chaque vase une portion de 3 gros de ce mucus. Le mucus prRKix.TE et PAPPi-wiH'.iM — Sur la digestion artificielle. 355 se comportait comme l'albumine. La dissolution muqueuse était - moins épaisse au pôle alcalin. 5. Parties constituantes du sang. Les deux vases étaient remplis de sérum de sang humain. La réaction acide était biei? manifeste après vingt-quatre heures. L'acide examiné se mani festait comme acide hydrochlorique. On met 3 grains de pré- sure et 3 cubes d'albumine dans 2 gros de ce fluide. L'albumine ne manitéstait nullement les phénomènes de la digestion , mais elle devenait gâcheuse après vingt-quatre heures. La présure» se dissolvait, manifestait l'odeur du levain en fermentation, mais sans aucun signe de putréfaction. Pour examiner si le sérum ne produit pas un effet fâcheux pour la digestion, on mêlait aux mêmes substances, qui se trou- vaient dans le sérum (2 gros d'eau distillée, 4 7 gros de pré- sure, 3 cubes d'albumine, 2 gros de sérum), 3 gouttes d'acide hydrochlorique. Les phénomènes restaient les mêmes. Il s'en- suit, d'après MM. Purkinje etPappenheim, que le sérum du sang empêche la digestion. La matière colorante donnait les mêmes résultats. On n'a pas fait d'expériences avec la fibrine. G. Présure. On exposait 3 grains de présure, desséchée à la température de 18° R.,en poudre, avec 2 gros de l'eau dis- tillée à l'action des pôles. Il se développait bientôt au pôle acide du chlore. L'albumine était dissoute après dix-huit heures. Le fluide acide se manifestait comme acide hydrochlorique. Les auteurs sont donc convaincus que la présure peut donner sous l'in- fluence galvanique la quantité suffisante d'acide pour la di<»estion artificielle. On variait ensuite l'expérience de la manière suivante: On préparait par la pile quelques gros de fluide acide digestif. Une partie de ce fluide était mêlée à l'albumine et exposée à la chaleur d'incubation ; une autre partie, sous les mêmes circon- srances, restait en contact avec la pile. L'albumine était parfai- tement dissoute après trois heures dans la dernière partie, et, les bords bien transparens dans la première. Les auteurs se proposent de continuer ces expériences, et de 356 PURKiNJE et PAPPENHEiM. — Sur Ici cUgestioii artificielle. rendre les résultats un peu plus nets, et dégagés de questions ac- cidentelles, ils se proposent aussi d'examiner l'influence qu'exer- cerait sur la digestion l'application du galvanisme sur les nerfs de l'estomac II. Influence de quelques agens mécaniques sur la digestion artificielle de Caibumine. 1 . La division des alimens par les dents a-t-elie une influence sur la digestion ? On divisait 3 grains d'albumine en petits morceaux d'une demi-ligne de diamètre, et on les mettait dans le fluide artificiel digestif. La même quantité d'albumine était mise dans les mêmes circonstances, sous forme de 3 grands cubes. Toute la première partie était dissoute après une demi-heure; l'albumme dans le second vase, ne l'était pas encore complète- ment après quatre heures. 2. La dissolution des matières soumises à la digestion dans Testomac, avance-t-elle par les contractions de cet organe, et le contact continuellement renouvelé avec le suc gastrique? On versait dans un vase de fer blanc, à parois doubles, entre les deux parois de l'eau chauffée à 30" R. L'espace intérieur contenait 2 onces du fluide normal digestif, dont la température est soutenue à 28° R. par le renouvellement de l'eau extérieure. Le tout fortement secoué, continuellement, fait voir toute l'al- bumine dissoute après deux heures et demie. Les auteurs ajou- tent que la dissolution aurait exigé trois heures sans les secousses continuelles. 3. La compression de l'estomac et des muscles respiratoires exerce-t-elle quelque influencePOn soude hermétiquement sur un petit vase de 4 pouces carrés, un tube de 28 pouces de lon- gueur et d'une demi-ligne de diamètre. Le tout était rempli de (jgros de fluidedigestif avec 20 grains d'albumine,de sorte que tout le lube était plein du fluide. La pression entière était de l\ li- vres et demie. La dissolution s'opérait beaucoup plus vite qu'à Toidinairc; elle était complète après deux heures et demie. DK BLAiisMLLj;. — Sur Ic.s Cliéïvoplères. 35^ RiiCHKRCHEs sur V ancienne le des Chéiroptères ou des animaux de la famille des Chauve-souris à la surface de la terre, pré- cédées dé l'histoire de' la science à leur sujet , des principes de leur classification et de leur distribution géographique actuelle , Par M. II. DE BlAIN VILLE. (Lues à l'Académie des Sciences le ii dcccmbie 1837.) (Extrait.) A mesure (dil l'auteur) que je rédige le système du règne auimal base sur l'etr- scmble de l'organisation et de ses actes, traduit par des caractères extérieurs, auquel je travaille, ouvrage dont j'espère commencer très incessamment la publication, et dans lequel je fais entrer aussi bien les espèces fossiles que les espèces vi- vantes , je suis dans la nécessité de traiter concurremment et successivement des traces que chaque grand genre linnéen a laissées à la surface ou dans le sein de la terre, et qui jusqu'ici sont venues à notre connaissance. Mais, pour donner à mes rcclierches uu caractère à-la-fois zoologiquc et géologique, j'ai cru devoir embrasser le sujet d'une manière un peu plus large et surtout plus méthodique et moins diffuse que cela n'avait été fait jusqu'ici. Le mémoire dont je vais soumettre un extrait étendu au jugement de l'Aca- démie, est un essai de la manière dont je me propose d'envisager chaque grand genre linnéen. Avant de parler des restes fossiles je traiterai préalablement et successivement de l'histoire de la science au sujet des animaux de ce genre, des principes de leur classification, de leur distribution géographique actuelle » et enfin des traces que ces animaux auront laissées dans l'histoire ou sur les monumcris. Ce ne sera qu'après ces préliminaires, que je passerai aux traces laissées dans le sein de la terre, traces qui pourront être de plusieurs sortes : les unes immédiates, formées parles pièces même du squelette, les antres également immédiates, mais produites par l'animal et conservées; et enfin, les troisièmes ou dernièics médiates, et résultant d'empreintes laissées par les pieds de l'animal pendant sa vie. Dans la première partie de ce mémoire, M. Blainville trace le tableau des progrès de la zoologie eu ce qui concerne les Chéiroptères, cts'étend principale- ment sur les écrits de Belun, d'AI.Irovaude, de Brisson, de Linné, de Daubcnton, de Pallas, de (^uvic-r et RJ. (leolirov, de M. F. Cuvier, de M. Temmiuck et de M. (.r.v. 358 DE BLA^iivvjLLE. — Sui' Ics Cliéiroptèies. La seconde partie que nous rapportons textuellement, est consacrée à la descrip- tion des principes de la distribution inèihodique des Chéiroptères, Comme par distribution méthodique naturelle, nous entendons, dit l'auteur quelque chose de fixe, reposant sur rexisteuce d'une série animale , et qui par conséquent n'a i ien d'arbiti-aire , il est évident que le zoologiste n'a atteint ce but que lorsque la première espèce d'un groupe est celle qui se rapproche le plus de la dernière du groupe précédent, et la dernière celle qui est la moins éloignée dcjla première du groupe suivant. Aussi ces deux points arrêtés, l'ordre des intermédiaires devient une conséquence. Or, ce qui constitue essentiellement une Chauve-Souris, ou mieux le groupe des Chéiroptères, premier de l'ordre des Carnassiers, c'est, i" de voler plus ou moins bien dans les airs, pour y atteindre et souA'enl y poursuivre leur proie, et par conséquent d'avoir la disproportion des membres entre eux , et surtout celle des antérieurs, comparés au tronc plus ou moins prononcée; a" d'être plus carnivores, et par conséquent d'avoir le système dentaire plus complètement disposé à cet effet, c'est-à-dire les dents molaires plus serrées, plus nombreuses, et hérissées de tubercules plus aigus. La disposition sériale des Chauve-Souris doit donc porter, i" sur la proportion dans le développement des expansions cutanées qui servent au vol, et des parties qui les soutiennent, comme les membres autéiieurs eu général, et leurs doigts en particulier, ainsi que la queue qui , ea se prolongeant plus ou moins en ar- riére et au-delà des pieds , élargit d'autant la membrane appelée interfémorale , parce qu'elle reunit en effet les membres postérieurs. Ainsi, sous ce rapport, les premières espèces seront celles qui, proportionnellement à la grandeur du corps, auront pour ainsi dire le moins d'aile, de queue et de développement dermique, et les dernières, celles chez lesquelles tout le lophiodermc utile au vol atteindra le summum de son développement, et où par sui^e il en sera de même pour les parties osseuses qui le soutiennent. T pconde partie de l'organisation des Lhciropteres, qui devra servira deter- iuer leur disposition sériale naturelle, est !c système dentaire de plus en plus ■ r et insectivore. Or, ce caractère est déterminé en général par un plus 1 /....^ip de dents, et surtout par la disposition plus aiguë des tubercules eranu noiiuJK- u^ -, i . n- -, . . . ° . , i„ pftiironne D ou un degré d importance croissant des incisives, qui qui armeni la v-u"» i • j i r j • i «- fi. nnibreuscs variations, aussi bien dans la torme que dans le nombre, onreul ce noiuui»- • 7 n . < i- • v- ny 1p i • j- , . ..ninos oui ne manquent jamais, mais sont plus ou moins développées, et sur- tout aux molaires, qui doivent être étudiées dune manière extrêmement de- taillée dans leur nombre , et dans leurs proportion entre elles , ainsi que dans le nombre et la proportion des tubercules qui les terminent. D'après l'étude minu- tieuse que j'ai faite de celte partie du système dentaire de Chauve-Souris , je n'ai trouvé jusqu'ici que cinq combinaisons, auxquelles on pourrait même donner des noms, comme Ta fait M. F. C.ivicr pour plusieurs. 3° Dr. BLAJNVjLLii. — Sur les Cheiroplères. '{69 4 , . / I 3 N — , comme dans les Scotophiles ( — ~i~"T ) » Noctuloïde. (1) r "ir~^T J ' (t+4)' JO ■ 4 2° -7- , Sérotinoïdc 5 7 ' 5 "6 ' Semi-Muriiioïde 5" — , Murinoïdc La considération de la conque nasale , nulle dans certaines espèces et si sin- gulièrement compliquée dans d'autres, ainsi que celle de la conque auditive, également remarquable par le degré de développement et de complication j oilrciit des caiaclcres beaucoup plus secondaires pour la disttinction sériale des Chauve-Souris, quoique admirable de fixité pour la distribution des espèces, mais dont l'expression est souvent difficile raêniecn figure, parce qu'ils se nuan- cent quelquefois d'une manière presque fâcheuse. Le système digital des membres antérieurs surtout, la queue et la membrane interfémorale qu'elle soutient, entrant comme élément important du mode de locomotion des Chauve-Souris, offrent en effet des caractères d'une importance beaucoup plus grande que la conque olfactive ou auditive, et qui marchent presque toujours parallèlement avec les caractères tirés des deux parties citées plus haut. C'est i'i l'aide de ces considérations que le sous-ordre des Chéiroptères est dis- tribué et disposé ainsi qu'il suit: En tête les Roussettes, ainsi que tous les zoologistes l'ont fait, comme les Chéiroptères les plus rapprochés des Galéopithèques qui terminent les Makis, et comme les espèces les moins bien' disposées à voler, les moins insectivores ou les jilus Irugivorcs; ' ^ A la fin, les Chauve-Souris proprement dites, comme étant au summum du développement dermique, de disfirojjorlion des membres antérieurs, et de lon- gueur de lu queue et de la membrane intcrfémorale qui l'accompagne jusqu'à la (i) Dans certaines esiièecs , comme \iNoctute, le Fespcrlilio Dlossevillei , etc., la première tausse molaire d'en haut est hors de raiig gonimii'oinie et placée dans l'angle foniié par la face iulei'uede la canine, et la deunicme fausse iitolairu ; dans d'autres, elle est au contiaiiu dans la ligue deutaire ; tel est Je cas du F. a/acto, d'une espèce de Nycùcée des Etats-Unis, dont le crâne porte daug uotie culleclion le nom de /'. Cynocenhalut Lccoule, et aussi d'une Chauve-Souris d'Algérie , (jue m'a remis M. Bravais et que je crois d'une espèce nouvelle. Les esjièces qui ont la deulition màrhelicrc des Nocluloides , et celles des deux premiers groupes, peuvent avoir — — incisives de ihacpic côlé ou seulcinciil ' c'e>l à celles-ci qu'on a donni' le nom d*-' >ycticée». 36o DE ELAiNviLLE. — Suf les Chéiroptères. pointe, et comme offiaiit égalemeut la disposition dentaire U plus insectivore, passant ainsi aux petits carnassiers insectivores, et entre autres aux, Taupes et aux Musaraignes. La distribution des espèces à l'intérieur du sous-ordre est une conséquence de cette disposition. Elles sont d'abord partagées eu trois familles , les Roussettes ou Meganyctères, les Vampires ou PhylLonyctères , et les Chauve-Souris ou Normonyctéres , suivant que le nez ou les oreilles étant simples, les deux premiers doigts sont complets, à peine déformés, la queue et la membrane interfémorale nulles ou très courtes, les dents molaires espacées, presque simples, ce qui constitue la première famille; ou que lu premier doigt seul étant complet, les dents molaires sont plus ou moins tuberculo-épineuses et alors avec le nez plus ou moins com- l)liqué à ses orifices, comme dafis la seconde; ou constamment simple, comme dans la troisième. Les espèces de Roussettes sont ensuite disposées en commençant par les Rous- settes ordinaires , qui ont la tête et les mâchoires les plus allongées , et en finis- sant par les Céphalotes qui l'ont le moins , de manière à comprendre intermédiai- rcmcnt les subdivisions nommées Pactiysoma , Harpia, Hypodernia, Cynvp- teriis , Epomophoraj et Macroglossa, qui n'étant que des nuances sériales sans influence sur les mœurs et Ips habitudes, ne me paraissent pas devoir être adop- tées comme genres. Les espèces de Vampires ou de Pbyllonyctcres, en commençant parles Glos- sophages, passant évidemment aux Macroglosses ^ de la famille précédente et finissant par les Nyctères (|ui sont extrêmement voisins des ïaphiens de la troi- sième famille, sont partagés eu trois genres principaux. Les Sténodermes, dont la queue et la membrane interfémorale sont encore extrêmement courtes , comme dans la famille des Meganyctères, comprenant les sous-genres Glossop/iaga , Desmodus , Sienoderma, celui-ci partagé en Diphylla, Artibœus, Madatœus, et BrachypIiyUa. Les Phyllostomes, dont la membrane interfémorale est au contraire fort grande, dépassant l'origine du calcanéum^ et dont les espèces plus carnassières encore, se disposent d'après la considération de la queue, nulle d'à • bordj et ensuite de ])lus en plus longue dans les trois genres Phyllostoma sub- divisé en Vumpyrus :, Monophyllus , Mormoops; les Mégaderraes et Rhinolo - plies subdivisés en Rbinolophes proprement dits ^ Nyctoplùles et JVycteris. Les espèces de Chauve-Souris ou de Normonyctéres, caractérisées par le nez simple et par l'existence presque constante d'une longue queue, sont subdivisées d'après la considération de cette organe en trois genres; a) Noctilio, ou la queue n'est engagée qu'à sa base et libre au-dessus de la membrane dans le reste, et distribuées dans les sous-genres Taphozous ouTaphien, Noctilio; b), les Mo- lossus (E. Geoffroy) dont la queue dans le même plan que la membrane, n'en est pas accompagnée dans sa partie terminale , et que l'on peut subdiviser d'après la considération de l'existence ou de l'absence de la petite dent fausse niolairc su- Jieneure, en MoIvshu^, Clicinoiuif:, . My^ptcra ou Dvsdpcs ; <■) Ve^ptrlilid , À DE BLAiJN VILLE. — Suf lûs Chéiroptèfcs. 36 I dont îa queue est entièrcmeut engagée jusqu'à l'extrémité de la membrane ; ce groupe est composé des sous-genres Emballonura, l'aria, Wesperlitio L., sub- divisé lui-même en Scutophilus , Sérotines , Noctuloïdcs et Muriuoïdes, P/e- cotits et Nvcliœus. Quantàla distinction et à la caractéristique des espèces de chaque genre ou sous- genre, elle porte à peine sur la coloration dont le système est presque toujours le même , peu davantage sur la grandeur, qui varie quelquefois du simple au double, mais bien sur la proportion , la forme des lobes dermiques, la conque nasale ou ikdridWkiire et son oreillou, quand il en existe, sur la proportion des phalanges des doigts, et euCn sur la dernière molaire des deux mâchoires. A la suite de cet article, l'auteur donne dans le tableau suivant un synopsis de la disposition des genres et l'indication des princi[)ales espèces. § I. Mèganycteres. G. Ptekopvs s. -g. Pteropus i Pachysorna ; Harpya ; Hy~ poderma ; Cynopleriis{Pl. margiiiatus; Pt. va- uikorensis) ; Epomophorus ( Pt. Whilei); Macroglossus. § II. Pliyllonycttres. (j. Glossopuaga G. Desmojjvsom EDOsroii.i. D. rufas du Brésil et de Gïijranc. G. Stenoderma Stenod. rufum; Diphylla ecauduta ; Islio- pliora flavescens y Artihccun jainaicftisis y Phyllostoma ULium ; Ph. perspicillalum , luême espèce que Madalœus LeavUiijBia- chypjiylla cat^ernaru/Hjàcs Caraïbca et de la Caroline du Sud. l». Pii\ i^LOSTOniA Pli. spectrum ; Monophyllus Reedmanni ; Lopkosloma ; Sylvicola; Mormopa Bluin- vUlli ; Phyllost. cremilatum , etc. G. ïiiimoLoi'HVs. . . . RàpinochcA-cn \cs Megaderma, Rinolophus oi\ Hipposideros , Hhinopoma , Nyclvphilus et Nycteris. ^ III. Normonyclères. (i, 'l'.ii'iiozova ci NocriLio. Les Taphicns ont plus de rappor's avec les prc- rédcn», et les INoctilio se r.ip[)rochcnt davan- tage des Molosses par lo> ÎMyoplèieii. 3G2 DE BLA IN VILLE, — Sur lûs Chéiroptères. G. MoLOssvs I. Molaires —, les Myoptcres: C/i^t/o/rec/es ïo/- f/uatus ; Myopleris Danbentonii ; Dy- sopes mo'ps; molossus ursinus; M. riifun; M. velox j M. ûbscurus. 5 II. Molaires- ; les Nyctinomes: N. œgyplia- cus ; N. pUcatus ou Bcngalensis ; A^. na- sutiis ou N. Brasiliensis j Ihdqrifffi ta'' niotis ou Dinops Cestoni ; Nycti^n0piu&^ acetabulosus , auquel se rapj)Ortent''.JIc N. dubius Smith et le Rhinopoma caro- liniensis. — Molos,se dont je ne connais pas les dents: Thyroplera tricolotj Spix. G. Vespbktiho 1. Molaires—:») queue nulle : //V/œno Z//-00- kesii ; i) q. compl. incis. -r-, Scotophi" lus Kulliii ; c ) id. iucis. — - , V. nigiila ; V. leucogaster. 3 II. Molaires ~ : a) incis. -^ : r. Bellanserl ; 5 ' 3 i> ' V. borbonicus ; V. lasiurus novebora- censisj f^. noctevagans ; b) incis. — : V- serotinus; f^. Leisleri ; V. Hilarii; V. Dutertrœus ; V. CaroUnienais onCreeks ; T'. barbastellus. 5 III. Molaires — : a) queue sortant de la membrane comme dans les Noctilio : Proboscidea sfixatilis j b) queue s'arrêtaut au milieu de la membrane : OEllo Cuvieri ; les Emballonura de Kuhl; /'. calcaralus , Maximil. ; V. alecto^ etc.; c) queue nulle; incis. -- : DiçlidiirusFreyreissii; d) queue compl. : la première fausse mo- laire gemmiforme ; incis. — ' V^. iwctida ; y. pipis treillis j etc. , e) id, incis. -— : K. crepuscuîaris ; V. Blossevillel ; f) id. j la première molaire dans le rang: F. cy- nuceplialur. ; g) id- inci.s. — : V. d! Al- DE BL AIN VILLE. — Suv les Chéiroptères. 363 5 IV. Molaires — r- : K. auntus y F^. Nattereri ; Furia horrens. V. Molaires — : a) également croissantes : F". lepidus ; Z») la première fausse molaire d'en haut plus grande que la seconde , ^. murinusj etc. Le troisième article est consacré à la distribution géographique des Chéi- roptères. L'auteur fait voir que l'une des branches de cette famille est bornée aux contrées chaudes de l'ancien continent; mais qu'elle appartient essentielle- ment à SCS parties insulaires , commençant dans le rontincnt africain au-dessous du Caire, et se terminant avec la dernière île australe. Ce sont les Roussettes, Une autie branche, celle des Sténodermcs et Phyllostomes fait, pour ainsi dire, compensation, et ne se trouve en efifct (juc dans la Sud-Améri<[ue, tandis que le reste de celte branche appartient exclusivement à l'ancien continent dans toutes ces parties : tels sont les Mégadermes et les autres Rhinolophes. Enfin la dernière branche, celle des Chauve-Souris, se trouve dans toutes les parties du monde, et remonte le plus vers les régions arctiques; mais certaines espèces du genre Vesperlilio proprement dit, une seule espèce de Molosse se trouvent dans l'Europe méridionale ainsi qu'une seule espèce de Nycticée. Enfin , le quatrième article est intitulé de l'ancienneté de l'existence des Chéiroptères sur la surface de la terre. L'auteur rapporte d'abord les faits do nature à prouver que ces animaux étaient connus des peuples de l'antiquité, et s'occupe ensuite des débris fossiles qu'ils ont laissés dans les dernières couches de l'écorce du globe. Lu première qui ait été signalée à ma connaissance actuelle, dit-il, l'a été en 1 8o5, par M. Karg, dans les Mémoires de la Société des Naturalistes de Souabe; mais, à ce qu'il me semble, sans descripiion ni figure, et en considérant le frag- ment fossile comme provenant du F', tnurinus; mais celte observation , quoique jelcvéc par M. de Schlothcim, passa pour ainsi dire inaperçue. 11 n'en est pas de même d'un échantillon depuis assez long-temps dans la collection de M. de Bournon , et dont G. Cuvicr n'a fait mention que dans la rédaction de son Dis- cours sur les révolutions du globe publié en iSaS. Sa position géologique était en ctïet digne de remarque. Ce fossile consiste dans une moitié antérieure du squelette d'une Cbauve- Suuris de taille ordinaire, comprenant les premières vertèbres du dos, la icfc presque entière , sauf son extrémité antérieure , et enfin les deux membres tho- raciques, à l'exception des doigts, c'est-à-dire les omoplates, les clavicules^ t'huméru-s et le cubitus. Ce qui uou.^ intéresse le plus, ce sont les mâchoires , dont le système dentaire, ,iu moins (l'un côté, est assez complet , pour qu'il puisse être lu. D.iii,') le pa.^^Jgc de son discours qui a liait à ce fossile. Ci. ('u\ici se boiiie 56 i DE BLAiNviLLi'. — Sur le6 Chéiroptères. à dire qu'il a appartenu à une véritable Chauve-Souris, ce qu'il était facile de voir, et du reste parfaiterueiit vrai ; mais sans dire sur quoi repose cette assertion , et en donnant même une figure si iiicom[)lcte et si peu nette , qu'il serait presque impossible d'assurer que c'est une Chauve-Souris^ si les membres ihoraciques n'étaient là avec toute leur disproportion caractéristique. Comme j'ai pu avoir à ma disposition l'échantillon même qui a servi aux oL- servatious de Cuviei', j'ai pu le sciuter attentivement et en prendre une ligure beaucoup plus exacte. On y voit aisément que le nombre, la proportion et la forme des dents molaires supérieures sont tout-à-fait comme dans les ves- pertilious sérotinoïdes, c'est-à-dire au ninibie de quatre seulement, dont la première molaire vraie et 'a dernière sont assez épaisses, comme dans la sérotine. A la mâchoire inférieure il y a cinq molaires,, dont deux fausses et trois vraies , é(;alcment comme dans la sérotine ; en sorte que la grandeur étant à-peu-prcs la même , on peut assurer que la Chauve-Souris était, sinon absolument identique, du moins extrêmement rapprochée de la Chauve-Souris sérotine qui vit encoïc aujourd'hui aux environs de Parft. Ce n'est même qu'une légère différence dans la proportion de deux os de l'avaut-bras qui nous empêche d'assurer l'identité d'espèce , quoiqu'il y ait plus de variations qu'on ne pense dans la proportion de ces parties. La Chauve-Sonris fossile dont nous venons de parler a été rencontrée dans le gypse même des environs de Paris , et par conséquent dans un terrain tertiaire assez ancien ; mais tous les autres ossemens fossiles ayant appartenu à des es- pèces de ce genre, ont été larement trouvées dans des conditions qui les fassent remonter à une aussi grande ancienneté. J'ai cependant rapporté plus haut, d'après les recueils palénntologiques, queKarg a découvert des ossemens du V. muriiiusj dacs les schistes tertiaires et également d'eau douce d'OEuingen ; mais ce qui serait beaucoup plus étonnant , si la détermination était hors de doute, ce serait de trouver des ossemens de Roussettes dans le calcaire fossile de Solen- hofen ^ comme Spix l'a dit. Aussi doit-ou présumer qu'il est ici question d'osse- mens de Ptérodactyles que l'on aurait regai'dées comme provenant de Roussettes. Ce qui pourrait le faire croire^ c'est que Socmmering a soutenu toute sa vie, (|ue les Ptérodactyles devaient être considérés comme des Chéiro|)tères , et que les fossiles de ce genre si singulier, ne se sont encore rencontrés, sur le continent du moins, que dans les calcaires de Solenhofen et de Pappeuheim. Mais s'il y a des doutes fondés sur l'existence de Chéiroptères du genre des Roussettes dans un tcrrrain tertiaire aussi ancien que celui de Solenhofen, il n'en est pas de même pour les autres ossemens attribués à des Chauve-Souris; aussi proviennent-ils tous du diluvium, soit dans les cavernes, soit dans les brèches de dillcrentes parties de rEuro|)e. Ainsi Wagner, d'après M. de Munster, cite des fragmeos de Chauve-Souris dansjle diluviinn , aux environs de KorstrUx. On en a trouvé en bien plus grand nombre dans le diluvium des cavernes a «isscmens eu Belgique, on Fraiiconic et en Angleîciic. DE BLAiNViLLE. — SiiT les Chéiroptères. 3G5 En Belgique , dans les cavernes si intéressantes des environs de Liège , et si convenablement illustrées par feu M. le docteur Schmerling, les restes fossiles de Chauve-Souris paraissent ne pas y être très rares. Cet auteur en cite et figure deux tètes complètes avec mâchoire ialcrieure, une tcle sans mâchoire, et, au contraire, une mâchoire seule. Je ne voudrais jias assurer, n'ayant pas vu les objets, que les rapprochemens ont toujours été heureux ; mais dans le premier cas, c'est le système dentaire et les proportions delà Sérotine ; dans le second, celui de la Chauve-Souris ordinaire, ou mieux peut-être dh V. Mystacinua _, commun en Belgique et en Allemagne, et dans les autres, c'est encore un sys- tème de Sérotine. Il est donc à-peu -près certain que ces restes de Chauve-Souris rappellent tout-à-fait les espèces qui vivent encore aujourd'hui dans nos contrées. Je pense que l'on peut en dire autant de la demi-mâchoire inférieure figurée par jM. Mac Enery dans la pi. I, fig. 12, d'un ouvrage qu'il est en train de pu- blier sur les ossemens fossiles trouvés dans une caverne découverte il v a peu d'années en Angleterre, à Kent, aux environs de Torhey, comté de Devon, et dont il a bien voulu, tout dernièrement, nous communiquer une épreuve des planches fort belles qui doivent en faire partie. M.AVagner, dans un mémoire inséré dans les Actes de l' Académie des Sciences de Munich, pour i833, décrit des restes de Chauve-Souris provenant des brè- ches osseuses de Cagliari en Sardaigne, et de celles d'Antibes en Provence; d'après M. le professeur Brown d'Hcidclberg , ces restes consistent en deux demi-mâ- choires pourvues d'une partie de leurs dents que M. Wagner rapporte la première de Sardaigne, au Vespertillo disfolor de Natterer; et la seconde d'Antibes, au J^. pipistrellus , c'est-à-dire à des espèces actuellement vivantes dans nos con- trées. Enfin M. Fischer de Waldheim cite parmi les fossiles de mammifères trouvés dans les cavernes à ossnmcns des rives du Tcharich et du Khankhara, dans le gouvernement de Tomsk , en Russie, le bassin d'une petite espèce de Chauve - Souris, mais sans autres détails. En sorte que ne parlant pas ici du singulier animal nommé Ptérodactyle par Cuvier et par Soèmmering , Ornithoccphale , parce que si ce n'est pas un reptile, proprement dit, comme le premier l'a pensé, c'est encore moins un mammifère Chéiroptère , comme l'a présumé le second, mais une classe inter- médiaire aux oiseaux et aux reptiles , on peut conclure de ce que nous connaissons aujourd'hui des restes fossiles de Chéiroptères : 1° Que des animaux de cette famille existaient avant la formation des terrains tertiaires moyens de nos contrées septentrionales ou européennes , puisqu'on en a trouvé des restes indubitables dans U formation gypscuse des environs de Paris. 2° Ces Chauvc-Souri^ étaient très probablement contemporaines des Ano- plothcrium , des Palœotherium , puisque leurs ossemens se trouvent dans les même» conditions géologiques. 366 vAivBFNKDEN Cl wiNDiSMANN. — Sur la Lin'tace grise. 3° Elles ont continué d'exister sans interruption depuis ce temps jusqu'à nous, et cela dans toutes les parties de l'Europe, puisqu'on en rencontre des restes dans le diluviuui des cavernes et dans celui des brèches osseuses. 4° Ces Chauve-Souris si anciennes ne différaient que fort peu, si même elles différaient des espèces actuellement vivantes dans les mêmes contrées. D'où l'on peut induire comme conséquence rigoureuse que les conditions d'existence qui leur sont nécessaires aujourd'hui, étaient les mêmes à cette éfioquc plus ou moins reculée de celle à laquelle nous vivons, et que par conséquent il n'y a rien de changé dans renscmble de ces circonstances, ou du moins que ces changcmens ont été fort peu importans et dans les limites de variations dont les mnxima et les /«inima oscillaient comme aujourd'hui sans influence appréciable SU! les corps organisés. Note sur le déi^eloppement de la Limace grise (Limax agrkstis Linn.), par V. J. Vanbeneden et Ch. Windîsmann. (Extrait.) OEuf. Pour ce qui concerne la composition de l'œuf, nous n'avonspresqne rien trouvé qui ne s'accordât avec les observations de M. Laurent. Cependant nous avons constaté la présence d'un cordon filamenteux qui devient surtout très visible à une certaine époque du développement, et qui nous paraît avoir une analogie évidente avec les chalazes de l'œuf des oiseaux. Ce même cordon a déjà été signalé du reste dans les œufs de X Hélix poma lia. (i) Nous divisons le développement en trois périodes : la première jusqu'au moment oiî les pulsations de la vésicule caudale commencent; la seconde jusqu'à la formation du tube digestif et l'apparition du cœur ; la troisième jusqu'à la disparition du sac vitellin. Première période. — i. Les premiers phénomènes que l'on remaïqne, ce sont l'extension du germe de l'embiyon et la formation d'un blastoderme qui emprisonne le vitellus et qui s'accroît à ses dépens. On aperçoit alors un amas de globules disposés autour d'un centre , et une enveloppe d'une structure anatomique toute différente et composée, vue à un fort grossissement, de très petits globules. 2. L'enveloppe du vitellus est plus épaisse d'un côte que de l'autre, et c'est dans cet endroit que se montrent les premiers vestiges de l'embryon, sous forme de deux tubercules séparés par une scissure. (0 Biirdach, Physiol. a"" édit. t. ii , p. aaS (édit. allem.) VANBKNEDEN et wiivDisMANN. • — Sur la Limace grise. 367 3. Ces doux tubercules se développent inégalement: l'un s'étend en largeur et reste appliqué sur le vitellus, tandis que l'autre s'allonge et s'éloigne de plus en plus de la masse vitelline. Le premier va constituer le bouclier, le second le pied et toulc la partie postérieure du corps. Tout l'espace compris entre le bou- clier et le pied , espace qui occupe encore la plus grande partie de la circonfé- rence du vitellus, est occupé par le sac yiteilin. à. C'est à cette époque qu'on voit poindre à l'extrémité libre du tubercule inférieur 60 corps pyriforme , un bourgeon d'abord solide , qni se développe ra- pidement,, devient creux et forme la vésicule caudale (rame caudale de M. Lau- rent). Presque en même temps, il se forme une rainure entre le pied et le sac vitellin, rainure sur le bord de laquelle s'élèvent deux tubercules qui sont les premiers vestiges des tentacules. 5. Ces deux tubercules sont séparés par une dépression , derrière laquelle on aperçoit une vésicule semi-transparente qui forme le premier rudiment du sys- Icmc nerveux. 6. On voit au milieu du tubercule supérieur ou du bouclier un point opaque, angulaire, qui doit former le noyau de la coquille. 7. Les globules du vitellus se sont transformés en cellules on vésicules d'une grandeur beaucoup plus considérable et disposées en cercle ; chacun de ces vé- sicules contient un liquide huileux légèrement jaunâtre. Dettxikme PÉRIODE. — j . Le sac vitellin se trouve resserré d'un côté par le capuchon ou bouclier, et de l'autre par la partie anléiieure du tubercule pyri- forme. Il est séparé de l'un et de l'autre par une rainure. Ses parois se composent de deux membranes entre lesquelles on voit circuler le sang. La tunique externe, tes épaisse , se continue avec le corps de l'embryon. Le vitellus est devenu beaucoup plus volumineux. Lo nombre des vésicules est sensiblement augmenté ainsi que leur diamètre ; les plus grandes sont situées sur le pourtour du sac vi- tellin, tandyi que là où ce sac se joint au corps de l'embryon, elles deviennent de plus en |j1us petites. 2. Le tubercule supérieur ou bouclier est devenu beaucoup plus large, et autour du point opaque qui forme le noyau de la coquille sont venus se groupei plusieurs autres cristaux. 3. Le tubercule inférieur ou pyriforme est la partie qui prend le plus d'ex- tension pendant celle période. Il est séparé du bouclier par une scissure pro- fonde , et forme avec lui un angle presque droit. Ses parois se distendent et constituent la cavité abdominale. 4. Le tubercule placé de chaque côté entre le sac vitellin et la partie antérieure du corps pyriforme, se bifurque de manière à présenter quatre lobules; plus tard, par une nouvelle division, qui donne un lobule de plus de chaque côté, le nombre total s'élève à six : les quatre supérieurs forment les teiilaciilcs , les inférieurs les bords de la bouche. 5i. La vésicule caudale prend une très grande extension, et montre depuis le 368 VANBENEDEN et WINDISMA.NW. — Sur la Limacc grise. commenceinent de cette période des contractions régulières. Elle conslitue un ^ sac très vaste, à parois minces et transparentes , qui tient au corps pyrifonne par une tige étroite. Peu de temps après qu'on aperçoit les contractions de cette vé- sicule, le sac vitellin commence à se contracter à son tour. Les deux vésicules se contractent alternativement , et on voit distinctement la fluctuation d'un liquide, qui, traversant la cavité abdominale, ,pst renvoyé (l'une vésicule à l'autre. De très petits globules tenus en suspension dans ce liquide en indiquent les raouvemcns. Les parois de la vésicule caudalç, ainsi que l'enveloppe extérieure du sac vitellin, présentent à un fort grossissement une structure réticulaire. 6. Le système nerveux se présente sous forme de deux ganglions juxfa-posés, qui constituent plus tard le collier œsophasien. Du ganglion inférieur ou sons- œsophagien part un filament nerveux qui se dirige vers l'extrémité postérieure du corps pyriforme, et qui est appliqué à la surface interne du pied. 7. Le sac vitellin en s'allongeant présente un pédicule rempli des plus pelilcs vésicules , et qui est dirigé vers la jonction du bouclier et du corps pyriforme. 8. Sur les parois externes du sac vitellin, en dessous des bords du bouclier, on aperçoit de chaque côté une bande légèrement flexueuse, remarquable par sa .surface grenue et colorée. Ces deux bandes se réunissent sur la ligne médiane à l'époque où le sac vitellin disparaît sous le bouclier. Troisième période. — i . Dans cette période, dont le commencement est carac- térisé par l'apparition du cœur, s'opèrent des changemeus très remarquables dans toute la forme extérieure de l'embryon. Celui-ci prend une telle extension que le sac vitellin ne forme plus qu'un appendice inséré sur la nuque en dessous du bouclier, au lieu de former un angle droit avec le corps pyriforme, comme dans les périodes précédentes, le bouclier s'incline de plus en plus dans l'axe du corps, étranglant la tige du sac vitellin entre son bord antérieur et les tentacules supé- rieurs. Le corps pyriforme constitue maintenant presque tout l'animal, et le pied a pris sa for"ie définitive. 2. On voit les battemens du cœur avant de distinguer sa forme. On les re- connaît plus distinctement du côté gauche de l'animal, dans la partie moyenne du bouclier, en dessous de la coquille. Sa forme se dessine rapidement et ne 1 montre d'abord qu'une cavité sphérique : à celle-ci se joint bientôt une seconde , séparée de la première par un rétrécissement circulaire, qui donne à l'ensemble une forme de gourde de pèlerin ; cet organe est logé dans une grande cavité (pc- ricarde\ 3. La fluctuation du sang continue entre la vésicule caudale et le sac vitellin. En même temps on le voit circuler dans les interstices des difl'érens organes déj 1 formés, sans suivre une direction déterminée, et sans qu'on puisse reconnaître des parois vasculaires distinctes. 4. Sous l'influence des contractions régulières de l'enveloppe extérieure du sac vitellin, le vitellus change insensiblement de forme. Son pédicnle s'allonge VA.NBENEDEN ct wiNDiSMANîV. — 5^//' IcL Lîmacc grïse. 369 vers la cavité abdominale, longe le côte gauche de l'animal, en même temps qu'il est dirigé du haut en bas et d'avant eu arrière. A son extrémité postérieure se forme un cul-de-sac, qui a paru être le premier vestige du tube intestinal. A la droite de l'animal on voit bientôt l'œsophage tout formé ; il se distingue du reste surtout par sa transparence, et par l'absence complète des petites vésicules qui remplissent le sac vitellin avec ses dépendances. Il passe en avant entre les quatre ganglions qui constituent le collier œsophagien , pour se joindre à une vaste cavité buccale. Dans la paroi inférieure de cette cavité se montre de bonne heure une lame cornée, finement striée, qui constitue une partie du plancjier de la bouche. 5. L'extrémité postérieure de l'œsophage paraît au premier abord aboutir au cul-de-sac sus-mentionné , en le contournant. On voit se former rapidement quatre circonvolutions intestinales, qui nous paraissent la continuation du cul- de-sac. Ces circonvolutions sont pressées les unes contre les autres, et sont con- tournées en tire-bouchon. A mesure qu'elles se développent, elles s'avancent dans la cavité abdominale pour se rapprocher de l'extrémité caudale. S. Lorsque le sac vitellin est sur le point de disparaître sous le bouclier, il se forme dans son pédicule un renversement de la membrane interne en forme de cul-de-sac, qui se dirige de gauche à droite, en avant et en dessus des autres circonvolutions intestinales. C'est de cette manière que se forme le rectum. 7. La partie de l'œsophage qui passe sur le pédicule du sac vitellin se dilate subitement vers la fin de celte période , pour former l'estomac. 8. Des six lobules que nous avons signalés dans la période précédente les quatre supérieurs prennent un accroissement rapide, pendant que les inférieurs restent à-peu-près stationnaires , et forment les côtés de la bouche. Les deux paires supérieures sont élargies à leur extrémité libre et rétrécies à leur base. Ils sont déjà très mobiles sur leur tige, et se retirent facilement en dedans par l'ac- tion d'un muscle rétractcur, dont ils sont tous les deux pourvus. Dans chacun de ces lobules se rend égalcmcnl un nerf partant des ganglions supérieurs. 9. Sur le milieu des tentacules supérieurs, apparaît, depuis le commencement de cette période, un point coloré qui, vu à un certain grossissement, se montre formé par une vésicule transparente (cristallin), laquelle est entourée d'un pig- mentum rougeâtre. 10. Les tentacules supérieurs se détachent de plus en plus, se réunissent vers leurs racines sur la ligne médiane , pour former la voûte de la tête. 11. Le sac vitellin, ainsi que la vésicule caudale, diminuent simultanément de volume. Toutefois ils continuent à se contracter avec la même régularité. Vers la fiu de cette période, le sac vitellin ne forme plus qu'une légère saillie entre le bord libre du bouclier ct les tentacules supérieurs. Le vitcUus se trouve de plus en plus pressé vers l'intérieur de l'animal, Tcnveloppe du sac se raccourcit inscn- tiblcmcnt ct finit par former la peau de la nuque. 12. A cette époque on aperçoit distinctement quatre ganglions nettement sé- parés, unis par des commissures transverscs et longitudinales', d'où partent les IX. ZooL.^» Juin. a4 37 o REiD. — Sur les fonctions des nerfs. ncifs en (lifférciîs sens ; les prcuiicis nerfs qui apparaissent sont ceux qui lon- gent le pied en avant et en arrière. A la surface des ganglions inférieurs, on re- marque de chaque côté un point noir et arrondi. i3. Les mouvemens de l'emlnyon que nous avons avons observes pendant le cours de développement sont en général confoimes l\ ceux décrits par les auteurs. Quanta quelques particularités, nous en parlerons plus amplement dans notre mémoire, ï4. Immédiatement au-dessus de l'œsophage^ et derrière les ganglions supé- rieurs, on voit se former un organe , qui, par la place qu'il occupe et sa direc- tion, nous'paraît être le A'estigc de l'appareil générateur. {Bulletin de l' Académie des sciences de Bruxelles ^ mai, i8380 ExPÉRiENcns sur les fonctions des nerfs glosso - pharyngien , pneumo- gas trique f spinal accessoire ^ etc. j par M. Reid. ( Extrait.) (0 De SCS expériences l'auteur conclut: A. Relativement au nerf gloiso-pharyngien : i" Ce nerf appartient à la sensi- bilité ^kakrsXe^comTnon sensation) , ce qui est démontré par l'expression de douleur que manifeste l'animal, lorsqu'on pique , pince ou coupe ses fibres. a° l'irritation mécanique ou chimique de ce nerf, avant qu'il ait fourni les ra- meaux pharyngiens , est suivie de mouvemens musculaires , étendus dans la gorge et la partie inférieure de la face. 3° Les mouvemens musculaires, ainsi excités, dépendent, non d'une influence se propageant en bas, le long des branches du nerf jusqu'aux muscles mis en mouvement, mais bien d'une action réfléchie par l'intermédiaire de l'appareil central du système nerveux. 4* Les ra- meaux pharyngiens ont sous leur dépendance les sensations particulières dont sont douées les membranes muqueuses auxquelles ils se distribuent, bien qu'on ne puisse pas dire positivement en quoi elles consistent. 5° Ce n'est cependant pas le seul uerf auquel on puisse rapporter ces sensations, puisque, alors même que son tronc a été complètement divisé des deux côtés , la fonction de la déglutition 5 exécute encore parlaitement. 6° L'irritation mécanique ou chimique de ce nerf, aussitôt après la mort de l'animal soumis à l'expérience , n'est suivie d'aucun »i) Edinburgh medicM anJ surgical journal, i838. REiD. — Sur les /onctions des nerfs. 371 mouvement musculaire, pourvu qu'on ait eu le soin de l'isoler complètement de la hranche pharyngienne de la paire vague. Encore faut-il observer qu'il existe une grande différence entre les mouvemens suscités par l'irritation du nerf glosso-pLaryngien et celle du nerf moteur; car, tandis que les premiers sont suspendus aussitôt après la cessation des fonctions de l'organe central du système nerveux, les secoiids se continuent encore quelque temps , bien qu'on ait fait cesser toute communication avec la moelle allongée. 7° Apres la section parfaite du nerf des deux côtés , le sens du goût est encore assez bien conservé pour que l'animal puisse distinguer aisément les substances amères. 8° Ce nerf peut par-* ticiper avec d'autres à l'accomplissement de la fonction du goût; mais il n'en est certainement pas le siège spécial. 9° Enfin la sensation de la soif, que l'on rap- porte à la gorge et au pharynx, ne paraît pas dépendre entièrement de ce nerf. Les expérimentations d'oîi découlent les corollaires précédens ont été faites par l'auteur et les docteurs J. Duncau et J. Spence conjointement. 13. Relativement au nerf pneumo-gastrique : 1° le nerf laryngé supérieur ne fournit des fdets moteurs qu'à un seul muscle , le crico-thyroïdien. 2° Le même nerf préside entièrement ou presque entièrement à la sensibilité du larynx et à celle de la membrane muqueuse du pharynx. 3° Le nerf laryngé ou récurrent fournit des fîiamens sensitifs à la partie supérieure de la trachée ; un petit nombre à la muqueuse du pharynx et moins encore à celle, du larynx. 4" Lorsqu'une irritation quelconque est exercée à l'état sain sur la membrane muqueuse du larynx , elle n'excite point la contraction des muscles qui meuvent les cartilages arylénoïdes , d'une manière directe, en agissant sur la membrane muqueuse, mais bien par une action réfléchie , dans laquelle le nerf laryngé supérieur est le nerf sensitif , et le laryngé inférieur, le nerf moteur. 5° La section de la paire vague des deux côtés n'interrompt point la transmission des impressions que perçoit la muqueuse des poumons et qui excitent les mouvemens respira- toires : elle n'cmpcche pas non plus la sensation d'anxiété que produit le manque d'introduction de l'air dans les poumons. C. Relativement au nerf accessoire: 1° la branche interne de ce nerf préside aux mouvemens des muscles du pharynx. 2° Le tronc de la paire vague renferme des filets moteurs tout-i-fait indépendaus de ceux qu'il reçoit de cette branche interne du nerf accessoire. 3" Quant aux fonctions qui sont réparties aux autres filets de cette même branche, de nouv cUcscxpérienccs sont nécessaires pour arriver à les bien counaîtrc. a4. 372 ESCHRiciiT. — Sur la Clio boréale. Recherches anatomiques sur la Clio boréale {CWo borealis), par M. le professeur Eschricht, dejCopenhague. (i) Les observations sont faites sur des exemplaires' qui n'ont séjourné que douze jours dans l'alcool. Les principaux résultats de ce travail sont les suivans : I. Le prétendu réseau capillaire des nageoires est un réseau musculaire, composé de chaque côté de deux couches de fibres entrecroisées. U. La prétendue veine des branchies est l'aorte. Il n'y a donc aucune raison pour que les nageoires du Clio remplacent les branchies. 3. Il se trouve dans la partie postérieure du corps des cavités fermées, à mem- branes minces, remplies d'un liquide transparent. Elles paraissent par leur position , près des oreillettes du cœur, se trouver dans un certain rapport avec la respiration. 4. Les parties externes de la tête sont conformées exactement comme Pallas ' les a décrites. Ses « papillœ carneœ » sont des véritables cornes de Lima ces; ses « lentacula carnosa 5) sont des organes de préhension d'une struc- ture très compliquée. 5. Le Clio a deux mandibules latérales garnies de beaucoup de dents ; et une langue bipartite, garnie de dents. 6. Le foie et l'estomac se trouvent dans les mêmes rapports que chez les Pueu- modermes. 7. Le pénis du Clio est situé dans la cavité de la tête : il est séparé des autres parties génitales, et sort par une ouverture spéciale à l'aide d'un mécanisme particulier. 8. Le testicule est un grand organe, qui se trouve dans le même sac de la partie postérieure du corps que les parties génitales fémiùiues, l'estomac et le foie, g. Il se trouve en outre un grand sac, le sac urinaire, au côté droit delà partie postérieure du corps. 10. Deux yeux bien parfaits se trouvent non pas à la tête, mais dans la nuque. II. Les deux nageoires sont les parties externes visibles d'un échafaudage de nageoires, qui traverse le corps de l'animal. (l) Extrait du mémoire aWemànd (Jnatomische itntersuchtngen ûher die Clione lorealis , par le D"^ Eschricht. Copenhagen i833. Communiqué par le D"" Mamul. MITSCHERLICK, GMELIN et TIEDHMAN. — SUV le Scmg. Z"]^ 12. La structure des Clios se rapproche de celle des Pneumodermes. Il est pro- bable quclesPtéropodes se rapprochent aussi de ceux-ci, plus qu'on ne l'a admis jusqu'à ce moment. 13. La structure interne- des Clic u'est guère, sous quelque point que ce soit^ moins compliquée que celle des autres mollusques. Ce mémoire est accompagné de trois planches représentant la conformation extérieure et Ja stiu ture anatomiquc de la Glio boréale. Expériences sur le sang , par MM. Mitscherlich, Gmelin e( ïiEDEMANN. (Extrait.) § I. Expériences sur l'acide carbonique du sang. Le sang artériel et veineux d'un chien , qu'on a obtenu à l'abri de tout contact d'air , ne contient pas de l'acide carbonique libre , mais de l'acide combiné. — Le sang veineux en contient peut-être un peu plus. — Il faut attribuer la réaction alcaline du sang plutôt à un carbonate alcalin qu'à un alcali. — D'après nos expé- riences, loo parties de sang absorbent 120 parties d'acide carbonique. — Voici quelques fragmens de notre théorie de respiration. En admettant l'opinion que la plupart ou tous les principes contenus dans des sécrétions animales ne se forment pas par les organes de sécrétions, mais se trouvent tout formé dans le sang, il faut qu'ils y arrivent par l'aliment et qu'ils se forment par le changement que celui-ci subit dans le corps. — Il se peut que ces chaiigemens se fassent en partie tant par la digestion que dans d'autres circonstances. — Mais les plus essentiels s'accomplissent probablement dans le poumon au contact du sang avec l'air. — La plupart des liquides organiques, exposés à l'air, en absorbant l'oxigènCj se changent en acides acétique et lactique; cette formation d'acides est très favorisée par l'élévation de la température. Or, nous trouvons d-ins le sang et dans la plupart des sécrétions animales les acides acétique et lactique, tant libres que combinés à un alcali. — Comme cet acide se trouve dans l'aliment, sans aucun doute dans une plus petite (juantité 86 382 Table des matières. Note sur les animaux des terrains tertiaires marius supérieurs découverts dans le sol immerge des environs de Montpellier, par M. Marcel de Serres Essai sur les cavernes à osscmens, par le uiciiie. (Annonce) 38o Reclierches sur rancienncté des C/iciropcères ou des animaux de la famille des Chauve-Souris à la surface de la terre , précédée de l'histoire de la science à leur sujet, des principes de leur classification et de leur destruc- tion géographique , par M. de Blaikville. (Extrait.) 327 Tableaux des ordres, des familles, etc. , des Mammifères , par M. Dover- NOY. (Extrait.). Recherches sur les ossemens fossiles du Grès bigarré de Soulîz-les-Bains, par M. Hermann van Meyer 3/6 MOLLUSQUES. Observations sur l'anatomie des jPneumodermes, par M. Vaneenedek. (E.xtrait.) .191 Notice sur un genre nouveau de la famille des Osi/acees, par M. Cantraike. 877 Note sur l'animal du Parao/je , par M. Quoy 379 ANIMAUX ARTICULÉS. Rapport sur divers travaux entrepris au sujet de la maladie des Vers à soie, connue vulgairement sous le nom de Muscardine , par M. Du- ÏROCHET 5 Exposé sommaire des diverses observations recueillies pendant plusieurs années sur les insectes nuisibles à l'agriculture, par M. V. Audouin. . ."i 54 Observations sur les yeux des animaux articulés, par M. Brants. . . .' . 3o8 Recherches sur l'histoire naturelle du Tridactyle panaché , par M. Léon DUFOTTR 321 Note sur le développnment de la Limace grise j par MM. Vakbeneden et WlNDlSMANN 36G ZOOPHTTES. Monographie du genre Tmtowia^ par C. MoRiTZ DiESiNG '« 77 Mémoire sur les Crisies , les Hornères et plusieurs autres Polypes vivans ou fossiles , dont l'organisation est analogue à celle des Tubulipores , par M. MiLNE Edvstards -4 » 19^ Remarques sur l'anatomie de V Ascaride lombricoide ,T^a.T M. Ch. Morren. 3i4 Traité du Corail, etc. , par PeyssonNel , manuscrit analysé par M. Flou- TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. AuDonm. — Exposé sommaire des di- verses observations suT\es infectes nui- sibles et agriculteurs 54 Becquerel et Breschet. — Observations sur la température des tissus orga- niques t.... 271 B1.AIKV11.1.E. — Recherches sur les Chei' roptères 827 Brakts. — Observations sur les yeux des animaux articulés. . . v 3o8 BcRDACH. — Mémoire sur l'anatomie mi- croscopique des nerfs 96 et 247 Cantraike. — Note sur un nouveau genre de la famille des Ostracés (genre Coralia) 877 DiEsiSG(Moritz). Monographie du genre Tristome 77 DcTROCBET. — Rapport sur divers tra- vaux entrepris au sujet de la maladie des vers à soie , connue vulgairement sous le nom de Muscardine 5 DovERuoY. — Sur la classiGcation des Mammifères 875 Edwards ( Milne ). — Mémoire sur les Crisies, les Hornères et plusieurs autres Polypes , dont l'or^nisation est ana- logue à celle des Tubulipores 193 EscBRicHT. — Recherches sur le Clio bo- réals 372 Eydoux et SouLETET. — Observations sur la température de l'homme et de ' quelques animaux , faites pendant le voyage de la Bonite 190 Flourens. — Recherches anatomiques sur ks structures comparées de la meaibraoe cutanée et de la membrane muqueuse aSg — Observations sur les caractères con- stitutifs de ïespèce eu zoologie .... 3o2 — Analyse d'un ouvrage manuscrit, inti- tulé : Traite du corail^ etc. , par Pcys- sonnel 334 Geoffroy Saint-Hilaire (Isidore). — Notice sur \ro'\% nouveaux genres d'oi- seaux de Madagascar. (Extrait.). ... 186 Gluge. — Note sur la structure de la couche extérieure de la /)£«(/. ..... 6a Gmehn. (Voyez Mitscberlich.I. Lesson. — Mémoire descriptif d'espèces ou de genres à'oiseaux nouveaux ou imparfaitement décrits 166 Mahdl. — Sur la disposition en spirale des appendices tégumentaires des ani- maux , etc i . . , 292 Marcel de Serres. — Mémoires sur la patrie primitive de l'âne et du cheval. 177 — Note sur les animaux des terrains tertiaires marins supérieurs des envi- rons de Montpellier — Essai sur les cavernes à ossemens ... 3 80 Meyer. — Sur les ossemens fossiles du grès bigarré 376 MiTSCHERLICH, GmELIN etTlEDMAKN. — Expéiiences sur le sang 378 Morren . — Sur l'anatomie de Y Ascaride lombricoïde ...3i4 OwEN. — Description du crâne du Toxo- don platensis 25 — Description d'une mâchoire inférieure et de dents de Toxodon 45 Peltier. — Observations sur la struc- ture des muscles et expériences sur la contraction musculaire 89 Purkinje et Pappbkheim. — Expérien- ces siu' la digestion artificielle. (Extr.) 352 QtjoY. — Sur l'animal du Panopé 879 Rayer. — Observations sur la présence de l'acide urique dans l'urine des dia- bétiques 375 Reiu. — Expériences sur les nerfs glosso- pliaryngien|^ etc 370 Rousseau. — Observations sur la denti- tion de la Cliauve-Souris 878 TiEDMANN, (Voyez MiTSCHERLICH.) Van ISknedek. — Observations sur l'ana- tomie des Pneumodermes 191 — et WiNDisMAMN. — Sur le développe- ment de la Limace grise 36G Vrouk. — Note sur l'anatomie d'un Ba- léinoptère. ;.,... , ; 65 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE TOLUUE. Planches i . Trisfomes. 2 et 3. Toxodon platensis. 4. Structure des nerfs. 5. Mode de distributior 1 des nerfs. 6 et 7. Crisies. 8. Eucratéc, Crisidie. 9- Hornère , Idmonées. 10. Hornères. 11. Horuèvcs, Pustulopores. 13. Pustulopores, Idmonées. i3 et i4. Diastopores. i5. Diastopoies , Alecto. i6. Alectos, Criserpies. FIN DE LA TABLE DU NEUVIÈME VOLUME. - //ï/ï - des Scienr . nat . 2T Série Zool. Tom ■ ç F/.j. JI 12 rJ* » > ^ a a a : . J a , 3 ^ , i . > 7 > a » a » '5 J I II, V Unîtes . Ûnn . dus Je. JclI 2'SérLi ZooLT.q.PLZ. Palfnirt, Trinifua^t Ufk . !fn ih Lffner^itr Mfuirti AC' y.ooi Tj ri ; FaîmiTt TrJtfu^^i UjK . Mif-f?Z^^Zj « Ac^ ûaun/i^ny .:Ma^^/zJ(J In lU Lt/ndftitr BCfuifd SC I» J J /oo/ 7 ittn o /'/ . ll / Slrtii-liiri- ili-y \t'r(!f M !■-. -Inndej Scieiir nat 2^ Série. Zoo/ Toni 1/ l'I. .liÊ^il" />iuitrn,l . Miii/t' i/i' ilislrilniliiin iliw \cr/}i ^ :P^^L^:^ — -- — ■ — . - i' j ■ • • • y? ■ v"^ Aiin i/,\i- Scii^r . nat 2C St'ri, Zoo! Toni . n /'/ t>. Il il I m É 'X 1 ? ( i:. • • • S' #^ f/ i\ flj # Wro / //(>/■/!('/•(• 2 rt .i . /(/ltl<)H>'('X I I ^înn. dej" Scwnc. nat. 2^^ Scrie . Zool . 70/1} . g . Pi . %% f P \ •.' • « •>■ //i'i/ii-ff.y À/in dej' . icfp/ic nat 2f^ ifrt'e /!ooI Toril g l'I u * • • • • M • • • • In / - /^ Hitrnt'rtw ^ pN*y/nfoport' -//^* PtttnênH rfv. :^M 1 i 4 i jinn . des Scienc. na/. 2^S(rie Zoo! 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